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NOUVELLE ÉTUDE i ^ SUR LES PERLES NATURELLES • . 1 : ' ^ ^ ET SUR LES PERLES DE CULTURE Par Louis BOUTAN Professeur a ua Faculté des Sciences de Bordeaux Directeur de i.a Staiton biologique d'Arcachon INTRODUCTION L'Homme exploite, presque partout, le domaine maritime comme les trapeurs exploitent les forêts canadiennes pour se procurer du gibier, sans autres soucis que de récolter et de tuer le plus de bêtes sauvages possible. Malgré ses engins de pêche de plus en plus perfectionnés et ses chalutiers à vapeur, le civilisé reste encore le chasseur primitif, au contact de ces vastes étendues de la mer. Ce n'est que tout à fait exceptionnellement qu'il franchit le stade pasteur, en créant des parcs à Huîtres ou à Moules et des réservoirs à Poissons de mer, comme, par exemple, à Arcachon. Le parcage des Huîtres l'a conduit, cependant, à quelques timides tentatives de culture. Si l'on doit considérer, en effet, comme un acte de pasteur la récolte du naissain des Huîtres sauvages à l'aide de collec¬ teurs et sa répartition sur des emplacements choisis, il y a nettement un essai de culture, dans le cas, par exemple, des Huîtres de Marennes, où, grâce au choix d'un terrain appro¬ prié, l'Homme modifie certaines qualités de l'animal en vue d'un but déterminé. ANN. DES SG. NAT. ZOOL., 10® série. , VI, 1 551628 2 LOUIS BOUTAN Quoi qu'il en soit, la culture dans le domaine maritime est encore l'exception, et toute nouvelle tentative dans cette voie offre à la fois un grand intérêt scientifique et pratique. C'est ainsi que s'explique la curiosité provoquée par la question de la culture des perles fines. Les perles fines ont été recherchées, depuis la plus haute antiquité, comme une précieuse parure. A l'aurore des temps historiques, les Grecs connaissaient les perles du Golfe Persique et de la Côte d'Arabie, qui leur arrivaient par l'intermédiaire des Phéniciens. Les jeunes filles riches d'Athènes en portaient aux deux oreilles, comme le font les dames de l'époque actuelle, et les jeunes gens n'en ornaient que leur oreille droite, selon une coutume qu'ils avaient vraisemblablement empruntée aux Perses. Les Romains ont été, aussi, des amateurs de belles perles fines, surtout après leurs conquêtes en Orient : Pline raconte que Lollia Paulina, dont l'aïeul Lollius avait scandaleusement pressuré les provinces orientales, se fit çoir aux flambeaux avec une parure de 40 millions de sesterces^ composée de superbes perles fines. Il s'agit, évidemment, dans cette citation, de perles fines d'origine marine. Les Romains ont connu, cependant, les perles fines d'eau douce, et Suétone prétend, dans la vie de Jules César, que l'un des buts que se proposait le conquérant, en essayant d'établir sa domination sur la Grande-Bretagne, était de se procurer des perles d'eau douce, dont il fit orner la cuirasse de la Venus genitrix^ lors de son retour triomphal à Rome. Le goût des perles, pendant la période du moyen âge, ne pénétra qu'assez tard en France. La première mention en est faite dans les édits somptuaires de Philippe le Bel. Les perles fines ne commencèrent à se répandre que trois siècles plus tard, sous le règne d'Henri IL Les relations avec l'Orient étaient rares, et il semble qu'on utilisait alors, beaucoup plus qu'on ne le fait de nos jours, les perles d'eau douce. C'est l'époque où les ducs de Lorraine faisaient garder jalousement la pêche dans la Vologne, cette petite rivière des PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 3 Vosges, où vivait en abondance la Margaritana margaritifera, la fameuse Mulette perlière. Un pêcheur en titre, placé sous la surveillance des officiers du duc, était chargé de la récolte qui s'effectuait, seulement, en juin, juillet et août. On sait que la femme du duc Léopold possédait un collier et des pendants d'oreille en perles de la Vologne, qui était cité comme une merveille. Ces perles d'eau douce, que l'Écosse fournissait en abon¬ dance, ont conservé longtemps leur vogue. Lorsque l'impé¬ ratrice Joséphine vint à Plombières, on lui offrit des perles vosgiennes, et elle fut si charmée de leur éclat qu'elle fit faire un essai d'acclimatation à la Malmaison, où les Mulettes, à son grand étonnement, ne purent se multiplier. On comprend facilement cet échec, maintenant que l'on connaît mieux le mode de reproduction des Unio et la pré¬ sence dans leur cycle évolutif de la larve Glochidium, parasite des Poissons. De nos jours, le luxe des perles fines d'Orient s'est beau¬ coup répandu et s'est démocratisé. Les perles d'eau douce sont reléguées au second plan, et l'exploitation des gisements marins s'est étendue sur toutes les parties du monde. Aux antiques gisements du Golfe Persique, de la mer Rouge et de Ceylan, se sont ajoutés ceux du Nouveau Monde, dans la mer des Antilles, où l'une des îles Sous-le-Vent s'appelle Margarita^ sur le littoral du Pacifique, au Pérou, en Colombie, à Panama, au Mexique, le long du golfe de Californie. D'autre part, les pêcheries océaniennes deviennent pros¬ pères: pêcheries australiennes de l'Est, îles Sandwich, Nou¬ velle-Guinée, etc. La France possède, aux îles Gambier et surtout à Tahiti et aux îles Tuamotu, d'immenses pêcheries, mal organisées, qui ne produisent plus qu'exceptionnellement de grosses perles. Le temps n'est plus où, dit-on, la reine Pomaré se ser¬ vait de grosses perles comme de billes pour se distraire î Tous ces gisements sont, plus ou moins, dans le voisinage de l'équateur, dans les régions chaudes de la terre. Cependant il existe d'importantes pêcheries au Japon, sur lesquelles nous aurons plusieurs fois l'occasion de revenir, 4 LOUIS BOUTAN dans le cours de ce travail, et le professeur Gruvel signalait, - récemment, des lieux de pêches intéressants dans le voisinage immédiat de Madagascar. J'ai ‘insisté à dessein sur l'importance considérable des perles fines dans le commerce mondial. Cette importance n'a, d'ailleurs, fait que s'accroître, pendant la guerre et depuis la guerre. Les perles ont pris une valeur considérable, non seule¬ ment comme objet de parure, mais aussi comme objet de placement, représentatif d'une grosse richesse sous un faible volume. Or, la perle était restée, jusqu'à ces dernières années, un produit sauvage, un produit naturel de Mollusques marins ou d'eau douce. On avait réussi, il est vrai, à fabriquer industriellement des imitations plus ou moins grossières ; mais il était toujours facile pour un expert de les reconnaître pour des perles artifi¬ cielles. On avait également tenté, par un artifice, de provoquer la formation de perles, soit sur des Mollusques marins, soit sur des Mollusques d'eau douce ; mais ces tentatives, quoi¬ qu'elles remontent très loin, n'avaient donné que des résultats fragmentaires. On n'avait pu obtenir, jusqu'ici, que des perles incomplètes, des demi-perles adhérentes à la coquille, faciles à distinguer des perles naturelles complètes. Il semblait que la culture de la perle se heurtait à des difficultés infranchissables et que le j seul espoir pour augmenter la quantité de ce produit précieux ; reposait seulement sur un meilleur aménagement des bancs d'Huîtres perlières et sur la multiplication des sujets pro¬ ducteurs. ' L'état de la question a changé maintenant. , Un patient Japonais, un grand cultivateur, M. Mikimoto, - qui possède dans la baie d'Ago une exploitation de la Méléa- : grine du Japon, s'est, pendant vingt-cinq ans, consacré à la j question de la culture de la perle fine et a finalement réussi ) à provoquer la formation des perles complètes de culture . dans le corps du Mollusque perlier. Il a transformé sa pêcherie non seulement en un parc bien ; PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 5 aménagé pour la multiplication des Méléagrines, mais aussi en une ferme soiis-rnarine^ où il cultive la perle... Ainsi donc, il existe maintenant une culture sous-marine, portant sur un des objets les plus précieux que Ton con¬ naisse. On comprend Témoi des joailliers et des négociants en perles, lorsque ces perles complètes de culture japonaise ont, fait leur apparition sur le marché. On en trouvera Técho dans toutes les publications périodiques de Tannée dernière et de Tannée courante. Ce que Ton comprend moins, c'est Tattitude maladroite prise par certains experts qui, au lieu de regarder la vérité en face et d'essayer de se rendre compte de ses conséquences futures, ont déclaré, a priori^ que Ton avait affaire à des perles fausses et ont jeté ainsi le trouble dans l'esprit du public et des détenteurs de perles fines en leur laissant supposer que des perles fausses pouvaient être mélangées avec des véri¬ tables perles fines sans que personne, sauf certains experts, exceptionnellement bien doués, fût capable de les recon¬ naître. Cette attitude maladroite, que je ne puis mieux comparer qu'à celle de l'Autruche cachant la tête sous son aile pour éviter d'y voir clair, se trouve admirablement synthétisée dans un article paru récemment dans un de nos journaux quo¬ tidiens (i). Le journal le Matin (2) ayant proposé, dans une série d'ar¬ ticles, d'instituer une expérience scientifique contradictoire pour voir si Von peut oui ou non distinguer les perles naturelles des perles cultioées^ voici ce que répond M. Maurice de Valeffe à cette suggestion. Je cite, in extenso^ deux extraits de son Billet de midi^ intitulé Perles faponaises (42!. « Les savants français sont légendaires pour leur désinté¬ ressement des questions mercantiles. Curie et Berthelot,, allemands, eussent réalisé des fortunes. L'inventeur du radium est mort sans le sou, et Berthelot a laissé un mal- (1) Maurice de Valeffe, Paris-Midi^ l®*" juillet 1922. (2) Jean d’Orsay, le Matin, 26 juin et 30 juin 1922. 6 LOUIS BOUTAN heureux million, la millième partie de ce que ses découvertes ont fait gagner aux chimistes allemands. « Tout de même, il ne faudrait pas que cet idéalisme allât jusqu'à la hétise. N'est-ce pas le cas de ces honorables pro¬ fesseurs du Muséum d' Histoire naturelle, pris d'un délire de joie parce qu'un Japonais aurait trouvé le moyen d'inonder le monde de perles provoquées artificiellement dans le corps de l'Huître? « Notez que le commerce des perles est centralisé à Paris, que l'avilissement subit de la perle ruinerait nos joailliers de la rue de la Paix, arrêterait un mouvement d'affaires de plus d'un milliard et ferait subir à notre pays la perte sèche d'un capital qui, répandu dans des milliers d'écrins, repré¬ sente une précieuse valeur d'échange international et com¬ pense un peu la fuite de notre stock d'or d'avant-guerre. Car, quand notre confrère le Matin calcule que la perle cultivée sur une grande échelle constituerait pour nos colonies polynésiennes, qui exploitent déjà la nacre, «une source non- pareille de prodigieuses richesses, )) il oublie que la perle, multipliable à volonté, perdrait son prestige d'objet rare. Supposons l'or ou le platine aussi communs que le plomb ou le fer, l'industrie continuerait à les employer pour leurs qua¬ lités intrinsèques, mais de combien tomberait leur valeur? De même, la perle, devenue aussi commune que la nacre, continuerait à orienter joliment le velouté d'une chair de femme, mais son prix tomberait au prix juste de sa culture, c'est-à-dire, quelque élevés que soient les frais de celle-ci, à un tarif qui ruinerait les possesseurs actuels. » Plus loin, l'auteur ajoute : « Le professeur Joubin, de l'Académie des Sciences, mala- cologue du Muséum, organise une petite fête où les profes¬ seurs essaieront de faire prendre à nos joailliers des perles japonaises pour des perles naturelles. Après quoi, si nos joailliers s'y trompent, la science illuminera. On n'est pas plus candide ! » Et il termine ainsi : « Mais, pour june fois que la science française s'avise d'ai¬ der (?) à notre commerce, elle joue de malheur. w PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 7 Ce factum dénote un état d'esprit particulier et vraiment curieux. Je crois qu'on peut le résumer ainsi : La vérité pourrait nuire à notre eommerce^ donc les savants doivent étouÿer la vérité pour se montrer bons patriotes. J'avoue que je préfère l'épithète de candide que l'auteur de l'article attribue à nos savants à celle de cynique que méritent de pareilles suggestions. Sans s'en douter, c'est l'auteur qui se montre candidement cynique^ en croyant qu'au siècle où nous sommes, on peut nier l'évidence et étouffer la vérité. Je ne puis donc que constater l'importance et l'utilité de l'expérience proposée par le journal le Matin, lorsque M. Jean d'Orsay écrit : (( Une question préalable et essentielle se pose : les perles cultivées complètes ont-elles véritablement le même éclat, le même orient, le même lustre que les perles naturelles? Sont-elles vraiment indiscernables de celles-ci en ce qui cons¬ titue leur beauté et leur valeur ? (( A ces questions, nous l'avons dit, les éminents natura¬ listes que sont les professeurs Boutan et Lyster Jameson répondent nettement oui. Un certain nombre de joailliers sont de leur avis. Mais, par contre, le plus grand nombre des joailliers et des marchands de perles sont d'un avis contraire et déclarent et ont même imprimé qu'un expert peut recon¬ naître au premier coup d'œil une perle fine naturelle d'une perle cultivée. (( Dans le dessein d'élucider cette question si importante à tous égards, le Matin a décidé d'instituer une expérience scientifiquement contrôlée, et à laquelle les deux parties en présence prendront part dans des conditions excluant toute contestation. Cette expérience consistera en ceci : un jury, dans lequel se trouveront des naturalistes spécialistes des questions perlières et des joailliers représentant les deux opi¬ nions en présence et que nous demanderons aux Chambres syndicales intéressées de désigner, présentera à un ou plu¬ sieurs experts, désignés par ceux qui croient à la possibilité de discerner les perles naturelles des perles cultivées, un ou plusieurs lots de perles où des perles cultivées auront été \ 8 LOUIS BOUTAN mêlées à des perles naturelles. Les experts devront, par quelque procédé qu'ils voudront, et sous la seule réserve de laisser intactes ces perles et de ne pas les détruire, reconnaître les premières (qui auront été au préalable repérées par le jury). Après l'expérience et si besoin était, pour lever tous les doutes, on détruira les perles présentées afin d'examiner leurs noyaux. « Cette expérience est destinée à apporter dans une question fort controversée des résultats devant lesquels tout le monde devra s'incliner. » J'espère que les experts français tiendront à honneur de prendre part àune épreuve aussiintéressante et ne se déroberont pas, comme paraissent l'avoir fait, jusqu'ici, leurs collègues anglais, en face d'une épreuve analogue proposée, en 1921, par F. Calvert, par l'intermédiaire de The Daily Mail^ aux joailliers londoniens (10). 4 J'avais publié, l'année dernière, une Étude sur les perles fines (1), où j'exposais les résultats scientifiques que j'avais obtenus par mes recherches sur les nouvelles perles complètes de culture japonaise. Les polémiques toutes récentes qui ont eu lieu à ce sujet et dont les deux citations précédentes montrent l'acuité m'ont incité à poursuivre mon travail et, grâce au matériel que m'a fourni, avec la plus extrême obligeance, M. L. Pohl, le grand importateur en France des perles Mikimoto, j'espère pouvoir présenter quelques faits et quelques considérations nouvelles sur ce sujet, qui intéresse à la fois les savants et le grand public. (1) Louis Boutan, Étudesurles perles fmeseten particulier sur les nouvelles perles complètes de culture japonaise {Bulletin de la Station biologique d'Arca- c/wn, 1921). CHAPITRE PREMIER IIISTOHIQLE DE LA QIJES J lOA Dans un précédent mémoire (1), j'ai consacré tout un cha¬ pitre, intitulé : Examen des principaux travaux relatifs aux perles fines^ à la bibliographie du sujet; je me contenterai, ici, de donner brièvement les renseignements qui me paraissent nécessaires pour préciser l'état delà question. Je m'étendrai davantage, dans un chapitre spécial, sur les publications qui ont été faites depuis l'apparition de mon mémoire de 1921. La première partie de ce chapitre est donc moins une étude bibliographique, pour laquelle je renvoie à ma précédente publication, qu'un exposé, sans préoccupation de l'ordre chronologique, des différentes opinions qui ont été émises sur les perles fines au quadruple point de vue de V origine^ de la composition chimique^ de la structure et de la classifi¬ cation. L'origine de la perle fine. — Ainsi que je l'écrivais, dans la préface du travail cité plus haut (2), il faut dégager tout d'abord les idées relatives à une première théorie sur l'origine de la perle fine, qui me paraissent, d'ailleurs, en complète contradiction avec les données actuelles de la science. C'est la phase légendaire et poétique, pendant la¬ quelle on attribuait aux perles fines une origine mystérieuse et qui s'est transmise à travers les âges. La légende représentait la perle fine comme une goutte de rosée, tombée entre les valves de la coquille d'un Mollusque. Cette goutte se solidifiait sous l'ardeur des rayons du soleil. Elle est citée par Pline, par Dioscoride et d'autres auteurs (1) Louis Bout an, Étude sur les perles -fines et, en partieulier, sur les nou¬ velles perles complètes de culture japonaise [Bull. Stat. biol. d’ Arcachon, 1921) (2) Ibid., p. 1* 10 LOUIS BOUTAN anciens. Hier, c'était encore la légende des Indous et aujour¬ d'hui nous la voyons, avec étonnement, revivre sous la plume d'un naturaliste voyageur des plus distingués, M. Léon Diguet (1). « La théorie de la constitution d'une perle dans une enceinte complètement close, telle qu'elle vient d'être exposée, dit cet auteur, paraît bien concorder avec celle qui était accré¬ ditée par les anciens. Les Orientaux, qui exprimai 3nt les faits d'après ce que leur montrait la nature, nous présentent la perle comme étant le résultat d'une goutte de rosée figée ou solidifiée au contact des organes de l'Huître perlière. » M. Léon Diguet affirme donc que les perles fines repré¬ sentent une formation tout à fait spéciale^ sans rapport avec la nacre et la coquille. Je crois nécessaire, pour bien préciser cette théorie sur l'origine de la perle fine, de citer, in extenso., les principaux passages de la note où il l'expose : « Lorsque l'on examine les faits dans la nature, dit-il, on constate que la perle fine se constitue d'emblée et qu'au cours des différentes phases qui doivent présider à son accomplis¬ sement elle ne peut, en aucune façon, subir d'accroissement de volume, comme cela peut parfois se présenter chez cer¬ taines perles de nacre. (( La cause initiale qui détermine l'apparition de cette cal¬ cosphérite est restée jusqu'ici inconnue ; elle ne paraît pas toutefois être d'origine parasitaire et être, par conséquent, du même ordre que celle qui provoque l'apparition de perles de nacre. (( Selon toute vraisemblance, la cause déterminante de ce produit de perfection serait due, sous toute réserve, à l'ac¬ tion urticante de nématocystes de certains animaux .marins, tels que Hydroïdes, Siphonophores, etc., qui, à certaines époques de l'année, abondent dans les mers chaudes et dont les effets nocifs sont bien connus des pêcheurs qui, au moment des grands calmes, fréquentent les mers tropicales. (( Du contact urticant de nématocystes résulterait alors, sur l'épiderme délicat du Mollusque, une phlyctène, dont le (1) Léon Diguet, Les perles fines et leur mode de formation [Nature, no 2414, 10 juillet 1921, p. 21). PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE il contenu fluide et hyalin se condensera peu à peu, en prenant graduellement la consistance de la conchyoline ; puis, par heffet d'une condensation plus accentuée, suivie immédiatement d'un retrait de matière, celle-ci, jusqu'alors de consistance homogène, se subdivisera en un très grand nombre de feuillets disposés concentriquement, laissant entre eux des interstices, qui viendront peu à peu se combler par des apports de cal¬ caire empruntés aux liquides de l'organisme. (( Lorsque le travail de la calcification sera complètement achevé, il en résultera une perle restant emprisonnée dans la vésicule lui ayant fait l'office de matrice. Celle-ci, sous les efforts et les mouvements répétés des viscères de l'animal, finira, au contact du corps dur qu'elle immobilise, par s'user et se rompre en mettant en liberté la perle, laquelle, dans les circonstances normales, ne tardera pas à être expulsée à l'ex¬ térieur lors de l'entre-bâillement des valves de la coquille. « Tous ces faits concordent absolument avec ce que l'on est à même de constater pendant le cours des pêches, aux heures de la recherche des perles, moment où parfois on est amené à constater, in situ^ toutes les étapes de l'évolution de la perle fine. « Ainsi donc, la genèse de cette perle comporte dans son évolution trois stades bien nettement définis et sur chacun desquels il est nécessaire d'insister et d'ajouter quelques développements complémentaires, afin d'établir clairement le mode de formation qui est propre à ce concrétionnement. (( Dans le premier stade, c'est l'apparition d'une vésicule épithéliale, gorgée d'une sérosité limpide, qui constitue une poche complètement fermée, dans laquelle devra s'opérer toute la transformation de la substance d'où doit ultérieure¬ ment résulter la perle. (( Cette poche fait l'office d'un moule ou d'un conformateur d'où dépendra la figure et le volume du contenu. (( Une fois formée, cette poche ne pourra subir de modifi¬ cations bien notables dans ses proportions, car, constituée par une membrane inextensible, elle risquerait, sous le moindre effort, de se rompre et de mettre en liberté son contenu en voie d'élaboration. 12 LOUIS BOUTAN La vésicule, dès son apparition, met à vif des tissus sous- jacents, en occasionnant un épanchement séreux, qui ne ces¬ sera de pourvoir à Tentretien de la matière organique en voie de condensation tant que sa cicatrisation ne sera pas ter¬ minée. Au moment où cette sérosité se trouvera soustraite au contact des tissus qui Vont exsudée, commencera le deuxième stade pendant lequel la matière organique, livrée maintenant à elle seule, subira sa complète condensation. (( On verra alors cette dernière passer insensiblement de bétat presque fluide à Tétât gélatineux bien consistant, puis devenir à la fin entièrement solide et finalement se répartir, par suite dbm mécanisme de contraction, dû vraisemblable¬ ment à une déshydratation, en un grand nombre de fines membranes indépendantes les unes des autres et disposées concentriquement. (( Ce processus de retrait en stratification peut se reproduire expérimentalement. Si Ton soumet une perle gélatineuse dûment constituée à Taction de Talcool, on voit, alors, à mesure que pénètre le liquide coagulant et déshydratant, toute la masse se rétracter et se subdiviser rapidement en un grand nombre de feuillets, Topération s'effectuant de la péri¬ phérie au centre. (( Le troisième stade, qui en dernier lieu nous montrera la perle parvenue à sa maturité, commence à partir de la strati¬ fication de la perle gélatineuse. « Elle consistera alors dans la calcification intégrale du produit en lui conférant une sorte d'ossification d'où résul¬ tera sa dureté. (( Le mécanisme de cette calcification s'accomplira alors par voie d'osmose; il consistera dans un échange s'établis¬ sant entre les liquides des organes de l'animal et celui retenu par capillarité entre les feuillets de conchyoline. « Le carbonate calcique tenu en solution dans les liquides physiologiques aura alors, par l'intermédiaire d'une dialyse, accès aux interstices, où il viendra progressivement se déposer en minces couches cristallines. « Le carbonate calcique, qui est venu prendre place entre les feuillets de conchyoline, ne leur a fait subir aucune modifi- PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 13 cation, ainsi qu'il est facile de le constater lorsque Ton sou¬ met une perle complètement constituée à la décalcification par un acide. On voit alors, sous l'action dissolvante de ce dernier, toutes les assises de calcaire s'éliminer peu à peu en faisant réapparaître les couches de substances organiques dans le même état où elles se trouvaient au début du troi¬ sième stade. « La structure de cette perle, que bous venons de suivre dans toutes ses étapes de constitution, comporte, ainsi que le montre la coupe passant par son axe, une série d'assises alter¬ natives de conchyoline et de calcaire cristallisé ; celles-ci sont alors disposées ^concentriquement autour d'un point central, qui est figuré par une vacuole plus ou moins grande et qui peut être parfois occupée, en partie, par des déchets de matière organique plus ou moins encroûtés de particules calcaires. « C'est dans cette cavité axiale, née incontestablement du retrait de la substance organique au moment de sa conden¬ sation définitive, que l'on a pu, chez certaines perles de nacre, rencontrer les débris ou les vestiges de différents parasites (Acariens, Trématodes, etc.), et auxquels certains auteurs ont cru devoir attribuer l'origine de la perle ; ces derniers, s'ils n'ont pas été la cause immédiate du concrétionnement, ont du moins fourni le point de départ d'une désorganisation de tissus ayant provoqué la constitution d'une calcosphé¬ rite. « La conformation de la perle, telle que la façonne la vési¬ cule épithéliale, répond à trois types primordiaux, que l'on désigne sous les noms de perles rondes, en poires, en boutons. Les perles rondes et en poires répondent à une vésicule étran¬ glée à sa base ; la perle en bouton, dont les contours sont hémisphériques et aplatis d'un côté, correspond alors à une base légèrement étalée. » Telles sont les grandes lignes à l'aide desquelles Léon Diguet essaye de concilier avec des faits, bien connus de nos jours, cette ancienne théorie de l'origine des perles fines. 14 LOUIS BOUTAN Avant d'essayer de montrer les points faibles de cette théorie, il me paraît indispensable de préciser les idées et les découvertes modernes sur- l'origine de la perle. Depuis déjà bien longtemps, on avait observé que, en dehors des belles perles fines complètes que l'on recueille dans l'inté¬ rieur du corps du Mollusque, il existe des perles incomplètes, des productions, plus ou moins séduisantes comme aspect, qui offrent une étroite dépendance avec la coquille et souvent même sont étroitement reliées à la nacre qui forme la couche la plus interne de la coquille. Ces productions, qui sont d'ordinaire localisées entre la paroi du manteau et la coquille, sont communément dési¬ gnées sous le nom de perles de nacre ^ perles baroques^ etc., et se rencontrent principalement dans les coquilles bosselées ou déformées des Mollusques, producteurs de belles nacres. Le rapprochement des faits avec celui de la présence de perles complètes dans les tissus du Mollusque devait forcé¬ ment conduire les observateurs à considérer ces productions comme intermédiaires entre la nacre et les perles fines com¬ plètes. Ces dernières, ainsi que les formes intermédiaires, représentent, vraisemblablement, des formes pathologiques de la sécrétion de la nacre, provoquées par quelque accident dans la vie du Mollusque. C'est dans cette voie que les Chinois, les Japonais et l'illustre naturaliste Linné se sont orientés, lorsqu'ils ont tenté de produire des perles fines, en introduisant, systématiquement, des corps étrangers entre le manteau et la coquille des Mol¬ lusques d'eau douce, tels que les Dipsas ou les Unio. Le naturaliste italien de Filippi (1), en 1856, découvrit que les Anodontes devenaient perlières par suite de l'action d'un petit parasite. Le même fait fut mis en évidence pour les Moules marines par Raphaël Dubois (2) et Lyster Jameson (3). Ainsi peu à peu s'est formée une seconde opinion en oppo- • (1) De Filippi, Suit origine délia Perle. Trav. roy. Soc. London [Journal de physique, vol. LXXXI, Torino, 1852). (2) Raphaël Dubois, Sur le mécanisme delaformation des perles fines dans Mytilus edulis [C. R. Ac.'Sc., Congrès d’Ajaccio, 1901). (3) Lyster .Jameson, On the origin of pearls, London, 1902. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 15 sition complète avec la première, que nous avons exposée plus haut. Cette seconde opinion peut s'appeler la théorie parasi¬ taire de l'origine des perles fines et donne, comme noyau central à la perle ^ un Ver parasite. Le Ver parasite pouvait varier, d'ailleurs, selon les Mol¬ lusques infectés, puisque, par exemple, c'est un Trématode, la larve du Gymnophallus Margaritarum (Dubois) qui sert de noyau pour les perles de Moules, tandis que ce serait une larve de Gestode qui remplirait le même rôle dans les perles de Méléagrine, d'après Seurat, ce qui a permis à Edmond Perrier d'écrire ces lignes intéressantes (1) : « Hélas ! pour la confusion de toute poésie, les Huîtres porteuses de perles seraient, suivant M. Seurat, des Huîtres ladres, et la perle ne serait que le riche tombeau dans lequel demeurent enclos les restes d'un embryon de Ténia. Ce Ténia aurait lui-même pour hôte définitif une grande Raie qui ne craint pas de briser la nacre des Pintadines pour se nourrir de leur chair. « Alors le problème de la culture des perles serait, si l'on peut dire, tout àlafois complexe et paradoxal. Il faudrait, pour le résoudre, élever ensemble trois ennemis : des Pintadines qu'on entourerait de sollicitude pour les faire vivre, des Raies qui auraient pour mission de les manger, des Ténias qui puni¬ raient les Raies de leur gourmandise, et de tout cela surgirait la perle radieuse faite pour rehausser la beauté de nos com¬ pagnes. )) Cette théorie est loin, cependant, de donner l'explication de tous les faits. Visiblement, dans un certain nombre de cas, le noyau de la perle n'est pas formé par un parasite. Le centre de la perle est occupé par une cavité ou par des particules inorganiques (grains de sable, etc.). Cette théorie n'expliquait pas non plus les différences que l'on constate entre la nacre, les perles fines complètes et ces productions intermédiaires connues sous le nom de demi-perles et de perles baroques. Son insuffisance tenait à des connaissances incomplètes sur (1) Edmond Perrier, Le monde vivant: la Perle (journal Ze Temps, 11 avril 1912, Paris). 16 LOUIS BOUTAN révolution de la perle à partir du moment de sa naissance^ connaissances nécessaires pour se rendre exactement compte du lieu exact où elle naît et, par suite, de Torigine réelle des perles et des demi-perles. Dès 1903, j'avais précisé cette évolution de la perle chez les Moules marines, et je disais dans une note présentée à l'Académie des Sciences (1) et suivie, ensuite, d'un mémoire plus étendu (2) : ^ « Les Distomes parasites qui infestent le corps de ces Mol¬ lusques cheminent à travers les tissus pour gagner l'extérieur; quelques-uns s'égarent dans la cavité située entre le manteau et la coquille et se trouvent emprisonnés dans cette chambre hermétiquement close. Ce sont ces égarés qui vont servir de noyau vaux perles fines. Ne pouvant quitter leur prison, ils se logent dans un repli de l'Épithélium externe du manteau, qu'ils dépriment, pour former une petite logette. On aperçoit alors l'animal entouré par l'épithélium épaissi sous la forme d'une petite masse sphérique, au milieu de laquelle on dis¬ tingue ses principaux organes. « Ce stade, qui avait échappé aux observations, est très important, car il donne la clef du mode de formation des perles fines; je l'appellerai le stade de l'encapuchonnement. J'ai cru nécessaire de le fixer nettement à l'aide d'une série de clichés photographiques. « En' l'étudiant sur une série de coupes, on constate que l'organisme du Mollusque réagit contre l'envahissement du parasite et que la sécrétion de l'épithélium qui tapisse la logette donne naissance aux premières couches de la perle. « Plusieurs cas peuvent se présenter : « La dépression de l'épithélium peut être peu profonde et rester largement béante; il se forme alors une demi-perle, qui se soude promptement avec la coquille ; (( 2° Le capuchon épithélial peut être plus profond, tout en conservant un large orifice. La perle qui se forme reste (1) Louis Boutan, L’origine réelle des perles fines (C. R. Ac. Sc., vol. GXXXVII). (2) Louis Boutan, Les perles fines, leur origine réelle {Arch. de zool. exp. et gén., 1904, Paris). PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 17 creusée, sur la face qui regarde la coquille, d'un orifice cen¬ tral ; « 3® Le capuchon épithélial ne forme plus qu'un tube étroit le reliant au reste de l'épithélium. La perle, en forme de poire ou presque sphérique, présente alors un pédicule de forme variable. « 40 Enfin,' et c'est le cas le plus général, les bords du capu¬ chon se soudent, la cavité parasitaire se trouve séparée du reste de l'épithélium externe et s'enfonce dans les tissus; la perle est sphérique. » Dans ce travail, tout l'effort de mes recherches s'était porté vers ce but : montrer l'origine du sac dans lequel se constitue la perle, qui est formée dans tous les cas, aux dépens de l'épithélium externe du manteau. Là, me paraissait, en effet, se préciser un fait des plus importants, puisqu'il établissait la communauté d’origine ' entre la nacre^ la demi-perle et la perle complète^ issues toutes les trois de l'épithélium palléal externe du manteau du Mollusque. Longtemps, malgré ces faits clairement établis par mes recherches, on a continué à prétendre que le sac perlier, isolé au milieu des tissus des Huîtres perlières, se constituait sur place, sans intervention de l'épithélium externe du man¬ teau, qui n'aurait été bon qu'à sécréter de la nacre et des demi-perles. Mes observations portant sur de simples Moules, incapables de former de grosses perles fines, ne méritaient pas, d'après quelques naturalistes, la généralisation que je m'étais permis de faire. Cependant, en 1920, les nouvelles découvertes japonaises sont venues confirmer mes conclusions : M. Mikimoto est parvenu, après de longues années de recherches au Japon, à produire des perles complètes de cul¬ ture à l'aide de la Meleagrina Martensi (Dunker). Ces perles offrent tous les caractères extérieurs des perles fines natu¬ relles du Japon et s'obtiennent par une opération de greffe animale. L'ingénieux opérateur constitue un sac perlier, qui en six ou sept ans, donne la perle complète de culture, en entourant un petit noyau de nacre à l'aide d'un lambeau d'épi- ANN. DES SG. NAT. ZOOL., lOe série. , VI, 2 18 LOUIS BOUTAN thélium palléal externe d'une Méléagrine sacrifiée. Le noyau ainsi enrobé est introduit, à la suite d'une délicate opération, dans les tissus sous-épithéliaux de la IVJéléagrine porte- greffe. ' Ainsi, le sac perlier^ construit de toute pièce par Mikimoto à l’aide de l’épithélium palléal externe et introduit^ ensuite^ dans les tissus de l’Huître^ donne des perles complètes. A moins d'admettre que la nature procède comme les^ Japonais par greffage, ce qui est absolument invraisemblable, cette expérience capitale des Japonais confirme pour l'Huître perlière les faits que j'avais mis en évidence sur la Moule perlière de Billiers. Or, dans la Moule, le'sac perlier est d'abord un diverticule du manteau, un simple capuchon. Il reste à cet état dans un certain nombre de cas, donnant des chicots ou des demi-perles. Dans [d'autres cas, le sac perlier se pédi- cularise et s'isole dans l'intérieur des tissus et devient alors le sac perlier complet qui forme la perle fine complète. Il y a donc lieu de modifier sensiblement la théorie parasi¬ taire et de formuler une troisième théorie sur l'origine de la perle fine, tenant compte des observations faites dans ces dernières années et précisant l'origine épithélio-palléale de la perle fine par l'étude du point de départ [de son évo¬ lution. La perle fine se forme ^ en effet, comme la nacre et les perles incomplètes, aux dépens de l’épithélium palléal externe, sous l’excitation d’un corps étranger [parasite ou autre). Ce corps étranger détermine la formation d’un sac perlier constitué aux dépens de l’épithélium palléal externe du Mollusque perlier. En résumé, l'on peut classer les opinions- sur l'origine des perles en trois théories ; ou mieux (la troisième étant, en somme, le simple développement de la deuxième), en deûx théories inconciliables : La théorie de l'origine inconnue de la perle fine, consi¬ dérée comme une entité, sans rapports avec la nacre et la demi-perle. Théorie d'après laquelle les perles fines se forme¬ raient en bloc et sans grossir dans des capsules pleines de sérosités situées dans des régions privilégiées du Mollusque. 2^ La théorie de l'origine épithélio-palléale de la perle PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 19 fine, OÙ la perle est considérée comme une production patho¬ logique, occasionnée soit par un parasite, soit par un corps irritant, mais dérive toujours^ ainsi que la nacre et les demi- perles^ d'une sécrétion de V épithélium externe du manteau. La composition chimique de la perle fine. — Il est à remarquer tout d'abord qu'il y a des nacres et des perles fines et non une nacre et une perle flne.^ J'entends spécifier par là que les nacres, de même que les perles fines, ne proviennent pas nécessairement des mêmes espèces de Mollusques. Cette remarque, qui mérite de fixer notre attention, permet de supposer, a priori^ étant donné, par exemple, qu'il y a des Mollusques perliers marins et d'eau douce, qu'on peut trouver des nacres., d'origine différente., qui présenteront une^ composi¬ tion chimique plus variable que des nacres et des perles prove¬ nant d'un meme Mollusque. Il serait donc fort intéressant de préciser les faits par des expériences réellement comparatives, et une série d'analyses bien conduites par un habile chimiste élucideraient définitivement cette question peu étudiée. Nous devons à M. Essner (1) une première indication sur la différence de composition chimique de la nacre dans une même valve de Meleagrina margaritifera. Ainsi que je le disais dans mon travail précédent : « J'ai pensé que, pour comparer la nacre à la perle fine, il était mauvais d'analyser ensemble toutes les parties de la coquille et qu'il valait mieux, pour obtenir un résultat probant, s'adresser seulement à la couche interne lamelleuse de la valve, la nacre proprement dite, en laissant de côté la couche des prismes et les couches super¬ ficielles. Le savant chimiste est si bien entré dans mes vues qu'il a analysé, séparément, les couches superficielles de nacre, au neutre, auprès de la charnière et au bord de la coquille, et m'a fourni le tableau et, les indications suivantes (2) : (1) Loc. cit., p. 28. (2) Loc. cit., p. 29. 20 LOUIS BOUTAN Tableau indiquant la composition de la nacre d'une valve' D E TfeZeagrma margaritifera^^dj: } Essner. - ! 1 ■ AU CENTRE. Nacre vraie. PRÈS DE LA CHARNIÈRE Nacre vraie. 3 ' A 5 CM. DU BORD. Nacre vraie. Humidité et eau com¬ binée à 100/110. . . . 2,97 p. 100. 3,15 p. 100. 3,33 p. 100. Matière organique (na¬ ture azotée) . 10,21 — 11,65 - 13,36 - Carbonate de chaux (calculé par Tacide carbonique) . 86,27 - 84,73 - 82,66 - Acide carbonique dosé (en poids) . 37,96 p. 100. 37,28 p. 100. 36,37 p. 100. Chaux totale : A l’état de carbonate . 48,31 ~ / 43 39 0,08 — i 47,45 — / 4-7 54 0,06 - î 46,29 ' 46 33 A l’état de sels autres. Pertes et non- dosés . . 0,47 - 0,41 - 0,56 — Ces chiffres, au point de vue de la quantité relative des éléments constitutifs, sont bien différents de ceux indiqués généralement, puisque, dans le Dictionary of Chemistry^ d'après Seurat (1), on a relevé les chiffres suivants pour la ' nacre : Eau . 31,00 p. 100. Matière organique . 2,50 — Carbonate de chaux . 66,00 — Perte . 0,50 — Ils offrent un grand intérêt à deux points de vue : Ils indiquent une teneur en matière organique et en carbonate de chaux très supérieure à celle que l'on connais¬ sait ; 2® Ils montrent les variations de la composition quantita- tiv^e des éléments de la nacre dans une même coquille. Les résultats de cette analyse de M. Essner permettent (1) Loc. 'cit., p. 28. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 21 donc une comparaison plus rationnelle de la nacre et de la- perle fine. ' La nacre' et la perle fine sont, au point de vue des éléments qui les composent, qualitativement semblables. Elles ren¬ ferment, seulement, du carbonate de chaux, de la matière orga¬ nique de nature animale et de beau. Ce dernier point a été nettement établi par les analyses chimiques et, en particulier, par celles de Georges Harley et Herald Harley, dès 1887, dans leur travail intitulé : On the chemical\ composition of pearls. Ce résultat a été con¬ firmé plus récemment en 1909 par Raphaël Dubois. Le savant physiologiste de la Faculté des Sciences de Lyon ajoutait : « Il y a absence totale de magnésie et de tout autre sel qu'on trouve dans beau de mer qui doit naturellement four¬ nir la matière organique à leur composition. Il n'y a pas même de sulfate de chaux, bien que beau de mer en con¬ tienne dix fois et demie" plus que de carbonate de] chaux. On n'a pas rencontré de phosphate. » Les chimistes anglais ont, par leur analyse, mis en évidence une différence quantitative assez importante, entre la perle fine et la nacre, dans la proportion de leurs éléments consti¬ tutifs, puisqu'ils donnent les chiffres suivants pour la perle fine, aussi bien marine que d'eau douce : Eau . . 2,23 p. 100. Matière organique . 5,94 — Carbonate de chaux . 91,72 — Perte . 0,11 — Il suffit de jeter un coup d'œil comparatif sur les chiffres donnés pour les nacres par les auteurs cités précédemment pour comprendre le peu d'importance qu'ont ici les décimales et même les unités. Il n'y a qu'un seul fait à retenir, dans l'état actuel de nos connaissances, sur la composition chimique des nacres et des perles. C'est, du reste, un fait capital : Les perles fines sont composées des mêmes substances que les nacres^ et l’on peut dire que^ au point de vue de ses qualités chimiques^ une perle fine est une nacre. Les résultats de l'analyse chimique sont donc tout à fait 22 LOUIS BOUTAN contraires aux indications de la première théorie, considérant la perle fine comme une entité sans rapports avec la nacre et les demi-perles. La structure et la classification des perles fines. — Si la composition chimique est qualitativement semblable dans la nacre et dans la perle fine, leur structure physique est au contraire notablement différente. La nacre se présente en couches lamelleuses et planes. La perle offre sur la coupe des couches concentriques plus ou moins régulièrement dis¬ posées. Cette différence de disposition s'explique facilement, puisque la nacre est sécrétée par la surface externe du manteau, tandis que la perle fine complète se forme dans une cavité sphérique, le sac perlier. J'avais cru d'abord, d'accord avec d'autres auteurs, que la seule différence entre les produits sécrétés^ (nacre et perle) consistait dans la disposition horizontale des couches de conchyoline, dans la nacre et dans les dispositions circulaires des mêmes couches, dans la perle. Une étude plus attentive m'a montré que cette assertion était trop absolue et indique que la substance formée dans le sac perlier et constituant la perle fine ne diffère pas de la nacre, seulement, par la disposition circulaire des couches de conchyoline, mais par d'autres caractères physiques. L'épithélium du sac perlier, bien quil soit une dépendance de V épithélium qui sécrète la coquille^ diffère de ce dernier^ parce que c'est un épithélium qui se trouve placé dans des condi¬ tions anormales. La présence du corps étranger, parasite ou noyau amené de l'extérieur, au contact duquel se trouve cet épithélium ainsi que la sécrétion de couches plus ou moins nombreuses qui distendent sa cavité lui causent, si je puis employer une telle expression, une inflammation chronique. Ce qui parle, de toute évidence, en faveur de ce phénomène d'inflammation, c'est, tout d'abord, la hauteur des éléments cellulaires de la paroi du sac, bien plus grande que celle des PERLES NATURELLES ET PERLES DE' CULTURE 23 éléments normaux de Tépithélium externe et qui indique une modification de Télément sécréteur (fig. 1). Ce qui vient ensuite appuyer cette première constatation, c'est que Tépithélium palléal, lorsqu'il se trouve placé dans les mêmes conditions que l'épithélium du sac, modifie à son tour la sécrétion. Au lieu de continuer à former les assises ordinaires de nacre, il produit (mais en couches horizontales) une sorte de vernis nacré, d'aspect comparable à celui qui recouvre les perles fines, ce qui indique une modification notable dans la sécrétion. Ce vernis nacré est en couche si mince que je ne puis mieux le comparer, avec un auteur anglais, qu'à ces traînées de mucus que laissent derrière eux certains Mollusques, tels que les Limaces. Ce frottis glandulaire a d'ailleurs, parfois, de beaux reflets irisés. Par rapport à la nacre* ou à la perle fine, il ne représente pourtant que la couche de matière organique dépourvue du dépôt calcaire, une sécrétion banale par rapport à la for¬ mation très particulière de la perle fine ou de la nacre. Raphaël Dubois (1) est le premier qui ait attiré l'attention sur les particularités du mode de formation des perles, parti¬ cularités qui ont été confirmées depuis par A. Rubbel, lequel a donné dans son mémoire un ensemble de figures très dé¬ monstratives. Selon Raphaël Dubois, il y a deux agents chargés de la formation de la perle aux dépens du sac perlier : les cellules propres de l'épithélium sécrétant de la conchyoline et les cellules migratrices apportant surtout du calcaire. « La nacre, dit-il, n'est pas, comme on l'a répété jusqu'à ce jour, le produit d'une sécrétion glandulaire. Son mécanisme de formation est plus complexe. L'épithélium externe du manteau des Mollusques nacriers sécrète le squelette orga¬ nique de conchyoline. Les interstices' de ce dernier sont com¬ blés par des éléments migrateurs calcarifères, qui traversent l'épithélium sécréteur par un phénomène de diapédèse. La (1) Loc. cit., p. 34. 24 LOUIS BOUTAN substancé inorganique (carbonate de chaux) des éléments mi¬ grateurs est nécessairement mélangée à une certaine quantité de matière organique ayant constitué la substance vivante ou bioprotéon du plastide calcarifère. » La présence de deux éléments sécréteurs dans la formation de la nacre paraît hors de doute; mais Torigine de ces élé¬ ments ‘ formateurs est beaucoup moins certaine, et j'ai traduit ces doutes, dans mon travail précédent, en spécifiant : Les éléments d'apparence amyboïde représentent-ils des éléments mésodermiques qui viendraient, comme l'in¬ dique l'auteur, traverser par diapédèse l'épithélium pour fournir l'élément calcaire à la nacre? Ou bien, ce -qui me paraît, je l'avoue, bien plus probable, ces cellules représentent- elles des éléments jeunes de l'épithélium qui naîtraient au niveau de la basale et seraient, de même que les cellules bien rangées de l'épithélium, des éléments ectodermiques ? Je ne puis trancher la question pour le moment, quoique cette dernière hypothèse me semble la plus vraisemblable (fig. t, iV 2).' Il s'agit là, en effet, de recherches histologiques minu¬ tieuses et fort délicates. 11 faudrait, pour se faire une opi¬ nion exacte, obtenir des coupes bien perpendiculaires à l'axe de l'organe et n’intéressant pas obliquement l'épithélium, de manière à s'assurer de la position exacte des éléments amy- boïdes par rapport à la basale. Malgré l'importance de savoir si l'élément amyboïde, mis en évidence par Raphaël Dubois, est d'origine ectoder- mique ou non, ce n'est là, après tout, qu'un point de détail et, quel que soit l'intérêt de connaître l'origine exacte de ces éléments curieux, il est plus intéressant encore de constater avec Raphaël Dubois, qu'il y a là quelque chose qui se ramène finalement à une double sécrétion et qui explique les formations distinctes des couches de conchyoline et du dépôt de calcaire. La formule pittoresque trouvée par ce savant reste toujours vraie : « La construction de la nacre comme celle de la perle exigent deux ouvriers de métier diffé¬ rent, un charpentier et un maçon. )) En résumé, la structure de la perle et de la nacre paraît PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 25 dépendre uniquement du concours de deux éléments dis¬ tincts, fournis, Tiin par Tépithélium, Tautre par un élément cellulaire, dont Torigine reste incertaine. On comprend facile- Fig. 1. — 1. Fragment d’épithélium du sac perlier (imité de Rubbel). — 2. Schéma montrant les cellules a comme des cellules glandulaires dérivant de l’ectoderme ep et placées au-dessus de la basale b. — 3. Schéma montrant les cellules a comme des éléments migrateurs du mésoderme m. ment que cette structure puisse être influencée par Tétât de Tépithélium normal dans le cas de la sécrétion de la nacre, anormal dans le cas de la formation de la perle fine, aux dépens d'un sac clos dérivé de Tépithélium. Ainsi que je le faisais remarquer dans mon travail précédent: le sac perlier, tout petit à Torigine, ne va-tdl pas être obligé 26 LOUIS BOUTAN de s'accroître rapidement sous l'afflux des nouvelles couches sécrétées et être ainsi fortement distendu? Or, c'est précisément dans les Mollusques à nacres épaisses que l'on trouve les plus belles perles, celles dont les qualités de surface s'éloignent le plus de celles de la nacre. J e crois qu'une excitation plus ou moins grande du sac per¬ lier suffit pour expliquer, d'une façon satisfaisante, les diffé¬ rences que l'on observe, d'ordinaire, entre les perles fines et les perles dites de nacre, au point de vue des qualités de surface et la sorte de hiérarchie qui s'établit entre elles. La plupart des perles, dites de nacre, sont des demi- perles, qui s'arrêtent au stade de l'encapuchonnement, que j'ai décrit chez les Moules (39). Dans ce cas intermédiaire, la distension du sac perlier est nécessairement moins forte, puisque l'invagination épithé¬ liale reste largement ouverte du côté de la coquille et que la perle reste unie à la dernière par un pédicule. Cependant une certaine irritation doit persister, surtout si le Mollusque est bon nacrier, et sera d'autant plus forte que le col du sac perlier sera plus étroit. Le cas des coques de perles qui atteignent jusqu'à 4 centimètres et représentent de simples voussures de la nacre, produites selon toute vraisemblance par un moyen artificiel, justifie également notre manière de voir ; malgré leur éclat, qui tient à la légère courbure des couches de nacre, leurs qualités de surface rappellent presque complètement celles de la nacre. L'étude de la structure donne donc, comme celle de la com¬ position chimique, des résultats contraires à la théorie de la perle fine considérée comme une entité distincte de la nacre et des demi-perles. Nous pouvons maintenant jeter rapidement un coup d'œil sur la classification des perles. Les joailliers sont à peu près tous d'accord pour distin¬ guer : Les perles fines, qu'ils divisent souvent d'une façon plus ou moins arbitraire en perles d'Orient, du golfe Per- sique, perles de Ceylan, perles d'Australie, du Japon, du Venezuela, Mue perles., perles à’eau douce ; PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 27 2^ Les demi-perles, qui comprennent les perles dont un seul hémisphère présente les caractères de la perle fine; 3^ Les perles de nacre, qui n'ofîrent plus les mêmes qualités de surface que la perle fine ; 4^ Les perles baroques, soufflures de nacre, lagrimillas, semences, coques de perle, etc. Cette classification, évidemment tout à fait artificielle, n'a rien de scientifique. Elle paraît, cependant, accep¬ table pour les besoins commerciaux, à condition que les indi¬ cations de provenance ne soient considérées que comme des indications de familles (d'un ensemble de caractères exté¬ rieurs) et non comme de véritables indications d'origine. Il y a là, en effet, un point sur lequel il me paraît nécessaire d'insister. Voici, par exemple, un lot de perles d'Orient bien caracté¬ risées par leurs qualités de surface et pour lequel tous les experts compétents seront d'accord pour la détermination : perles d'Orient. Cela ne veut certainement pas dire, ainsi que le laissent entendre certains experts, que toutes les perles de ce lot proviennent forcément du golfe Persique, mais seule¬ ment que toutes les perles ont les qualités superficielles des perles dites d'Orient. Ainsi, par exemple, que l'a noté le professeur Gruvel dans son cours du Muséum, les plus belles perles de Madagascar sont achetées par des négociants indiens qui les exportent chez eux. Ces perles, une fois qu'elles ont quitté la Grande Ile, ne sont plus des perles de Madagascar, ou plutôt perdent leur étiquette de provenance, et deviendront perles de telle ou telle provenance, selon leurs qualités extérieures. On ne vendra finalement sous le nom de perles de Madagascar que les pro¬ duits tout à fait inférieurs. Cette remarque était nécessaire pour montrer combien artificielle est cette classification des perles. Les essais de classification plus scientifique tentés par Seurat et par Diguet ne me paraissent pas beaucoup plus heureux. Je crois inutile de les analyser ici, et je renvoie au texte de mon précédent travail le lecteur qui voudrait en prendre une idée plus complète. Il me paraît plus opportun 28 LOUIS BOUTAN de montrer pourquoi la classification des perles reste forcé¬ ment très artificiellé. Pour bien le comprendre, il faut d'abord se demander quels sont les caractères qui peuvent servir à définir les perles en tant que perles fines. L'un des caractères servant à définir la perle fine sera-t-il puisé dans l'espèce de Mollusque qui aura produit la perle? ou dans le lieu où s'est formée la perle dans le corps du Mol¬ lusque? ou dans la dureté ou l'élasticité de la perle ? ou dans sa densité ? ou dans sa composition chimique ? ou dans la présence ou l'absence d'un noyau ? ou dans sa grosseur, sa forme, sa couleur? ou, enfin, dans ces qualités de surface dési¬ gnées par les termes de lustre, éclat, orient et dans cette trans¬ lucidité, qui fait dire aux joailliers examinant un beau spéci¬ men que l'eau de telle perle est pure et belle? Voilà une série de questions qui ne peuvent se résoudre en bloc et auxquelles on ne peut répondre par oui et par non. Aussi, dans mon travail précédent, je les ai examinées une à une et j'ai consacré aux plus intéressantes des chapitres entiers, auxquels je renvoie le lecteur. Je me bornerai à constater, ici, que les vraies caractéris¬ tiques de la perle fine résident seulement dans certaines qua¬ lités de surface. Ainsi que je notais dans le précédent travail: ((Je dis : de certaines qualités de surface et non àe toutes^ car il est plusieurs d'entre elles, la forme, la grosseur et la couleur, par exemple, qui, tout en étant importantes, ne constituent pas des qualités fondamentales. Une belle perle fine est ordinairement sphérique ; mais des perles de grande valeur pourront avoir une forme plus ou moins allongée, la forme en poire, par exemple, sans cesser d'être des perles fines. Une perle de couleur blanche est fort estimée des joailliers, mais telle perle d'Orient tirant sur le jaune n'en a pas moins une grande valeur en rapport avec son volume, et telle perle grise ou telle perle noire seront parti¬ culièrement recherchées pour leur rareté. Les vraies caractéristiques, les seules dominantes, parmi les qualités de surface, sont l'éclat, le lustre et l'orient, le lustre et l'orient constituant l'eau de la perle. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 29 Ces qualités de surface tiennent à la structure physique des couches superficielles de la perle, à ce qu'on peut appeler les accidents de surface. Dès 1853, David Brewster avait découvert, ainsi que le note Raphaël Dubois, ces accidents de surface et avait fait une expérience capitale pour élucider leur rôle : en impri¬ mant la surface des perles fines sur un mélange de cire et de résine, il arrivait, sur le moule en creux, à reproduire les phéno¬ mènes optiques de la surface de la perle fine et en particulier les irisations qui augmentent la beauté de certaines perles fines. Cette constatation si importante faite par David Brewster n'a guère besoin de commentaires pour nous faire comprendre que les qualités de surface de la perle fine dépendent de la disposition des couches superficielles, beaucoup plus que de leur composition chimique. Il importe donc d'étudier avec tout le soin désirable la disposition physique de ces couches de la perle fine : Je crois avoir été le premier à entreprendre systématique¬ ment cette étude sur un certain nombre d'échantillons aussi variés que possible, et j'ai pu démêler ainsi un certain nombre de types avec de nombreux intermédiaires. Je les ai réunis sous quatre chefs principaux. Ces types principaux de surface dans les perles fines, résul¬ tats de mes ob- _ servations, et que j'ai repré¬ sentés schéma¬ tiquement sous les numéros 3 et 4 de la figure 2, pourront être augmentés ou modifiés par des observations plus complètes que les miennes et portant sur un matériel plus étendu. Ils nous montrent, cependant, que, malgré la variété des dispositions accusées par la figure 2, qui prouve que la perle ” f7 A "^1 rs.-. < IL ■4 Kjf K 1 W •J -C LC ■V'- '’v J . • lS(, - Fig. 2. — Deux types surface des perles fines correspondant aux numéros 3 et 4. 30 LOUIS BOUTAN » fine peut varier dans certaines limites, ces variations se ra¬ mènent à' des irrégularités de surface^ à des impressions plus ou moins complètes de la surface épithéliale du sac perlier. Ces irrégularités de surface s'expliquent par la double sécrétion (sécrétion est pris ici dans son sens le plus large) constatée par Raphaël Dubois de conchyoline et de matière minérale, par des éléments cellulaires différents. La variation de ces irrégularités et les différences avec les nacres, que nous étudierons plus loin, tiennent, selon moi, à l'état pathologique de l'épithélium du sac perlier, état patho¬ logique maintenu et entretenu par la sécrétion même qui s'accumule sans cesse dans l'espace clos que représente le sac perlier. Or, ces accidents de surface ne se distinguent nettement qu au microscope^ et cest jusqu ici leur résultante seule qu étudie le joaillier^ lorsqu’il examine à la loupe une perle fine. L'on comprend, dans ces conditions, combien arbitraire a été jusqu'ici la classification des perles fines. Puisque ni l'espèce de Mollusque producteur, ni les qualité^s physiques et chimiques ne peuvent servir d'une façon certaine à classer les perles entre elles ; seules les qualités de surface peuvent entrer en ligne de compte et fournir les caractères réellement spécifiques. Or, ces qualités de surface sont à peine catalo¬ guées et ne peuvent-elles pas varier jusqu'à un certain point dans une même espèce? Un travail très étendu, portant sur de nombreux échantillons de provenance certaine, pourrait seul nous renseigner à ce sujet et devrait tenter un joaillier qui serait en même temps un homme de laboratoire. J'arrête ici ce chapitre déjà trop long. J'ai èssayé d'y pré¬ senter l'état de nos connaissances sur la question au point où je l'avais laissé dans mon précédent travail, et l'on peut maintenant se prononcer en connaissance de cause sur la . première théorie qui représente la perle fine comme une entité sans rapports avec la nacre et la demi-perle^ se formant en bloc et sans grossir dans une capsule pleine de sérosité située dans une région privilégiée du Mollusque. Le seul fait précis qui plaide en sa faveur est la découverte PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 31 faite, déjà anciennement, par M. Diguet (1) sur des Méléa- grines de Californie et répétée, plus récemment, 'sur les Méléa- grines de Madagascar, par M. Petit (2). Les faits observés pour la première fois par M. Diguet sont incontestables, et on peut les contrôler dans les échantil¬ lons quhl a rapportés au Muséum de Paris. Je ne puis mieux faire pour les préciser que de reproduire le très clair exposé qui en a été présenté par M. Edmond Perrier (3). (( M. Léon Diguet, qui a fait de longs séjours sur les côtes du golfe de Californie, dit le savant auteur de Tarticle, y a recueilli une série de pièces de nature à accréditer Topinion courante dans cette région que toute perle se forme dans une vésicule remplie d'un liquide analogue à une sérosité. Au bout d'un certain temps, ce liquide deviendrait gélatineux, puis serait remplacé par une sphère solide, de même dimension que la perle future, mais constituée par une substance cornée identique à celle qui recouvre d'une sorte de vernis la surface de la plupart des coquilles et qu'on nomme la conchyoline. Peu à peu cette substance, qui formerait la charpente de la perle, s'incrusterait de calcaire et prendrait les superbes reflets que tout le monde admire. C'est à elle que la perle devrait sa solidité bien plus grande que celle de la nacre ; c'est elle qui réapparaîtrait lorsque la perle aurait été exposée à l'action lente de quelques-uns de ces dissolvants du calcaire qui ternissent le précieux bijou et font croire qu'il se meurt. (( Sur des Huîtres perlières préparées par M. Diguet, j'ai vu, en effet, les vésicules en question ; j'ai vu aussi, dans le manteau, des sphères brunâtres parfaitement homogènes de conchyoline ; j'en ai vu d'autres à demi incrustées de nacre, d'autres presque entièrement nacrées, et on m'a mon¬ tré, dans une situation analogue, des perles parfaites. Mais les perles à demi nacrées étaient-elles des perles en formation (1) Léon Diguet, La perle fine et son mode de formation (la Nature, juillet 1920). (2) G. Petit, Les huîtres perlières de Madagascar {Bull. dHnfonn. Agence Madagascar, juin 1922, Paris). (3) Edmond Perrier (Le monde vivant), le Temps, 11 avril 1912, Paris) . 32 LOUIS BOUTAN OU des perles manquées, ayant pris naissance trop près du bord du manteau, dans la région qui sécrète non pas de la nacre, mais de la conchyoline ? C’est ce que je ne puis dire. » On sent, dans l’exposé de M. Edmond Perrier, une cer¬ taine hésitation et certains doutes planer sur l’interprétation des faits qui lui ont été soumis. J’avoue les partager entiè¬ rement. Les affirmations si précises de M. Diguet sur le mode de formation des perles paraissent, en effet, reposer sur des bases fragiles. « La cause initiale qui détermine cette calco¬ sphérite, dit-il (1), est restée jusqu’ici inconnue.» Cela est vrai¬ ment fâcheux, alors que la cause initiale qui détermine la formation de ce qu’il appelle dédaigneusement les perles de nacre est si bien mise en évidence. Son intervention des nématocystes dans la formation des perles est purement hypo¬ thétique. S’il y a un «contact irritant sur l’épiderme délicat du Mol¬ lusque », ce contact ne pourrait-il pas déterminer l’invagi¬ nation épidermique constatée pour la formation des perles dites de nacre? L’auteur ne paraît pas même s’être posé la question. Il dit cependant : « Dans le premier stade, c’est l’apparition d’une vésicule épithéliale. » D’où provient cet épithélium? N’est-ce pas de l’épithélium palléal? Dans ce cas, nous serions ramenés au cas normal. Cette importante question n’est même pas envisagée, pas plus, d’ailleurs, qu’aucun caractère particulier n’est indiqué dans la structure du sac perlier, qui dans le cas de] la perle de nacre sécréterait la perle et, dans le cas de la perle fine, ne servirait que de moule ou de matrice à la perle. Cette deuxième hypothèse est rendue tout à fait invraisem¬ blable par l’étude comparative de la composition chimique de la perle, de la demi-perle et de la nacre, qui, qualitativement, sont composées exactement des mêmes éléments. L’étude du sac perlier, de l’évolution de la perle de Moule, ainsi que le mode de culture des perles complètes japonaises (1) Loc. cit., p. 19. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 33 rendent inadmissible Faffirmation de M. Léon Diguet, décla¬ rant que « la perle fine se constitue d'emblée et qu'au cours des différentes phases qui doivent présider à son accomplis¬ sement elle ne peut, en aucune façon, subir d'accroissement de volume ». Les travaux publiés par Lyster Jameson, Raphaël Du¬ bois et moi-même sur le mode de formation des perles sont en contradiction formelle avec l'assertion précédente pour les raisons suivantes : La perle fine et la vésicule qui la contient grandissent avec le temps et n'arrivent pas d'emblée à leur taille défini¬ tive, comme le croit M. Diguet ; 2^ La perle se forme dans sa vésicule, tapissée d'épithé¬ lium, par la sécrétion des cellules de cet épithélium (conchyo- line) et par l'apport des éléments calcarigènes (calcaire) qui, d'après Raphaël Dubois, constituent les éléments amiboïdes affectés à cette fonction ; 3® L'épithélium de la vésicule ou du sac perlier est une dépendance directe de l'épithélium palléal externe du man¬ teau, dont il dérive par invagination. Dans ces conditions, on est en droit de se demander quelle est la cause d'erreur qui a conduit M. Diguet et M. Petit à cette mauvaise interprétation des faits et à rajeunir une théorie surannée. Raphaël Dubois, dans son beau travail sur les perles, a fait plusieurs remarques très intéressantes. « On trouve, dit-il, dans les Moules de Billiers, au mois d'août, très peu de perles, contrairement à ce qui arrive aux autres époques de l'année, où elles en sont bourrées ; mais on y rencontre des débris calcaires, qu'on ne peut mieux comparer qu'à des petits fragments de dents cariées. Dans les Moules qui possédaient encore des perles, on en trouvait de très petites nouvellement formées avec un joli orient et d'autres plus volumineuses quelquefois brillantes, le plus souvent d'un blanc mat ; en revanche, en examinant attentivement le manteau de l'animal, on remarquait de nombreux petits ANN. DES SC. NAT. ZOOL. , 10® série'. VI, 3 34 LOUIS BOUTAN points jaune rougeâtre précisément dans les endroits où se forment d'ordinaire les perles : ils étaient produits par de petits Distomes de quatre à six dixièmes de millimètre. Et plus loin, Raphaël Dubois ajoute : « Il résulte de mes observations que le Distome, pour lequel j'ai proposé le nom de Distomum margaritarum, s'enkyste dans le manteau de Mytilus edulis au mois d'août sur nos côtes de l'océan et qu'il reste enkysté jusqu'à l'été suivant. A cette époque, la coque calcaire se dépolit, se désagrège, ainsi que le prouve l'existence des petits fragments calcaires, dont il a été question plus haut. » Cet enkystement, signalé par l'auteur, correspond à un double phénomène : Au stade de l'encapuchonnement et aux stades sui¬ vants, que j'ai décrits chez la Moule ; 2® A la destruction des perles dans l'intérieur de la Moule. J'ai pu moi-même répéter les observations de Raphaël Dubois et constater que, à certaines époques de l'année, on trouvait dans les tissus de la Moule des perles en voie de disparition. Ce phénomène de désagrégation des éléments inorganiques de la coquille peut se produire normalement chez les Mol¬ lusques, lorsque la coquille présente des perforations. La formation des trous dans celle de l'Haliotis et d'autres Aspidobranches s'explique par l'écartement des lobes du manteau, mais, dans le cas de la Fissurelle, nous voyons apparaître, au sommet de la coquille, un orifice dont l'agran¬ dissement ne peut s'expliquer que par une résorption des élé¬ ments minéraux par l'intermédiaire du manteau. Sous quelle influence se fait cette résorption? Nous ne le savons pas ; mais il est intéressant de constater, avec Ra¬ phaël Dubois, que le même phénomène peut amener la résorption des perles, lorsqu'il s'agit, comme avec la Moule, d'une espèce peu nacrière. Dans les Méléagrines, qui produisent les plus belles perles fines, contrairement à ce qui se passe chez les Moules, et contrairement aussi à l'opinion de M. Léon Diguet, on a pu constater le grossissement des perles pendant plusieurs années PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 35 consécutives, ce qui rend particulièrement précieuse la mé¬ thode de radiographie imaginée par Raphaël Dubois et utilisée à File d'Ipantivu (Geylan). Les Méléagrines de Californie et de Madagascar sont pla¬ cées dans des conditions différentes de celles où vivent les Méléagrines des mers très chaudes et dans ses élevages, si remarquables, en Méditerranée,, Raphaël Dubois n'a jamais pu obtenir que de toutes petites perles... Pour expliquer les faits signalés par Diguet et par Petit, n'y aurait-il pas lieu de faire intervenir la destruction de la perle par résorption, soit par suite d'influences saisonnières, soit par suite d'autres causes encore inconnues? Dans ce cas, la cause d'erreur, qui a conduit M. Diguet et M. Petit à une mauvaise interprétation des faits observés, résiderait dans ce que ces auteurs prennent le commencement pour la fin. Ils font, en effet, débuter le phénomène par une vésicule close contenant un liquide hyalin, puis un liquide gélatineux, puis une perle complète. C'est l'ordre inverse qui, selon moi, doit être admis : perle complète, liquide gélatineux et liquide hyalin, et, dans ce cas, au lieu d'un phénomène de formation, on se trouve en face d'un phénomène de destruction de la perle, et cela explique pourquoi Diguet a| signalé que la vésicule contenant le liquide hyalin est aussi grosse que la vésicule contenant la perle complète. Comme conclusion de cette étude de l'historique de la 'ques¬ tion, il résulte que l'opinion ancienne reprise par M. Diguet, à l'aide de faits probablement mal interprétés, doit être rejetée et que la théorie épithéliale qui complète la théorie parasitaire sur l'origine et la formation de la | perle fine, des productions intermédiaires et de la nacre, rencontrera de moins en moins de contradicteurs parmi les naturalistes. Elle repose sur de nombreux faits bien observés, tandis que la théorie ancienne se heurte aux observations précises sur l'origine, la composition chimique et la structure de la perle fine et ne se base que sur des observations fragmen¬ taires. CHAPITRE II LES polémiques" RÉCEIVTES A PROPOS DES PERLES COMPLÈTES DE CULTURE JAPONAISE Dans mon travail précédent (1), j'arrivais aux conclusions suivantes : « La nacre, les perles fines et les productions intermédiaires entre la nacre et les perles fines résultent de la sécrétion de l'épithélium palléal externe du manteau. « La composition chimique de la nacre et de la perle fine, qualitativement semblable, se rapproche- beaucoup plus quantitativement qu'on ne le pensait. « L'étude du sac perlier montre que son épithélium, qui dérive de l'épithélium palléal externe, en difîère, cependant, par un état pathologique dû à la sécrétion des couches cir¬ culaires, qui donnent naissance à la perle dans une enceinte fermée. « L'étude des particularités qui ont servi à caractériser la perle fine montre une grande inégalité dans l'importance de ces caractères. « On avait émis des idées fausses sur l'élasticité et la dureté des perles fines. « La densité de la perle fine est trop voisine de celle de la nacre pour être utilisée pratiquement. « Le noyau est beaucoup trop variable pour fournir un carac¬ tère spécifique. Des expériences précises, effectuées à l'aide de perles complètes de culture du Japon, prouvent qu'il n'a aucune influence sur les qualités superficielles de la perle fine. « Les demi-perles de provenances diverses, demi^perles d'Haliotis ou demi-perles du Japon, offrent des caractères intermédiaires, au point de vue de leurs qualités de surface (1) Louis Boutan, Étude sur les perles fines, loc. cit., p. 113. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 37 entre la nacre et les perles fines. A Texamen microscopique, elles se distinguent, d'ordinaire, facilement des perles fines par la présence de lignes ou de traits rectilignes caractéris¬ tiques de beaucoup de nacres. « Les perles fines ne peuvent se caractériser pratiquement que par leurs qualités de surface, qu'on désigne sous les épi¬ thètes d'Ëclat^ de Lustre et à’ Orient. (( L'étude de ces qualités de surface montre qu'elles ré¬ sultent non seulement de la forme circulaire et de la transparence des couches les plus superficielles de la perle fine, mais surtout de l'impres¬ sion en plan de la surface épithéliale du sac perlier. « Ces qualités de surface varient dans certaines limites, et j'ai pu déterminer quatre types principaux de ces variations. « Les perles complètes de culture japonaise ne peuvent se distinguer, au point *de vue de leurs qualités de surface, des perles na¬ turelles du Japon. « Ces perles complètes de culture japonaise (fig. 3), malgré leur noyau volumineux, sont, de par leur origine dans un sac perlier clos, de véritables perles fines. » Les principaux faits que je mettais ainsi en lumière pa¬ raissent n'avoir pas été sérieusement contestés, et les polé¬ miques ont porté seulement sur deux points : d'une part, le rôle du noyau et, d'autre part, les affirmations contenues dans les deux derniers alinéas. Ici, ne pouvant m'appuyer sur une analyse déjà faite, comme dans le précédent chapitre, je dois passer en revue les principales publications relatives au sujet, à partir de 1921. Je citerai tout d'abord un livre japonais de M. Takéo Kume (27), un gros volume de près de 300 pages, illustré de nombreuses figures et intitulé Diamants et Perles. Autant que j'en puis juger d'après mes connaissances tout à fait insuffisantes de la langue japonaise, l'auteur présente Fig. 3.— Trois perles de culture japonaise complètes, présen¬ tant toutes les caractéristiques des perles fines (grossies deux fois). 38 LOUIS BOUTAN au lecteur une mise au point très étudiée de la question des diamants et des perles. Toute la seconde partie de Touvrage est exclusivement consacrée aux perles et contient Texposé des théories relatives à Torigine des perles et une étude sur les perles de culture japonaise. Après ce travail d'ordre scientifique, je dois noter un article de polémique paru dans le Daily Mail (1) du 14 dé¬ cembre 1921. Cet article, signé par une vingtaine de grands joailliers anglais, est une protestation véhémente contre l'introduction et la mise en valeur des perles de culture japonaise : ,Ges joailliers veulent rassurer, disent-ils, les possesseurs de perles et leur montrer que la valeur des perles d'Orient ne peut être affectée par l'introduction sur le marché des perles de culture, pour les raisons suivantes : (( Les perles de culture sont des boules de nacre recouvertes de nacre perlière sous différents degrés d’épaisseur, « Elles n'atteignent qu'une petite taille^ et, eu égard à leur qualité, elles ne peuvent concurrencer les perles indiennes, dont on peut les distinguer. «Elles ne peuvent être comparées avec des perles, pas plus quun bifou fourré avec de l’or plein ou des pièces gal¬ vanisées avec de l'argent. » Que ces grands joailliers de Londres éprouvent le désir de rassurer les possesseurs de perles, rien ne semble plus naturel, mais ce qui l'est beaucoup moins, c'est leur préten¬ tion de vouloir les rassurer par une série d'assertions con¬ traires à la vérité. J'ai répondu, par avance, à la première objection par les constatations suivantes (2) : Les échantillons de perles complètes de culture japonaise sciés en parties égales ou inégales montrent avec évidence la présence d’un gros noyau entouré par les couches concen¬ triques de la substance perlière proprement dite (fig. 4). Ce noyau, malgré sa grosseur, ne représente en poids et (1) Arthur et G®, Benson Ltd., Boucheron, etc. Cultured Pearls, The Daily Mailf 14 décembre 1921). (2) Loc. cit., p. 101, PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 39 en volume qu'une faible portion de la perle tout entière, puisque, dans le cas le plus défavorable, les rayons des deux sphères sont représentés respectivement par les chiffres 3 et 5, ce qui donne, pour le volume du noyau, un quart environ et Fig. 4. — Coupes de perles japonaises de culture montrant le noyau ; à gauche, calotte supérieure ; à droite, section de la perle. pour le volume de la masse perlière, représentée par les couches concentriques de perle fine, le chiffre de trois quarts environ. En examinant comparativement des sections de perles natu¬ relles du Japon et des perles complètes de culture, on cons¬ tate ce fait ïmpor- tant : le noyau qui a donné naissance à la perle naturelle est plus petit ; mais, au¬ tour de ce noyau primitif, les couches concentriques de matière perlière qui forment les assises les plus internes sont beaucoup plus jaunes et beaucoup plus opaques que les couches circulaires périphériques ; c'est une remarque que l'on peut faire dans presque toutes les perles fines sectionnées représentées par les auteurs ; si bien qu'autour du nucléus primaire (le point central) existe, en réalité, un noyau se¬ condaire dont l'importance se rapproche de celui des noyaux des perles japonaises de culture (fîg. 5). Fig. 5. — Perle naturelle sectionnée montrant le noyau secondaire; en bas, section d’une perle de culture. 40 LOUIS BOUTAN Si Ton poursuit la comparaison avec des demi-perles, telles que celles que j'ai obtenues avec les Haliotis^ ou telles que les anciennes demi-perles japonaises, on voit immédiate¬ ment quil ne s’agit plus^ avec les perles complètes de culture japonaises^ de perles constituées principalement par un noyau de nacre avec tout autour une mince pellicule de matière dispo¬ sée en couches concentriques comme dans les perles fines^ mais de perles formées par une réelle épaisseur de couches périphé¬ riques^ ayant la meme disposition que dans les perles fines. La seconde objection sur la taille n'est guère plus sérieuse. 11 est dangereux de vouloir prédire l'avenir, et je décris à la fin de ce présent travail une perle de culture sans noyau de nacre de plus de 13 grains, ce qui représente une grosse perle fine. La seconde objection se termine par une nouvelle affirma¬ tion inexacte, puisqu'elle laisse croire que l'on peut distin¬ guer les perles complètes de culture des perles naturelles, à l'aide d'un examen superficiel. Enfin j'ai répondu, également par avance (1), à la compa¬ raison qui forme le troisième argument, et j'ai montré qu elle était tout à fait inexacte. Ce qui fait la valeur d'un bijou d'or, c'est la nature meme du métal qui le compose. Si l'on ajoute, par exemple, du plomb à de l'or, on diminue sa valeur vénale. Or, ce n'est pas la valeur de la matière qui compose la perle fine qui fait sa valeur intrinsèque. La perle fine n'a de valeur que par ses qua¬ lités extérieures et superficielles. Ses qualités extérieures sup¬ primées, elle vaut tout juste ce que vaut la nacre. Personne ne conteste sérieusement que beaucoup de perles fines ont pour point de départ, pour noyau, un grain de sable ou un corps organique d'origine animale, et personne ne songe cependant à faire intervenir ce noyau, en plus ou en moins, dans l'estimation de la valeur d'une perle fine naturelle. La variété même de ce noyau fait qu'il ne peut entrer en ligne de compte pour estimer la valeur de la perle, et l'Homme est parfaitement en droit de choisir lui-même le noyau qui lui (1) Loc. cit., p. 110. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 41 paraîtra le plus favorable pour forcer l'Huître à élaborer la perle fine. 11 m'a paru nécessaire de réfuter un peu longuement les arguments présentés par les joailliers londoniens, parce qu'on les trouve reproduits par tous les adversaires des perles japo¬ naises. Albert F. Calvert (9 et 10), qui s'occupe des perles depuis trente ans et a visité les pêcheries du nord-ouest de l'Austra¬ lie et en particulier du Queensland, a répondu, dans le Daily Mail du 15 décembre 1921, en faisant la proposition sui¬ vante : If the 21 firms wTio haae signed the statement referred ta will appoint an expert^ I shall be prepared^ if you think it of sufficient importance to arrange a test^ to prodiice a parcel of natural and cultured pearls^ and I claim that it would be im¬ possible for him by any test to deteet the différence. I shall be prepared^ in order that there may be no misunder standing., to eut the pearls open. Calvert a réédité les deux articles, avec de longs com¬ mentaires, dans une notice spéciale imprimée à Londres (10)^ de manière à bien spécifier les termes de l'expérience qu'il proposait. Je crois que les joailliers londoniens n'ont pas encore jugé à propos de relever le défi. Un autre auteur anglais, David Masters, a écrit également un article bien documenté (29), où il décrit avec détails l'or¬ ganisation de la pêcherie de K. Mikimoto. La description est accompagnée de photographies représentant les diffé¬ rentes phases des opérations, à l'aide desquelles on greffe, sur les Méléagrines de choix, le sac perlier. C'est, dit l'entête de l'article, la première histoire complète et authentique de la découverte de Mikimoto. Comme la partie essentielle de l'ar¬ ticle, au point de vue scientifique, figure déjà dans les notes de Lyster Jameson analysées dans mon précédent travail, je n'insisterai pas plus longuement. En Allemagne, la question des perles de culture japonaise a passionné l'opinion, comme en Angleterre, et, en dehors des 42 LOUIS BOUTAN informations reproduites d'après les journaux français et anglais, je dois signaler quatre articles importants d' Alfred Eppler : Gezüchtete Perlen (décembre 1921) ; Der Kampf um die gezüchtete Perle (mars 1922) ; Wie werden die neuen japa- nischen Kultur perlen gezüchtet (avril 1922), et enfin un article encore plus récent. Die japanischen Kultur perlen in Fran- kreich. Cette série d'articles représente une mise au point intéressante de la question où l'auteur confirme les conclu¬ sions de Lyster Jameson et les miennes, parfois à l'aide de figures intéressantes (11, 12, 13, 14). De Suisse, je n'ai reçu qu'un seul document représenté par un article de vulgarisation, dans lequel Julie Mona- CHON (30) expose succinctement l'histoire de la perle de cul¬ ture japonaise. Il n'en est pas de même en France, où la question a fait verser beaucoup d'encre. A côté des entrefilets, de pure polémique, parus dans les quotidiens et qui représentent trop souvent des informations fantaisistes, je ne retiendrai que les articles plus sérieux, con¬ tenant des appréciations personnelles de l'auteur ou une mise au point intéressante. Ces derniers se divisent en deux catégories bien tranchées. D'une part, les auteurs qui, sans parti pris, discutent les données scientifiques obtenues dans ces dernières années au sujet des perles complètes de culture japonaise ; d'autre part, les auteurs, adversaires irréductibles des nouvelles perles japonaises et qui voudraient démentir les récentes constata¬ tions scientifiques, parce que la vérité sur les perles complètes de culture risque de nuire aux intérêts des marchands déten¬ teurs de perles fines naturelles. M. Gustave Hirschfeld (20, 21, 22, 23), avec ses articles si bien documentés parus dans V Illustration., M. Charles Nordmann (33), avec une étude très remarquée publiée dans la Revue des Deux Mondes^ et M. Bertin (1), avec une mise au point très claire et très étudiée parue dans la Nature., représentent les principaux publicistes du premier groupe¬ ment. Ils exposent et discutent sans passion, le sujet, en PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 43 tenant compte des résultats obtenus et en cherchant à dégager la vérité. Dans le second groupe, j"ai déjà cité dans ma préface : M. DE Valeffe (42), sur Tentrefilet duquel je ne reviendrai pas; M. Citroën (10 bis)^ président delà Chambre syndicale des négociants en perles, diamants, qui a pris résolument parti contre les perles de culture, quhl voudrait assimiler à des perles fausses, et, enfin, M. Léonard Rosenthal, (40, 41), qui a mené une vigoureuse campagne contre les perles de culture japonaise. L'article de M. Léonard Rosenthal, intitulé Perles ja¬ ponaises et rubis reconstitués^ mérite une analyse détaillée, car il me paraît contenir à peu près tous les arguments des adversaires des perles japonaises (40). Dans son article paru dans le Mercure de France^ M. Léo¬ nard Rosenthal s'efforce de démontrer que les nouvelles perles de culture japonaise sont, par rapport aux perles fines naturelles du Japon, ce que sont, par rapport aux rubis natu¬ rels, les rubis reconstitués. Ce rapprochement est très superficiel, car, si le rubis et la perle fine sont des produits naturels, le rubis reconstitué est un produit industriel^ tandis que la perle de culture est un produit de culture. « Il est facile, dit l'auteur, de distinguer la pierre artifi¬ cielle produite par les points noirs qu'elle contient et qui sont nettement visibles à l'œil nu pour les personnes exercées... » « Le principe de la reconstitution est celui-ci : il consiste à pulvériser de toutes petites pierres naturelles inutilisables directement à cause de leurs défauts et à les agglomérer par fusion à haute température. On obtient ainsi des masses solides et transparentes, semblables extérieurement, après taille, aux pierres naturelles, mais qui s'en distinguent cepen¬ dant par deux particularités principales : l'absence totale de textures cristallines, la forme spéciale des bulles gazeuses qu'elles contiennent et qui apparaissent en points noirs, comme je le disais tout à l'heure, et l'absence d'éclat à la lumière. » On ne voit pas clairement en quoi cela concerne les perles de 44 LOUIS BOUTAN culture, et Ton s'attend, d'après ces prémices, à ce que M. Ro¬ se nth al va nous indiquer des moyens aussi simples pour distinguer la perle de culture de la perle fine ordinaire. Il n'en est rien. Après avoir parlé du ruhis scientifique^ il donne une longue citation de Lucien F alizé, qui se termine ainsi : Mais on ne fera jamais de perles. Cette citation paraît plutôt mal choisie dans l'état actuel de la question et dans un article qui s'occupe des nouvelles perles de culture. Cet on^ dans l'esprit de Falize, signifiait-il que l'Homme ne peut pas industriellement fabriquer de vraies perles fines ? Dans ce cas, nous serions d'accord avec lui; il paraît certain que : « L'Homme ne fera jamais de perles. » Les perles de culture sont faites par l'Huître. L'Homme n'a pas fait de perles, mais il force les Huîtres à en produire. Il y a là une erreur d'interprétation sur laquelle il me paraît inutile d'insister. M. Rose NTH AL termine la première partie de son article par une anecdote sur les rubis qui n'a aucun rapport avec la question ; il sent cependant la nécessité d'aborder plus direc¬ tement la question des perles japonaises et, dans sa seconde partie, il entre dans le vif de son sujet. Malheureusement, son début n'est pas heureux... puisqu'il commence par faire une confusion entre les demi-perles chinoises et japonaises, qui sont deux choses bien différentes. « Les Japonais et les Chinois, dit-il, faisaient déjà la cul¬ ture des perles dites japonaises : on prenait des Mulettes d'eau douce. Au moment où ces Huîtres (1) {sic) bâillaient, on plaçait un petit bâtonnet de bois pour les empêcher de se re¬ fermer. L'opérateur déposait alors, dans la coquille inférieure, un chapelet de petits morceaux de nacre enduits d'une com¬ position chimique... Ces petits morceaux de nacre étaient attachés les uns aux autres par un léger fil... Au bout d'un an ou deux, les Mulettes étaient retirées de l'eau ; on les (1) Ces soi-disant Huîtres, appelées plus haut Mulettes par M. Rosenthal, sont des Dipsas plicatus. c’est-à-dire des Mollusques d’eau douce. Les Huîtres sont des Mollusques marins, ainsi que les Huîtres perlières. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 45 ouvrait de nouveau et on découpait des chapelets qui étaient recouverts de matière perlière. Telle était cette méthode pri- mit ve de culture des perles japonaises. » G"est, en effet, pour les demi-perles incomplètes, le procédé chinois^ portant sur un Mollusque d'eau douce ; le procédé japonais est différent : ce dernier emploie la Meleagrina Martensi^ Mollusque marin, et ne place pas de chapelets, mais une seule boule de nacre dans la coquille ; la récolte ne se fait pas « au bout d'un ou deux ans ». M. Mikimoto dit laisser les demi-perles se former pendant quatre ans, et les perles complètes issues d'un procédé encore très différent pendant sept ans environ. Ce n'est là, d'ailleurs, qu'une erreur de détail, comparée à celle que commet un peu plus loin M. Léonard Rosenthal, qui, elle, est fondamentale. « Telle était, dit-il, cette méthode primitive de culture des perles japonaises. Le seul progrès sur la méthode ancienne est celui-ci : au lieu de déposer un chapelet de petits mor¬ ceaux de nacre au fond de la coquille inférieure, on introduit directement^ au moyen d’une incision^ chaque morceau de nacre isolé dans le corps meme de l’Huître. Au bout d'un ou deux ans, quelquefois moins, on retire le morceau de nacre, recouvert de sécrétion perlière, et on a une perle japonaise. » La belle découverte de M. Mikimoto se trouve complète¬ ment défigurée par cette description ; car ce n'est pas en introduisant directement un morceau de nacre isolé dans le corps de l'Huître que le grand cultivateur japonais a obtenu les perles complètes, c'est en procédant à une greffe de tissu épithélial emprunté à une autre Huître perlière. En introduisant un noyau de nacre isolé dans le corps même de l'Huître, on n'obtient rien du tout, qu'un noyau de nacre, et si c'était là le seul progrès de la méthode actuelle sur la méthode ancienne, le progrès serait nul. Comment se fait-il qu'après les renseignements qui ont été publiés, un peu partout, sur les procédés relatifs aux perles de culture, dont M. Mikimoto ne fait pas un secret, puisqu'il a breveté sa découverte en Angleterre, un grand joaillier comme M. Rosenthal imprime de pareilles erreurs ? 46 LOUIS BOUTAN \ Mais ce ne sont peut-être là, pour M. Rosenthal, que des points sans importance, si Ton en juge par sa conception du mode de formation de la perle fine et de la blue perle. Pour lui, le centre de la perle fine est occupé par un Ver minuscule qui... perce la coquille de f Huître perlière et pénètre jus¬ qu'au corps de l'animal, un minuscule Ver blanc. Il insiste (1) : « Fait très important, le corps de ce Ver est blanc^ tandis que, dans la blue perle^ le centre est occupé par une parcelle de vase noire. » Sur cette affirmation fantaisiste, il bâtit une théorie très curieuse, sinon très exacte. Pour lui, la beauté de la perle tient à la réflexion de la lumière de l'une à l'autre des assises con¬ centriques qui entourent le point blanc s'il s'agit d'une perle ordinaire, du point noir s'il s'agit d'une blue perle. « J'ai insisté, dit-il (2), sur la formation de la blue perle. La raison en est simple. La blue perle a comme point de départ la parcelle de vase, c'est-à-dire un dépôt noir. Or, la matière perlière se dis¬ pose autour de ce point noir en assises concentriques, et ces assises, ayant la propriété de réfléchir la lumière de l'une à l'autre, la blue perle conserve indéfiniment l'aspect sombre qui lui vient du point noir central. Placez-la dans un lot très important de perles fines, blanches, vous la trouverez immé¬ diatement. » On se demande vraiment si M. Rosenthal a jamais regardé des coupes de perles fines, ce qui serait bien extraordinaire pour un grand négociant de perles, ou s'il parle seulement d'après les données de son imagination. Même dans les coupes qui portent sur les perles du plus bel orient, c'est en vain qu'on rechercherait un Ver blanc à l'intérieur. L'animal qui forme le noyau a pu être blanc à l'origine, mais, après sa mort, il change de couleur, et les traces qu'on aperçoit varient du noir, au brun et au jaune ! D'ailleurs, si M. Rosenthal avait réfléchi à la façon dont se réfléchit la lumière, il aurait compris que la réflexion de la lumière exige une source lumineuse] que cette source lumi-' lieuse se trouve à l'extérieur de la perle et ne peut agir que (li P. 83. (2) P. 84. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 47 de Textérieur vers rintérieur... Si bien que, pour justifier la théorie optique de M. Rosenthal, il faudrait non pas un Ver blanc (le blanc devenant noir dans Tobscurité), mais un Va' luisant pour éclairer Tintérieur de la perle. Il n'en tire pas moins la conclusion suivante (1) : « Qu'est-ce donc que la perle japonaise? La perle japonaise a comme ori¬ gine créatrice, ainsi qu'il est dit plus haut, un morceau de nacre recouvert par plusieurs assises de matière perlière. Or, la nacre est composée d'assises parallèles. Ces assises parallèles, par cela même qu elles sont parallèles^ ne peuvent réfléchir la lumière de F une à Vautre^ comme cela se produit quand les assises sont concentriques. Le dépôt de matière perlière sur ces assises parallèles demeure indéfiniment affecté par l'absence de réfraction lumineuse, qui s'est formée sur le morceau de nacre originel, présente un aspect faux, quelque chose d'étrange et de non naturel qui se place entre la vraie perle et la blue perle. » Mais... alors, le Ver blanc est donc formé de couches con¬ centriques, d'après M. Rosenthal? 'Que devient, dans ce cas, la blue perle de M. Rosenthal. La vase ne vaut guère mieux que la nacre, et la blue perle., vendue jusqu'à présent comme perle fine, entrerait tout d'un coup dans la catégorie des perles d'imitation, puisqu'il semble que la Chambre syndicale qualifie de perles imitation., celles qui ont un noyau non formé de couches concentriques. Il n'y a aucune raison pour que la vase se dispose en couches concentriques !... Je crois qu'il est inutile d'insister davantage sur les explications théoriques de l'auteur. M. Rosenthal n'aurait pas eu l'idée de faire jouer au noyau de nacre de la perle de culture le rôle qu'il lui prête s'il s'était donné la peine de lire mon dernier travail sur les perles naturelles et les perles de culture. Dans ce travail (2), en effet, j'ai consacré tout un chapitre à l'exposé d'expériences précises qui montrent, avec évidence, que le noyau ne joue aucun rôle au point de vue des qualités (1) P. 84. (2) L. Boutan, Étude sur les perles fines et, en particulier, sur les nouvelles perles complètes de culture japonaise {Bull. Station biol. d' Arcachon, 1911). 48 LOUIS BOUTAN superficielles de la perle fine et que ce noyau peut être blanc^ bleu^ rouge ou noir^ sans que Ton puisse s'en apercevoir exté¬ rieurement dès que la perle est exposée à la lumière. (( Abordons maintenant, dit M. Rosenthal dans une troi¬ sième partie, où il parle de mes recherches et de mes commu¬ nications à l'académie, le point de oue soi-disant scientifique. » Je ne sais trop ce qu'a voulu dire l'auteur avec ce « soi- disant » ; mais je constate qu'il a traité jusqu'ici son sujet de telle façon que je puis envisager avec sérénité ses appré¬ ciations sur ma méthode de travail. J e laisserai donc résolument de côté tout ce qui touche ma modeste personnalité et toute polémique d'allure personnelle; mais je déclare que le point de vue scientifique n'est pas davantage abordé dans cette troisième partie que l'auteur termine ainsi (1) : « La différence existant entre l'œuvre d'un maître et l'imitation est exactement celle qui existe entre ce chef-d'œuvre incomparable de la nature qu'est la perle véri¬ table et la perle cultivée qu'est la perle japonaise. Ces deux perles sont entre elles comme deux êtres humains, qui physi¬ quement se ressembleraient comme deux gouttes d’eau., mais dont l'un serait un génie et l'autre un homme sans cervelle. » M. Rosenthal fait une comparaison à effet, qui ne résiste pas à un examen scientifique. On n'aperçoit pas le cerveau à travers la boîte crânienne, ni le noyau à travers la perle com¬ plète de culture. En quoi le Ver blanc de la perle naturelle et le grain de vase de la blue perle sont-ils des cerveaux de génie par rapport à celui que représente une petite boule de nacre? Deux objets qui physiquement se ressemblent comme deux gouttes d’eau sont, je crois, bien près d'être indiscernables, lorsqu'ils ont été fabriqués par le même artiste, qui, dans^ l'espèce n'est pas l'Homme, mais l'Huître perlière. Enfin, dans sa dernière partie, M. Rosenthal indique les diverses manières qui, selon lui, permettent « de distinguer les perles japonaises ». Je citerai seulement la première : « Il y a d’ abord l'œil exercé de l'expert qui reconnaît, sans la moindre hésitation, un diamant faux d'un diamant vrai, (1) P. 87. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 49 une pierre de couleur scientifique d’une pierre de couleur ivéri^ table, un saphir blanc authentique d’un diamant, une perle japonaise d’une perle fine. Pour l’expert et le négociant en perles, la perle japonaise regardée à la lumière^ par transpa¬ rence^ apparaît sombre^ en raison du noyau solide et opaque que constitue à son centre le morceau de nacre qui y est placé. Mais ceci est pour les gens de métier. » M. Rosenthal est-il certain que la perle japonaise, regardée à la lumière par transparence, apparaît plus sombre que d’autres perles naturelles ? Est-il convaincu qu’il pourrait ainsi dissocier en deux lots, un lot de perles naturelles et de culture mélangées ? Assurément, l’avis d’un expert est loin d’être négligeable, et ses remarques, basées sur de nombreuses observations, méritent d’être prises en considération. Pourtant, ses avis ne sont pas des oracles et n’ont de valeur que s’ils sont basés sur des faits précis et indiscutables. L’expert se sert surtout de la loupe; peut-être aurait-il avantage à utiliser plus souvent un bon microscope. Peut- être sa technique serait-elle plus perfectionnée, s’il s’ins¬ pirait des méthodes de l’enseignement supérieur qu’il pourrait étudier dans nos laboratoires. Ainsi serait réalisée l’union depuis longtemps désirée des recherches scientifiques et pratiques, conduites simultané¬ ment par des hommes d’étude et des techniciens. En attendant, M. Rosenthal pourrait confirmer ses affirmations par des preuves positives en prenant part à l’expérience dont j’ai parlé dans la préface. Avec MM. Galibourg et Ryziger (17), nous retrouvons, au contraire, un travail scientifique basé sur des recherches de laboratoire. Ces messieurs, s’attaquant au seul caractère qui permet, sur une coupe, de différencier les perles complètes de culture japonaise, se sont proposés de différencier les perles de .cul¬ ture des perles naturelles, en mettant en évidence le noyau de nacre contenu dans l’intérieur des perles japonaises. Ils ANN. DES SC. NAT.ZOOL., l(ie s(‘rie. VI, 4 50 LOUIS BOUTAN ont publié une note sur une méthode permettant de recon¬ naître les perles japonaises cultivées. « Plusieurs moyens ont été préconisés, disent ces auteurs, pour identifier les perles japonaises cultivées. L'un d'eux est basé sur l'emploi de la lumière fournie par l'arc au mercure. Un autre utilise l'immersion dans un liquide de même indice de réfraction que les couches superficielles de la perle cul¬ tivée. Ces moyens nous ont donné des résultats irrégu¬ liers. « Il nous a semblé qu'une méthode plus simple consisterait à examiner directement l'intérieur de la perle, en profitant du trou qu'elle comporte nécessairement pour être utilisée comme parure, » Les auteurs indiquent ensuite les différents dispositifs qu'ils ont essayé, miroir à l'extrémité d'une aiguille d'acier coupée à 45®, goutte de mercure, dont le ménisque joue le rôle de miroir convexe qu'on déplace par une méthode quel¬ conque, de manière à explorer de part en part l'intérieur de la perle. « On pourrait, ajoutent MM. Galibourg et Ryziger, peut-être faciliter les manipulations en remplaçant la goutte de mercure par une petite sphère solide obtenue par fusion d'un fil métallique ou d'un fil de verre noir, mais cette instru¬ mentation est difficile à réaliser, et ^jusqu'ici nous n'avons pas obtenu la même netteté de vue qu'avec le mercure. (( Nous pensons que la méthode que nous aoons employée avec fruit dans l'examen des perles serait susceptible d'appli¬ cations, en biologie par exemple, pour l'exploration interne de corps translucides percés d'ouvertures ou creusés de cavités. )) Cette tentative d'exploration de l'intérieur de la perle pour déceler le noyau de nacre et mettre ainsi en évidence le seul caractère qui permette, sur une coupe, de différencier les perles complètes de culture japonaise des perles naturelles est assurément des'iplus intéressantes. Il ne faut pas, cependant, exagérer son importance. Les auteurs disent qu'ils ont employé leur méthode avec fruit. Cette méthode ne serait réellement fructueuse quç si elle PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 51 permettait de séparer à coup sûr la perle de culture de la perle naturelle. L'ont-ils essayée, en comparant des perles naturelles à noyau secondaire fortement coloré avec des perles de cul¬ ture? Dans ce cas, la distinction est-elle possible, ou est-on exposé à ranger ces perles naturelles, à noyau secondaire for- 'tement différencié, dans les perles de culture ? Les auteurs n'ont pas soumis, je crois, leur méthode à cette épreuve indispensable. Une objection, peut-être plus grave encore à l'utilisation de leur méthode, c'est qu'elle suppose la perle trouée au préa¬ lable, pour profiter, disent-ils, du trou « qu'elle comporte nécessairement pour être utilisée comme parure ». Or, sauf pour les perles de collier, les grosses perles de valeur sont souvent utilisées sans qu'on les perfore au préa¬ lable. Malgré l'intérêt scientifique de leur tentative, je crains que l'appareil de M. Galibourg et M. Ryziger ne fournisse pas de résultats pratiques plus importants que ceux obtenus par la radiographie et par la spectroscopie, résultats jusqu'ici tout à fait nuis. A titre de renseignements complémentaires, je dois main¬ tenant signaler deux articles publiés par M. Roquebert, propriétaire de la pêcherie La Française^ à Panama, sur la pêche des Huîtres perlières à Panama. Ces articles renferment des détails très intéressants sur la récolte de Méléagrines américaines, mais ne rentrent pas directement dans le sujet de mon travail (39). Un article de M. Petit, sur les Huîtres perlières de Mada¬ gascar et leur exploitation, ainsi qu'une communication à l'Académie sur les recherches de M. Petit, par M. le profes¬ seur Gruvel, méritent également d'être signalés à cause de l'importance de la question qu'ils soulèvent (35, 19). En dehors des renseignements très intéressants sur les gisements de Madagascar, les observations faites par M. Petit ayant été étudiées dans le précédent chapitre, à propos des théories sur l'origine des perles, je n'ai pas à y revenir ici. Je crois, cependant, qu'en dehors de toute explication 52 LOUIS BOUTAN théorique Texplorateur a mis en lumière des faits importants qui méritent d'attirer l'attention et de susciter de nouvelles recherches. Enfin, je citerai, en dernier lieu, une communication de M. le professeur Cazeneuve, sur les perles de culture et l'appli¬ cation de la loi du août 1905 (8 bis). Ce travail me paraît d'un haut intérêt, puisqu'il soulève une | question juridique. Je me réserve de l'analyser et de le discuter dans le chapitre spécial que l'on trouvera plus loin. En résumé, depuis mon travail de 1921, beaucoup de polé¬ miques se sont élevées sur les ressemblances ou les différences entre les perles naturelles et les perles complètes de culture et sur la valeur qu'on doit attribuer aux perles complètes de culture. En dehors des notes de MM. Galibourg et Ryziger, de M. Petit et de M. Roquebert, peu de recherches vraiment scientifiques ont été entreprises, et les discussions ont porté, presque toujours, sur l'interprétation de faits déjà bien établis. CHAPITRE ni L’ORIGINE ET LE MODE DE FORMATION DE LA NACRE ♦ Les premiers auteurs qui ont étudié la structure de la coquille se sont préoccupés de la mettre en évidence à Taide de coupes, sur des coquilles déjà formées. Ils sont arrivés, en usant ces dernières sur la meule, à obtenir des lames minces qui leur ont montré que la coquille âgée se compose de nombreuses assises, différentes d'aspect. Il est devenu classique de considérer que la coquille est constituée par trois couches principales, qui, en partant de l'extérieur, sont : Le periostracum, ou drap marin, qui représente la seule partie visible, lorsque la coquille est fermée ; 2® La couche de prismes, ainsi nommée à cause de sa struc¬ ture microscopique ; 3® La couche lamelleuse de nacre, caractérisée souvent par de beaux reflets irisés et directement appliquée sur l'épithé¬ lium du manteau. Ces deux dernières couches sont seules utilisées industrielle¬ ment, le périostracum ayant une structure beaucoup moins homogène et contenant beaucoup plus de matière organique (conchyoline). Ces couches ont d'ailleurs une valeur, une épaisseur et un aspect très variables, selon les espèces de Mollusques examinées. On pouvait, ainsi, se faire une idée générale de la structure intime de la coquille à l'état adulte, mais, pour arriver à une interprétation exacte, il était nécessaire d'étudier l'ori¬ gine et le mode de formation des diverses couches et, en parti¬ culier, de la nacre. Or, la coquille duMollusque est quelque chose de très spécial, et les formations que l'on trouve, chez les Vermidiens (Brachio- podes), chez les Crustacés (Cirripèdes) et chez les Vers (Ser- I 54 LOUIS BOUTAN puliens), tout en ressemblant parfois à une coquille, ne peuvent être regardées que comme des formations analogues et non homologues à la vraie coquille. La cuticule du Brachiopode, qui ressemble tant extérieure¬ ment à une coquille bivalve désaxée de 90 degrés, est toute perforée de trous remplis, sur le vivant, par des prolonge¬ ments d'une partie du’ manteau. Elle n'est pas homologue à la coquille des Mollusques, par suite du retournement du jupon de la larve brachiopode et elle, est d'ailleurs , dépourvue de nacre. « Les plaques calcifiées du revêtement des Lepas font partie du tégument lui-même,' font corps avec lui et paraissent homologues à la carapace des autres Crustacés. Les tubes calcaires des Serpules ressemblent beaucoup, il est vrai, à certaines productions des Mollusques (tubes cal¬ caires des Tarets, fourreau des Aspergillum^ etc.). Dans les deux cas, ce sont, semble-t-il, des sécrétions de mucus endur¬ cies de calcaire, et, depuis longtemps, les naturalistes, sans en donner clairement la raison, refusent à ces Jtubes calcaires le nom de coquille. Le fait que la coquille d'un Aspergillum^ par exemple, qui reste rudimentaire, mais est bien représentée, cependant, se distingue nettement du tube calcaire formé secondairement, prouve qu'ils ont raison. Je crois que la grande différence qui existe entre les pro¬ ductions que nous venons d'examiner et la vraie coquille tient à ce que la coquille n’est pas une simple cuticule^ mais une formation plus complexe : une formation en deux temps. L'étude systématique à partir de l'embryon permet |de se rendre compte du mode de formation complexe de cette coquille. Examinons d'abord la larve jeune d'un Mollusque. Sur la face dorsale se trouve une invagination coquillière et, dans un Gastéropode, par exemple, la glande qui corres¬ pond à cette invagination va former une coquille larvaire en forme de bonnet phrygien. Cette coquille larvaire ne se moule pas exactement sur les parois de l'invagination. Elle ne forme jamais une concavité PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 55 tournée vers Tintérieur de Tinvagination. Elle s'étale, au contraire, sur la paroi dorsale de Tanimal. Sa première forma¬ tion et sa croissance se font uniquement à l'aide des cellules périphériques de l'invagination coquillière. Ces cellules péri¬ phériques, «qui se confondaient d'abord avec le centre de l'in¬ vagination, sécrètent le milieu de la petite calotte, et ce sont elles qui, au fur [et à mesure de leur étalement et de leur mul¬ tiplication autour de l'invagination, sécrètent les matériaux Fig. 6. — Évolution de VAcmœa virginea, premiers stades du développement de la coquille. nécessaires à l'accroissement de la coquille larvaire (fig. 6). Peut-être, cependant, y a-t-il quelques éléments calcaires qui sont sécrétés par les cellules de l'invagination, mais ils sont en petit nombre, et la coquille larvaire est, d'ordinaire, papyracée. Cette coquille larvaire, ou mieux, cette prerhière cuticule représentant la coquille» larvaire, peut tomber et disparaître complètement dans la suite de l'évolution, chez certains Mol¬ lusques ; mais, dans beaucoup de cas, elle persiste et va évoluer en coquille définitive (fig. 6). 56 LOUIS BOUTAN Cette évolution est des plus instructives et va nous faire comprendre les particularités que présente la coquille du Mol¬ lusque. Je Tai étudiée en particulier (1); chez quelques Aspido- branches et quelques Cyclobranches. Voyons, par exemple^ ce qui se passe dans Acmœa i’irginea, dont j'ai suivi le déve¬ loppement (fig. 6 et 7). larvaire, d'a¬ bord très pe¬ tite, d'après d'ailleurs les dimensions de la larve, ne pré¬ sente aucune saillie, aucune côte, aucun or¬ nement visible. D'abord cons¬ tituée presque exclusivement par de la ma¬ tière organi¬ que, elle est flexible et peut se déformer sans se rom¬ pre. Rapidement, il n'en est plus ainsi ; quand la larve grandit et qu'on la comprime sous le microscope, on voit la coquille éclater en petits fragments. Ces fragments sont constitués par une couche de matière organique incrustée de carbonate de chaux, le carbonate de chaux dessinant, parfois, des mailles ou un fin réseau à la face interne de la membrane. La moindre goutte d'acide dissout la matière minérale et laisse subsister (î) L. Boutan, La cause principale de l’asymétrie des Mollusques Gastéro¬ podes (Arcliiv. de zool. exp. et gènér.f 3® série, t. VII). La coquille Fig. 7. — Évolution de V Acmœa virginea, derniers stades du développement de la coquille. En bas à gauche, larve à'Ha- liotis ; à droite, coquille très jeune de Fissurelle. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 57 la fine membrane très transparente et difficile à distinguer sans coloration spéciale. Dans la larve plus avancée, la petite coquille s'endurcit de calcaire, mais conserve l'aspect mat et poreux, tout à fait caractéristique de la coquille larva re. Considérée par la face interne, même à un stade plus avancé, elle ne présente jamais dans son intérieur la moindre irisation décelant V existence de la nacre. La larve va se transformer, peu à peu, en adulte, et la coquille va continuer à s'accroître par l'action de la couche la plus externe des cellules périphériques du manteau. Dans le cas particulier que nous avons envisagé, la forme de la coquille va se modifier, s'évaser, et des ornements vont apparaître. Sa structure se modifie du même coup, sauf, bien entendu, dans la partie préformée, qui se conserve indéfiniment sans changements (fig. 6 et 7.) Les modifications tiennent à deux causes distinctes : Modification sur le bord périphérique du manteau ; 2^ Sécrétion de la nacre, rendue possible du côté interne de la coquille, par la mise à l'abri du contact direct de l'eau de mer. C'est ce qui m'a amené à parler de la fabrication de la coquille en deux temps : quels que soient les ornements delà coquille, tous ses accidents de surface sont l'œuvre des cel¬ lules périphériques non ciliées du bord du manteau. Quelle que soit l'épaisseur des couches de prismes et de nacre, ces parties internes de la coquille sont toutes formées par l'épithélium non cilié limité par les cellules périphériques. Voilà les phénomènes que nous constatons dans ce cas très simple de VAcmœa^ que l’on retrouve d'ailleurs dans la Patelle et qui se produit, également, dans la Fissurelle, où, cependant, il est plus compliqué, puisque là la coquille lar¬ vaire ne se détruira pas seulement sous l'action du temps, mais sous l'intervention même d'un lobe du manteau détaché secondairement de la périphérie du manteau (fig. 7). Chez les larves de Mollusques, la coquille dérive donc de l'invagination coquillière, dont les cellules périphériques forment la première membrane de cette coquille pelliculaire et en favorisent la croissance. Les cellules profondes de l'inva- 58 LOUIS BOUTAN gination, invagination qui ne tarde pas d'ailleurs à s'étaler sur la face dorsale, fournissent surtout les granulations cal¬ caires. Elles durcissent progressivement la coquille, qui reste poreuse et non nacrée à son intérieur. Ensuite, tout à fait tardivement, la formation définitive de la coquille adulte intervient, respectant d'ailleurs les pre¬ mières formations de la coquille larvaire. La coquille définitive, en effet, englobe seulement la coquille larvaire sur la périphérie. Du côté interne, au contraire, la sécrétion nacrée va s'étendre uniformément et niveler, en quelque sorte, l'intérieur de la coquille. Selon moi, pour bien comprendre les particularités des coquilles nacrées des Mollusques, il faut distinguer deux choses : Les cellules périphériques non ciliées du pourtour du manteau, à l'aide desquelles la coquille s'accroît dans toutes ses parties externes. Ce sont elles qui forment ce qu'on a appelé, très improprement, l'épiderme de la coquille du Mol¬ lusque. Cette couche périphérique, qui sécrète en abondance un ciment organique, est parfois très riche en glandes cal¬ caires se présentant souvent sous forme de glandes allongées en bouteilles, facilement reconnaissables sans préparations, à leur contenu blanchâtre ; 2^ Les cellules non ciliées de l'épithélium palléal externe (limité par les cellules périphériques précédentes), à l'aide desquelles, chez la larve, se sécrètent les premières granula¬ tions calcaires et, chez les adultes, les dépôts de nacre qui augmentent progressivement l'épaisseur de la coquille. Ce dépôt de nacre s'effectue en couches extrêmement minces, qui forment la nacre lamelleuse par un procédé sur lequel nous reviendrons plus loin. Ces deux éléments cellulaires diffèrent d'ailleurs moins par leur structure que par les conditions dans lesquelles s'effec¬ tue leur sécrétion. Aupun naturaliste moderne n'est, je crois, actuellement d'avis que la ^coquille du Mollusque puisse s'accroître par intus-susception, et tous la considèrent, au moins tacitement, comme une production extracellulaire. On ne doit donc plus 59 PERLES NATURELLES ET PERLEsJdE CULTURE conserver le terme d'épiderme, cher aux conchyliologistes, mais tout à fait impropre pour la couche de revêtement de la coquille. Comment expliquer, dès lors, la présence des assises nom¬ breuses de prismes entre la partie externe de la coquille, le périostracum, et la nacre lamelleuse interne ? Que repré¬ sentent donc ces assises de prismes ? Elles sont, ainsi que nous allons le montrer, non pas une formation spéciale de la coquille, mais une transformation secondaire de la nacre lamelleuse, et, quoiqu'elles forment sou¬ vent la portion principale de la coquille et soient en apparence tout à fait distinctes de la nacre, elles ne constituent que de la nacre à un autre état. On pouvait déjà le prévoir, en remarquant, dans les prépa¬ rations soignées de certaines coupes de coquille, le passage évident de la nacre lamelleuse aux couches de prismes. On pouvait aussi remarquer que la coquille est toujours moins épaisse au niveau des insertions musculaires, quoique ce soit là le seul point de contact réel entre la coquille et le corps de l'animal. Partout ailleurs, en effet, la coquille est simplement juxtaposée au manteau sans adhérence réelle. Cependant cette subordination des couches de prismes à la nacre lamelleuse restait incertaine et méritait d'être éclair¬ cie par des expériences convaincantes. Ces expériences, je les ai réalisées il y a déjà longtemps (1), en enlevant complètement la coquille à de jeunes Haliotis et en assistant, pendant plus d'un an, à sa régénération, et je les ai complétées cette année en étudiant la régénération de la coquille dans les Gryphées. Mes premières expériences n'ont été signalées que par une courte note à l'Académie des sciences et, étant donnée leur importance pour éclairer la formation de la nacre, il est bon de les rappeler avec quelques détails. Ces expériences peuvent être facilement renouvelées en se plaçant dans les conditions convenables. (1) Louis Boutan, Production artificielle des perles chez les Haliotis {C. R. Acad, des sc.., t. GXXXVII). 60 LOUIS BOUTAN Les Haliotis sont des Gastéropodes herbivores et ont besoin de beaucoup d'aliments végétaux pour réparer les pertes cau¬ sées par le traumatisme ; il faut les faire vivre dans de grands aquariums de verre dont les parois sont ensemencées avec les petites Algues vertes. L'eau de mer doit être suffisamment renouvelée pour éviter le pullulement des Protozoaires et, en particulier, des Infu¬ soires. Quand on a acclimaté un certain nombre de ces Mol¬ lusques dans les récipients ainsi préparés, avec le manche d'un scalpel, on décolle tout autour de la coquille les insertions musculaires des muscles périphériques du manteau, ce qui se fait sans difficulté et sans produire de lésions graves ; enfin, pour terminer, on rugine l'insertion musculaire du gros muscle columellaire, opération beaucoup plus délicate et qui peut provoquer la mort de l'animal, probablement par hémorragie. * L'opération heureusement terminée, l'animal se trouve débarrassé de toute sa coquille, et l'on peut placer ensemble une demi-douzaine ou une douzaine de ces mutilés, selon les dimensions de l'aquarium. Je n'ai réussi à opérer heureusement que sur des formes jeunes de 3 à 5 centimètres de long, chez Y Haliotis tubercu- lata, A la suite de l'opération, les Haliotis manifestent une grande agitation, se promènent en tous sens et circulent avec une activité surprenante. Peu à peu, les opérés se calment, et, deux ou trois jours après, on les voit brouter le long des parois de l'aquarium, où, grâce au mouvement de la radula, se dessinent des sillons sinueux, dépouillés d' Algues par l'action de la râpe linguale. Quelques jours après, le manteau qui, jusque-là, restait renversé en avant, découvrant en grande partie le plancher de la cavité branchiale et les branchies, commence à reprendre sa place normale du côté gauche. Du côté droit, au contraire, le lobe droit du manteau reste replié sur lui-même et découvre le sommet des branchies. Il reste figé dans cette position. Dès le premier jour, on remarque sur toute la face dorsale du manteau une sorte de mucus blanchâtre qui se transforme, peu à peu, en une exsudation jaunâtre plus solide, qui corres- PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 61 pond exactement à la surface externe du manteau. Cette exsuda¬ tion jaunâtre, qui ne tarde pas à prendre la consistance d'une lame flexible et élastique, représente la première ébauche de la coquille nouvelle (flg. 8). Elle va, au bout d'un mois ou» deux, se compléter en s'en¬ durcissant par places, sous sa face inférieure, d'un dépôt nacré d'abord peu étendu. Ce dépôt, s'irradiant peu à peu autour de Fig. 8. — Régénération de la coquille chez les Haliotis. — 1. Coquille séparée, face externe. — 2. Haliotis avec sa nouvelle coxfuille en place. — 3. Coquille séparée, face interne, avec les premiers dépôts de nacre. son centre, forme des plaques munies des belles irisations de la nacre à' Haliotis. On peut suivre peu à peu la réunion de ces plaques qui forment, plus tard, une doublure continue. Malheureusement, il est difficile de multiplier les observa¬ tions. Au moindre attouchement, l'animal se contracte brus¬ quement, et la coquille en formation se détache. L'accident ne présente d'ailleurs aucune gravité. Immédia¬ tement, VHaliotis va se remettre au travail et former une nouvelle ébauche de coquille. Ce manque d'adhérence au corps de la coquille en voie de formation provient de la lésion plus ou moins grave (mais impossible à éviter par le procédé que 62 LOUIS BOUTAN j ^employais) produite par le décollement du gros muscle adducteur. La forme de ces coquilles en voie de régénération diffère de celle de la coquille normale, seulement dans la partie anté¬ rieure. Postérieurement, elle reproduit le tortillon caractéris¬ tique de la coquille de V H aliotis (fîg. 8, au milieu). Dans la partie antérieure, en effet, au lieu de la série de trous correspondant à la fente palléale, qu'on observe dans la coquille de YHalioiis et qui met en communication la chambre branchiale avec l'extérieur, il n'existe plus qu'un sillon qui va en s'évasant et divise la portion antérieure en deux por¬ tions distinctes: celle de gauche, à peu près régulière et rappe¬ lant la disposition de la partie correspondante de la coquille primitive ; celle de droite, au contraire, irrégulière et recour¬ bée sur elle-même (fîg. 8). Cette dernière portion représente ainsi une sorte de cornet, dont la lame tend à s'enrouler vers le haut et en arrière. Cette disposition singulière tient à ce que le lobe droit du manteau est renversé en arrière dans cette région, de manière à découvrir en partie les branchies. La coquille moule et reproduit avec des matériaux solides cette disposition nouvelle du manteau. La surface, correspondant au grand muscle, reste à l'état d'orifice béant, parfois tapissée en partie d'une masse irrégu¬ lière jaunâtre mal adhérente et mal formée. C'est ce qui ex¬ plique la facilité avec laquelle l'animal se débarrasse de la néo-coquille, par une simple contraction. Peut-être, à la longue, pourrait-il se produire une guérison radicale, rétablissant la soudure définitive entre la coquille et le muscle; mais je ne l'ai jamais^obtenue, même dans les coquilles de quatre à cinq mois. Cette expérience nous permet de comprendre la formation de la nacre et nous explique le rôle des cellules périphériques du manteau et des cellules de l'épithélium palléal externe. Elle nous montre, en effet, que les cellules de l'épithélium palléal externe, .au contact de l'eau et dans toutes les parties non lésées par V opération^ sont capables de sécréter un produit comparable à celui sécrété normalement par les cellules péri- PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 63 phériques et que ces mêmes cellules, une fois à Tabri du contact direct de Teau, donnent non plus le produit comparable au periostracum, mais de la nacre lamelleuse. Il semble donc qu^entre les cellules périphériques et les cellules centrales de Tépithélium palléal externe il y a moins une différence de qualité qu'une différence de position. J'ai complété cette année ces premières observations par des expériences nouvelles, que j'ai effectuées sur l'Huître Fig. 9. — Deux coquilles de Gryphea; la coquille est régénérée à la suite d’un trauma¬ tisme expérimental. — Dans la figure à gauche, la première couche sécrétée est conservée ; dans la figure à droite, la première couche sécrétée a été enlevée, de manière à laisser voir les lamelles de nacre en voie de formation. portugaise {Gryphea arcuata), dans mon laboratoire d'Arca- chon. Cette fois, je prenais pour sujet non plus un Gastéropode, mais un Pélécypode. Voici le mode opératoire que j'ai adopté dans ces expériences inédites : A l'aide d'instruments robustes, de pinces coupantes et tranchantes, je fracture la coquille d'une -Gryphea sur la face dorsale de la valve bombée, entre le muscle adducteur infé¬ rieur et le capuchon céphalique, de manière à mettre le corps- de l'animal à nu, sur une surface de 3 à 4 centimètres carrés. De cette façon, la fine lame du manteau recouvrant les organes génitaux, le foie et l'estomac, se trouve à découvert 64 LOUIS BOUTAN et au contact avec Teau, sans que, cependant, on ait lésé le moins du monde le corps proprement dit du Mollusque ou forcé le muscle adducteur des valves. Désormais, nous allons pouvoir suivre pas à pas la régénération de la coquille. Quoique les conditions expérimentales (1) dans lesquelles se trouvaient placées les Huîtres opérées fussent beaucoup moins bonnes que celles que j'avais pu réaliser dans mes expériences sur les Halioüs, j'ai pu obtenir des résultats intéressants, grâce à la force de résistance des Gryphées, et j'ai pu suivre pendant trois mois environ la régénération de la coquille d'une façon satisfaisante. Le premier jour de l'opération, on constate seulement la formation d'une lame extrêmement mince, sans consistance et d'une transparence parfaite, une mince couche de vernis qui, au bout de deux ou trois jours, s'est transformée en une exsudation jaunâtre, qui recouvre la portion mise à nu dans l'opération. Cette couleur jaunâtre est peut-être due unique¬ ment à l'apport de substances étrangères en suspension dans l'eau. Cette exsudation se solidifie peu à peu et prend pro¬ gressivement une teinte brune qui recouvre, parfois en partie seulement, parfois en totalité, la surface de la blessure. Elle est formée par la surface du manteau mise à découvert. Bientôt, au-dessous de l'exsudation et en contact avec les couches anciennes de la coquille, se constitue une mince lamelle nacrée qui se double par la suite d'autres lamelles. Souvent les lamelles, qui se surajoutent aux premières formées, en restent séparées, comme si elles s'étaient constituées, tout à fait indépendamment les unes des autres, par suite d'un retrait du corps (fig. 9, à droite). Le fait qui me paraît le plus remarquable dans la série de mes observations, c'est que l'origine de toutes les lamelles se trouve sur la périphérie de la cassure de la coquille et non du côté des deux bords soudés du manteau, situés sur la ligne nr.édiane. Or, c'est le long de cette soudure, du lobe droit et du lobe gauche du manteau, que doivent se trouver les cel- (1) Les conditions expérimentales étaient mauvaises, par suite de la réfec¬ tion et de la construction d’une grande cuve, qui rendait, cette année, le renouvellement de l’eau beaucoup plus difficile dans les aquariums d’étude. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 65 Iules qui, normalement, forment le périostracum et qui con¬ tinuent à le former, pour accroître la coquille en largeur. Très nettement, la régénération des parties nacrées lamel- leuses de la coquille se fait à Taide de Tépithélium palléal externe, indépendamment des cellules périphériques du bord du manteau et en partant du point le plus éloigné, ainsi que le montre la figure 9. Ces lamelles de nacre sont d'ailleurs d'une épaisseur extrê¬ mement faible et sont de véritables pellicules nacrées. Ces faits, sur la régénération partielle d'une coquille de Mollusque, complètent mes observations sur la régénération totale de la coquille chez les Haliotis. Elles montrent que, si l'accroissement en largeur et en longueur de la coquille est incontestablement sous la dépendance des cellules périphé¬ riques du pourtour du manteau, qui seules peuvent, normale¬ ment, remplir ce rôle, de par leur position même, cependant, les cellules d'épithélium palléal externe, formant la couche cellulaire limitée par les cellules périphériques du bord du manteau, sont seules chargées de la formation de la nacre lamel- leuse. Elles prouvent, d'autre part, que, dans tous les phéno¬ mènes de régénération, aussi bien que dans l'évolution nor¬ male de la coquille, il n'y a pas de place pour la formation distincte des couches de prismes. Comme ces couches existent, cependant, et que leur pré¬ sence est facile à constater (il suffît, par exemple, de désa¬ gréger les couches coquillières dans la région des crochets d'une Pinna nohilis pour obtenir de superbes préparations de prismes séparés), on est obligé de conclure, d'après les expé¬ riences précédentes, que les couches de prismes n'existent pas originairement et ne peuvent provenir que d'une modifi¬ cation physique de la couche primitive lamelleuse de nacre. Des analyses précises seraient nécessaires pour montrer s'il y a, également, modification chimique. En résumé, ce qui fait de la coquille des Mollusques une production si spéciale, c'est que, outre le périostracum qui forme la partie superficielle de la coquille et qui est peut-être homologue aux formations que nous trouvons dans les Inver¬ tébrés cités au commencement de ce chapitre, il existe la ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10® série. VI, 5 66 LOUIS BOUTAN nacre qui forme, à elle seule, la partie interne de la coquille et dont les couches profondes se transforment en couches de prismes. Cette formation si spéciale, nous la trouvons localisée exclusivement au niveau de Fépithélium palléal externe des Mollusques, et, ^si Fopercule des Mollusques a réellement la composition typique de la coquille, il y aura lieu de rechercher si la glande operculaire ne représente pas un lambeau de l’épi¬ thélium palléal externe du manteau^ un fragment détaché dans le cours du développement^ comme la collerette de V H aliotis ou du Parmophore représente une partie détachée du même manteau. CHAPITRE IV DANS LA FORMATION D’UNE PERLE FI\E NATURELLE OU DE CULTURE, LE FACTEUR ESSENTIEL EST L’ÉPI¬ THÉLIUM PALLÉAL EXTERNE DU MANTEAU, LE NOYAU N’ÉTANT QU’UN FACTEUR ACCESSOIRE. Dans le chapitre précédent, je me suis efforcé de caracté¬ riser le rôle des cellules de Tépithélium palléal externe, au point de vue de la formation de la nacre. J'ai montré que, elles seules, étaient capables de sécréter la nacre lamelleuse. Dans ce chapitre, je, veux établir que ces mêmes cellules de l'épithélium palléal externe sont seules capables de former la perle fine. Malgré les recherches scientifiques effectuées dans ces dernières années et les précisions qui en sont résultées, une erreur capitale sur le mode de formation des perles continue à exister dans l'esprit de beaucoup de naturalistes n'ayant pas spécialement fait porter leurs études sur les perles et l'ori¬ gine de cette production. On croit, généralement, que le noyau est le facteur principal qui détermine la formation de la perle, et l'on méconnaît ainsi le rôle essentiel de l'épithélium palléal externe. C'est ainsi, par exemple, que M. Rosenthal explique la formation de la perle naturelle dans l'article déjà analysé (40) : « Tous ceux qui se sont occupés de cette question sont d'accord pour dire que la perle est due à un Ver minuscule qui, à la manière de celui qui traverse le bois d'un vieux meuble, perce la coquille de V Huître perlière et pénètre jusqu'au corps de l’animal. Arrivé là, il trouve sa fin, car l'Huître, obéissant à l'instinct de défense de tous les êtres vivants attaqués, sécrète une liqueur qui n'est autre que la matière perlière, dont le Ver se trouve enveloppé, puis recouvert. » Là, on le voit, il n'est nullement question du rôle primor¬ dial de l'épithélium palléal externe pour la formation de la perle naturelle. 68 LOUIS BOUTAN Pour la formation de la perle de culture, Texplication donnée par le même auteur ne fait pas intervenir davantage le tissu épithélial. « Le seul progrès de la méthode actuelle, dit-il, à propos de la perle cultivée, est celui-ci : au lieu de déposer un chapelet de petits morceaux de nacre au fond de la coquille inférieure, on introduit directement^ au moyen d'une incision^ chaque mor~ ceau de nacre isolé dans le corps même de Vhuître. Au bout d'un an ou deux, quelquefois moins, on retire le morceau de nacre, recouvert de sécrétion perlière, et Ton a une perle japo¬ naise. )) J'ai, dans le deuxième chapitre, montré la confusion faite par fauteur entre les perles de culture complètes et les demi- perles. J'ai répété, cette citation, pour prouver que, là non plus, l'intervention capitale de l'épithélium palléal externe n'est même pas envisagée. Cette explication simpliste de M. Rosenthal n'explique rien du tout, car, si^ l'on introduit directement, au moyen d'une incision, un morceau de nacre isolé, dans le corps même de l'Huître, au bout d'un an ou deux, on retirera le morceau de nacre intact et nullement recouvert de sécrétion perlière. Pour faire un civet, il faut un lièvre, et M. Rosenthal oublie le lièvre dans sa recette pour la [culture des perles complètes, et, dans ce cas, le lièvre est représenté par l'épithé¬ lium palléal externe, ou mieux par le sac perlier qui en dérive. Dès 1898, j'avais montré par des expériences que la pré¬ sence d'un corps étranger dans les parois du corps du Mol¬ lusque ne déterminait pas la formation de nacre et, à plus forte raison, de perles, et j'écrivais (1) : « J'ai commencé assez timidement l'expérience de la pro¬ duction artificielle de perles, au mois [d'octobre de l'année dernière, en insérant dans l'intérieur du manteau, et entre le manteau et la coquille, une série d'aiguilles de nacre que je faisais pénétrer à l'aide de pinces. « Au mois de mars dernier, j'ai constaté que les aiguilles insérées dans le manteau ne paraissaient avoir produit aucun (1) Louis Boutatv, Production artificielle des perles chez les Haliotis [C.R. Acad. SC., t. CXXXVII). PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE , 69 effet et que ces corps étrangers introduits dans les tissus n'avaient amené aucune formation particulière. (( Il n'en est pas de même des fragments de nacre placés entre la coquille et le manteau. Ceux-ci s'étaient soudés à la coquille et étaient recouverts d'une belle couche irisée. » Depuis cette époque lointaine, le fait a été contrôlé par plusieurs naturalistes, entre autres par Alverdes et Lyster Jameson, et j'ai fait .cette année dans mon laboratoire, d'Arcachon, une nouvelle série d'observations concluantes en les faisant porter sur les Huîtres portugaises. Voici en quoi ont consisté quelques-unes de ces expé- riences : Dans le chapitre précédent, j'ai relaté les résultats que j'avais obtenus, comme suite à la résection d^une partie de la coquille dans les Huîtres portugaises, au point de vue de la régénération de la coquille et de la néo-formation de la nacre ; j'avais ainsi à ma disposition des Huîtres, chez lesquelles une partie de la face dorsale se trouvait à décou¬ vert. J'en ai profité pour pratiquer, sur un lot de ces animaux' ainsi préparés, une série d'opérations qui se rattachent directement à notre sujet et confirment les précédentes con¬ clusions : Dans une douzaine d'exemplaires, j'ai pratiqué une inci¬ sion, dans les téguments mis à découvert par l'ablation de la coquille, et j'ai introduit dans la profondeur des tissus de la glande génitale soit une petite boule de nacre, soit une perle de verre, soit même une petite perle naturelle. Mon but était surtout de surveiller la cicatrisation de la blessure et de voir si les Gryphées supportaient facilement cette opération assez dure et pouvaient servir de sujets pour des greffes ultérieures (1). Au bout de deux à trois mois, chez le tiers environ des sujets, les deux lèvres de la blessure, réunies complètement, ne laissaient voir extérieurement qu'une mince cicatrice, permettant de reconnaître le point lésé à la surface du corps. (1) Les résultats du greffage étant encore incomplets, je ne les étudierai que dans un mémoire ultérieur. 70 LOUIS BOUTAN La guérison était déjà complète, et les tissus étaient redevenus absolument sains. J'ai ouvert successivement les divers indi¬ vidus opérés, et j'ai retrouvé le corps étranger logé dans les tissus. Il n'était revêtu d'aucune sécrétion perlière et cons¬ tituait une simple inclusion, sans aucune trace d'inflammation périphérique. Si donc, pour cultiver la perle, les Japonais introduisaient directement^ au moyen d'une incision^ chaque morceau de nacre isolée loin d'obtenir ainsi un progrès sérieux sur l'ancienne méthode qui fournit des demi-perles^ ils n'obtiendraient rien du tout, pas même des demi-perles, pas même des semblants de perles. Rien ne ressemble moins à la méthode qu'ils utilisent, et l'on est étonné d'avoir à relever une pareille assertion, alors que le procédé réellement employé a été décrit par Lyster Jameson et par moi, bien avant la publication de l'article de M. Rosenthal. Je crois nécessaire de reproduire cette description (1) : « La méthode à l'aide de laquelle M. Mikimoto produit des perles a été brevetée par lui au Japon et dans d'autres pays. « Son procédé comprend une manipulation délicate et minu¬ tieuse et ne paraît pouvoir être entrepris que par des tra¬ vailleurs choisis et entraînés. » • Voici ce procédé : (( La coquille est enlevée tout entière sur une Huître perlière, de manière à mettre à nu le manteau. Dans cette Huître sacrifiée, on place un petit noyau de nacre, de manière à le mettre en contact avec la face externe de l'épithélium palléal. Cet épithélium, qui est composé d'une simple couche de cellules épidermiques, est disséqué,, et un’ fragment est enlevé. H va servir d'enveloppe au noyau. L'on s'en sert pour entourer le noyau, qui se trouve^ ainsi dans un petit sac épithélial, dont on ligature l'ouverture. (( Cette sorte de petite poche vivante, qui contient un noyau est transplantée dans une Huître perlière et intro- (1) Loc cit., p. 107. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 71 duite dans ses tissus sous-épidermiques. La ligature du sac est enlevée et la blessure cicatrisée par des réactifs appropriés. (( L'Huître, opérée avec son petit sac à noyau, est prête à retourner à la mer pour le nombre d'années nécessaires à la formation de couches assez nombreuses, autour du petit noyau, pour constituer une perle notable. » Telle est, dans ses grandes lignes, la méthode que nous expose Lyster Jameson et qui, d'après ses informations, a conduit les Japonais au succès. Il s'agit, par conséquent, d'une greffe véritable, d'une transplantation de tissus d'un animal dans un autre. J'ajoutais un peu plus loin : « Cette opération, exécutée par les Japonais, prouve une fois de plus, ainsi que le remarque Lyster Jameson, que ce n'est pas la présence d'un corps étranger dans les parois internes des Mollusques qui détermine la formation de la perle, mais la présence dans les tissus sous-épidermiques d'un sac clos formé d'épithélium sécréteur de nacre. » Il ne suffît pas de la présence d'un corps étranger pour déterminer la formation d'une perle, et il convient d'insister spécialement sur cet épithélium palléal externe, qui est le facteur essentiel et suffisant dans la formation des’ perles et que persistent à ignorer tant de personnes qui s'occupent de perles fines. Cet épithélium palléal externe est un tissu caractéristique du Mollusque, et, nulle part ailleurs que sur la face externe du manteau^ on ne rencontre un tissu jouant le meme rôle. Je l'ai longuement décrit dans mon mémoire précédent (1), où j'ai montré l'importance' de l'étude qu'en avait faite Raphaël Dubois, qui a distingué ses éléments fondamentaux : les cellules qui sécrètent la conchyoline et les éléments amy- boïdes qui apportent le calcaire. Ces éléments existent aussi bien dans les sacs perliers que dans l'épithélium, puisque les sacs perliers sont une dépendance de cet épithélium. En étudiant les sacs perliers à un fort grossissement, on aperçoit, sans diffîculté, les deux sortes d'éléments qui, dans (1) Loc. cit., p. 35. 72 LOUIS BOUTAN le sac perlier, concourent à la formation de la perle, et j'ai obtenu dans mon laboratoire d'Arcachon, en juin 1921, des préparations rappelant les belles images de Rubbel. La figure 10 montre les diverses façons dont on peut interpréter ces éléments amyboïdes. Dans une autre partie de mon travail, j'insistais sur l'im¬ portance primordiale de cet épithélium palléal externe pour la formation des perles, et je disais : «Il y a une vieille loi établie par Étienne Geoffroy Saint- Hilaire, qu'il est bon de rappeler ici et qu'on appelle la loi des connexions. Il est bon de la rappeler, parce qu'elle a fourni des applications particulièrement heureuses chez les Mollusques et qu'il s'agit ici de Mollusques. (( C'est, en effet, en se souvenant de cette loi que mon vieux maître, Henri de Lacaze-Duthiers, a fait une de ses plus belles découvertes. C'est en la prenant pour fil conducteur qu'il a montré que les otocystes, même lorsqu'ils paraissent être une dépendance immédiate des ganglions pédieux, sont cependant, dans tous les cas, reliés intimement et isolément aux ganglions cérébroïdes chez les Gastéropodes. (( C'est également grâce à la loi de Saint-Hilaire que Henri de Lacaze-Duthiers a pu suivre, dans tous ses détours,! le tube digestif et retrouver, pour l'orifice anal et l'orifice buccal chez les Pélécypodes, leur connexion rigoureuse avec les deux muscles rétracteurs des valves de la coquille. « La composition qualitativement semblable de la nacre et de la perle fine me donnait le droit de me demander s'il n'existe pas une liaison nécessaire entre la^ sécrétion de cette substance si caractéristique et l'épithélium palléal, et si, quelle que soit la position dans laquelle on trouve une perle, on ne doit pas rechercher si la loi des connexions ne s'applique pas et si la perle, même contre toute apparence, n'est pas sécrétée par de l'épithélium palléal. « Cette relation nécessaire ne me paraît plus constituer une hypothèse à démontrer, car, de même que Henri de Lacaze- Duthiers a pu conclure, après avoir mis en évidence, chez la Patelle, la liaison de l'otocyste avec le ganglion cérébroïde, que le même fait se répéterait pour tous les otocystes des PERLES NATURELLES- ET PERLES DE CULTURE 73 Mollusques, de même je crois pouvoir affirmer que, après avoir montré Tintervention de Tépithélium palléal dans les Moules ^ pour la formation de leurs perles, le même fait doit se vérifier Fig. 10. — Fragment de l’épithélium du sac perlier montrant les éléments calcarifères. pour toutes les perles présentant la composition qualitative de la nacre. « Cette affirmation se trouve appuyée par le mode de for¬ mation des perles de culture japonaises. » Voilà quelle était la conclusion de mes recherches précé¬ dentes et, aujourd'hui, ainsi que le porte l'entête de ce cha- 74 LOUIS BOUTAN pitre, ce n'est pas seulement l’intervention de l’épithélium palléal externe que je cherche à mettre en évidence^ mais son intervention comme facteur essentiel pour la formation des perles. Remarquons, tout d'abord, que le noyau est quelque chose d'extrêmement variable dans les perles fines, même natu¬ relles; tantôt un grain de sable, tantôt une particule de vase, tantôt un parasite. Un noyau donné n'est donc nullement spécifique de la perle, et, si le noyau varie ainsi dans les perles naturelles, l'Homme n'est nullement condamné à employer uniquement une boule de nacre pour noyau. On comprend, par exemple, que le procédé Mikimito décrit précédemment pourrait être modifié et que, au lieu d'enfermer un noyau de nacre dans le lambeau d'épithélium, on pourrait trouver un noyau organique aussi petit que n’im¬ porte quelle larve parasite pour provoquer la formation de la perle et qu’on pourrait l'enfermer aussi bien dans le lambeau d'épithélium. Or, nous savons, d'autre part, par des expériences précises (expériences : avec les aiguilles de nacre introduites dans les téguments de l’Haliotis, avec les noyaux variés introduits dans l'Huître portugaise) qu'on ne saurait se passer du sac épithélial constitué par les cellules de l'épithélium externe du manteau. C'est donc bien l'épithélium palléal externe, aux dépens duquel se forme le sac perlier, qui semble être le facteur essentiel dans la formation de la perle et non pas le noyau. Dans ces conditions, on peut franchir un pas de plus et se demander si le noyau est nécessaire, même comme facteur accessoire, ou bien si l'on peut s'en passer et cultiver les perles^ en greffant dans le Mollusque un sac épithélial formé de l’épithélium palléal externe^ sans noyau. C'est la question que nous allons examiner dans le chapitre suivant. CHAPITRE V PEUT-ON OBTENIR DES PERLES DE CULTURE SANS NOYAU DE NACRE ? L'importance de la question formulée à la fin du chapitre précédent ne peut échapper à ceux qui se préoccupent de l'avenir de la culture des perles. Si réellement le noyau n'est qu'un facteur accessoire dans la formation de la perle fine, et s'il n'y a qu'une chose qui compte réellement, le sac perlier, le fonctionnement des cel¬ lules de l'épithélium palléal externe ne doit pas se trouver lié à la présence de tel ou tel noyau, pas même à la présence d'un noyau. Lorsque, l'épithélium palléal externe est à plat, il sécrète de la nacre en couches lamelleuses et planes, ainsi que le montre l'étude de la régénération de la coquille. Lorsque, comme dans les Haliotis dépouillés de leur coquille (fig. 8), le man¬ teau se recourbe en avant et en haut et laisse libre la cavité branchiale, l'épithélium palléal externe qui le tapisse forme une sorte de cornet, et la nacre est sécrétée en forme de cornet. Si, dans le cas où l'on cultive des demi-perles, on déprime le manteau (et par conséquent l'épithélium palléal externe), de manière à lui donner la forme d'un capuchon, l'épithélium palléal externe aura la forme d'un capuchon, et la sécrétion nacrée aura, également, la forme d'un capuchon. Dans ce dernier cas, rien ne nous incite à considérer le corps qui a servi à déprimer le manteau comme la cause de la sécrétion de V épithélium^ mais bien plutôt comme la cause qui a donné à V épithélium une forme déterminée ; en effet, en l'ab¬ sence de tout corps déprimant le manteau, les cellules de l'épithélium auraient continué à sécréter, et la sécrétion se serait étalée à plat. Il est vrai que l'on constate, dans le cas où intervient le V. 76 LOUIS BOUTAN corps déprimant, une modification de la sécrétion ; mais cette modification qui résulte d'une irritation particulière peut être due, au changement de forme de la couche épithé¬ liale; on ne saurait prétendre que le corps étranger a une action réellement spécifique, puisque le même résultat se produit quel que soit le noyau. C'est un point que j'avais particulièrement étudié précé¬ demment (1), et je disais :) J'arrive maintenant à l'un des points les plus importants que je me suis proposé d'aborder dans ce mémoire. J'avais cru d'abord, dans mes premiers travaux, que la seule différence entre les produits sécrétés (nacre et perle) consistait dans la disposition horizontale des couches de conchyoline, dans le nacre et dans les dispositions circulaires des mêmes couches, dans la perle. Une étude plus attentive m'a montré que cette assertion était trop absolue, et il est bon de préciser ma pensée : La substance, formée dans le sac perlier et constituant la perle fine, ne diffère pas de la nacre, seulement, par la dispo¬ sition circulaire des couches de conchyoline. L'épithélium du sac perlier, bien qu'il soit une dépendance de l'épithélium qui sécrète la coquille, diffère de ce dernier en ce que c'est un épithélium qui se trouve placé dans des con¬ ditions anormales. En présence du corps étranger, parasite ou noyau, au contact duquel il se trouve anormalement, la sécrétion de couches plus ou moins nombreuses qui distendent sa cavité lui causent, si je puis employer une telle expression, une in¬ flammation chronique. Ce qui parle, de toute évidence, en faveur de ce phénomène d'inflammation, c'est, tout d'abord, la hauteur des éléments cellulaires de la paroi du sac, bien plus grande que celle des éléments normaux de l'épithélium palléal externe et qui indique une modification de l'élément sécrétoire (fig. 10). Ce qui vient ensuite appuyer cette première constatation, c'est que l'épithélium palléal, lorsqu'il se trouve placé dans (1) Loc cit., p. 37. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 77 les mêmes conditions que Fépithélium du sac, modifie à son tour la sécrétion. Au lieu de continuer à former les assises ordinaires de nacre, il produit (mais en couches horizontales) une sorte de vernis nacré d'aspect comparable à celui qui recouvre les perles fines, ce qui indique une modification notable dans la sécrétion. C'est un fait que j'ai été à même de constater un grand nombre de fois, en provoquant la formation de demi-perles par trépanation chez les Haliotis et chez les Ano¬ mies et dont j'es¬ saye de donner une idée par la photogr ap hie (fig- 11). Par suite de l'introduction de corps irritants pendant l'opéra¬ tion (fragments de coquilles, eau de mer imprégnée de ciment, etc.), on voit se produire, parfois, une plage très étendue autour du point de trépanation où la sécrétion na- crière est fortement modifiée. L'excitation de l'épithélium et le changement de sécrétion des cellules de l'épithélium tiennent à une action extérieure qui provoque une réaction de l'épithélium palléal externe. Le contact direct d'un noyau peut déclencher cette excita¬ tion de l'épithélium ; mais le changement de sécrétion peut se produire en dehors de sa sphère d'influence. Fig. 11. — Coquilles montrant autour de la demi - perle l’épanchement de matière perlière en couche ho¬ rizontale. Cette action de présence d'un noyau solide est-elle nécessaire, comme on est tenté de l'imaginer au prime abord? — Non. Supposons que nous arrivions à façonner une petite sphère d'épithélium palléal, dans laquelle nous aurions remplacé le 78 LOUIS BOUTAN noyau solide de nacre soit par une gouttelette de liquide physiologique, soit par une bulle d'air, soit par tout autre corps qui puisse se résorber complètement par le travail de Forganisme, tout en conservant momentanément la forme du sac. Supposons ensuite que nous arrivions à greffer cette petite sphère, ce sac perlier, dans le corps d’une Méléagrine. Nous aurions modifié le procédé Mikimoto en supprimant radica¬ lement le noyau de nacre. Que va-t-il se passer? Nous savons que les cellules de l’épithélium n’ont nulle¬ ment besoin d’un noyau pour sécréter normalement. Elles vont donc entrer en fonction et donner des assises de matière perlière, disposées en couches concentriques^ puisque l’épi¬ thélium a maintenant une forme sphérique. Bientôt le sac perlier aura formé lui-même plusieurs couches superposées qui représenteront un noyau constitué uniquement par de la matière perlière disposée en couches concentriques. Ce n’est là qu’une hypothèse, mais cette hypothèse, je n’ai aucun mérite à la formuler. Elle m’est, en effet, entière¬ ment suggérée par les recherches de M. Mikimoto, que j’ai déjà signalées dans une note récente à l’Académie (1). Il semble, en effet, que M. Mikimoto, qui a si ingénieuse¬ ment trouvé la méthode de culture des perles complètes, a prévu, depuis plusieurs années, les objections que l’on pou¬ vait faire à la présence dans les perles de culture d’un noyau de nacre. Or, il ne faut pas oublier que le choix du noyau reste à la discrétion du cultivateur^ qui peut le modifier à son gré. Par l’intermédiaire de M. L. Pohl, qui m’a déjà fourni tant de documents précieux, j’ai reçu récemment pour l’étude un échantillon de perle sectionné qui porte comme indication : Perle obtenue par culture sans noyau de nacre. (Les deux moitiés réunies pèsent 13,68 grains.) Ce bel échantillon allongé, en forme de poire un peu irré¬ gulière, atteint un P'", 5 environ dans sa plus grande longueur. Il porte à son extrémité élargie deux sillons longitudinaux et, (1) Louis Boutan, Une perle fine de culture sans noyau de nacre [C. R. de VAcad. des Sc.y 21 août 1922). PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 79 sur le côté droit de la portion élargie, une petite boursou¬ flure noire (fig. 12). Ses caractères extérieurs Téloignent des perles du Japon et le rapprochent des perles obtenues avec la grande Meleagrina rnargaritifera. Il rentre donc dans la catégorie du type n^ 2, avec courbes de niveau et points sur fond uni (1). Fig. 12. — Perle sans noyau de nacre de 13,68 grains fgrossie trois fois). A gauche, surface extérieure; au milieu coupe; à droite, coupe fortement grossie. C'est, au point de vue des caractères extérieurs^ une perle fine typique (fig. 12, à gauche). La section qui a été faite selon le grand axe de la perle per¬ met de se rendre compte de la structure interne de l'échan¬ tillon (fig. 12, au milieu et à droite). Correspondant à l'axe, on aperçoit, au centre, un dépôt calcaire blanchâtre. Il se présente sous forme de petites masses d'apparence irrégulière, d'une longueur de 1"",5 sur une largeur maximum de 1 millimètre et une largeur moyenne d'un quart de millimètre environ. Ce dépôt est cerné par des couches de matière perlière, régulièrement disposées sur la plus grande partie de la perle. Les premières couches internes sont teintées en noir par des traces de matière organique, sur le pourtour du dépôt. La teinte noire s'atténue progressivement vers l'extérieur (1) Louis Boutaiv, Les perles fines {loc. cit.). 80 LOUIS BOUTAN passant graduellement^ par places ^ à une teinte brune plus ou moins foncée (fig. 12, à droite). Les couches les plus externes de matière perlière sans coloration spéciale ont une épaisseur normale moyenne de 2 millimètres environ. La disposition est moins régulière et la teinte noire et brune est plus étendue dans la partie qui correspond à la portion élargie de la perle (fig. 12, à droite). aperçoit aucune trace de noyau dé’ nacre et les couches perlières sont nettement concentriques. If : i r • ■ L'aspect de la section rappelle celui des sections de perles fines naturelles de forme allongée, op Ton trouve souvent une portion granuleuse centrale et un noyau secondaire par¬ fois très développé. Rien^ ni dans l’aspect extérieur^ ni dans l’aspect de la section^ de l’échantillon qui m’a été soumis^ ne me parait le distinguer d’une production naturelle. J'ai eu, depuis, occasion d'examiner un autre échantillon de même provenance. Il offre à peu près les mêmes caractères avec les différences suivantes (fig. 13) : La perle, de forme oblongue et régulière, a une longueur de 5 millimètres environ, sur 3 millimètres de largeur. Elle porte comme indication de provenance : « Perle indiquée comme ayant été obtenue par culture sans noyau de nacre. Les deux moitiés pèsent ensemble 1 ,96 grain. » L'extérieur ne montre aucun défaut; c'est à ce point d.e vue, comme la première, une perle fine typique d'après ses qua¬ lités de surface. Comme précédemment, la perle a été sciée, et la section, qui a été faite selon le grand axe, permet de se rendre compte de la structure (fig. 13). Au centre de la perle, on distingue une cavité très ré duite, sur les parois de laquelle on aperçoit quelques granulations. Les limites de la cavité sont formées par une matière noire, les premières couches concentriques fortement teintées. La cavité, y compris l'épaisseur de ses parois teintées de noir, mesure 1 millimètre de largeur flsur 2 millimètres de longueur. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 81 En dehors de la zone noire, très mince, on aperçoit les couches circulaires d'une matière perlière homogène sans défauts, régulièrement disposée sur une épaisseur moyenne d'un millimètre environ. Comme dans le cas précédent, l'aspect de la section est celui que présentent les sections de beaucoup de perles fines naturelles de forme allongée, et rien ne distingue ce second échantillon, ni dans l'aspect extérieur, ni dans l'aspect^de la section, d'une production naturelle. Si, ainsi que je le disais dans ma note à l'Académie, les Fig. 13. — Perle sans noyau de nacre de 2 grains environ (grossie cinq fois). A gauche, coupe de la perle; adroite, vue extérieure. deux échantillons représentent réellement des perles de cul¬ ture, ce qui est probable, mais ce que je ne puis vériiier scientifiquement^ comme dans les perles de culture à noyau de nacre ^ nous aurions là une réponse péremptoire à la question posée en tête de ce chapitre : « Peut-on obtenir des perles de culture sans noyau de nacre ? » Malheureusement, même lorsque l'on aura à sa disposition de nombreux échantillons de ces perles nouvelles, il sera très difficile d'affirmer, à coup sûr, que ce sont bien des perles de culture et non des perles naturelles, ainsi que je vais le mettre en évidence un peu plus loin. I Dans un article que j'ai cité dans le deuxième chapitre, M. le professeur Cazeneuve, de la Faculté de médecine et de pharmacie de Lyon, président de la Société des experts-chi- ANN. DES SG. NAT. ZOOL., 10« série- VI, 0 82 LOUIS BOUTAN mistes de France, étudie les perles de culture et à leur sujet Inapplication de la loi du 1®^ août 1905 (8 bis). Après avoir passé en revue rapidement les données actuelles sur les perles de culture, le professeur Cazeneuve, sans prendre parti entre les différentes opinions émises, pose aussi une question intéressante et rendue plus intéressante encore par les faits signalés plus haut : (( Entre les perles naturelles et de culture, dit le savant pro¬ fesseur, je suppose Tidentité complète absolument démon¬ trée. La preuve est faite. Elle est décisive. Mais les préjugés restent. La valeur commerciale, très différente pour les perles de Tune ou Tautre origine, reste également comme les pré¬ jugés. Et nous connaissons la force de ces derniers. (( Une question se pose aussitôt. Un commerçant a-t-il le droit, er\ raison de Fidentitè absolue, de substituer une perle de culture à une perle natqrellelspqntanée? La' science paraît Tabsoudj’e, si le préjugé le condamne. « D'ailleurs, lorsqu'on y réfléchit, la question une partie extensive qui ne peut être méconnue. Un industriel a-t-il le droit de vendre de l'indigo synthétique à la place de l'in¬ digo naturel, de V Isatis tinctoria^ qui lui est demandé par un acheteur ne voulant pas tenir compte de l'identité absolue des deux matières? La question d'origine se pose ainsi comme pour les perles. (( D'une façon plus générale encore, a-t-on le droit, sur la demande d'un acheteur d'une matière d'origine déterminée, de lui livrer une matière d'origine différente, mais dont la nature intime et les qualités substantielles, pour employer les termes juridiques, sont identiques à celles de la matière visée dans la demande, laquelle est formulée sous l'empire d'un simple préjugé ? (( J'ai demandé de l'indigo d'origine végétale ; vous me livrez de l'indigo synthétique, ne me trompez-vous pas, malgré l'identité absolue des deux substances chimiques, mal^é le prix inférieur même que vous me faites payer l'indigo synthé¬ tique, malgré les propriétés tinctoriales rigoureusement iden¬ tiques des deux indigos? « Ne tombez-vous pas sous le coup de la loi du août 1905, J, PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 83 puisque vous me trompez sur Torigine, à propos de laquelle, je le veux bien, je me rends Tesclave d'un préjugé indéfen¬ dable au point de vue scientifique, mais préjugé qui est mon droit et qui a été une condition essentielle du marché ? « La convention n'est-elle pas la loi des parties? ((La controverse que je soulève, en prenant comme exemple l'indigo artificiel ou synthétique, prend une importance non contestable du fait industriel que la chimie organique synthé¬ tique a un champ d'action indéfini, en concurrence avec les produits naturels. Elle prend une importance plus considé¬ rable encore à l'occasion des ((perles de culture»^ que j'appel¬ lerai par analogie (( perles synthétiques », qui peuvent troubler demain le marché des perles naturelles,] objet de transacr tions portant sur des millions de francs. (( Des litiges peuvent s'élever. L'identité des joyaux rend inutile l'appel à la science. L'enquête judiciaire sur l'origine se heurtera souvent à des impossibilités pratiques. « Perles de culture et perles naturelles sortiront de la même officine japonaise. Les eaux du Pacifique sont le laboratoire où s'élaborent simultanément les perles des deux origines. Les plaidoiries, comme toujours, feront assaut d'ingéniosité et d'éloquence. Que feront les juges, l'article premier de la loi du août 1905 en mains, au moment de se prononcer à propos de la fraude sur l'origine ; alors que la science est muette, alors que les arguments de sentiment auront seuls été apportés à la barre du tribunal. » t Je n'ai pas la prétention d'élucider juridiquement la ques¬ tion posée par M. le professeur Cazeneuve, puisque, à ce point de vue, mon incompétence est complète, mais je puis, du moins, l'envisager au point de vue du bon sens qui, dans l'es¬ pèce, prime peut-être le côté juridique. Tout d'abord, le parallèle établi, entre l'indigo synthé¬ tique et les perles complètes de culture, paraît très artificiel, puisque, dans le cas de l'indigo, nous avons un produit de cul¬ ture et un produit industriel et, dans le cas de la perle, un pro¬ duit naturel et un produit de culture. Le produit industriel peut se cataloguer, ou peut remonter assez facilement à l'origine certaine, l'usine. 84 LOUIS BOUTAN Le produit de culture, et en particulier le produit de culture sous-marine a, comme le fait remarquer le professeur Caze¬ neuve, quelque chose de très particulier^ puisquil s’élabore dans les eaux du Pacifique^ où s’élaborent simultanément les perles des deux origines. Or, la perle de culture, aussi bien que la perle naturelle, est un sous-produit de T Huître, ou mieux de la Méléagrine, que Ton élève depuis longtemps dans la ferme sous-marine de la baie d^Ago et dans les autres exploitations similaires. Ces Méléagrines, en dehors des perles de culture produites par la greffe, contiennent des perles naturelles qui font Tobjet d'une récolte régulière. Or, si le nouveau procédé de M. Mikimoto donne réellement des perles de culture sans noyau de nacre, par le fait même que l’opération de culture porte sur les Méléagrines suscep¬ tibles de contenir des perles naturelles, M. Mikimoto . lui- même ne pourra jamais affirmer avec une certitude complète que les perles récoltées sont des perles de culture. Il n'aura même plus, comme pour les perles de culture à noyau de nacre, la ressource de les couper pour distinguer des perles naturelles. Comment, dans ces conditions, un commerçant pourrait-il substituer une perle de culture à une perle natu¬ relle spontanée? Avec la meilleure volonté, le cultivateur de perles ne pourra qu'indiquer une provenance probable et, dès que les perles seront tombées dans le commerce., elles se classeront forcément comme perles naturelles., si le préjugé établit une différence de valeur entre les deux produits. Ainsi que je l'avais noté dans mon travail précédent (1), les perles n'ont pas d'état civil. J'ai rencontré hier X..., que je n'avais pas vue depuis vingt ans, la fille de M. Y... et de Z. Autrefois, onia citait comme un modèle de beauté, une perfection, une perle... Elle ne ressemblait plus du tout à la belle X... de mon jeune temps, et c'est cependant toujours X... Il n'en est pas de même pour la perle fine. Un agent chi- PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 85 inique peut transformer en quelques instants une belle perle fine en une perle morte sans valeur, qu'un joaillier mettra au rang d'une perle de nacre. Son origine ne fait rien à l'affaire. Elle a maintenant la même valeur qu'une perle d' Huître comestible. ■■ : ^ . .. : t ç CHAPITRE VI LES PROGRÈS DE LA CULTURE DES PERLES FINES L’AVENIR DE CETTE CULTURE Pendant longtemps les recherches se sont bornées à four¬ nir au Mollusque le noyau et à provoquer le premier stade de la formation des perles, Tencapuchonnement. Nous obtenions ainsi des demi-perles, mais nous nous trouvions désarmés pour aller plus loin, car, si nous connaissions le procédé par lequel le sac perlier dérive du capuchon par formation d'un pédicule et par son étranglement final, nous ignorons ce qui conditionne exactement ce phénomène dans la nature. Les Japonais ont tourné la difficulté, et, sans avoir étudié cette partie théorique du problème, ils sont arrivés à franchir le stade où se trouvaient arrêtés les autres naturalistes, en fabriquant de toutes pièces un sac perlier et en V isolant direc¬ tement dans les tissus du Mollusque par la greffe. On ne connaît donc pas (sauf dans les Moules marines) exactement les étapes de la formation du sac perlier qui con¬ tient les perles naturelles ; mais, on sait, maintenant, qu'on peut, en introduisant dans les tissus un lambeau de l'épi¬ thélium palléal externe, déclencher la formation de la matière perlière. Cette découverte marque un grand progrès dans la culture des perles fines, puisque l'on est ainsi passé de la demi-perle à la perle complète de culture. Nous avons vu, dans les chapitres précédents, que de nou¬ veaux progrès semblent en voie de réalisation par la sup¬ pression du noyau de nacre, dans les perles de culture, 5 par la suppression du seul caractère qui permet de différencier sur une coupe les perles de culture des [perles fines natu¬ relles. Ces progrès sont surtout d'ordre pratique ; au point de vue scientifique, un plus grand progrès dans nos connaissance PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 87 sur les perles fines serait réalisé le jour où les recherches des naturalistes permettraient de saisir pourquoi se produit dans la nature Tinvagination des éléments de Tépithélium palléal externe et pourquoi cette invagination se sépare de répithélium et s'isole dans les tissus pour former le sac perlier. En attendant cette explication, des résultats importants dans la culture des perles sont à prévoir, et la phrase : « On ne fera jamais de perles))^ citée par M. Léonard Rosenthal, n'est plus d'actualité, puisque les Méléagrines du Japon, stimulées par M. Mikimoto, lui donnent un démenti. Il est toujours imprudent de prévoir l'avenir. En le pré¬ voyant, on risque, parfois, des affirmations qui feront sou¬ rire nos successeurs. Je me garderai de tomber dans le même travers, et je me bornerai à dégager, surtout à titre de présomption, quelques conséquences immédiates des faits que nous connaissons déjà. Il s'agit d'une culture et non d'une fabrication industrielle,, comme je le faisais remarquer à la fin du chapitre précé¬ dent. Cette culture, qui comme toute culture nouvelle marque un progrès pour l'humanité, est une culture particulièrement difficile et onéreuse, dont le prix de revient ne doit pas être éloigné de celui des perles de pêcherie^ ainsi que le constate M. Rosenthal lui-même (1). Cette opération de culture va-t-elle avilir le prix des perles fines ? Je ne le crois pas. La difficulté de l'opération, le temps nécessaire pour que la perle en formation dans le corps du Mollusque prenne une valeur marchande, font que, selon moi, le prix des perles ne pourra fléchir que dans les faibles limites où fléchirait le prix de l'or ou du diamant si l'on découvrait de nouvelles mines. Il n'y a donc pas lieu d'être aussi pessimiste que M. de (1) La phrase soulignée est empruntée à M. Léonard Rosenthal [loc. cit., p. 91), avec lequel je suis heureux de me trouver d’accord, au moins une fois. 88 LOUIS BOUTAN Valeffe(42), qui, dans Tarticle que j'ai cité dans ma préface, écrit (1) : (( La perle, multipliable à volonté, perdrait son prestige d'objet rare. Supposons Tor et le platine aussi communs que le plomb et le fer, l'industrie continuerait à les employer pour leurs qualités intrinsèques ; mais de combien tomberait leur valeur? De même, la perle, devenue aussi commune que la nacre, continuerait à orienter joliment le velouté d'une chair de femme, mais son prix tomberait au prix juste de sa culture^ c’est-à-dire, quelque éleoés que soient les frais de celle-ci, à un tarif qui ruinerait les possesseurs actuels. » Étant donnée la production limitée, car on ne peut cultiver utilement la perle que dans les mers chaudes, il est vraisemblable que ce n'est nullement la produc¬ tion de nombreuses petites perles qui serait rémunératrice pour les cultivateurs, mais une production de grosses et belles perles repré¬ sentant des objets de choix. On peut prévoir, cependant, une cause de dépréciation des perles complètes de culture, qui pourrait, peut-être, intervenir, comme elle est déjà intervenue pour les demi-perles japonaises. Le désir d'un prompt bénéfice a incité certains cultivateurs de demi-perles à introduire entre la coquille et le manteau des noyaux de nacre, parfois très gros, et à les laisser séjourner dans le Mollusque un temps insufbsant (fig. 14). ' C'est à ces productions hâtives que peut s'appliquer le passage de la protestation des joailliers anglais que j'ai citée dans le deuxième chapitre (2) : • « Les perles de culture sont des boules de nacre recouvertes de nacre perlière sous différents degrés d'épaisseur. » (1) Maurice de Valeffe, Paris-Midi, juillet 1922. (2) Cultured Pearls [Daily Mail, 14 déc. 1921, London).* ‘ . Fig. 14 _ Demi-perle japonaise gros¬ sie montrant une couche perlière si insuffisante qu’elle n’a pu résister au choc et laisse voir, comme à tra¬ vers un cratère, le noyau de nacre. PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 89 Ces mauvaises demi-perles japonaises ont jeté un réel discrédit (injustifié pour les demi-perles à petit noyau et ayant séjourné assez longtemps dans le Mollusque) sur Ten- semble des demi-perles japonaises, en causant des déboires au point de vue de leur solidité. La couche de matière perlière est si mince dans ces pro¬ ductions qu'elle a reçu le nom imagé de peau de perle ; elle ne résiste pas longtemps à des chocs répétés; la couche de matière perlière tombe alors en partie et donne l'aspect repré¬ senté dans la figure 14. Le noyau apparaît par places et enlève toute beauté à la calotte perlière. Il est facile de provoquer Fig. 15. — Grosse demi-perle, montrant le peu d’épaisseur de la couche perlière. A gauche, la calotte de nacre séparée et la demi-perle vues en dessus. A droite, la même et la demi-perle vues en dessous. sur ces perles cet accident en les frappant à plusieurs reprises à l'aide d'un marteau. J'ai représenté (fîg. 15) une perle que m'a donnée pour étude M. Arne, président de la Société de zoologie agri¬ cole. Elle montre à quelle grosseur peut atteindre le noyau ; la rupture de la calotte perlière s'est faite seulement au niveau du bord et permet d'apercevoir une substance de bourrage jaunâtre qui diminue encore la résistance de la calotte per¬ lière, déjà extrêmement mince (fig. 15, à droite). Évidemment, l'appât du gain pourrait tenter quelques clu- tivateurs de perles complètes; d'autant plus, que la fraude serait plus difficile à mettre en évidence dans les perles com¬ plètes que dans les demi-perles (1), où l'épaisseur de la couche perlière est toujours visible. (1) Puisque, dans les demi-perles, l’épaisseur des couches perlières peut s’apprécier en décollant le disque de nacre sans détériorer la demi-perle. 90 LOUIS BOUTAN Ce danger, heureusement, n'apparaît pas comme bien'redou- table, étant données les difficultés de la greffe du sac perlier. Un sac perlier contenant un gros noyau sera forcément volu¬ mineux et nécessitera une grosse blessure pour être introduit dans la Méléagrine porte-greffe. D’oà la nécessité de ne pas dépasser une certaine taille pour le noyau et nécessité de laisser déposer d’épaisses couches concentriques de matière perlière pour arriver à obtenir une perle de taille marchande. Actuellement, les joailliers sont suffisamment armés pour déceler cette malfaçon dans les demi-perles japonaises. Ils seraient désarmés pour la reconnaître dans les perles complètes de culture. Dans la pratique courante, il y aurait donc lieu de faire établir des appareils d'écrasement, comme le suggère M. Lucien PoHL (37), qui permettront de mesurer la résistance de la couche superficielle nacrière, vraisemblablement très faible quand il s'agit d'une peau de perle. Il serait déplorable que les joailliers consciencieux et aimant la pratique de leur art se cantonnent dans l'attitude adoptée par un certain nombre d'entre eux et ferment les yeux, en face de faits bien établis. Dire, comme M. Léonard Rosenthal, « que les pierres précieuses, nées dans les mys¬ tères de la terre, ont une vie intérieure dont nous voyons varier l'éclat, mais que nous ne connaissons pas, que cest une sorte de radio- activité^ comparable à celle que la science mo¬ derne a découverte dans le radium et dont chacun subit à son insu les lois étranges et merveilleuses... », c'est développer une idée poétique, mais qui ne fait pas avancer d'un pas nos connaissances relatives aux perles naturelles et aux perles de culture. Se contenter de parler dédaigneusement du soi-disant point de vue scientifique., c'est encore passer à côté de la question. Les experts et les joailliers, qui ont, depuis tant d'années, élevé si haut le commercé français, se doivent à eux-mêmes de continuer à tenir la tête du mouvement. Ils doivent marcher avec leur temps et tenir compte des découvertes, même si elles sont un peu gênantes pour eux. Assurément, il ne suffit pas d'étudier scientifiquement V X PERLES NATURELLES ET PERLES DE CULTURE 91 ' des perles de culture et des perles fines dans un laboratoire : pour devenir un expert aussi averti que THomme qui a passé ' toute sa vie à manipuler des joyaux, mais, cependant, armé de son microscope, un naturaliste peut déceler certains faits que Texpert ne peut saisir armé d'une simple loupe. Gomme conclusion, j'estime donc que les négociants et importateurs de perles fines auront avantage à ne pas ; négliger les données scientifiques. Les jeunes experts com¬ pléteraient utilement leur éducation en passant par les labo¬ ratoires de nos universités et en apprenant à se servir des méthodes et des instruments qu'on y utilise. On éviterait ainsi le spectacle déconcertant auquel on a pu assister récemment, de négociants habiles et intelligents, classés parmi les premiers de leur profession, contestant et négligeant ^ systématiquement des faits bien établis par des recherches précises de laboratoire, ou opposant à ces faits soit des néga¬ tions, soit des arguments mal équilibrés. -i V \ . .• PRINCIPALES PUBLICATIONS RELATIVES AUX PERLES f r DEPUIS I 921 . ' ■ 1. Bertin (Léon). — Perles fines et Perles japonaises (La Nature, n® 2521, 29 juillet 1922, Masson et G^®, 120, boulevard Saint-Germain, Paris). 2. Boutan (Louis). — L’intérêt scientifique des nouvelles Perles de culture japonaise et leur avenir économique {Bulletin de la Soc. d’océano¬ graphie, n® 4, 15 déc. 1921, p. 109, éd. Blondel la Rougery, 7, rue Saint- Lazare, Paris). 3. — Étude sur les Perles fines et, en particulier, sur les nouvelles Perles complètes de culture japoiyaise [Bulletin de la Station biologique dArca- chon, déc. 1921). 4. — Le noyau des Perles fines (note présentée par M. Marchai) [C, R. Acad, des Sc., n® 18, 2 nov. 1921, p. 788). 5. — L’origine du sac perlier et le mode de formation des Perles fines (Note présentée par M. L. Joubin) [C. R. Acad, des Sc., n® 21, 21 nov. 1921, p. 1021). 6. — Une Perle fine de culture sans noyau de nacre (Note présentée par M. Louis Joubin) {C. R. Acad, des Sc., n® 8, 21 août 1922, p. 385). 7. — La nacre [Bull, de la Soc. de zool. agricole, 1922). 8. — Note sur la fonte des Perles [C. R. des Sc. de la Soc. de biologie, p. 154, 17 janv. 1922, t. LXXXVI, Bordeaux). 8 bis. Cazeneuve (P^). — Les Perles de culture et l’application de la loi du 1er août 1905 [Communication présentée à la Société des experts chi¬ mistes de France) {^Annales des falsifications et des fraudes, n®^ 160-161, février mars 1922, p. 109, 42 bis, rue de Bourgogne, Paris (VU®)]. 9. Calvert (Albert-F.). — Pearls and Pearl culture [Prospectus, Londres, 1921, E. and F. N. Spon Ltd., 57, Haymarket). 10. — Cultured Pearls [Daily Mail, Londres, 14 et 15 déc. 1921). 10 bis. Citroën (Hugues). — Recueils des procès-verbaux [Chambre syndi¬ cale des négociants en Perles et Diamants, et V Illustrations, 1922). 11. Eppler (D>^ Alfred). — Gezüchtete Perlen [Die Umschau, 17 déc. 1921, n® 51, Leipzig et Francfort-sur-le-Mein). 12. — Der Kampf um die gezüchtete Perle [Deutsche Goldschmiede-Zei- tung, 18 mars 1922, Leipzig, Talstrasse, 2). 13. — Wie werden die neuen Japanischen Kulturperlen gezüchtet [Die Goldschmiede Kunst, n® 8, 8 avril 1922, Leipzig). 14. — Die japanischen Kulturperlen in Frankreich [Deutsche Goldschmiede- Zeitung, n® 30, 1922, Leipzig, Talstrasse, 2). 15. Epry (Charles). — La Perle [La Grande Revue, 37, rue de Constanti¬ nople, Paris, VIII®, n® 8, août 1922, p. 276). 16. Feytaud (Dr J.). — Perles fines [Dépêche de Toulouse, 20 oct. 1922). 17. 'Galibourg- et Ryziger. — Sur une méthode permettant de reconnaître les Perles japonaises cultivées [C. R. Acad, des Sc., t. CLXXIV, n® 1,5^ avril 1922, Paris). 94 PUBLICATIONS RELATIVES AUX PERLES 18. Galibourg et R yzi g ER, Perles fines etperles cultivées {Le Grand Négoce^ 27, rue Drouot, Paris, n® 12, mai 1922, p. 6)j 19. Gruvel (A.). — Les Huîtres perlières sur la côte de Madagascar (Note présentée par M. L. Joubin) (C. R. Acad, des Sc., 28 nov. 1921, p. 1128). 20. Hirsghfeld (Gustave). — Les Perles de culture du Japon {Vlllustra- tion, no 4117, 28 janv. 1922, p. 89). 21. — La culture des Perles au Japon {V Illustration^ n® 4126, 1®^ avril 1922, p. 296). 22. — Les Perles japonaises de culture d’après M. le professeur Boutan {Bull. Soc. océanogr.' de France, p. 178, 2® année, n® 6, 15 avril 1922, Blondel la Rougery, Paris), 23. — Pierres précieuses et Perles japonaises {Mercure de France, 26, rue de Gondé, Paris, VI®, n® 580, 15 août 1922, p. 272). 24. Jameson (D^ h. Lyster). — The japanese artificially induced Pear {Nature, Londres, 26 mai 1921, p. 396). 25. — The japanese artificially induced Pearl {Nature, Londres, 14 juil. 1921, p. 620). 26. — Japanese culture Pearls {Nature, Londres, 22 déc. 1921, p. 528). 27. Kume (Takeo). — Diamants et Perles (ouvrage en japonais), 20 oct. 1921, librairie Okura, Tokio. 28. Lemaire (M^^® Yvonne). — La production industrielle des Perles fines au Japon {Bulletin de la Soc. franco- japonaise de Paris, n° XLVIII, avril-juin 1921, 59, avenue du Bois-de-Boulogne, Paris). | 29. Masters (David). — The Truth about culture Pearls {Pearson*s Maga¬ zine, n® 315, mars 1922, London). 30. Monachon (Julie). — Les Perles {Lectures du foyer, juin 1922, n® 23, Bâle). 31. Michel (D'’ Hermann). — Gezüchtete Perlen {Neue Freie Presse, Vienne, . 13 février 1922), 32. — Die neuen japanischen Kulturperlen, Gezüch tete Perlen {N eues Wiener Tagblatt, Vienne, 25 mars 1922). 33. Nordmann (Charles). — Perles fines et Perles japonaises {Revue des Deux Mondes, 15 mars 1922, 15, rue de l’Université, Paris). 34. Orsay (Jean d’). — Le Matin, 26 et 30 juin 1922, 24 août 1922, Paris. 35. Petit (G.). — Les Huîtres perlières de Madagascar et leur exploitation {Les Informations de V agence économique de Madagascar, 1®*' juin 1922, p. 52). 36. PoHL (Lugien)j — La querelle des Perles {U Illustration, 29 avril 1922). 37. — Les Perles fines obtenues par culture {Mémoire présenté au F//® Con¬ grès national des pêches maritimes, Marseille, sept, 1922). 38. — L’industrie desPerles cv\i\wéQs{V Exportateur français, 1, rue Tait- bout, Paris, n® 322, 2 oct. 1922, p. 17). 39. Roquebert. — La pêche des Huîtres perlières à Panama {Le Grand Négoce, n®«» 11 et 12, 1922, Paris). 40. Rosenthal (Léonard). — Perles japonaises et Rubis reconstitués {Mer¬ cure de France, p. 76, n® 571, l®*" avril 1922, rue de Gondé, 26, Paris). 41. — Au Jardin des gemmes, Payot, 106, boulevard Saint-Germain, Paris, 1922. 42. Valepfe (Maurice de). — Paris-Midi, 1®^ juillet 1922. L’ÉTABLISSEMENT DES NOUVELLES COLONIES CHEZ LES FOURMIS Par Robert STUMPER La biologie des Formicides, déjà si richement dotée en faits imprévus et suggestifs, s'est vu accroître, dans ces derniers vingt ans, d'un chapitre tout nouveau. Il s'agit de cet ensemble de faits troublants qui concernent la fondation des nouvelles colonies. Tout d'abord, cela paraissait bien simple : la jeune femelle s'abattant sur le sol après le vol nuptial n'avait qu'à suivre la voix intérieure de l'instinct et rechercher un endroit tranquille et favorable à la ponte et à l'élevage des œufs. La recherche de ces endroits se faisait tout bonnement suivant le chemin dicté par les habitudes ancestrales, par la mémoire héréditaire, bref, elles fondaient leurs colonies en un endroit qui correspondait à la spécificité de leur instinct. Mais voici que les choses se compliquent : de nouvelles observations et des expériences multiples viennent de prouver que le cha¬ pitre traitant la fondation des nouvelles colonies chez les Fourmis est non seulement l'un des plus attrayants de l'ento¬ mologie, mais également un des plus instructifs delà psycho¬ logie comparée. C'est ce que nous allons prouver dans les lignes qui suivent. On y lira un exposé systématique de multiples découvertes à ce sujet, ainsi qu'un certain nombre d'observa¬ tions personnelles. Nous y joignons l'interprétation psycho¬ logique et quelques considérations générales sur la vie psy¬ chique collective des Fourmis. Nous nous sommes efforcé d'adapter, dans la mesure du possible, la biologie des Fourmis aux idées scientifiques actuelles, et nous n'avons pas hésité à nous engager dans une voie nouvelle se rapprochant plus ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10® série> VI. 96 ROBERT STUMPER des sciences exactes et s'écartant de la biologie traditionnelle¬ ment descriptive. ❖ * ❖ Comment les Fourmis établissent-elles les nouvelles colonies? La réponse à cette si simple question n'a rien de simple, car les Fourmis peuvent multiplier leurs colonies par les moyens les plus divers, variables suivant les espèces et variables encore pour une même espèce. On conçoit donc aisément que l'on ne peut résumer tous les faits connus dans une seule formule satisfaisante et qu'il faut procéder avec ordre. A cet effet, nous irons du simple au compliqué, et nous émettons en même temps l'idée que ce même chemin a été parcouru par les Fourmis le long de leur phylogenèse. Le mode le plus simple de la fondation des nouvelles colonies par les jeunes femelles fécondées est le suivant: la femelle se débarrasse de ses ailes et recherche un endroit favorable à l'élevage de la ponte. A cet effet, elle creuse, toute seiile^ une petite galerie pour les œufs et s'occupe de la progéniture jusqu'au jour de l'éclosion des jeunes ouvrières, qui alors soignent les larves et les œufs et agrandissent le nid au fur et à mesure des besoins naissants. Dans ce cas primitif, la femelle est donc absolument indé¬ pendante de tout secours : c'est \s. fondation normale ou indé¬ pendante. Mais les choses peuvent se passer d'une façon bien plus compliquée : la femelle peut rencontrer sur son chemin des ouvrières de la colonie-mère qui la ramènent au gîte ou qui peuvent se grouper autour d'elle pour former un nouveau foyer. Ceci peut être facultatif ou obligatoire; les ouvrières- adjointes peuvent appartenir à la colonie-mère, à une colonie de même espèce ou d'une'espèce différente. 11 se présente, en outre, le cas où la femelle est absolument incapable de fonder à elle seule la colonie et où il lui faut chercher l'aide d'une autre fourmilière, dans laquelle elle pénètre parfois grâce à des ruses de renard ou des actes tyranniques allant jusqu'au meurtre de la femelle normale. Mais toujours est-il que la femelle recherche seulement ’w/ze autre espèce et rien que cette LES NOUVELLES COLONIES CHEZ LES FOURMIS 97 r espèce. Ainsi les femelles du Strongylognathus testaceus n'éta¬ blissent leurs nouvelles colonies; qu'avec les Tetramorium cæspitum^lQ^ Polyergus rufescens qu'avec Formica fusca ou rufibarbis^ etc. Il y a donc là bien un acte de mémoire héré¬ ditaire. Néanmoins, il peut arriver que les conditions exté¬ rieures ne permettent pas la réunion de la femelle et de la fourmilière adéquate. Dans ce cas, les femelles obligatoirement parasites meurent, tandis que les femelles facultativement mutualistes se tirent d'affaire. Nous y reviendrons plus tard. On conçoit donc que l'on peut établir une deuxième caté¬ gorie de méthodes d'établissement des nouvelles colonies : la fondation mutualiste ou parasitaire (facultative ou obliga¬ toire). Dans cette classification, nous omettons volontairement le cas de la scissipartition pure et simple d'une vieille colonie, cas qui a été observé chez Formica rufa eV Dendrolasius fuli- ginosus. Nous allons maintenant étudier d'une façon plus détedllée les deux modes d'établissement de nouvelles colonies: à savoir les fondations normale ou indépendante et mutualiste ou para¬ sitaire. I. — Fondation indépendante. .i • i C'est le cas le plus simple, donc l'état primitif. La femelle établit à elle seule la nouvelle colonie, elle est, à même d'élever seule sa progéniture (Voir fig. 1). Pendant ce temps, elle se nourrit des produits de résorption des muscles vibrateurs de ses ailes, ainsi que l'a démontré l'éminçnt histologiste Gh. Janet. Ce genre de multiplication des colonies |est réa¬ lisé par un très grand nombre de Fourmis. Aussi l'avons- nous trouvé chez les espèces suivantes : A. - Sous-FAMILLÉ DES « GAMPONOTliN’Æ ». « ' ^ . i J . . . 1 1 » . t X. i A . ' î • ■ > i9Camponotusligniperda Ltr. : Pendant mon séjour à Neuve- ville (lac de' Bienne, Suisse), j'ai rencontré au delà de trente toutes jeunes colonies (voir fig. 1). Il y en avait- de ' tous ANN. DES SC. NAT. ZOOL*., 10® série. VI, 7 98 ROBERT STUMPER les stades : à partir de la jeune femelle ailée à la recherche de Tendroit favorable, jusqu'à la jeune colonie contenant la femelle et des ouvrières. J'insiste spécialement sur deux cas d'alliance entre plu¬ sieurs femelles {pléométrose primaire). Ainsi j'ai déniché une fois deux et une autre fois trois jeunes femelles établies en commun accord pour fonder une nouvelle ^colonie. Dans les deux cas il se trouvait un paquet d'œufs dans la petite case qu'elles s'étaient creusée. 2^ Formica fusca : une colonie trouvée à Luxembourg. 3® Lasius flaçus : deux colonies, Suisse. Une colonie pléo¬ métrose, Luxembourg. 4® Lasius mixtus : une colonie, Suisse. 5® Dendrolasius fuliginosus : deux colonies, dont l'une sous la même pierre qui abritait une colonie de Lasius mixtus. D'après les expériences de Grawley et de Donisthorpe, cette espèce ne peut établir ses nouvelles colonies qu'à l'aide du Lasius mixtus. Je ne saurai être si affirmatif, même si les expé¬ riences in aitro semblent le prouver. 6® Lasius niger : deux colonies, Luxembourg et Suisse. 7^ Lasius alienus : une colonie, Luxembourg. • ^ B. — Sous-famille des « Dolichoderinæ ». • * ... I J S^ Dolichoderus qûadripunctatus : de cette espèce qui habite nornialement les tiges creuses des Noyers et des Ronces, j'ai trouvé une femelle isolée avec un paquet d'œufs dans une tige de Noyer (Suisse). ■ ■ ' ■/ . ■■ ■. ù-ùïiUx ^ G. — Sous-famille des « Myrmïginæ ». I 9^ Aphænogoster suhterranea : deux jeunes colonies, Suisse. Il® Myrmecina graminicola : femelle isolée, Suisse. 11^^ Leptothorax tuberiim : une colonie, Suisse. . , ' 12^ Leptothorax a ff mis : plmieur& polonies^ Suisse., ' . fv Toutes ces jeunes colonies étaient; fraîcheinent établies ; LES NOUVELLES COLONIES CHEZ LES FOURMIS 99 elles présentaient une femelle avec son paquet d'œufs et de larves, sans ouvrières. Dans deux cas, qui sont indiqués, il n'y avait pas de ponte. . • Avant de passer à la seconde méthode de fondation, il me semble nécessaire d'insister sur la pléométrose primaire. J'ai trouvé en tout trois cas : deux fois chez le Camponotus ligni- Fig. 1. — Femelle de Camponotus ligniperda (Nouvelle Colonie). Or' i perda et une fois chez le Lasius flams. En parcourant la lil^é- rature, j'ai pu rassembler les autres cas suivants : A. — Faune paléarctique : Formica fusca (Wasmann) ; 2® Formica fusco-rufibarbis (Schimmer) ; 3^ Formica rufa (Forel). 4^ Lasius flams (Forel, Hamm, Wheeler, Wasmann). B. — Faune néarctique : Camponotus pensylmnicus (Wheeler) ; 2^ Lasius breoicornis (Wheeler). Quel est le caractère commun à toutes ces espèces ? Elle^ sont toutes les représentants les plus communs, les plus nom¬ breux des faunes régionales correspondantes. Il en résulte qu'elles remplissent la condition indispensable demandée 100 ROBERT STUMPER par les lois du hasard, c'est-à-dire le nombre élevé des individus présents sur une même portion de terrain. D'autre part,^ les alliances primaires entre femelles ne s'observent que très, très rarement, de sorte que l'on est en droit d'inférer que ce sont des phénomènes fortuits et qu'elles ne sont nullement dues à nn facteur intrinsèque (instinct). 11. — Fondation mutualiste ou parasite. La femelle a perdu le pouvoir de fonder la nouvelle colo¬ nie d'une façon indépendante, il lui faut l'aide des ouvrières, soit de même espèce, soit d'une espèce différente. Toutefois il y a lieu de faire remarquer que le choix de l'espèce adjointe n'est nullement arbitraire : chaque femelle s'adresse à une espèce bien déterminée, dans le cas où elle ne rencontre pas des ouvrières de même espèce. Ce point est à retenir, car il démontre ce que l'on a l'habitude de dénommer la spécificité et la fixité de V instinct. Voyons les différents cas que j'ai trouvés : Formica rufa. — La grande Fourmi fauve de nos bois propage ses colonies suivant plusieurs modes. Très souvent les femelles fécondées, — l'accouplement de cette Fourmi se fait ordinairement à proximité du nid, — sont ramenées par les ouvrières à la colonie-mère. C'est pourquoi on ren¬ contre presque toujours plusieurs femelles dans un dôme de Formica rufa (jusqu'à 250, comme l'a prouvé le myrmécolo- giste suisse Kutter!). Mais il arrive également que les femelles fécondées s'introduisent passivement ou activement dans d'autres colonies de la même espèce ou à* espèces voisines (comme F. pratensis). Ceci est prouvé par la découverte de Wasmann, qui dénichait, dans un même nid de Formica pratensis femelles pratensis^ 1 rufa et 1 truncicola- pratensis. Dans le même ordre d'idées, je puis citer l'exemple que j'ai trouvé en Suisse, où une colonie de Formica pratensis renfer¬ mait 1 femelle rw/à, 8 fufo- pratensis et 3 pratensis s. str. Qu'advientùï maintenant si la femelle de Formica rufa ne rencontre pqs d'ouvrièrès de la même espèce ou d'une èspèce parentée? D'après les expériences et les observations de nom- LES NOUVELLES COLONIES CHEZ LES FOURMIS 101 breux, savants (1), il résulte que la Formica rufa a perdu com¬ plètement la faculté de fonder sans aide la nouvelle colonie et qu'elle cherche à entrer dans des colonies de la Formica jiisca. Celles-ci l'adoptent ou la tuent suivant le cas, et c'est le déterminisme psychologique de cette adoption que nous allons étudier à la fin de cette note. . - Voyons d'abord les faits. ' , , , J'ai trouvé une colonie mixte rufa-fusca renfermant une femelle rw/a, environ *12 ouvrières fusca et 2 minuscules ou¬ vrières de disant que le concept du déterminisme statistique des actes collectifs des Fourmis et l LES NOUVELLES COLONIES CHEZ LES FOURMIS 105 leur rapprochement des phénomènes physiques permet de prévoir un ensemble de faits prouvés par Texpérience, no¬ tamment en ce qui concerne ldi division du travail chez ces Insectes. Bruocelles, janvier 1923* -««fa SUR UN BATRACIEN NOUVEAU DU PÉROU APPARTENANT AU GENRE “ TELMATORIUS ” Par F. ANGEL Parmi des matériaux du Pérou envoyés récemment au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris par M. le EscomeL se trouve un Batracien anoure de forte taille provenant du lac Titicaca (région péruvienne). Appartenant au sous-ordre des Phanéroglosses (série des Arcifères), cet exemplaire fait partie de la famille des Cystignatidæ^ genre Telmatobius. Ce genre est caractérisé par Boulenger (1) d'après : la séparation incomplète ou nulle des métatarsiens externes, l'absence de stylet osseux au sternum, la palmure des orteils et le défaut d'adhérence de la peau aux os du crâne. Dans un récent travail, Barbour et Noble, faisant une ré¬ vision de ce genre (2), commentèrent principalement les affi¬ nités des animaux qui le composent avec ceux du genre Cydoramphus. Selon ces auteurs, le genre Telmatobius^ confiné aux Andes et Ghaco Brésilien, doit être séparé du genre Cydoramphus^ non d'après les caractères tirés de la disposition des métatarsiens externes, mais suivant l'importance et la situation des dents vomériennes. De l'examen auquel je me suis livré sur les espèces appar¬ tenant à ces deux genres, que possède le Muséum, il me semble, en effet, que le caractère tiré de la dentition est plus affirmatif que celui tiré des métatarsiens externes. Concernant Cydoramphus^ il paraît intéressant de donner (1) Catal. of the Bairachiay London, 1882, p. 184. ^2) Bull, of the Mus. of Comp. zoôl. at Harvard Co/Z., 1920, vol.LXIII, n® 8, p. 407. ANN. DES SC. NAT, ZOOL., 10® série, VI. 108 F. ANGEL ; !,f ^ T P T ; '■ •‘f quelques renseignements complémentaires aux descriptions faites par Duméril et Bibron, et Boulenger, relatives aux types du ' C. juliginosus. Les deux exemplaires présentent non pas un seul tiiberciile métatarsien, mais bien deux, dont Texterne, le plus développé, est elliptique, d'une longueur représentant la moitié ou les deux tiers du diamètre de Toeil, etrinterne étant moitié plus petit environ. A la description delà coloration, il est bon de signaler aussi que la glande circulaire placée de chaque côté des flancs est d'une teinte brun foncé, formant une tache qui contraste nettement avec la teinte brun lavé du fond. Le taj^leau^ dichotomique du genre Telmatobius accoiupa- gnant le travail des auteurs américains renferme treize espèces. L'exemplaire envoyé par M. le Escomel ne me parait pas, , en raison des particularités indiquées ci-après, appartenir à aucune de ces espèces, mais présenter des caractères .suffi¬ sants pour motiver la création d'une forme nouvelle que je dédie avec grand plaisir au donateur. ' • 4 .• K - . ' % Telmatobius Escomelî, nov. sp. •: .'f r ; ; •> ... Diagnose. — Très grande espèce. Dents vomériennes mi- -J i . nuscules, en deux petits groupes situés entre les choanes. Pli supra-tympanique modéré . Région dorsale couverte d'une peau épaisse ayant la forme d'un sac, libre de toute adhérence avec les muscles. Articulation tibio-tarsienne, ■ .. . X' ‘ ‘ portée en avant, atteignant seulement la région ,du .coude. Description. — La longueur de la tête est comprise une fois et demie dans sa largeur et quatre fois dans la distance de l'extrémité du museau à l'anus. Museau arrondi. Le dia- mètre longitudinal de l'œil est égal à la„ distance comprise entre le bord antérieur de celui-ci et la narine. rostralis absent. Narines très petites situées exactement à égale dis¬ tance de l'œil et du. bord labial. Langue grande, ronde, son diamètre égalant la distance entre l'extrémité du museau et le centre de l'œil. Tympanum caché. Un léger pli de peau partant de la région sus-oculaire descend vers la région tympanique. En arrière de celle-ci, commence le grand disque I SUR UN BATRACIEN NOUVEAU 109 de peau, sans plis, formant une sorte de cape d’une seule pièce qui couvre et déborde la région dorsale, cachant com¬ plètement le bras jusqu'au delà du coude, ainsi que les côtés du corps. La largeur de cette expansion cutanée est égale à la Telmatohius Escomeli [IIZ de la grandeur -naturelle). distance existant entre Tanus et le centre des yeux ; elle est plus du double de la largeur du corps, prise en dessous des aisselles. Les doigts, non dilatés à l'extrémité, sont bordés par une légère frange de peau. Le premier doigt est, plus court que le second, lequel est notablement moins long que le quatrième. Le coude, porté en avant, arrive au ! niveau des yeux. Les 110 F. ANGEL téguments des membres postérieurs sont extrêmement déve¬ loppés, montrant partout des plis de la peau de dimensions telles qu'ils pourraient couvrir des membres de proportions doubles. A la partie postérieure des cuisses, principalement, ces expansions sont particulièrement grandes. Orteils complè¬ tement palmés ; le tarse et le métatarse sont couverts de plis aussi nombreux que ceux des cuisses et des tibias. Tubercules sous-articulaires petits mais bien proéminents. Le tubercule métatarsien externe est un peu moins long que le diamètre longitudinal de l'œil ; l'interne, à peine plus gros que les tubercules sous-articulaires. Au métacarpe, la longueur du tubercule interne est com¬ prise deux fois dans la longueur du premier doigt. Les talons sont séparés par une distance égale à une demi-largeur inter¬ orbitaire lorsque les membres postérieurs sont placés à angle droit sur le corps. Peau. d'apparence lisse, parsemée cependant de petites glandes platps, peu proéminentes ; le diamètre des plus grandes n'atteint pas la moitié du diamètre de l'œil. Des pores muqueux, petits et nombreux, existent surtout sur la région vertébrale antérieure et moyenne. Coloration (en alcool). — Toutes les parties supérieures d'un brun noirâtre uniforme, les régions inférieures d'un gris sale légèrement rosé. Mensurations. — Distance entre le bout du museau et l'anus : 120 millimètres. Largeur de l'expansion cutanée (prise au milieu du corps) : 101 millimètres. Largeur.de l'expansion cutanée (sur le milieu des tibias) : 25 millimètres. Plus grande largeur de la tête : 46 millimètres. Longueur du membre antérieur (de l'aisselle à l'extrémité du troisième doigt : 72 millimètres). Longueur du membre postérieur (de l'aine à l'extrémité du quatrième orteil) : 166 millimètres. Longueur du tibia : 59 millimètres. Longueur du pied (du talon à l'extrémité' du quatrième orteil) : 88 millimètres. Diamètre longitudinal de l'œil : 7 millimètres. SUR UN BATRACIEN NOUVEAU 111 Remarques. — Très voisine du Telmatobius culeus Garman^ cette forme me paraît cependant devoir en être séparée en raison des caractères différentiels suivants : l'articulation tibio-tarsienne n'atteint pas l'angle de la bouche, elle dépasse à peine le niveau du coude lorsque les membres postérieurs sont portés en avant ; le premier doigt est plus court que le second ; les talons ne se touchent pas lorsque les membres postérieurs sont placés à angle droit sur le corps ; l'expansion cutanée dorsale me semble atteindre un développement beaucoup plus grand que dans T. culeus^ et, de plus, elle ne présente pas les nombreux plis longitudinaux ou transversaux que montre cette espèce. Enfin la taille de l'animal est plus grande. L'absence de renseignements sur le point précis où cette capture fut faite, dans le lac Titicaca, ainsi que sur la biologie de cette espèce, ne permet pas d'ajouter aux renseignements très intéressants que l'on connaît sur les animaux de ce genre. Mais il est fort probable que T. Escomeli vit dans les eaux pro¬ fondes du lac, en voisinage avec T, culeus^ et, comme celui-ci, ne venant jamais à terre, mais restant même de longues heures au fond de l'eau sans venir respirer à la surface. Quant au rôle biologique de ce vaste « manteau » de peau, on peut supposer, à défaut d'observations précises sur les animaux vivants, que ceux-ci s'en servent dans leurs déplace¬ ments verticaux en tant qu'organe de suspension, facilitant peut-être la montée de l'animal du fond vers la surface. Laboratoire H erpétologie du Muséum^ février 1923 , yj t-, ■> x‘ vWvAV-i''" ' > • ‘ ' ' ■ ' ' \ J' i 'i \ ' .• .V . : -N- . 'i 'i i, •; H ••_ li O'i'.ri .• .. • .' i . ' ; ^ i 1"! t: ^ ' I • '' ' V. / ; • ^ . 1(3 "i ^ t ■: 1 ! ?■■ ‘ OBSERVATIONS SUR UN NID DE “ VESPA MEDIA ’’ (Degeer, 1771) — V. Geerii (Lepeletier, 1836) V. crassa (Herrich Schaffer, 1841) « Par ALPHONSE LABITTE Hauteur du nid : 0*^,29, diamètre dans sa plus grande lar¬ geur : 0^'',21 ; nom.bre d'enveloppes : quatorze. Plus d'épais seur ou plus de feuilles au sommet qu'à la base. Ces observations commencèrent le 1®^ septembre 1922 et se terminèrent le 28 du même mois. Une forte colonie de Vespa media construisit son nid dans une haie formant en partie clôture de mon ermitage de Marsauceux (Eure-et-Loir). Les Guêpes avaient choisi pour l'édifier une assez forte branche d'Érable, à l^fbO du sol ; malheureusement pour elles, — et aussi pour moi, car j'avais le désir de faire sur elles certaines expériences, — ce nid était placé du côté extérieur de la haie bordant une route passagère ; mais il se trouvait exposé au Midi, et c'était la raison du choix fait pour son emplacement. Tant que le nid se construisait, il n'était connu que de moi. D'abord peu volumineux, le feuillage suffisait à le rendre invi¬ sible, et j'ai pu suivre le travail des intelligentes ouvrières. A la fin d'août, la construction était complètement achevée, mais les feuilles qui la voilaient s'étaient écartées, et le cou¬ vert n'était plus assez épais pour cacher sa rotondité et l'abriter des regards des passants. Des enfants; un beau jour, le remarquèrent, et dès lors sa destruction fut décidée, malgré la surveillance que j'apportai à sa conservation. ANN. DES SG. NAT. ZOOL., 10® série. VI, 8 114 A. LABITTE Le 1^^ septembre, le nid était encore intact. Le 4, au matin^ je le trouvai tronqué à la base. Le lendemain 5, la partie enlevée était refaite ; seul le trou d'entrée était un peu plus large que le trou primitif. Le 6, toujours au matin, le nid est tout à fait démoli ; les gâteaux avaient été enlevés, sauf un que j'emportai; du dôme, il ne restait que la calotte. Ma surprise fut grande deux jours après, le 8, lorsque je vis le nid entièrement reconstruit, mais dans des dimensions moindres que le premier ; sa hauteur n'était plus que de 0^b26 ; et son diamètre, à son milieu, était de 0^,13. Le 9, le nid reçut encore la visite des petits saccageurs. Les courageuses petites Guêpes se remirent au travail, mais, cette fois, contre toutes les habitudes des Vespa media^ elles le construisirent horizontalement, en forme de dirigeable ; il avait une longueur de 0i^,26 sur 0”\li de diamètre. Le 11, nouvelle ruée des vandales sur le pauvre nid, et, le 12, sa mutilation est encore plus complète. Le 16, les Vespa^ sans se lasser d'assister à leur ruine presque journalière, sans même chercher à se venger sur leurs bour¬ reaux par quelques bonnes piqûres, se remettent à l'ouvrage ; cette fois, elles bâtissent un nid plus restreint, une sorte de grosse boule de 12 centimètres de diamètre; mais, le 18, il est démoli de fond en comble, et, le lendemain 19, je ne trouve plus qu'une branche nue sur laquelle une soixantaine de Guêpes sont groupées, serrées les unes contre les autres, n'ayant plus aucun abri. Cependant, d'un courage qui aurait dû désarmer les mau¬ vais gamins, les Guêpes recommencent la construction, de leur demeure tant aimée; le 22, elle est déjà ébauchée; le 26, une grande partie de la calotte est terminée, m.ais, le 28, pour la sixième fois, je constate l'anéantissement absolu de la der¬ nière construction qui était en voie d'achèvement dans des dimensions plus modestes, et les Vespa exterminées. De toute la florissante colonie, il ne restait que trois ouvrières u inertes au milieu des débris de leur nid. Lorsque je les pris dans ma main, elles ne firent aucune défense et ne sortirent point leur aiguillon. UN NID DE « VESPA MEDIA » 115 Je ramassai ce qui restait du nid ruiné définitivement (Voy. figure du 28 septembre grossie). Des faits que je viens d'énoncer, il y a lieu de retenir le courage, la patience, l'activité de la Vespa media] la vivacité Vicissitudes et transformations successives d’un nid de Vespa Media. qu'elle apporte à son travail, réparant son nid du jour au lendemain (Voy. figures des 4 et 5 septembre), le reconstruisant entièrement en deux jours (Voy. figure des 6 et 8 septembre), re¬ commençant à plusieurs reprises les travaux de bâtisse (Vov. fi¬ gure des 9, 16, 22 et 26 septembre) ; et cela sans lassitude appa¬ rente, sans découragement, sans représailles contre ses ennemis,. I 116 A. LABITTE tant que la colonie est encore vivante. Pour que ces travaux ne reprennent plus, il a fallu que les destructeurs ait massacré les travailleuses ; alors c’est l’arrêt, la ruine irrémédiable ; c’est l’annihilation d’un chef-d’œuvre d’anim.ation et de vie. QUELQUES NQTES SUR LES Par lYI. E.-L. BOUVIER Depuis Tannée 1918, époque où les Arthropodes autres que les Insectes furent distraits de mon Service du Muséum pour être rattachés à la Chaire nouvelle de mon collègue, M. le professeur Gravier, j'ai cessé complètement mes recherches sur ces formes et mis un point final aux travaux que je leur avais consacrés, plusieurs de ces travaux ayant paru depuis ou devant paraître dans la suite, tous d'ailleurs arrêtés à cette date. Si j'enfreins aujourd'hui la règle que je m'étais imposée, c'est pour répondre aux instances du Comité de la Faune française. Fédération des Sciences naturelles, qui m'a prié d'écrire pour cette faune le fascicule des Pycno- gonides. Cette tâche est achevée à l'heure actuelle ; mais, pour rendre l'œuvre plus parfaite, pour l'enrichir quelque peu et la soumettre au critérium de l'expérience, j'ai voulu m'en servir pour déterminer les espèces de nos côtes. Et afin d'obtenir le plus possible de ces espèces, je me suis adressé aux laboratoires et aux chercheurs qui ont quelque peu exploré à ce point de vue les mers françaises : M. Caullery m'a fait remettre les matériaux du laboratoire deWimereux, M. Mer¬ cier ceux du laboratoire de Luc-sur-Mer, et M. Pérez a fait de même pour le laboratoire de Roscofî ; j'ai reçu également quelques Pycnogonons conservés au laboratoire de Saint- Vaast, des matériaux recueillis à Roscofî et aux îles d'Yeu et de Ré par M. de Beauchamp, d'autres capturés dans les ♦ eaux atlantiques de la Bretagne par MM. Dollfus et Monod ANN. DES SG. NAT. ZOOL., 10® série, VI. 118 E.-L. BOUVIER à bord de la Perle enfin M. Duboscq m'a envoyé les espèces de son laboratoire de Cette et MM. Vayssière et Hovasse m'ont soumis celles du golfe de Marseille conservées au labora- . toire d'Endoume. A part quelques exceptions, ces envois ne sont pas très importants, et j'en aurais désiré davantage ; tels quels et pris dans leur ensemble, ils ne sont pas sans intérêt scientifique : précisant la distribution de certaines espèces, les variations de quelques autres, et, quand les dates de capture sont indiquées (ce qui malheureusement n'est pas toujours le cas), l'époque où s'effectue la matu¬ ration des oeufs sur les ovigères des mâles. Voici le résumé très bref des observations relatives aux espèces qui m'ont été soumises. Ordre des Nymphonomorpha. Famille des Nymphonidæ. Nymphon breçirostris Hodge (= gmcf/c Sars.). — Je ne crois pas que cette espèce ait été signalée au sud de Plymouth ; elle se trouve pourtant, mais fort rare, semble-t-il, dans les eaux françaises. Trois exemplaires : deux pris à Wimereux sur Obelia^ le troisième dans l'huîtrier de Penerf, Morbihan (Dollfus). Nymphon gracile Leach (= gallicum Hoek.). — Espèce com¬ mune, signalée d'abord depuis le Danemark jusqu'à Roscofî, et récemment dans le golfe de Gascogne, à Arcachon, par M. Cuénot. On va voir qu'elle se répand beaucoup plus au sud. Wimereux: nombreux exemplaires des deux sexes, prove¬ nant de sept stations différentes. — Liic-sur-Mer, sur le rocher de Quilhoé : 2 beaux portant des œufs de 145 à 170 y. (20 mars 1920). — Roscoff : deux exemplaires envoyés vivants par M. Pérez et conservés tels, trois semaines au moins, dans l'eau de mer où ils se trouvaient, et qui ne fut pas changée; ils étaient de couleur rouge rose et nageaient fort bien en agi¬ tant leurs pattes. Un mâle ovifère, capturé par M. de Beau- champ dans les Fucus, en septembre 1908. — Mogador, au Maroc : 1 (J portant de nombreuses larves encore attachées PYCNOGONIDES DES CÔTES DE FRANCE 119 aux ovigères et capturé par M. Gruvel, le 5 juin 1922. La longueur du céphalotronc est de 4 millimètres environ ; trompe à peine deux fois plus longue que large ; tibia 2 légè¬ rement plus long que le tibial ; segment moyen du tronc légère¬ ment plus long que large ; les griffes auxiliaires égalent en longueur la moitié de la griffe principale (communiqué par M. Dollfus). — Marseille: un grand ^ ovifère, jaune brun très normal ; longueur totale du corps : 5 à 6 millimètres ; communiqué par M. Vayssière, qui bavait capturé ; un autre plus petit 5), blanc rosé, à trompe anormalement étroite; les pattes de la paire postérieure bien plus courtes que celles des paires précédentes, avec le tarse presque aussi court que dans brevirostris. Deux autres exemplaires plus petits, brun clair, à tarse un peu plus court que de coutume. Ces trois der¬ niers exemplaires communiqués par M. Hovasse. Ainsi Tespèce atteint au sud le Maroc dans la région de Mogador et se trouve aussi dans la Méditerranée, où, à ma connaissance, on n'avait signalé jusqu'ici aucune espèce de Nymphon, sauf un exemplaire incomplet figuré sans nom par Dohrn, et une larve parasite sur Tethys signalée par M. Merton. Famille des Pallenidæ. Pallene hreairostris Johnston. — Wimereux : 3 exemplaires de trois stations différentes. — Ile de Ré, le Martrac : une Ç dans les Cystosères envasées. — Cette : 3 exemplaires dont un ovifère pris au quai du Lazaret, le 9 août; un ^ ovifère et une Ç à fémur très dilaté et rempli d'œufs, pris au Lazaret le même jour ; un exemplaire pris dans le bassin du Midi et corres¬ pondant assez bien au P. emaciata de Dohrn. En fait, comme Norman, je pense que l'espèce de Dohrn est synonyme du brevirostris, qui, de la sorte, se trouve depuis les côtes sud- ouest de la Norvège jusqu'en Méditerranée. Famille des Phoxichilididæ. Anoplodactylus petiolatus Krôyers (= Phoxichilidium lon- gicolle Dohrn). — Une Ç capturée par Za Perle, dans la rivière 120 E.-L. BOUVIER d’Auray^ par 2 à3 mètres de profondeur. L'espèce est connue depuis le sud-ouest de la Norvège jusqu'en Méditerranée. Anoplodactylus i^irescens Hodge. — Cette espèce n'était pas connue jusqu'ici en dehors de la Manche. J'y rapporte, non sans quelque doute, une $ prise dans le vieux port de Cette ^ le 3 juillet, et qui présente les particularités suivantes : segmenjs 2 et 3 du tronc articulés, trompe cylindrique, à bout noirâtre, assez tronqué mais sans angles, plutôt légère¬ ment convexe ; céphalon rétréci dans sa partie antérieure et constituant avec le segment suivant une région beaucoup plus large que le reste du corps ; les articles coxaux 2 et 3 f subégaux, courts, à peine plus longs que 1 ; tout le corps légè¬ rement verdâtre, poils peu nombreux ; griffes auxiliaires très réduites ; longueur du céphalotronc 1 millimètre; du corps entier, Anoplodactylus exiguiim Dohrn. — Cette espèce représente seule, dans notre pays, le sous-genre Halosoma de Cole. On ne la connaissait qu'en Méditerranée, mais j'en ai trouvé quatre exemplaires dans les récoltes faites en Bretagne par la Perle : 2 dont 1 (J et 1 $(?) pris dans l'huîtrière de l'Histrec (Mor¬ bihan) le 12 novembre, et 2 Ç dans la rivière d'Etel, au banc de Landévant, également le 12 novembre. Je crois bien qu'il faut rapporter à cette espèce un exemplaire pris à Vile de i?é, dans les Halopetys^ par M. de Beauchamp ; un accident m'a fait perdre cet exemplaire, avant étude com¬ plète. Anoplodactylus angulatus Dohrn. — De cette espèce connue seulement à Naples, 1 ^ ovifère a été pris le 6 mars, à Cette, sur le quai du Bosc ; la trompe est fortement tron¬ quée et à angles latéraux très saillants, un peu rétrécie dans sa partie antérieure; poils assez longs et assez nombreux ; longueur du céphalotronc 0i^"^,8(), du corps l”^”bl5. Phoxichilidium femoratum Rathke. — Espèce septentrio¬ nale, qui ne semble pas dépasser les côtes françaises de la Manche, où Grube l'a signalée à Roscofî. Très commune à Wimereux, d'où l'on m'en a envoyé de nombreux exemplaires répartis dans onze tubes ; certains de ces exemplaires furent pris sur des Obelia ou sur des Sertulaires. Plusieurs ^ PYCNOGONIDES DES CÔTES DE FRANCE 121 avec des œufs, mais sans date de capture ; des sans œufs pris le 17 mai. Famille des Ghilophoxidæ. Chilophoxus spinosus Mont. — C'est le Phoxichüus spinosiis des auteurs. Il est commun en Europe depuis les parties sep¬ tentrionales de la Norvège jusqu'en Méditerranée. Wirne- veux: 5 $ provenant de trois points différents. — Liic-siir- Mer : 2 exemplaires. — Roscoff : 1 et 1 Ç reçus vivants avec deux Nymphon gracile^ ils nageaient assez bien et mon¬ trèrent la même résistance ; 5 exemplaires dans l'alcool (Pérez). 3 (J et 4 Ç dans un dragage à Artan, en août ; 1 $ prise dans les Fucus au Diable et une autre $ dans les Himanthalia (de Beauchamp). — Parages des Glénans, roche de Laon Egenn Hir : 1 verdâtre pris le 1®^ avril; Morbihan^ huîtrière de l'Histrec : 1 ^ bleuâtre pris le 12 octobre. — Ile de Ré, dans les Halopetys : un exemplaire. — Cette, bassin du pétrole : 1 ^ capturé le 8 juin. L'espèce est souvent verdâtre, parfois rosée. Ordre des Ascorhynchomorpha. Famille des Ammotheidæ. Ammothea {Ammothella) longipes Hodge (= hispida Hodge, magnirostris Dohrn). — Espèce connue depuis la Manche jusqu'à la Méditerranée ; assez rare. Wimereux : 1 exemplaires en deux tubes. — Le Croisic : 1 exemplaire remarquable par ses tubercules aigus et la segmentation encore imparfaite des articles terminaux de ses palpes, pris le le 8 juin 1884 (appartient au laboratoire de Wimereux). — Parages des Glénans, à Laon Egenn Hir, 2 exemplaires cap¬ turés le 1®^ avril sur des Laminaires. — Ile F Yen : 1 exemplaire douteux, août; île de Ré, dans les Cystosires envasées, 1 exem¬ plaire, août. — Cette: 1 exemplaire pris au pont du chemin de fer, le 7 août, et un jeune au Lazaret, le 9 août. — Mar- 122 E.-L. BOUVIER seille : 1 9 dont les fémurs sont assez fortement renflés ; le cinquième article des palpes est notablement plus long que les quatre suivants qui sont subégaux (Hovasse); un exem¬ plaire de très petite taille dont les tubercules des prolonge¬ ments latéraux sont très saillants (Vayssière). Ammothea (Achelia) echinata Hodge (= Dohrn). — Espèce très commune, répandue jusqu'en Méditerranée, depuis le sud-ouest de la Norvège ; le développement de ses saillies spiniformes est très variable, mais l'espèce est nettement caractérisée par sa trompe atténuée en cône dans la moitié antérieure, l'articulation du deuxième segment du tronc et la longueur de ses griffes auxiliaires. Wimereux : 6 exemplaires en deux tubes. — Luc-sur-Mer : 6 exemplaires dont 2 9 avec des œufs de 130 u.. le 25 mai 1919, « sortis de colonies de Tubulaires recueillies au cours d'un dragage, face à Langrune» (Mercier). — Roscoff : 4 exemplaires envoyés vivants par M. Pérez en novembre, 2 exemplaires dans l'alcool ; 1 exem¬ plaire pris au cours d'un dragage (de Beauchamp). — Bre¬ tagne., exemplaires de la Perle: 1 et i Ç pris le 1®^’ avril sur Laminaires à la roche Laon Egenn Hir ; 6 exemplaires pris le 13 septembre par 15 mètres de profondeur et un (J, le 15, par 34 mètres, entre Concarneau et les Glénans ; 4 exemplaires pris le 12 septembre et 1 exemplaire en octobre dans les huîtrières de l'Histrec ; 3 ovifères pris le 2 octobre aux Glénans ; 1 exemplaire pris le 15 septembre dans l'huîtrier de Penerf, Morbihan ; mêmes parages bretons, nombreux exemplaires des deux sexes pris le 20 août, par 22 mètres de profondeur. — Ile de Ré : nombreux exemplaires dans les Cystosires et les Halopétys ; île d’Yeu^ dans les Gystosires, les Éponges, les Bryozoaires. — Cette : 12 exemplaires, dont plusieurs ovifères pris sur le brise-lame le 20 janvier ; 5 exemplaires capturés au pont du chemin de fer, le 20 sep¬ tembre. — Marseille: 3 exemplaires (Vayssière). Trygæus communis Dohrn (fig. 1-6). — Cette., au Lazaret : 1 exemplaire, probablement mâle ; longueur du céphalotronc Imm^lO, (lu corps P^,95. Couleur du tronc brun roux, plus foncé aux articulations, les prolongements latéraux et les pattes jaune verdâtre pâle, avec semis de roux ; les ovigères PYGNOGONIDES DES CÔTES DE FRANCE 123 incolorGS. J g crois iitÜG dG fairG figTirGr CGt individu, (jui diffère des types de Dorhn, par Je fort tubercule dorsal du segment médian (fig. 1 et 2), la paire de saillies plus fortes situées au bout distal des coxæ 1 (fig. 1), les palpes plus longs avGc lour arti- cIg basal plus allon¬ gé ; Tabdomon, moins rolové, n’Gst pas tronqué on arriéra (fig. 1 Gt2) ; la trompa, légèramant jaunâtra, Gst un pGu rétrécia dans son tiars anté- riaur. Las ovigèras ont 8 articlas au liau da6 (fig. 4), at laurs articlas tarminaux (fig. 5) sont assGz différants da eaux qu’a figurés Dohrn. — Marseille : un adulta at un jauna, ca darniar présanta ancora das pinças au bout das chélicèras qui dépassant nota- blamant la trompa ; dans cat axamplaira, la tronc est plus condensé que chez Tadulte, et le tubercule dorsal du deuxième segment du tronc plus sail¬ lant. Les ovigèras de fadulte ont 9 articlas, par suite de la segmentation de Tarticle terminal (fig. 6). Les deux exem¬ plaires sont jaunâtres, avec articulations segmentaires brunes. Cette espèce est commune dans la région de Naples et en Sardaigne, d’après Dohrn ; à ma connaissance, on ne l’avait pas signalée ailleurs. Fig. 1 à 6. 124 E.-L. BOUVIER Ordre des Pyonog-onomorpha. Pycnogoniim littorale Strôm. — Vvimereiix: une cinquan¬ taine d'exemplaires des deux sexes, dont 4 et 4 Ç capturés dans le Boulonnais, et 37 probablement pris dans la même région, à Wimereux. — Liic-sur-Mer : 1 exemplaire. — Saint- Vaast-la-Hougiie : 5 exemplaires, dont 1 Ç prise au Cavat. 1 capturé au large de Barfleur par 35 mètres et 1 ? prise sous les pierres aux îles Saint-Marcouf. — - Marseille : 2 ^ ovifères et 2 $ (Hovasse). Les exemplaires sont tout à fait typiques ; ils présentent un vif intérêt parce que le Pycno- gonum littorale était jusqu'ici inconnu dans la région méditer¬ ranéenne. Si l'on considère les principaux résultats des observations qui précèdent, on voit : Que le Nymphon hreairostris, inconnu au sud de Plymouth, s'étend au sud, jusque dans le Morbihan ; — que le Nymphon gracile, connu jusque dans les eaux d'Arcachon, atteint au sud Mogador et se retrouve à Marseille ; — que V Anoplo- dactylus virescens de la Manche est représenté à Cette par une forme identique ou très voisine ; — que V Anoplodacty lus exiguum^ qu'on croyait propre à la Méditerranée, se répand au nord dans la région bretonne du- Morbihan ; — que VAno- plodactylus angulatus, connu seulement à Naples, se retrouve à Cetté ; — que le Trygæus communis de Naples et de la Sar¬ daigne est représenté à Marseille et à Cette ; — enfin, que le Pycnogonum littorale, inconnu au sud du golfe de Gascogne,, est aussi une espèce méditerranéenne. Ces résultats encourageants montrent qu'on peut attendre beaucoup encore des études relatives aux Pycnogonides. de nos côtes. ÉTUDES SUR LES “LÂÏHYROPHTHALMUS ( Diptera, Sijrplddœ ) D’EXTRÊME-ORIENT Par J. HERVÉ-BAZIN Le genre Lathyrophthalmus a été fondé par Mik, en 1897, en même temps qne le genre Eristalodes : le premier, pour les Eristalis {sensu lato) ayant les yeux miarqués de petites taches sombres, avec pour type E. æneiis Scop.; le second, pour celles ayant Jes yeux marqués de bandes verticales sombres, avec pour type E. tæniops Wied. Ces deux genres ont été très discutés, et tout au plus acceptés, sauf par quelques auteurs, comme sous-genres. Il me semble, cependant, vu bextrême difficulté de créer de bonnes coupes génériques dans bénorme et incohérente masse des Eristalis^ que ces deux genres sont à retenir,' et même précieux pour une bonne classi¬ fication de ce groupe nombreux et difficile. Il faut seulement chercher à préciser les caractères donnés par Mik, et qui ne s'appliquent parfaitement qu'aux espèces européennes, les seules que cet auteur avait en vue en créant ses deux genres. Or, tout au contraire, la grande majorité des auteurs n'a retenu comme caractère essentiel du genre Lathyrophthalmus que les macules oculaires. Il en résulte qu'on y a rangé, pêle- mêle, un grand nombre d'espèces sans affinités suffisantes entre elles. J'ai commis moi -même cette erreur à propos de Syrphides africains. D'après le texte même de Mik, le genre créé par lui ne s'applique qu'aux Eristalis^ sensu lato^ ayant à la fois : ANN. DES SC. NAT. ZOOL. , 10® série, VI. 126 J. HERVÉ-BAZIN les yeux marqués de petites taches arrondies ; 2^ la soie antennaire nue (ou très faiblement pubescente) ; 3^ le dessus du thorax orné de cinq lignes longitudinales claires, au moins dans un des sexes. Il semble ne considérer ce troisième carac¬ tère que comme un caractère secondaire, les deux premiers seuls étant essentiels : je crois, au contraire, qu'il faut insister également sur ce troisième point et ne ranger parmi les vrais Lathyrophthalmus que les espèces offrant sur le thorax, au moins dans Tun des sexes, des lignes longitudinales de prui- nosité claire. Ces lignes sont habituellement au nombre de cinq ; mais la médiane disparaît assez fréquemment, puis aussi parfois les intermédiaires, ou même, mais très rarement, les latérales. La trace au moins de celles-ci demeure, je crois, toujours, m.ême chez les mâles, pourvu qu'ils soient à peu près en bon état, sous- la forme d'une tache plus ou moins carrée de pruinosité blanche ou jaunâtre aux angles antérieurs du )3orselet ; le plus souvent, cette tache est suivie, après la suture, d'une ligne arquée légèrement en S et bien rarement indiscernable. Les insectes ne présentant pas ces lignes, ou ces traces de lignes, et surtout présentant des dessins différents (notam¬ ment des dessins transversaux), devront être classés dans d'autres genres. En revanche, je ne crois pas qu'il y ait lieu de tenir compte de la pubescence des yeux, caractère émi¬ nemment fugace et décevant. Je ne crois pas non plus qu'il y ait lieu de former un genre à part pour les espèces ayant les yeux séparés chez le mâle : ces espèces seront classées dans le groupe Eristalinus Rondani, lequel ne peut être considéré que comme un sous-genre, puisqu'il n'est fondé que sur un caractère purement sexuel. Il sera limité aux Lathyrophthalmus tels qu'ils sont définis ci-dessus : je ne connais à y inscrire, jusqu'ici, que le type donné par Rondani aux Eristalinus, E. sepiilchralis L. (Le choix de ce type autorise cette restric¬ tion, et non les termes de la définition du genre par l'auteur, qui pourraient s'appliquer à toutes les Eristalis, sensu lato, ayant les yeux séparés chez le mâle). D'ailleurs, les espèces de Lathyrophthalmus provenant d'Extrême-Orient que j'étudie ici, et que je limite exclusi- LES « LATHYROPHTHALMUS )) 127 vement à TAsie continentale et an Japon, en laissant de côté celles provenant de Tarchipel malais, se classent sans diÜi- cultés dans le genre créé par Mik, avec tons ses caractères, tels qne je les comprends. Cependant il est aisé d'y recon¬ naître des groupes bien distincts. Le premier de ces gronpes est constitné par le sons-genre Eristalinus^ avec ponr type et nniqne représentant sepul- ckralis L. Un second gronpe pent être formé avec quatre espèces, dont le type est L. æneiis Scop. La forme générale est pins allongée et pins étroite, et les lignes longitndinales dn thorax sont pins faibles et pins blanchâtres qne dans les deux gronpes snivants. Ces lignes manqnent même à peu près complète¬ ment chez L. liigens Wied., dans les deux sexes, ainsi que chez L. ociilariiis Coq. q . Elles sont très faibles ou nulles chez L. æneus^ dn moins chez les exemplaires européens, car les individus méridionaux et orientaux les présentent d'ordi naire bien marquées, surtout les femelles (variété taphicus Wied.). Elles sont très accusées dans la quatrième espèce, L. quinquelineatus F., qui, par ce caractère et aussi par la coloration partiellement rougeâtre de l'abdomen, ainsi que par son habitat, est intermédiaire entre ce groupe et les deux suivants. Enfin ces quatre espèces appartiennent à la zone paléarctique : seule, quinquelineatus se rencontre aussi dans la zone tropicale, africaine et orientale. Un troisième groupe a pour type L. qiiinquestriatus F. et comprend une série d'espèces très voisines : L. obscuri- tarsis Meij., L. nigroscutatus Meij., L, tristriatus Meij. Ces espèces ont une forme plus large et plus courte que les pré¬ cédentes ; les lignes claires du thorax sont toujours très mar¬ quées, mais très minces (surtout la médiane, qui manque. k même fréquemment), et plus ou moins jaunâtres. Les inter¬ valles noirs du thorax sont entièrement luisants. L'abdomen est toujours largement rougeâtre. Tout le groupe appartient exclusivement à la faune orientale tropicale : seul, le commun L. quinquestriatus remonte jusqu'à Shanghaï. Un quatrième groupe diffère du précédent par les inter¬ valles sombres du thorax bordés de mat., et luisants seulement 128 J. HERVÉ-BAZIN •ail milieu, et parfois sur un faible espace. Le type en est L. arçorum F., très commune dans tout TExtrême-Orient tropical : comme quinquestriatus^ on la rencontre aussi vers le Nord jusqu'à Shanghaï, en été. Les autres espèces du groupe sont exclusivement tropicales. La forme est allongée chez L. arvorum et chez L. ferrugineus Meij., plus courte chez ohliquiis Wied. et connectens Hervé-Bazin., Gomme dans le groupe précédent, l'abdomen est toujours en grande partie rougeâtre. Un cinquième groupe enfin est constitué par L. nitidus V. d. Wulp, qui diffère de toutes les espèces précédentes par sa coloration d'un beau noir bleuâtre métallique. J'ai cru qu'il était utile de représenter par des figures aussi exactes que possible, et aisément comparables entre elles, toutes les espèces que j'ai sous les yeux, et même, quand ils sont notablement différents, les deux sexes de chaque espèce. Assurément les dessins qui suivent sont loin d'être parfaits ; de plus, je n'ai pu les faire qu'en noir, les planches en couleurs atteignant aujourd'hui des prix absolument prohibitifs. Toutefois ils suffiront, je l'espère, pour donner une idée plus précise du faciès au moins des types figurés, et pour éviter dès lors bien des erreurs qui peuvent résulter des simples descriptions, d'ailleurs souvent incomplètes et parfois inexactes. Ainsi, par exemple, on ne pourra plus confondre L. quin- questriat/us F. et L. qiiinqiielineatus F., comme le font encore les catalogues. Un simple coup d'œil sur les dessins suivants suffira pour les distinguer l'un de l'autre. Le présent travail est basé en majeure partie sur le matériel du Muséum, de Paris, ainsi que sur celui que j'ai recueilli moi-même ou que j'ai fait recueillir pendant mon séjour en Extrême-Orient (1917-1920) : j'ai pu, pour certaines espèces, réunir un très grand nombre d'individus, ce qui m'â permis de mieux préciser leurs caractères essentiels. On peut classer comme suit les espèces de Lathyrophthodmus que je connais de la zone orientale : 1. Yeux contigus chez le . 2 Yeux séparés chez le : LES « LATHYROPHTHALMUS )) 129 (Sous-genre Eristaliniis Rondo ni) . 1. Eristaliniis sepiilchralis L. 2. Coloration générale d\m noir bleuâtre métallique avec des lignes d'un noir mat sur le dessus de l'abdomen (groupe nitidas) . 13. nitidus v. d. Wulp. Coloration noire ou rougeâtre . . . 3 3. Forme allongée ; coloration générale noire (sauf qiiinque- lineaius, dont l’abdomen est partiellement rougeâtre) à dessins et lignes blanchâtres, parfois peu distinctes, parfois très marquées (gr. æneus) . 4 Forme ordinairement plus large et plus courte ; coloration noire et rougeâtre, ou entièrement rougeâtre ; lignes du thorax toujours très nettes, plus ou moins jaunâtres. . . 7 4. Base de l'abdomen largement rougeâtre ((J), ou du moins à taches latérales rougeâtres ( Ç) ; lignes thoracales bien nettes dans les deux sexes . 5. quinquelineatiis F. Abdomen sans taches rougeâtres . 5 5. Coloration entièrement noire à reflets vert métallique ; triangle vertical du ^ très allongé ; lignes thoracales du nulles ou faibles, celles de la Ç toujours nettes (en Extrême-Orient) . 2. æneus Scop. Coloration générale d'un noir très luisant . . . 6 6. Triangle vertical du (J assez long ; dans les deux sexes ^ thorax sans lignes longitudinales médianes, et abdomen à lunules blanches . 4. iagensWieà. Triangle vertical du (j< très court ; thorax et abdomen du (J sans lignes ni taches claires médianes ; thorax de la Ç à cinq lignes blanches, abdomen à lunules blanches . 3. ocularius Coquillet. 7. Thorax entièrement luisant à l'exception des lignes longi¬ tudinales claires (gr. quinquestriatiis) . 8 Intervalles sombres du thorax luisants au milieu, mais mats sur les côtés, ainsi qu'en avant et en arrière (gr. areo- rum) . iO 8. Écusson roux ou brun clair, à reflets légèrement métal¬ liques . 6. quinquestriatus F. (L. ohscuritarsis Meijere, que je ne connais pas, en diffère notamment par les pattes beaucoup plus noires). VI, 0 ANN. DES SG. NAT. ZOOL., 10® série. 130 J. HERVÉ-BAZIN Écusson noir ou brun foncé, à reflets d\m bleu d'acier métallique . 9 9. Mâle : thorax à 5 lignes jaunâtres, la médiane parfois très faible, mais toujours distincte ; femelle : thorax à quatre lignes, la médiane ordinairement nulle, à peine visible exceptionnellement en avant et en arrière, taches latérales des segments abdominaux en forme de demi- lunes . 7. nigroscutatus Meij. Thorax à quatre lignes claires seulement, laissant trois intervalles noirs, la ligne médiane toujours nulle dans les deux sexes. Femelle : taches abdominales presque carrées . 8. tristriatus Meij. 10. Coloration entièrement ferrugineuse, y compris les pattes et l'abdomen (les intervalles sombres du thorax brun clair) . 10. ferrugineus Meij. Coloration noire et rougeâtre . 11 11. Abdomen entièrement rougeâtre, plus ou moins rembruni en arrière, sans taches ni bandes claires (sauf deux petites taches blanches au quatrième segment du (J). 12. connectens nov. sp. Abdomen varié de rougeâtre et de brun, à taches ou bandes claires . 12 12. Taille grande (11 millimètres) ; foi’me allongée ; abdomen à bandes transversales claires . 9. arvorum F. Taille plus faible (9 millimètres) ; forme plus ramassée ; abdomen à taches claires isolées. 11. ohliquus Wied. 1. — L. (s. g. Erîstalinus) sepiilchralîs L. (fig. 1, 2). Espèce très commune dans toute la zone paléarctique : Europe entière. Nord de l'Afrique, du Maroc à l'Égypte, et en Asie : Syrie, Perse, Thibet (Yarkand) et Chine. Je l'ai prise en très grande quantité à Shanghaï et dans diverses localités de la vallée du Yang-Tse-Kiang : Zikawei, Ousi, Tchen- Kiang, Nankin, Kuling, etc. Elle y est partout très commune, ainsi que M. Brunetti l'avait déjà signalé de Shanghaï et de Han-Kéou. Je ne la connais pas du Japon, et on ne l'a pas rencontrée en Amérique du Nord, ce qui est assez surprenant: LES « LATHYROPHTHALMUS )) 131 respèce y sera sans doute introduite quelque jour, comme E. tenax et tant d'autres. Elle est facile à reconnaître, chez le par les yeux séparés; Fig. 2. — L. (s. -g. Eristalinus) sepulchralis L. Ç. taches d'un noir mat à la base des segments. Les deux sexes sont très différents d'aspect à première vue. Le (J est plus petit et plus étroit, avec les cinq lignes du corselet faibles, Fig. 1. — L. (s. -g. Eristalinus) sepulchralis L. . Entom., LIV, 339, 1911 (Java), et LX, 314, 1918 (récapit.). 11. — L. obliquas Wiedemann (fig. 23). Déjà connu précédemment de l'Inde, Java et de la Nou¬ velle-Guinée : la collection du Muséum possède une $ de' Java, Soekaboemie, L. Cordier, 12 mai 1908, croisière du_ Nirçâna (C/®® de Béarn). M. de Meijere a précisé les caractères du (J et décrit la ^ de cette espèce, mal connue avant lui. Le dessin presque en 148 J. HERVÉ-BAZIN losanges des taches de l’abdomen la rapproche de toute une série d’espèces malaises et australiennes, du type siiaHssimus Walker. Fig. 23. — L. obliquus Wied. Ç. Bibliographie. — Kertész, Cat. Dipter., VII, 227, 1907. — De Meijere, Tijd. ç. Entom., LI, 249, 1908 (Nouvelle-Guinée et Java), et LX, 313, 1918 {récap. ). — Brunetti, Rec. Ind. Mus., XI, 228, 1915 (simple mention). 12. — L. eoniiectens n. sp. (J et Ç (fig. 24). Type : un individu pris par moi à Saigon le 24 février 1917 (ma collection). Type $ : un individu de Java, Maindron 1895 (Collection du Muséum de Paris). Cotypes : deux autres q de Java, Batavia, P. Serre, 1906 î(Coll. du Muséum) et un (J de Trichinopoly, Inde méridio¬ nale (ma collection). Espèce intermédiaire entre obliquus et ferriigineus. Le thorax est noir luisant, à cinq bandes de pruinosité jaunâtres, bor¬ dées de noir mat, comme chez obliquus. L’abdomen est entiè¬ rement rougeâtre, comme chez ferriigineus (sauf des parties plus ou moins rembrunies et deux petites taches de prui- LES (( LATHYROPHTHALMUS )) 149 nosité claire sur le quatrième segment abdominal du q). La forme est celle d'odliçiius, comme aussi celle de quinque- striatiis, nigroscutatus^ c'est-à-dire assez courte, large et ramas¬ sée. La taille est également la meme. Mâle : tête identique à celle des autres espèces du groupe^ arçorum^ ferrugùieus^ etc. : ' roussâtre, à pruinosité rousse, excepté la lunule et le sommet du tubercule facial, qui sont nus et luisants ; poils de la face roux, ceux du front' mêlés Fig. 24. — L. connectens Hervé-Bazin <^. de quelques poils bruns. Yeux grands, brun clair (sur l'indi¬ vidu sec), semés de petites taches noires, longuement con¬ tigus, velus de roux dans la partie supérieure : les facettes de cette région beaucoup plus grosses que les autres. Triangle vertical court, tubercule antennaire proéminent, rembruni, à poils bruns ; ocelles rapprochés et gros. Occiput gris, à poils blanchâtres dans la partie inférieure. Antennes rousses, troisième article très légèrement rembruni en dessus, soie rousse, nue, longue. Thorax noir. Le dessous et les côtés glacés de gris, à pubes¬ cence rousse. Le dessus orné de cinq larges lignes longitudi¬ nales de pruinosité jaunâtre, bordées de noir mat, ne laissant voir que quatre bandes noires, qui n'atteignent pas le bord J. HERVÉ-BAZIN 150, postérieur : les deux latérales très luisantes en arrière de la suture, presque mates en avant de celle-ci, les deux internes très luisantes au milieu, mates en avant, et mates également en arrière, où elles virent plus ou moins au brun, parfois au rougeâtre (cas fréquent chez les insectes de ce groupe, notam- m.ent chez arvorum). Pubescence assez longue et dense, dressée, rousse. Les lignes jaunâtres latérales sont très larges, les intermédiaires à peu près égales en largeur aux intervalles noirs ; la médiane plus étroite, à peine égale à la moitié de ces intervalles : elle est sensiblement de même largeur dans toute sa longueur, à la différence d’arvorum^ chez qui elle est très nettement renflée en fuseau. Écusson roux brunâtre, luisant, translucide ; pubescence rousse, quelques poils bruns au milieu. Abdomen roux à pubescence rousse. Premier segment légèrement glacé de gris. Deuxième segment rembruni sur les côtés et en arrière, de façon vague et très variable selon les individus ; pubescence rousse, quelques poils brun noir sur les côtés ; ceux-ci faiblement luisants ; le bord postérieur luisant dans la partie médiane. Troisième segment plus ou moins rembruni, étroitement luisant ,sur le bord postérieur et largement luisant sur les côtés. Quatrième segment brun, très largement luisant tout autour, sauf en avant, et orné de deux petites taches ovales de pruinosité blanc jaunâtre. Hypopyge brun. Pattes brunes à pubescence roussâtre mêlée de poils bruns sur les parties plus sombres. Caiisses plus foncées, presque noi¬ râtres sur le type, parfois d'un brun très clair ; les extrémités toujours très pâles. Tibias très clairs, les antérieurs plus ou moins rembrunis dans le tiers apical, les postérieurs d'un brun plus foncé, sauf la base et un anneau médian plus pâles. Tous les tarses roussâtres. Ailes hyalines, nervation normale, nervures rousses. Stigma jaune roussâtre, marqué de deux points bruns, faibles. Cuil- lerons grands, roux brunâtre, franges rousses. Balanciers jaunâtres. Femelle : front étroit, presque parallèle, à pruinosité rousse et à pubescence brune. Vertex brun subluisant, à LES (( LATHYROPHTHALMUS )) 151 poils bruns. Segments abdominaux 2-3-4 entièrement roux, rembrunis au bord postérieur. Celui-ci et les côtés étroitement luisants. Cinquième segment roux en avant, brun en arrière, largement luisant au bord postérieur. Sur le type Ç, les pattes sont presque entièrement rou¬ geâtres, et les yeux sont mal conservés, en sorte que les macules noires sont à peu près indistinctes (cas assez fré¬ quent, déjà signalé ci-dessus à propos de L. sepulchralisy qiiinqiielineatus^ etc.). Taille : 9 à 10 millimètres. Je crois utile de donner ici les caractéristiques des quatre espèces du groupe arçorum : 1. arvoriim F. Taille grande (environ 11 millimètres), forme allongée ; lignes claires du thorax jaunâtres, les intermédiaires au moins aussi larges que les intervalles noirs, la médiane presque aussi large au milieu, mais régulièrement amincie en fuseau aux deux extrémités ; le quatrième segment du marqué d\me bande de pruinosité blanche, arquée, étroite¬ ment interrompue au milieu. 2. ferrugineus de Meijere. Forme allongée comme arçorum, taille un peu inférieure ; coloration entièrement ferrugineuse, intervalles sombres du thorax bruns, guère plus foncés que les lignes de pruinosité claire; celles-ci jaunâtres, larges, la médiane assez large en avant jusque vers le milieu, mince en arrière; 4® segment du cf sans bande ni tache pruineuse. 3. obliquus Wiedemann. Taille plus faible (environ 9 milli¬ mètres), forme plus ramassée ; lignes du thorax plus blan¬ châtres, les deux intermédiaires à peine de la largeur des intervalles noirs, la médiane non élargie au milieu, étroite : environ un tiers des intervalles noirs ; segments abdominaux 3-4 à taches en forme d'ovales ou de losanges, bien nettement séparées Tune de l'autre et ne formant pas de bandes, dans les deux sexes. 4. connectens Hervé-Bazin. Taille et forme à' obliquus ; thorax noir à cinq lignes semblables à celles à'obliquus, mais plus jaunâtres ; abdomen entièrement rougeâtre, plus ou moins rembruni en arrière, deux petites taches claires au quatrième segment du (J. 152 J. HERVÉ-BAZIN 13. — L. nitidus Van der Wulp (fîg. 25). Je connais de cette espèce une Ç de Haï-Phong, que j'ai figurée ici, et une $ de Bornéo, Chaper, 1891 (Collection du Muséum de Paris). Ce dernier exemplaire présente une tache semi-circulaire brune de chaque côté de la base du second segment abdominal, variété déjà signalée par de Meijere (Tijd. ç. Entom.^ LIV, 337, 1911). La $ seule a été décrite par Wulp; le ^ Ta été par de Meijere. L'espèce n'était connue jusqu'ici que de Java et de Sumatra. Elle est facile à reconnaître à sa belle coloration noir bleuâtre métallique très luisante, avec sur le thorax cinq lignes blanchâtres étroites, finement bordées de noir mat, et sur chacun des segments 2-4 de l'abdomen une bande noire veloutée, arquée, et terminée en avant en pointe arrondi e.- Bibliographie. — Kertész, Cat. Dipter., VII, 227, 1907. — De Meijere,. Tijd.v. Entom., LI, 256, 1908, LIV, 336, 1911 et LX, 313, 1918. — Brunetti, Rec. ind. Mus., XI, 230, 1915 {nitidulus , lapsus). LA PÜNÏE ET LTNGUBATIÜN CHEZ LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES Par CH. GRAVIER INTRODUCTION Chez les Annélides Polychètes, les sexes sont généralement séparés. A Tépoque de la maturité, il est parfois possible de distinguer les mâles des femelles à la couleur des produits sexuels qui transparaît à travers le tégument. Les éléments mâles sont, le plus souvent, de teinte pâle ; les éléments- femelles offrent des colorations diverses : violette chez le Kefersteinia cirrata (Keferstein), rouge chez le Pomatoceros triqueter (L.), verte chez le Phyllodoce mucosa Œrsted (1) et chez beaucoup d'autres espèces. On ne possède jusqu'ici qu"un nombre restreint d'observa¬ tions précises relatives à la ponte chez les Annélides Poly- chètes, dont les espèces si nombreuses sont réparties dans toutes les mers du globe. Ce n'est que par un concours de circonstances exceptionnelles qu'on a pu assister, chez quel¬ ques-uns de ces Vers, à l'évacuation des oeufs. Toutefois, on sait rapporter avec certitude à des espèces déterminées certaines pontes de Polychètes connues des naturalistes. Il est fort probable que beaucoup de femelles de Poly¬ chètes déposent simplement et abandonnent ensuite leurs œufs isolés, ou plus ou moins partiellement agglomérés, (1) Suivant un usage assez généralement adopté, l’article masculin est le seul employé ici devant les noms scientifiques d’animaux ou de plantes en latin, quel que soit le genre de ceux-ci, ANN. DES SG. NAT. ZOOL., d0« série, VI 154 CH. GRAVIER évacués par centaines et par milliers sur le fond de la mer ou sous les pierres dans la région où elles vivent, et que les mâles des espèces correspondantes émettent leurs cellules fécondatrices dans le voisinage immédiat des pontes. Il en est de même pour les espèces constamment pélagiques et pour celles qui le deviennent temporairement à Tépoque de la matu¬ rité sexuelle. Une proportion plus ou moins considérable des oeufs pondus dans ces conditions n'est pas fécondée et ne se développe pas. La fécondation semble ainsi être livrée absolu¬ ment au hasard. En réalité, la part du hasard, dans bien des cas, est moins grande qu'on ne l'imaginerait a priori^ ainsi qu'on le verra plus loin. Les œufs ainsi abandonnés par leurs progéniteurs se développent isolément, sans protection d'aucune sorte, même dans les premiers stades. Il est, en revanche, toute une catégorie, d'ailleurs fort hétérogène, de Polychètes dont les œufs, le plus généralement agglomérés en une ponte de caractères bien définis et reconnaissable par conséquent, sont fréquemment incubés de façons très variées par leurs parents. Occupons-nous successivement de ces deux groupes. I. — ANiXÉLIDES QUI DÉPOSENT LEURS CffiüFS ISOLÉMENT DANS LE MILIEU OU ILS VIVENT. Dans ce premier groupe sont comprises deux familles, dont les phénomènes de reproduction, qui ont donné lieu à de nombreuses recherches, sont d'un haut intérêt au point de vue de la biologie générale : ce sont les Néréidiens et les Euniciens. A. — La ponte chez les Néréidiens. Phénomènes Pépigamie. — Les Néréidiens sont des ani¬ maux essentiellement côtiers, qui vivent, à de rares excep¬ tions près, à de faibles profondeurs dans la mer ; à marée basse, dans la Manche et l'Atlantique, on les trouve générale¬ ment dans le sable boueux, dans les fissures des rochers, sur les Algues, à l'intérieur des canaux des Éponges, etc. Grâce PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÈTES 155 à leurs puissantes mâchoires et à leur agilité, ils sont redou¬ tables pour un grand nombre d'animaux d'une taille égale ou inférieure à la leur. Ils sont ma¬ rins, à part quelques-uns qui s'accommodent de l'eau saumâ- Eig. 1. — Perinereis Seurati Gravier, à l’état asexué. Partie antérieure du corps. La trom¬ pe est extroversée. (D’après Ch. Gravier, ^ 1905.) — a., antenne; />, palpe ;c. ï.,cirres ten¬ taculaires ; pr., prostomium (tête) ; pre- -mier segment du corps, sans parapodes. Fig. 4, — • Farapode du 10® segment sétigère de la même forme hétéronéréidienne du golfe de Californie; ce parapodede la partie antérieure du corps n’a subi aucune transfor¬ mation épigame. (D’après Ch. Gravier, 1901.) Fig. 2. — ■ Partie antérieure du corps d’une forme hétéronéréidienne vi¬ vant dans le golfe de Californie. (D’après Ch. Gravier, 1901.) Fig. 3. — - Face ventrale de la partie antérieure du corps de la même forme hétéronéréidienne. Les yeux antérieurs s’étendent largement sur la face ventrale. Les palpes sont très réduits. (D’après Ch. Gravier, 1901.) tre ou même de l'eau com¬ plètement douce. Un cer¬ tain nombre d'entre eux peuvent se reproduire en conservant la forme qu'ils ont à l'état asexué ; mais la plupart des espèces subis¬ sent à l'époque de la matu¬ rité sexuelle une métamorphose profonde, la fois externe 156 CH. GRAVIER et interne, qui les transforme en heteronereis, qu'on a décrits autrefois comme des espèces distinctes (fîg. 1-7). Les yeux deviennent très volumineux et s'étendent parfois jusque sur la face ventrale ; les palpes se réduisent généralement (fîg. 2 et 3);, la tête (prostornium) devient méconnaissable. Le corps paraît formé de deux parties bien distinctes, une partie antérieure plus ou moins réduite où les organes locomoteurs (parapodes) Fig. 5. — Parapode transformé de la région postérieure du corps (38® segment sétî- gère) de la même forme hétéronéréidienne du golfe de Californie. (D’après Ch. Gra* vier, 1901.) ont conservé la physionomie qu'ils ont chez l'individu asexué (fîg. 4) et une partie postérieure bourrée de produits géni¬ taux, dans laquelle les parapodes sont munis de grands lobes foliacés (fig. 5) richement vascularisés et de soies natatoires spéciales ressemblant à des rames ou à des palettes (fig. 6), d'où le nom à! heteronereis donné à cette forme sexuée, qui devient généralement pélagique. La partie postérieure du corps (pygydium) est parfois modifiée aussi (fig. 7). On donne à ce phénomène le nom d'épigamie ou d'épitoquie (1). Les éléments reproducteurs peuvent d'ailleurs pénétrer jusque (1) De irt, sur ; yap-oç, ou, mariage ; xo/oç, ou, enfantement. PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÈTES 157 dans les segments les plus antérieurs. Il y a même un dimor¬ phisme sexuel, qui est, du reste, peu apparent : le mâle a des cirres dorsaux variqueux qu'on n'observe pas chez la femelle; la* partie postérieure (pygidium) est sou¬ vent dissemblable dans les deux sexes d'une même espèce. Fréquemment, comme l'a indiqué P. Fauvel (1916), le pygidium du mâle est entouré de nombreuses papilles dis¬ posées en rosette, et il porte deux longs cir¬ res anaux. En même temps que se constituent les éléments sexuels, il s'accomplit des modi¬ fications importantes de structure dans les segments de la partie épigame. Le tube digestif diminue de calibre devant l'ac¬ croissement de volume des cellules repro¬ ductrices ; il se réduit graduellement au point de disparaître souvent presque entiè¬ rement. Il se passe alors des phénomènes d'histolyse accompagnés de phénomènes d'histogenèse ; ces transformations n'ont pas été étudiées jusqu'ici d'une manière aussi ap¬ profondie que dans le développement des Insectes. A. Dehorne (1922) a observé, chez divers Néréidiens à l'état de maturité sexuelle, que des leucocytes hyalins du cœlome semblent se comporter comme des phagocytes très actifs; à leur intérieur, on voit un ou plusieurs faisceaux de fibrilles plus ou moins com¬ plètement dissociées, mais cependant aisées à reconnaître. A. Dehorne croit, sans l'affirmer, qu'il s'agit ici de fibres circulaires de la muscu¬ lature intestinale. Mais le phénomène de l'histolyse atteint aussi la musculature lon- peut-être même la couche sous-cutanée de fibres circulaires. Tous ceux qui ont disséqué des Hetero- nereis de diverses espèces — surtout des femelles — ont pu remarquer, chez certains individus tout au moins, que Fig. 6. — Soie en palette natatoire de la même forme hétéronéréidienne du golfe de Cali¬ fornie . (D’après Ch. Gravier,! 901.) Fig. 7. — Extrémité postérieure (pygi¬ dium) de la forme hétéronéréidienne du golfe de Cali¬ fornie. (D’après Ch. Gravier, 1901.) gitudinale et I 158 CH. GRAVIER la musculature générale de la paroi du corps est fort réduite^ • D'un autre côté, H. Charrier (1921) s'est attaché à l'étude ] des deux formes sexuées du Nereis jucata Savigny, qui se ; tient généralement au fond de la coquille — où ne vit plus ' le Mollusque, — occupée par un Pagure ou Bernard-l'Ermite. Sur les bords de la coquille vient souvent se fixer une Actinie, ; VAdamsia Rondeletii Belle Chiaje (Ces associations singu- ' hères de Crustacés, Annélides et Actinies, ont été fort bien étudiées par L. Faurot). A côté des phénomènes d'histolyse ; dont les effets ont été constatés depuis longtemps et qui abou- : tissent à l'atrophie de certaines parties, Charrier a observé des néoformations dans le tissu musculaire. Ces néoformations $ sont constituées par de très petits éléments avec des lamelles J contractiles plus ou moins normales au plan de symétrie de J la fibre et aussi par des fibres à mince écorce myoplasmique, tapissées intérieurement de sarcoplasme et devenant tubu- ^ laires à leurs extrémités. Ce dernier type de fibres est assez J rare chez les Polychètes ; il a été cependant remarqué par 1 Lota Ruderman (1911) chez YEphesia gracüis Rathke. La .1 transformation épigame s'accompagne d'un renforcement de i la musculature du parapode, ce qui paraît être en rapport avec le changement qui s'opère dans la vie de l'animal. De • rampant, celui-ci devient pélagique, et tous ceux qui ont vu nager des formes hétéronéréidiennes, — surtout des mâles, — conservées dans un récipient, ont été frappés de la rapidité de l'allure de ces êtres qui tournent sans cesse en se mainte¬ nant au voisinage de la surface et de la paroi du vase qui les ^ contient. Les parapodes jouent un rôle important dans les mouvements natatoires. Il se passe donc, chez les Néréidiens, à l'époque de la matu¬ rité sexuelle, quelque chose de comparable, dans une certaine mesure, à ce qui a lieu chez les Insectes à l'époque de la métamorphose. Chez ces Articulés, certains muscles dispa¬ raissent ; il se fait, en revanche, des muscles nouveaux qui ne correspondent pas à ceux de la larve. De même, chez les heteronereis, l'histolyse s'accompagne d'histogenèse : il y a un véritable remaniement de la musculature générale, surtout de celle des parapodes. La gainemusculo-cutanée s'amincit sur POINTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÈTES 159 les côtés de chaque segment génital, plus chez la femelle que chez le mâle. Les régions latérales deviennent des lieux de moindre résistance où se produisent vraisemblablement les déchirures par lesquelles s'échappent les éléments repro¬ ducteurs au terme de la maturité sexuelle. Transformés en heteronereis^ les Néréidiens, en général, quittent le fond de la mer sur lequel ils vivent et gagnent les couches superficielles ; de rampants qu'ils sont à l'état imma¬ ture, ils deviennent nageurs à la surface des eaux marines : on dit qu'ils sont devenus pélagiques. C'est alors qu'a lieu la fécondation ; les circonstances curieuses qui accompagnent ce phénomène chez le Nereis limbata{^]A&c^) (l)ont été obser¬ vées par Fr. R. Lillie et E. E. Just, à Woods Hole (Massachu¬ setts). Observations et expériences de Fr. R. Lillie et E. E. J ust. A des époques déterminées et qui seront définies plus loin, au crépuscule, on voit apparaître à la surface de la mer d'abord quelques mâles, — reconnaissables à la couleur rouge intense de la partie antérieure de leur corps et à la teinte pâle de la partie postérieure bourrée de spermatozoïdes, — qui se meuvent très rapidement, comme des .flèches, en suivant des pistes courbes, intérieurement et extérieurement au cercle éclairé par la lanterne des observateurs. Puis se montrent les femelles, de taille plus considérable, plus lourdes et d'allure moins vive que les mâles. Le nombre des individus des deux sexes s'accroît pendant un quart d'heure environ ; il peut s'élever à plusieurs centaines pour les mâles ; celui des femelles est, d'ordinaire, beaucoup moindre. A Woods Hole, on en voit rarement plus de dix à douze à la fois; cela tient peut-être, en partie du moins, à ce que leur déplacement, plus lent que celui des mâles, les expose davantage à être capturées par t (1) D’après les recherches de P. Fauvel (1919), que je suis heureux de remercier ici très vivement pour les indications bibliographiques qu’il a bien voulu me donner, Nereis limbata Ehlers est à identifier aux espèces suivantes : Nereis lamellosa Ehlers, Nereis glandulosa Ehlers, Neanthes Perrieri Saint- Joseph (d’après Horst) et Nereis succinea Leuckart. C’est ce dernier nom qui a la priorité et qui seul doit être conservé. I 1 160 CH. GRAVIER certains Poissons qui les recherchent avidement. Il est pos¬ sible aussi que les mâles, qui deviennent luminescents à des époques irrégulières, puissent venir plusieurs jours de suite à la surface. Dans les nuits favorables, on peut voir une cin¬ quantaine de femelles dans les couches superficielles ; excep¬ tionnellement, elles fourmillent ; ainsi, une fois, les deux natu¬ ralistes américains purent en capturer le volume d'un litre •en dix minutes avec un petit filet à main. Au bout de trois quarts d'heure environ, les individus deviennent plus rares à la surface, et ils disparaissent complètement au bout d'une heure à une heure et demie. Dès qu'une femelle apparaît, elle est entourée presque immé¬ diatement par plusieurs mâles qui nagent rapidement autour d'elle en cercles étroits, comme ils le font dans les récipients où on les conserve dans les laboratoires maritimes. Peu de temps après, les mâles évacuent généralement leur sperme, ce qui rend l'eau laiteuse, et^la femelle ne tarde pas à pondre en se contractant violemment. Quand son corps, tout dis¬ tendu au début par les ovules, s'est vidé, il se réduit fortement; ce n'est plus qu'une loque qui tombe au fond de l'eau où il ne tarde pas à mourir, vraisemblablement ; Fr. R. Lillie et E. E. Just n'ont jamais réussi à conserver vivante, au delà ' de quelques jours, une femelle après la ponte. Les deux zoologistes américains ont cherché à élucider le mécanisme du phénomène en partant d'une observation for¬ tuite. L'un d'eux avait remarqué qu'un mâle mûr qui était tombé accidentellement dans un récipient contenant 200 cen¬ timètres cubes d'eau de mer où avait séjourné une femelle s'était mis à répandre son sperme en tournant rapidement ‘ dans le vase. Ce fait leur avait donné à penser que l'effet sur le mâle de la présence de la femelle s'exerçait non par la vue j ou par le toucher, mais par quelque stimulus chimique. De ! nombreuses expériences simples confirmèrent cette hypo- thèse. En voici une qui est très démonstrative. , i On laisse pendant plusieurs heures une femelle à maturité ü dans un récipient contenant une petite quantité d'eau de j mer, par exemple, 125 centimètres cubes, puis on l'en retire, j ^On place un mâle à maturité dans cette eau ; aussitôt il ] PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÊTES 161 commence à évacuer son sperme ; ensuite, on le met dans Teau de mer fraîche, Tévacuation s'arrête. On le plonge à nouveau dans Ip récipient de Texpériènce précédente, l'animal recom¬ mence à expulser son sperme ; replongé dans l'eau de mer fraîche, il cesse d'émettre des spermatozoïdes. Fr. R. Lillie et E. E. Just répétèrent quatre fois l'expérience dans la même journée avec le même mâle : elle donna les mêmes résultats les quatre fois. Ainsi, chaque fois que le mâle était placé dans l'eau où avait séjourné une femelle mûre, il émettait son sperme ; chaque fois qu'on le remettait dans l'eau de mer fraîche, l'émission cessait aussitôt. Ces faits indiquent que l'épanchement du sperme était provoqué par quelque subs¬ tance sécrétée par la femelle mûre dans l'eau où on la faisait séjourner quelques heures. Il ne paraît pas se produire de sécrétion du même ordre chez le mâle. Les femelles sont, en général, inaptes à retenir leurs œufs quand elles sont complètement mûres ; mais, chez celles qui y parviennent, il est impossible de provoquer la ponte en les plongeant dans de l'eau qui a contenu des mâles ; si l'on ajoute un peu de sperme à cette eau où les femelles mûres se montrent réfractaires, d'ordinaire, elles laissent échapper leurs œufs. Si l'on, met dans l'eau de mer fraîche d'un récipient un mâle et une femelle à l'état de maturité, ils paraissent se stimuler l'un l'autre très rapidement; mais la femelle ne pond jamais avant que le mâle ait commencé à émettre son sperme. C'est donc la présence du sperme dans l'eau de mer qui incite la femelle à pondre. Il me semble fort probable qu'il en est de même chez un grand nombre d'espèces de Pclychètes, qui évacuent simple¬ ment leurs œufs dans la masse des eaux, sans faire de ponte agglomérée. Quant au principe émané de la femelle qui provoque l'émission du sperme chez le mâle, il paraît venir surtout des ovules. En effet, les femelles ayant pondu n'ont plus, à beau¬ coup près, la même influence excitatrice sur les 'mâles mûrs. De plus, les mâles mûrs, mis en présence des femelles imma¬ tures, ne réagissent pas. Enfin, l'expérience montre que les ANN. DES SC. NAT. ZOOL., lO® série. VI, li 162 CH. GRAVIER œufs seuls sont beaucoup plus actifs, au point de vue de Teffet sur les mâles à maturité, que les femelles ayant pondu. Ce principe excitateur semble bien être spécifique. Ainsi, dans beau de mer où Ton avait conservé des femelles mûres d'un Polychète du genre Chætopterus, bien différent des Nereis^ on ne constata aucune réaction chez les mâles du Nereis limbata Ehlers ; bien plus, les mâles à maturité de cette der¬ nière espèce restent indifférents en présence de femelles mûres du Nereis megalops, qui est cependant proche parent du pré¬ cédent. Cette substance excitatrice, que la chaleur détruit, perd son' activité dans le cours de trois jours environ. Les deux natu¬ ralistes américains la considèrent comme une agglutinine du sperme ; Fr. R. Lillie La appelée plus tard fertüisine (1). Elle serait le stimulus du réflexe qui fait émettre le sperme chez le mâle. La fécondation des formes hétéronéréidiennes femelles du Nereis limbata Ehlers à la surface de la mer n'a lieu qu'à cer¬ taines périodes de l'année, qui correspondent aux cycles lunaires des mois de juin, juillet, août et septembre. Chaque période débute près du moment de la pleine lune ; l'intensité du phénomène croît pendant les nuits suivantes jusqu'à un certain maximum, puis diminue à l'approche du troisième quartier, puis croît de nouveau et devient nulle un peu après la pleine lune. N ereis Dumerilii (Audouin et Milne-Edwards). — Des faits® analogues ont été constatés chez un Néréidiea fréquent sur nos côtes, le Nereis Dumerilii^ dont l'évolution complexe a été étudiée surtout par Claparède et plus récemment par Wis- (1) Dans une série de publications portant le titre général de Studies of Fertilizations {Biolog. Bull., Woods Hole, Mass,), Fr.-R. Lillie a fait connaître les résultats des expériences qu’il a entreprises pour étudier le déterminisme de la fécondation. La substance produite par les ovules, qui provoque l’agglu¬ tination des spermatozoïdes, joue un rôle essentiel dans la fécondation, d’où le nom de fertüisine qu’il lui a donnée. L’action activante des spermatozoïdes s’exercerait en premier lieu sur cette substance, qui déclencherait ensuite les processus du développement. Suivant O. Glaser [The duality of egg-secretion {Amer. Journ. natur.,'iN , 1921)], il interviendrait deux substances distinctes : l’une (agglutinine) agglutinerait les spermatozoïdes ; l’autre (lipolysine) aurait la faculté d’activer l’œuf et serait à considérer comme un agent parthénogé- nétique. PONTE ET INCUBATION DES ANNÉLIDES POLYCHÊTES 163 tinghausen (1891) et Hempelmann (1911). Ce dernier auteur a observé que les exemplaires de cette espèce se présentent dans le golfe de Naples sous trois formes différentes qui peuvent atteindre toutes trois la maturité sexuelle : lo La forme néréidienne a; 2^ et 3® deux formes hétéronéréidiennes, p et y. Ces trois formes sont à sexes séparés. Il y aurait même une quatrième forme hermaphrodite qui a été trouvée à Marseille, à Villefranche, à San Remo et sur les côtes de Normandie. Cette forme hermaphrodite a été retrouvée à La Hague dans les mares à Lithothamnion par Caullery et Mesnil (1908), qui n'ont, d'ailleurs, pas constaté à nouveau la viviparité signalée à Claparède par Metchnikoff. Suivant Hempelmann, les essaims de la forme ^ tendent à se concentrer à Naples autour du premier et du troisième quar¬ tier de la lune, d'octobre à mai. Aucun individu ne se mon¬ trait à la surface durant la nouvelle et la pleine lune, tandis que c'est justement à ces deux périodes que l'on voit le plus grand nombre d'individus à la surface de la mer à Woods Hole chez le Nereislimbata Ehlers. H y a donc alternance complète quant aux périodes d'essaimage chez ces deux espèces; en outre, c'est le matin, avant l'aurore, que les essaims de Nereis Dumerilii se montrent à la surface, tandis que c'est au crépuscule pour le Nereis limhata. D'après les recherches de E.-E. Just en 1914, pour le Pla- tynereis megalops (Verrill) et de R. Herpin en 1923 pour le Perinereis cultrifera Gr., le Perinereis Marioni Aud. et M. Edwards, le Nereis irrorataMd\mg. et le Nereis pelagicaL.) la manière de se comporter d'un certain nombre de Néréidiens à transformation épigame, au moment de la maturité sexuelle, est analogue à celle que Frank R. Lillie et E.-E. Just nous ont fait connaître chez le Nereis limbata. Chez tous, l'émis¬ sion du sperme est provoquée par une sécrétion de la femelle ayant son siège dans les ovules ; la ponte l'est par la présence de spermatozoïdes. De plus, chez le Platynereis megalops ^ une substance excitante émanée du mâle, et qui a peut-être son origine dans le sperme, détermine chez la femelle les mouvements qui aboutissent à la ponte. Chez le Perinereis 164 CH. GRAVIER cultriferà^ la sortie du sperme se fait uniquement par Tanus ; le sperme pénètre dans le tube digestif, qui a subi sans doute une histolyse profonde, et s'y accumule ; la ponte se fait à la- fois par Tanus et par des déchirures latérales. En général, chez les Néréidiens, c'est plutôt seulement par des déchirures latérales que se fait l'évacuation des éléments génitaux. IP Le « Palolo » de l'océan Pacifique. [Eunice çiridis (Gray)]. Sous le nom de Palolo^ les indigènes des Samoa et des îles des mêmes parages du Pacifique désignent un Ver sans tête, dont ils font leur nourriture et qu'ils recueillent en abondance à la surface de la mer, à des dates bien déterminées, les plus importantes de leur calendrier. Les naturalistes ont entendu parler du Palolo depuis trois quarts de siècle environ, mais nos connaissances au sujet de ce Ver resté longtemps mys¬ térieux ne se sont précisées que depuis les recherches con¬ temporaines, faites à l'insu l'un de l'autre, par Krâmer, Friedlânder et plus tard par Woodworth(1903), qui a donné la bibliographie complète relative à cetfë question. Wood-; worth profita d'un séjour aux îles Fidji et d'un autre aux Samoa en 1897 et 1898 pour élucider certains points demeurés?] obscurs dans l'histoire très curieuse de ce Polychète. Le Palolo n'est autre chose que la partie postérieure trans-^ formée, détachée de la tête et des segments de la partie anté-i rieure du corps et remplie d'éléments sexuels, d'un Eunicieny- î(fig. 8), V Eunice çiridis (Gray). Aux Samoa, cet Eunicient4 vit sédentaire, à l'état immature, dans les fissures d'une roche i '1 qui, à la surface, a l'aspect d'un gâteau de miel (1). Très fra- ^ ,gile comme beaucoup d'Euniciens, il vit dans ces perfora-Jj tions, intriqué avec ses congénères ; il est extrêmement difïi:;] ■ h l| (1) Les Euniciens qui, à cause de la grande diversité de leurs formes, ont '? un nombre assez restreint de traits communs, sont caractérisés avant tout par {! leur appareil maxillaire évaginable, dont les pièces, en nombre variable, sont' mises en mouvement par une musculature extrêmement développée. Un grand’ ^ nombre d’entre eux se construisent des tubes de forme et de consistance- ji variées, simples ou ramifiés, droits, arqués ou sinueux, munis parfois d’orifices J latéraux, ‘ ■ • ^ 1 POINTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÊTES 165 , » elle d'en avoir un exemplaire intact. Quand il est près d'at¬ teindre l'époque de la maturité, — il a alors 40 centimètres de longueur environ —, il subit une véritable métamorphose en devenant, comme l'on dit, épigame. Son corps présente alors deux parties bien distinctes par leur largeur et leur ; coloration. La plus grande 1 largeur de la partie anté¬ rieure est de 4 millimètres en moyenne, celle de la partie postérieure de 1 mil- lilimètre à elle dimi- ;inue graduellement vers l'ex- itrémité postérieure et plus brusquement vers la jonc- ition de la partie antérieure asexuée et de la partie pos¬ térieure épigame; le mini¬ mum correspond au niveau où se fera la rupture, c'est- à- îdire à la- séparation des deux parties, au moment de l'es¬ saimage. La couleur du mâle est d'un brun rouge⬠tre, celle de la femelle d'un Â^ert bleuâtre ; ce sont celles les produits sexuels ; après expulsion de ces derniers, e tégument est translucide ot incolore. Chez les indi- ndus immatures, la dis- Fig. 8. • Eunice viridis (Gray). La partie postérieure du corps, plus étroite que la partie antérieure, est à l’état épigame. Quand elle se détache de la partie anté¬ rieure, elle devient pélagique et est désignée sous le nom de « Palolo » aux îles Samoa. (D’après W. Woodworth, 1903.) onction des couleurs sexuelles existe aussi, mais elle est beaucoup moins marquée que chez les individus sexuellement nûrs. Chez les exemplaires immatures, la femelle est plus verdâtre que le mâle. Aux Samoa, c'est dans les mois d'octobre et de novembre, lurant le dernier quartier de la lune, que le Palolo appa- aît à la surface de la mer en très grande abondance. C'est le 166 CH. GRAVIER temps des plus faibles marées ; les plateaux des récifs, dans les régions les moins profondes, ne sont pas ou presque pas recouverts d'eau ; à cette saison, le soleil est le plus près du zénith. A l'époque où le Palolo fourmille à la surface, maintes espèces d'Annélides des récifs sont aussi sexuelle¬ ment mûres ; certains Poissons apparaissent à cette époque seulement ; c'est la période de ponte des Crabes terrestres. C'est une date sûre pour les indigènes qui savent que les fruits, les tubercules seront mûrs tant de jours avant ou tant de jours après l'ascension du Palolo. Aux Samoa, le temps du Palolo est appelé taumafamiia^ c'est-à-dire le temps où il y a beau¬ coup à manger ; aux îles Banks, c'est le taumatua, le temps de la maturité ; les Ignames {Dioscorea alata L.) sont alors bons à manger. Le temps du Palolo^ aux Samoa, embrasse trois jours successifs. Dans le dernier quartier de la lune, en octobre et en novembre, plus spécialement dans ce dernier mois, l'eau des régions à Palolo est trouble et porte à sa surface des taches flottantes d'écume. A ce signe, les indigènes savent que deux jours après le Palolo va monter. Ce premier jour est appelé saleju. Le second jour est marqué par l'essaimage d'Annélides de petite taille (Lysidice fallax Ehlers) sans tête, comme le Palolo^ avec les mêmes différences de coloration dans les deux sexes ; ce second jour est appelé motusaga. Le troisième jour est le tatelega, c'est alors qu'essaime le Palolo. Les indigènes viennent de plusieurs milles à la ronde, aux places favorites où il pullule, pour le recueillir ; ils utilisent dans leur alimen¬ tation les matières grasses du vitellus des œufs. Ce jour-là, on voit encore de petits Lysidice fallax^ de même que quelques Palolos apparaissent déjà au motusaga^mod^ les gros contin¬ gents du Palolo sont localisés au troisième jour, au tatelega. Examinée au microscope, l'écume du saleju se montre com¬ posée d'une masse de consistance mucilagineuse, dans laquelle sont inclus des grains de sable, des appendices et des frag¬ ments divers d'Entomostracés et des débris variés d'animaux des récifs, y compris maints œufs à divers stades de segmenta¬ tion. Le saleju est à considérer comme le temps de la mani festation de l'activité prochaine du Palolo qui parvient ai PONTE ET INCUBATION. DES ANNELIDES POLYCHÊTES 167 terme de sa maturité sexuelle et, par conséquent, à son essai¬ mage et à sa courte période d'activité génitale. C'est aussi le moment de la reproduction annuelle d'innombrables Anné- lides vivant au milieu des dépôts accumulés dans les gale^ ries et les crevasses des récifs et qui sont alors déversés dans la mer. Le (( Palolo )) ATLANTIQUE {Euïiice fucata Ehlers). Dans l'Atlantique (mer des Antilles), un autre Eunicien étudié surtout par A. G. Mayer (1902-1908), qui l'a appelé le Palolo atlantique^ a une histoire semblable à celle de VEunice çiridis(Grdiy).C’est VEunice fucata Ehlers. Le Palolo atlantique essaime dans l'intervalle de trois jours à partir du début du dernier quartier de la lune, entre le 29 juin et le 28 juillet. Il a été observé attentivement à Tortugas (Floride) par A. G. Mayer, pendant de longues années. Il vit dans les crevasses des Madréporaires morts et corrodés ; il a donc un habitat très semblable à celui du Palolo de l'océan Pacifique. Il atteint, à la maturité, 25 centimètres de longueur. La partie épigame du mâle est rouge-saumon, celle de la femelle gris verdâtre. Avant le lever du soleil, le matin du jour de l'essai¬ mage annuel, il sort de son gîte. Lorsque les premiers rayons du soleil tombent à la surface de l'océan, les exemplaires à’ Eunice fucata^ montés dans les couches superficielles, commencent à se contracter violemment ; les produits sexuels sont évacués à travers les déchirures de la paroi dermo-vascu- laire du corps de l'animal ; celui-ci, vidé, s'enfonce et tombe sur le fond. Après s'être débarrassée de la partie sexuelle postérieure, la partie antérieure des animaux qui résistent à cette autotomie se glisse à nouveau dans une crevasse de la roche et régénère une nouvelle partie sexuée. Les individus mûrs, seuls, se séparent de leurs extrémités postérieures ; les immatures ne prennent pas part à la montée à la surface. Par exception, quelques maigres essaimages peuvent avoir lieu un jour ou deux avant ou aprçs le grand essaimage. D'autre part, quand le dernier quartier de la lune tombe tard I en juillet, il peut y avoir un essaimage au premier quartier 168 CH. GRAVIER qui ne supprime pas celui du dernier quartier. A. G. Mayer, qui^ depuis 1898, a observé Tessaimage du Palolo atlantique presque chaque année, a noté, par exemple, qu'en 1905, comme le dernier quartier de la lune tombait tard en juillet, le 24, il recueillit un assez grand nombre d'exemplaires mûrs d’Eunice fucata^ le 9 juillet ; le principal essaimage eut lieu le 22. De même, en 1908, le maximum d'essaimage se fit le 10 juillet, le premier quartier ayant lieu le 6 juillet; mais un bel essaimage fut observé aussi le 19, jour du début du der¬ nier quartier de la lune. Ce fait est intéressant, car, ainsi qu'on le verra plus loin, le Palolo japonais (Ceratocephale osawai Izuka) essaime dans la rivière de Tokio, à la nouvelle et à la pleine lune. A. G. Mayer a remarqué que l'impureté de l'eau, ou l'ab¬ sence d'une circulation suffisante, ou un excès d'acide car¬ bonique empêchent l'animal d'essaimer à l'époque normale. Il est à présumer que, dans ce fourmillement de Palolos à l'époque de l'essaimage, il se produit entre les mâles et les femelles, qui sont presque au contact les uns des autres, des actions semblables à celles que Fr. R. Lillie et E. E. Just ont étudiées chez le Nereis lim.bata. Le (( Palolo japonais » [Ceratocephale osawai Izuka (1)]. Parmi les Néréidiens ou Lycoridiens, il est une espèce qui se comporte comme le Palolo^ dont il est question plus haut et qui a reçu, pour cette raison, le nom de Palolo japonais. C'est le Ceratocephale osawai Izuka, dont Osawa (1901) et Izuka (1903) nous ont fait connaître certains traits biologiques. On trouve en abondance ce Polychète le long de la rivière Sumida, — sur les bords de laquelle Tokio est situé — , à 6 milles de son embou¬ chure et aussi dans les canaux et les fossés qui se déversent dans ce cours d'eau. C'est donc un Néréidien, qui, comme quelques-uns de ses congénères, s'accommode des degrés de (1) Dans une communication écrite, M. P. Fauvel me signale que le Palolo japonais n’appartient pas au* genre Ceratocephale, dont le type est Cerato¬ cephale Loveni Malmgren, à cirres ventraux bifurqués. L’espèce créée par Jzuka est synonyme de Tylorhynchus chinejisis Grube. PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÊTES 169 salure les plus divers. Le Ceratocephale osawai se loge dans les galeries qudl creuse dans le sable ou dans la vase, à un pied, au plus, de profondeur. En septembre, la formation des pro¬ duits sexuels provoque une métamorphose assez profonde, moindre cependant que chez la plupart des H eteronereis marins, ainsi que je Tai montré (1913) chez des exemplaires de la même espèce récoltés dans les rizières de Canton, par M. le Gauducheau. Les yeux s'accroissent en tous sens ; les seg¬ ments du tiers antérieur du corps s'élargissent notablement, par suite du développement des cellules génitales. La partie postérieure du corps, comprenant environ les deux tiers du nombre total des segments, entre alors en dégénérescence ; elle s'émacie graduellement' et finit par se détacher ; à travers l'orifice laissé béant par cette rupture, s'échappent, plus tard, les éléments sexuels. Il y a là un phénomène tout particulier qu'on n'a observé, jusqu'ici, chez aucun autre Néréidien et qui mériterait une étude attentive. La formation des cellules reproductrices qui, chez les autres Néréidiens, se fait dans la plus grande partie du corps, sauf dans un nombre restreint, en général, de segments antérieurs, paraît être localisée ici dans le premier tiers du corps. Quoi qu'il en soit, en arrière d'un segment dont la place n'est pas absolument fixe, mais qui est compris entre le vingt- deuxième et le vingt-septième, le corps s'élargit beaucoup, les parapodes prennent brusquement un grand accroissement et s'arment de longues soies natatoires. Quand la transfor¬ mation est achevée, tous ces tronçons antérieurs de Cerato cephole osawai^ bourrés de cellules reproductrices, quittent leur habitat normal et gagnent la surface où les éléments sexuels sont évacués. Ces essaimages à la surface se font quatre fois par an, dans les mois d'octobre et de novembre ; chacun d'eux dure de un à quatre jours consécutifs, immédiatement après les jours de noiwelle et de pleine lune : ils ont lieu dans la soirée, après le coucher du soleil et, d'ordinaire, dans l'intervalle d'une à deux heures. Comme on le voit, il y a deux périodes bien dis¬ tinctes dans chacun des mois d'octobre et de novembre qui rappellent les deux périodes correspondantes signalées chez le 170 CH. GRAVIER Nereis limhata Ehlers ; les évolutions de ces deux Néréidiens, durant Tépoque de la fécondation présentent des analogies indéniables. C. — Autres polychètes dont les périodes de ponte sont liées aux phases de la lune. 1 R. Horst (1905) a fait connaître un autre Eunicien {Lysidice Œle Horst) d'Amboine, où on TappelleTEac^o, qui essaime la seconde et la troisième nuit après la pleine lune, en mars et en avril. Au moment de la maturité sexuelle, VEunice siciliensis Grube, delà Méditerranée, qui vit -sur nos côtes, notamment dans le golfe Jouan et dans le golfe de la Napoule, présente deux régions bien distinctes ; la partie postérieure contient les éléments sexuels. Le baron de Saint-Joseph (1906) croit que cette partie peut se détacher comme chez le Palolo du Pacifique ou celui de LAtlantique, mais il n'a pu dire si le phénomène se produit .périodiquement, à certaines époques de Tannée seulement, comme chez les Palolos. D'après les recherches de John W. Scott (1909), l'activité sexuelle de Y Amphitrite ornata Verrill, dont les périodes sont en juin, juillet et août, est influencée par des conditions qui dépendent des marées. D'autre part, suivant J. Percy Moore (1903) chez le Goniada foliacea Moore, la région postérieure commençant au seg¬ ment 63 est remplie des éléments sexuels chez les grands individus ; facile à détacher, elle peut se séparer et nager indépendamment à maturité. T. W. Galloway et P. S. Welch (1903) ont reconnu égale¬ ment une périodicité dans la maturation et l'évacuation des produits génitaux chez V Odontosyllis enopla Verrill, qui est phosphorescent. Il est possible, ainsi que Mac Intosh(1905)Ta fait remarquer, que le nombre des Polychètes présentant dans leur évolution des faits semblables à ceux du Palolo s'accroîtra avec les recherches futures. Il y a très probablement, en effet, chez nombre de Polychètes de nos régions, surtout chez ceux qui PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÊTES 171 présentent des phénomènes d’épigamie, une périodicité semblable, à Tétude de laquelle on ne s'est pas attaché jus¬ qu'ici ; l'exemple du Nereis Dumerilii Aud. et M. Edwards du Perinereis ciiltrifera Grube, du Nereis irrorata Malmg, etc., semble l'indiquer. Il n'est pas exceptionnel, en tout cas, de voir sur nos côtes de la Manche, en plein jour, à certaines époques, des groupes nombreux N H eteronereis^ comme je 1 ai constaté moi-même au large de Saint-Vaast-la-Hougue, notamment en septembre 1902. ^ i D. — Les phases de la lune et les périodes de maturité sexuelle de certains Polychètes. ^ Les faits rappelés ci-dessus, qui résultent d'observations faites indépendamment les unes des autres, en des régions très diverses du globe, à des époques variées, concordent tontes sur un point : les coïncidences frappantes entre les phases de, la lune et les périodes de maturité sexuelle d un certain nombre de Polychètes de différentes familles (1) *, ces périodes correspondent chez eux à un changement pro¬ fond dans leur mode d'existence. Du fond de la mer sur lequel ils rampaient, ils gagnent les couches superficielles, où ils se mettent à nager activement. Il est, pour le moins, difficile d'admettre que ces coïncidences sont purement fortuites. Quant à dire la nature de l'intervention de la lune dans ces phénomènes, c'est une tout autre affaire, et il faut avouer notre ignorance totale sur ce point, comme sur tant d autres. Si, comme on nous l'a enseigné jusqu'ici, la lumière que nous recevons de la lune ne lui appartient pas, mais n est autre (1) Tennent (1910) a observé que, chez un Oursin {Toxopneustes variegatus), les périodes de maturité sexuelle étaient étroitement liées aux phases de la lune, particulièrement en juin et en juillet. Dès 1708, un voyageur français, François Léguât {Voyage et Aventures de François Léguât et ses compagnons en deux ihs désertes des Indes oræntales, ■ .édit, de 1708, t. I) écrivait, en parlant d’un Crabe terrestre [Cardisoma carni- fex (Herbst)] : « Un peu avant et après les pleines lunes de juillet et d août, ces Crabes vont par milliers, de tous les endroits de 1 île à la mer , nous n y en avons vu aucune (le mot crabe fut employé autrefois au féminin) quQie fut ■chargée d’œufs. On en peut alors détruire beaucoup parce qu’elles marchent en troupes prodigieuses et qu’étant alors éloignées de leurs^ trous elles n ont aucune retraite. Nous en avons quelquefois tué à coups de bâton, plus de 3 000 en un soir, sans nous apercevoir le lendemain que le nombre en fût diminué. » 172 CH. GRAVIER chose que la lumière solaire réfléchie par cet astre, il n"est pas très vraisemblable d'attribuer aux radiations lunaires une influence quelconque sur les phénomènes dont il a été ques¬ tion ci-dessus, k moins que les radiations solaires ne soient modifiées, à la suite de leur réflexion à la surface de la lune, soit dans leur nature, soit dans leur intensité relative ( ?), soit dans les deux à la fois, ce qui n'a pas été constaté jusqu'ici ; il est possible encore qu'il s'agisse ici de radiations exté¬ rieures à la partie lumineuse du spectre. D'ailleurs, cette influence admise, il faut reconnaître qu'elle agirait très diffé¬ remment, suivant les animaux considérés, alors même qu'ils sont proches parents, puisque, par exemple, le Nereis Diime- rilii se montre à la surface en essaims nombreux, à Naples, avant l'aurore, au premier et au troisième quartier, tandis que le N. limbata à Woods Hole (Mass.) se comporte de la même façon au crépuscule, à la pleine lune surtout. Woodworth (1903), dans son étude sur le Palolo [Eunict çiridis Gray], incline à croire à une réaction thermotropique ou héliotropique pour l'essaimage brusque et généralisé de cet animal ; ce dernier possède sur la face ventrale de chaque segment de la région épigame un organe énigmatique qu'on a appelé Vœil ventral. D'après l'étude de la structure qu'en a faite Hesse, il ne se formerait pas d'image dans cet organe, dont la fonction serait non de voir, mais de réagir à la lumière de différentes intensités et de différentes colorations. Ces taches ne sont- présentes que sur quelques segments de la partie antérieure sédentaire, tandis qu'elles sont hautement développées sur la partie épigame active (sauf sur les tout derniers segments qui précèdent l'anus) qui mène une courte existence libre. Il faut dire que le Palolo atlantique., qui se comporte de même que le Palolo du Pacifique à l'époque de la maturité sexuelle et qui a le même habitat, en somme, paraît ne pos¬ séder aucun œil ventral ; du moins, A.-G. Mayer, qui connais¬ sait l'histoire du Palolo., n'en parle pas, et de tels organes n'auraient pu lui échapper. Et cependant, les expériences de A. G. Mayer tendent à mettre en évidence l'influence de la lumière de la lune. Les PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÈTES 173 Palolos atlantiques d 'essaimaient pas quand on empêchait ]a lumière de la lune de tomber sur les rochers où ces Vers vivaient à l'état asexué. Le directeur du Laboratoire de Tortugas (Floride) plaçait à l'obscurité, à l'intérieur de boîtes flottantes dans la mer, des exemplaires à’Eiinice jucata Ehlers à maturité sexuelle complète, deux jours avant la date prévue de l'essaimage ; la lumière de la lune fut exclue pendant qua¬ torze jours en 1905, cinq jours en 1906, trente jours en 1908. Aucun des Polychètes ainsi soustraits à l'influence de la lumière lunaire ne montra de tendance à essaimer. Dans la nature, les Vers peuvent essaimer par un temps nuageux, de sorte que la lumière diffuse de la lune paraît -capable de provoquer l'évacuation des produits sexuels. Hempelmann pense aussi que l'influence de la lune tient à la lumière qu'elle émet. Mais la lune n'est pas lumineuse par elle-même : elle réfléchit la lumière du soleil. Si donc la lumière de la lune provoquait l'expulsion des produits géni¬ taux des deux sexes, ce serait, en réalité, les radiations solaires / 7, 7 qui interviendraient. Ces phénomènes périodiques, dont les causes, peut-être d'origine cosmique, sont inconnues, se rangent avec beaucoup d'autres, tout aussi énigmatiques, signalés chez les êtres vivants, végétaux et animaux. Chez ces derniers, il en a été indiqué un assez grand nombre par divers auteurs, notam- nient par A. Ciiard (1904), Maignon (1920), Cotte (1902), etc., comme, par exemple, certains phénomènes de métabolisme chez les animaux, la pullulation quasi cyclique de'certaines espèces d'insectes, les migrations d'espèces animales, etc. II. — A]\j\ÉLIDES POLYCHÈTES QUI ASSEMBLENT LEURS CffiUES DANS UNE PONTE AGGLOMÉRÉE DÉFINIE. Un assez grand nombre d'Ann élidés Polychètes ne pondent pas des œufs qui demeurent isolés, indépendants les uns des autres, complètement abandonnés à eux-mêmes dans le milieu où ils ont été évacués. Parmi eux, on peut distinguer deux grands groupes : 1^ ceux qui, après avoir rassemblé leurs 174 CH. GRAVIER œufs en une ponte agglomérée, de forme plus ou moins nette¬ ment définie et bien reconnaissable, laissent cette ponte au point où ils Font fixée et ne prennent aucun soin de leur pro¬ géniture ; 2^ ceux qui s'occupent des œufs et des larves et ne se séparent d'eux que lorsque les jeunes sont aptes à mener une vie indépendante ; ce sont des animaux qui, sous des formes variées, incubent leurs œufs. Nous avons à étudier successivement chacun de ces deux groupes. A. — Annélides Polychètes qui abaiidoniieiit complètemeut leurs œufs après la ponte. Les Annélides de ce groupe agglutinent leurs œufs les uns aux autres par un mucus spécial sécrété vraisemblable¬ ment, au moment de la sortie des œufs du corps de l'animal, par les glandes cutanées si nombreuses en général chez les Polychètes. Le revêtement muqueux de la ponte est un appa¬ reil protecteur pour les œufs, efficace contre un grand nombre d'animaux qui attaqueraient volontiers, pour s'en nourrir, des œufs isolés et nus. « A la Station maritime du Muséum d' Histoire naturelle de Paris, à Saint-Vaast-la-Hougue, j'ai recueilli, en 1894, de très nombreuses pontes de Pkyllodoce miicosa Œrsted. Ce sont des masses ovoïdes, d'un centimètre environ de grand axe, fixées aux Algues par un court pédicule ; leur couleur vert-olive est due à celle des œufs qu'elles renferment et qui sont paifaitement visibles à la loupe, par transparence. J'ai obtenu des pontes semblables à celles qu'on trouve dans la nature avec des animaux conservés au laboratoire. S. Lo Bianco (1888, 1899), qui s'est attaché pendant de longues années à rechercher la période de maturité sexuelle des animaux vivant dans le golfe de Naples, a fourni des indi¬ cations précieuses relatives à la ponte de certains Annélides Polychètes de cette région. En ce qui concerne le Nereis ciiltrifera (Grube), qui est commun sous les pierres et entre les Algues, à une faible profondeur, à Santa Lucia, il a trouvé fréquemment en mai et en juin, aux points où vivent les adultes, des masses d'œufs jaunes à divers stades contenus PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÊTES 175 dans une substance gélatineuse, transparente, à un mètre de profondeur ; de ces œufs, mis dans beau courante, les larves sortent au bout de quelque temps. Chez le Spirographis Spallanzanii Viv., les œufs sont miirs en juin ; en septembre et en octobre, on voit sortir des gru¬ meaux muqueux transparents qui contiennent des œufs très petits et des spermatozoïdes. D'autre part, dans les bacs bien connus des visiteurs et contenant des individus géants de ce superbe Polychète, à PAquarium de la Station zoolo¬ gique de Naples, H. Eisig a vu apparaître, en mai, de très nombreux exemplaires jeunes de l'espèce en question. Les pontes du Scoloplos armiger O. F. Müller, qu'on a long¬ temps, à tort, attribuées à YArenicola marina L., sont des masses gélatineuses pirif ormes, jaune verdâtre, de 12 à 13 milli¬ mètres de longueur, attachées chacune au sable où vivent ces animaux par un cordon gélatineux de 5 centimètres envi¬ ron de longueur. Dans le sable vaseux des eaux basses du golfe de Naples, où se trouve abondamment VAricia fœtida Claparède, les pontes de cet animal sont fort nombreuses. J'en ai recueilli moi-même beaucoup en avril-juin 1917, dans les sables vaseux apportés à la Station zoologique par les pêcheurs. S. Lo' Bianco a signalé, en 1899, les caractères de ces pontes. Les œufs,de couleur verdâtre dans les premiers stades, sont déposés dans une masse vermiforme, en boudin, de 6 à 8 centimètres de longueur et de 3 millimètres environ de diamètre. En se développant, les œufs deviennent jaunâtres ou gris et, à l'état de larves, se répandent dans tout le nid, qui perd peu à peu sa transparence primitive, car il se recouvre de Diato¬ mées et surtout de particules de boue et de grains de sable empruntés au milieu ambiant. Dans son mémoire étendu sur les Ariciidæ, Eisig (1914) fait remarquer avec raison que ces pontes en boyaux rappellent un peu celles que forment les Calmars. Près de ces Polychètes, s'en placent d'autres, tubicoles, qui agglomèrent aussi leurs œufs dans un mucus plus ou moins abondant et déposent leur ponte au bord de leur tube d habi¬ tation. Ges^ animaux, qui n'abandonnent pas leur ponte n'im- 176 CH. GRAVIER porte OÙ, comme les précédents, mai® dans un endroit .qu'ils peuvent encore surveiller, font, en quelque sorte, transition avec les Annélides incubateurs proprement dits. Parmi eux se rangent des Annélides appartenant à des familles très diverses. Tels sont, d'après Lo Bianco (1894), le Diopatra neapolitana D. Chiaje, qui, d'avril à juin, pose au bord de son tube une masse gélatineuse irrégulière, longue et large d'un centimètre environ, de couleur brune, contenant de petits œufs de cou¬ leur jaunâtre; le Dasychone lucullana Delle Chiaje, qui dis¬ pose ses œufs en collerettes à l'orifice du tube ; le Leiochone clypeata de Saint- Joseph, dont la ponte sphérique, de couleur cendrée, a 17 millimètres environ de diamètre ; le Polymnia nebulosa Mont agu, qui forme des masses gélatineuses remplies de très nombreux œufs jaunâtres,; le Protula tubiilaria Mon- tagu, dont la ponte contient des œufs rouges ; V Arenicola cristata Stimpson, le géant du genre, qui, suivant Ashworth, peut avoir jusqu'à 51 centimètres de longueur et 75 milli¬ mètres de circonférence, dont la ponte se présente sous forme de cordons gélatineux irrégulièrement cylindriques de 3 à 4 pieds de long (0’^,90 — 11^^20), de 2 à 5 pouces (5 cm. — 12^‘ïïb5.) de diamètre, contenant chacun plusieurs centaines de milliers d'œufs, etc. Dans le même ordre de faits, on peut rappeler ici un fait mentionné par R. Southern (1921). D'après cet auteur, un Marphysa sp. 2 du lac Ghilka (Inde) a une pointe piriforme ou oviforme ayant jusqu'à 0^,15 de long, attachée au sol boueux par un tube creux qui s'enfonce jusqu'à 0”b30 et plus de profondeur et dans lequel vit l'Eunicien en question. 15. — Annélides Polychètes incubateurs. Beaucoup d 'Annélides Polychètes femelles n'abandonnent pas leurs œufs après avoir pondu. Ils pratiquent sous des modes variés ce qu'on appelle V incubation^ ce mot étant pris dans son sens le plus large et comprenant l'ensemble des soins donnés aux œufs, aux larves et aux jeunes jusqu'à ce que ces derniers soient capables de vivre en toute indépen¬ dance. PONTE ET INCUBATION DES ANNÉLIDES POLYCHÊTES 177 Les modes d'incubation des Polychètes sont extrêmement variables, suivant les formes que Pon considère ; chaque cas a, pour ainsi dire, sa physionomie propre. Il est donc presque impossible d'établir une classification, même très artificielle, des diverses manifestations de ce phénomène entre lesquelles on trouve parfois des intermédiaires et dont nous ne connais¬ sons qu'un nombre assez restreint. Cependant, pour mettre un peu d'ordre dans les données maintenant acquises à ce sujet et pour faciliter l'exposition, on peut provisoirement ranger les divers modes d'incubation des Polychètes de la façon suivante. . .. Parmi les Polychètes incubateurs, il en est qui gardent leurs jeunes sur eux-mêmes ; certains les fixent en nombre restreint sur leur dos ou sur leur ventre ; d'autres les couvent à l'inté¬ rieur de leur tube d'habitation. Chez quelques-uns, le dévelop¬ pement des œufs se fait dans une cavité naturelle du corps de la mère ; chez d'autres enfin, ce développement s'effectue dans un abri formé par les parents à l'époque de la maturité. Il est aussi des Polychètes vivipares. Étudions successivement ces modes divers d'incubation. 1. — L'incubation se fait sur les parents eux-mêmes. s Le cas le plus simple de la protection accordée aux œufs et aux jeunes chez les Annélides Polychètes est réalisé chez un Polynoïdien, Y Harinoihoe imhricata (L.). Les Polynoïdiens constituent une tribu nombreuse de la grande famille des Aphroditiens, qui, malgré la diversité des types qu'ils présentent, forment cependant un groupe homo-- gène ; leur trait le plus caractéristique est certainement la présence des élytres, organes aplatis, squameux, plus ou moins imbriqués, recouvrant partiellement ou totalement le dos, qui les font immédiatement reconnaître. lYHarmoihoe imhricata a une aire très grande de distribution à la> surface du globe. Il vit en particulier sur le littoral de la Manche; il vit aussi sur les côtes est et ouest du J apon. Suivant A. Izuka, , on rencontre fréquemment dans ce pays, aux mois de mm’s et d'avril, des femelles portant des masses d'œufs. sous leurs ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10* série. VI, 12 « 178 CH. GRAVIER élytres (fig. 9, p. 184). ”Ge naturaliste recueillit, au voisi¬ nage de la Station de zoologie marine de Misaki, un de ces PolycHètes chargé d'embryons sous les élytres^ du huitième segment à ravaht-dernier, le trente-huitième ; il réussit à le maintenir vivant pendant quelques jours. Le surlendemain de la capturé, quelques-uns des embryons se mirent à nager librement dans le récipient où ils étaient placés, quittant Fabri précieux dans lequel ils s'étaient développés. Au début, les embryons nageant librement étaient à un stade trochophore précoce; mais bientôt ils parvinrent au stade auquel la larve peut se déplacer très activement. Les robustes élytres de VHarmothoe imhricata (L.), qui se recouvrent en partie mutuellement de chaque côté du corps et d'un côté du corps à l'autre, constituent un solide toit ininterrompu à l'espace occupé par les œufs ; cet espace entre les élytres et la face dorsale du corps communique avec Vexté- rieur par les interstices compris entre les bords extrêmes des élytres et la paroi du corps et assure aux œufs et aux larves un abri très sûr où l'eau se renouvelle sans cesse. P. Fauvel (1916) a constaté que le Polynoe antarctica Kin¬ berg, aux îles Falkland, incube aussi ses œufs sous ses élytres. Quant" à la façon dont les œufs, qui ne sont pas capables de mouvements propres, parviennent sur la face dorsale, nous n'en savons rien. La même question se pose, d'ailleurs, pour beaucoup d'animaux incubateurs, notamment pour certains Échino dermes. Un mode d'incubation du même ordre a été signalé par P. Fauvel (1916) sur un Cirratulien des îles Falkland, le Cir~ ratulus cirratus (O. -F. Müller). L'exemplaire le plus grand, long de 16 millimètres, large de 2, portait sur son dos une masse assez considérable de larves retenues dans le lacis serré formé par les filets tentaculaires et les branchies filiformes rabattus sur le dos et fortement enchevêtrés. Les larves avaient 2 milli¬ mètres de longueur, avec une douzaine de segments sétigères. Le premier de ceux-ci est pourvu de quatre appendices trapus, dont deux branchies et deux filets tentaculaires semblables' à de gros palpes. Aux parapodes antérieurs, il y a des soies capillaires et des soies aciculaires ; celles-ci, seules, arment les PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÊTES 179 six OU sept derniers segments sétigères et sont au nombre de deux, puis d'une seulement à chaque rame. Le Cirratulus cirratus a une aire très vaste de répartition : mers arctiques, Manche, Atlantique, Terre de Feu, détroit de Magellan, îles Falkland, Géorgie du Sud, Kerguelen. Sur nos côtes de la Manche, ce Polychète n'incube pas. Les filets tentaculaires et les branchies filiformes constituaient ici une cage à claire- voie qui formait pour les larves un abri protecteur au moins aussi efficace que . les élytres de YHarmothoe imbricata (L.), dont il est question ci-dessus. — Les œufs et les larves demeurent attachés AU PARENT : (( gestation EXTERNE ». 1 Les Syllidiens sont des Polychètes de petite taille en général, extrêmement répandus sur le littoral de nos mers européennes; on les trouve en abondance sur les Algues, les Hydraires, les Bryozoaires, dans les canaux des Éponges, à l'intérieur des galeries creusées dans les vieilles coquilles par les Gliones ou par d'autres animaux perforants, etc. Leurs modes de repro¬ duction sont fort variés et ont donné lieu à de nombreuses recherches. Parmi eux, il est un petit groupe formant une tribu, celle des Exogonés, caractérisés surtout par la soudure 1 des palpes et par leur reproduction directe ; mais, chez eux, les œufs se fixent sur le parent et se développent sur place jusqu'à ce que les jeunes soient capables de mener une vie indépendante. Il en est de même chez quelques genres de la tribu des Eusyllidés, dont les palpes sont soudés à la base seulement et dont les appendices présentent parfois des cons- trictions superficielles, mais ne sont pas composés d'articles distincts. G est ce qu'on a appelé la gestation externe^ qui se fait tantôt sur la face dorsale, tantôt sur la face ventrale. Un exemple typique de ce mode d'incubation nous est offert par VExogone gemmifera (Pagenstecher), qui a été bien étudié par G. Viguier (1884). D'après cet auteur, les œufs se montrent au dixième segment. Ghacun des anneaux qui suivent est pourvu de deux œufs, un de chaque côté, qui se fixent, après leur sortie du corps de l'animal, sur la face ven- 180 CH. GRAVIER traie (fig. 10-12 p. 184) ; il y a, en général, de 20 à 22 œufs. Les œufs d'une même mère semblent avoir le même âge, cependant la ponte se fait successivement, d'avant en arrière, et les œufs antérieurs sont souvent un peu plus volumi¬ neux que les autres. La fécondation doit se passer immé¬ diatement après la ponte, si elle n'est pas interne ; en tout cas, les œufs fraîchement pondus ne sont jamais segmentés. Le développement se fait sur place. Les appendices de la tête (prostomium) se montrent d'abord, avec les sillons séparant les segments, puis les parapodes ; l'organisation interne se poursuit en même temps. Lejeune est solidement fixé à la mère ; il ne la quitte que quand il commence à se nourrir lui-même ; il possède alors quatre paires de parapodes armés de soies saillant au dehors (fig. 12). Les yeux antérieurs sont pourvus d'un cristallin. Le jeune ne diffère de la mère que par sa taille réduite et par le nombre moindre de segments. Il peut alors se suffire à lui-même. A leur émission, les œufs sont enduits d'une substance muqueuse, grâce à laquelle ils s'attachent au corps de la mère, à la base des cirres ventraux. La couche muqueuse est fort mince, sauf au point d'attache où, plus épaisse et de plus grande consistance, elle pren,d l'aspect de très fins cordons étendus de l'œuf à la paroi du corps ; ces cordons sont beau¬ coup plus visibles quand la larve est assez développée et qu'elle se montre alors fixée, par les cordons en question, à la paroi du corps de la mère. D'après Pierantoni (1903), le mucus serait sécrété par les glandes normales de l'ectoderme; cet auteur n'a pas trouvé trace de glandes spéciales dans le voisi¬ nage du point d'attache des larves. Le jeune emporte toujours avec lui un reliquat de vitellus très reconnaissable par trans¬ parence, grâce à sa coloration plus ou nioins vive et, en tout cas, bien différente de celle des autres tissus. Gomme on le voit, ces jeunes proviennent uniquement du développement de l'œuf, riche en réserves vitellines ; ils n'empruntent absolument rien à la mière, à laquelle ils sont simplement, mais fortement adhérents. Pagenstecher (1865) avait cru, à tort, que ces jeunes étaient bourgeonnés surplace. Œrsted (1845) avait bien reconnu que les larves sont seule- PONTE ET INCUBATION DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 181 ment fixées de chaque côté, à la face ventrale de la mère, mais restent, en réalité, extérieures à elle. Les choses paraissent se passer de même chez le Sphæro- syllis pirifera Claparède et aussi chez le Syllides pulliger (?) Claparède. Les larves ont toutes le même nombre de seg¬ ments sétigères quand elles abandonnent leur mère. Il n'en est pas tout à fait ainsi chez le Grubea limbata Qa- parède, observé en premier lieu par Claparède (1863-1868) et par de Quatrefages (1865). Les œufs sont portés, ici, sur le dos au-dessus et à la base des cirres dorsaux ; ils sont disposés par paires, tout près et de chaque côté du cirre dor¬ sal ; ils forment donc quatre rangées longitudinales, dorsales (fig. 13 p. 184). Il y a encore une autre différence à signaler par rapport à ce que Ton observe chez VExogone gemmifera (Pagenstecher). La larve, en se développant, se replie sur elle-même à l'intérieur de l'œuf ; quand elle est parvenue à un certain stade d'évolution, les choses se passent comme si elle déchirait la coque de l'œuf et prenait une attitude recti¬ ligne, tout en restant attachée à la mère. Lorsqu'elle quitte cette dernière, elle est comparable à un jeune Exogone gemmifera (Pagenstecher) au même stade d'évolution, à cette différence près qu'elle n'a ici que trois segments sétigères au lieu de quatre. En général, les zoologistes qui ont, les premiers, étudié ces animaux, n'ont eu entre les mains qu'un nombre restreint d'exemplaires, car ces Polychètes, en état de gestation, se montrent assez rarement. U. Pierantoni (1903) a pu en voir beaucoup et trouver même des formes gestatrices nouvelles de la tribu des Syllidés. C'est qu'en effet, dans le golfe de Naples, on trouve communément ces Syllidiens à gestation externe vivant à quelques mètres de la surface dans un sable assez fin et contenant une notable proportion de débris orga¬ niques. En mai et en juin 1917, j'ai eu la bonne fortune d'en examiner et d'en recueillir un certain nombre dans ces sables rapportés à la Station zoologique par les pêcheurs. C'est un spectacle bien curieux pour un naturaliste, de suivre, à l'aide d'une forte loupe, ces animaux longs de quelques millimètres, de forme grêle, déambulant péniblement, avec précaution, 182 CH. GRAVIER dans le sable où ils vivent. Leur locomotion, en temps normal, est assez rapide, rnais elle est singulièrement ralentie quand ils sont chargés de leurs larves attachées à chaque segment, de chaque côté du corps, dans la région génitale. Leurs mouvements sont fort entravés par leur progéniture, dont les éléments sont accrochés par les innombrables accidents de la route encombrée d'obstacles constitués par les grains de sable et par les détritus variés du fond de la mer. Souvent, la marche est complètement arrêtée par quelque grain de sable ou par quelque débris trop volumineux auquel une larve reste fixée ; l'animal tire de toutes ses forces pour avancer quand même, et alors il arrive quela larve est détachée accidentelle¬ ment de son support. Aussi n'est-il pas rare de trouver des vides dans la chaîne de larves appendues à la mère chez cer¬ tains de ces Exogonés. L'accident doit se produire de plus en plus facilement, à mesure que les larves sont parvenues à un stade voisin de celui où elles abandonnent normalement leur mère. On peut se faire une idée très grossière des condi¬ tions où se trouvent les femelles de ces Syllidiens à gestation externe en imaginant une Chatte, par exemple, se déplaçant avec un petit fixé à chacune des mamelles, sur des blocs volumineux, avec cette différence que, chez les premiers, les jeunes larves ainsi transportées sont en nombre supérieur à 20, tandis que chez la Chatte il ne pourrait y en avoir que quatre paires, ce nombre étant celui des mamelles. Comment l'œuf peut-il gagner la face dorsale ? Il est à pré¬ sumer que les cils vibratiles des parapodes jouent un rôle important dans le déplacement de l'œuf. Ce déplacement de l'œuf n'a jamais été observé. Au sujet de l'œuf, Viguier admet que chez VExogone et, probablement aussi, chez le Syllides, l'enveloppe de l'œuf ou membrane vitelline devient, de bonne heure, la cuticule de la larve, tandis que, chez le Griihea^ cette membrane serait rejetée. Barrois, de Saint- Joseph, Malaquin ont admis aussi que la membrane vitelline de l'œuf deviendrait la cuticule de la larve. Pierantoni n'est pas de cêt avis. Suivant lui, du fait que l'on ne peut, dans l'évolution de la larve, recon¬ naître la sortie de l'œuf et, par conséquent, déterminer le PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÊTES 183 moment où la larve s'affranchit de l'enveloppe de l'œuf, il n y a pas là un motif suffisant pour affirnier que cette enve¬ loppe se transforme en la cuticule de la larve. Cette cuticule doit être sécrétée par l'ectoderme de la larve ; elle a une tout autre origine que la membrane vitelline de l'œuf. Il est pos¬ sible, comme le suggère Pierantoni, que la membrane vitel¬ line, mince et élastique, s'atténue de plus en plus à mesure qu'elle se distend sous l'influence de la pression exercée par la larve en voie de croissance et qu'elle finisse par disparaître graduellement sans laisser de trace. Il n'est pas absurde de penser, me semble-t-il, que la forme arquée de la larve de Gruhea limbata (Claparèdu) tienne simplement à une moindre élasticité de la membrane vitelline, ce qui obligerait la larve à présenter le minimum de surface, c'est-à-dire à prendre la forme sphérique et, par conséquent, à se replier sur elle- même. Parmi ces Syllidiens à gestation dite externe, il arrive que, chez une même espèce (Exogone gemmijera Pagenstecher, Gruhea Websteri Verrill), certaines femelles possèdent de longues soies capillaires et que d'autres en sont dépourvues. Ivrohn pensait que les soies natatoires tombaient durant les premiers temps de la gestation. De Saint- Joseph (1887) et Viguier ont constaté le fait chez V Exogone gemmifera Pagen¬ stecher {Pædophylax claoiger Claparède). On doit à Kôlliker, à W. C. Mac Intosh des observations du même ordre. On ne voit pas la relation entre la chute de ces soies capillaires et le début de la gestation externe. En général, et non toujours, comme le croyait Œrsted, les femelles se distinguent des mâles par l'absence de soies capillaires dites natatoires ou épigames. D'ailleurs, de telles soies longues et flexibles ne seraient peut-être pas, dans tous les cas, des organes très efficaces de natation, attendu que ces animaux sont singuliè¬ rement alourdis par la charge de leurs petits attachés à leur dos ou à leur ventre, ce qui les condamne à une allure rampante, pénible et ralentie. On peut se demander si les œufs se développent indiffé¬ remment sur le dos ou sur le ventre et si la région de fixation des œufs est caractéristique des genres et des espèces. D'après ANN. DES SG. NAT. ZOOE., 10® série. VI, 12, Fig. 10. — Exogone gemmifera (Pagens- techer). Un anneau portant deux œufs, vus parla face dor¬ sale. — cd, cirre dorsal ; o œuf. — • Gross. : 130. (D’après C. Viguier, 1884.) Fig. 11. — Larve d'Exogone gemmifera (Pagenst.) fixée au-dessous du cirre ven¬ tral CP et vue un peu obliquement, par la face dor¬ sale, et montrant ses relations avec l’organisme maternel. — Gross. : 180. — a, antennes; ca, cirre anal ; r, rame ou mamelon sétigère ; cd, cirre dor¬ sal. (D’après C. Viguier, 1884.) Fig. 12. — -Larve d’’ Exogone gemmifera (Pagenst.) en l’état où elle quitte la mère, vue par la face dor¬ sale. — Gross. : 180. — p, palpe ; y, œil \ et, cirre tenta¬ culaire ; tr, trompe ; pr, proventicule ;/p, fossette vibratile ; i, intestin ; ca, cirre anal ; a, anus. (D’après C. Viguier, 1884.) Fig. 13. — Grubea limbata (Clap.). Femelle portant les œufs sur le dos, vue de profil dans sa région postérieure. — Gross. : 50. — a, antennes ; cd, cirre dorsal ; c, cirres tentacu¬ laires ; CP, cirre ventral ; pr, proventricule ; ca, cirres anaux. (D’après C. Viguier, 1884.) Fig. 9. — ■ Harmothoë imbricata L. Partie anté¬ rieure du corps vue par la face dorsale ; plu¬ sieurs élytres ont été détachés du corps pour laisser voir les œufs qu’ils recouvrent. (D’après A. Izuka, 1912.) 'i il la Ir U . l Fig. 13 ]''ig. 14. — Pionosyllis gestans Pierantoiii, avec ses larves en série unique, près du moment où elles se détachent de la mère. — • Gross. : 30. (D’après U. Pierantoni, 1903.) Fig. 15. — ■ Pionosyllis elegans Pierantoni, avec les larves en deux séries, pourvues chacune de trois segments sétigères. — Gross. : 25. (D’après U. Pierantoni, 1903.) Fig. 14. Fig. 15. Fig 16. — Larve de Sphærosyllis hystrix CAdLp. au moment ou elle va se de la mère. — Gross. : 200. (D’après U. Pierantoni, 1903.) détacher CH. GRAVIER 186 les observations de G. Viguier, du baron de Saint- Joseph et de Pierantoni, la fixation se fait sur la face ventrale chez les Exogone et les Pionosyllis ; mais de Saint- Joseph a constaté que les œufs se développaient sur le dos chez le Grubea claçata et sur le ventre chez le Grubea pusilla ; il a vu des œufs dor¬ saux chez le Sphærosyllis erinaceus et des œufs ventraux chez le Sphærosyllis hystrix. On ne peut donc dire que la région d’attache des œufs soit fixe dans un genre donné, mais il semble que, pour une espèce donnée, elle soit toujours ou dorsale ou ventrale. U. Pierantoni a observé et figuré un exemplaire de Piono¬ syllis gestans Pierantoni, qui ne possédait qu’une seule rangée de larves, au moment où elles vont se détacher de leur mère, ce qui a lieu quand elles possèdent sept segments sétigères (fig. 14 p. 185). Chez une espèce voisine. Je Pierantoni, il y a régulièrement une rangée de larves de chaque côté du corps (fig. 15, p. 185). Dans ce cas, il se développe un ovule de chaque côté comme quand la mère porte une double série de larves ; mais l’un des deux avorte ; l’autre, seul, poursuit son complet développement. Il arrive parfois que, chez cer¬ tains exemplaires d’une espece qui ne produit normalement qu’une série unique de larves, on trouve deux ovules assez développés dans le même segment, un de chaque côté ; dans ce cas, aucun d’eux ne poursuit entièrement son évolution. On ne sait, du reste, pas pourquoi l’avortement de l’un des ovules dans chaque segment se produit normalement du même côté de l’animal. U Exogone Kejersteinii Claparède produit deux gros ovules par segment ; il y a, en outre, de plus petits ovules qui ne se développent pas. Il se passe vrai¬ semblablement ici quelque chose d’analogue à ce qu’a décrit H. P. Johnson (1908) chez le Lyeastis quadraticeps^lænehdiVà, dont l’ovule, accompagné de cellules nutritives qui ressemblent beaucoup à de jeunes ovules et aux dépens desquelles il grossit, prend des proportions relativement géantes. En outre, le nombre limité des œufs que portent les femelles d'une espèce n’est pas toujours rigoureusement déterminé. Ainsi, chez une femelle de Grubea claoata Claparède de 2mm^55 yje longueur, avec 31 segments, le baron de Saint- UlJjpp M" • ■ ••4 J'ÎT PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHETES 187 Joseph a compté 86 œufs répartis sur les segments 8 à 26; chez une autre de 2"^i»,60 de longueur, avec 34 sétigères, 80 œufs disposés régulièrement 4 par 4 sur chaque segment, du neuvième au vingt-huitième; enfin, chez une troisième femelle 105 œufs, groupés par 3, 4 ou 5, sur les segments 9 à 30. Aucune de ces trois femelles n'avait de soies nata¬ toires. Le dernier exemple montre que le nombre des ovules qui avortent dans chaque segment n'est pas d'une constance absolue. % Le Grubea clavata et le Gruhea limbata Claparède ont été décrits tantôt comme ayant un grand nombre d'œufs, tantôt comme n'en ayant que deux par segment. Le Grubea Webster i Verrill en aurait tantôt deux, tantôt quatre par seg¬ ment ; si ces observations sont exactes, le développement ne se ferait pas, vraisemblablement dans tous les cas, suivant un mode uniforme. Chez la même, espèce, il varierait selon qu'il y a un grand nombre ou un petit nombre d'œufs. Il ÿ aurait ici quelque chose du phénomène que Giard a appelé la pœcüogonie. Une observation due au baron de Saint- Joseph semble donner quelque fondement à cette hypothèse. Une femelle de Sphærosyllis hystrix Claparède, recueillie par cet auteur à Dinard, portait ses œufs attachés sous les cirres ventraux, à raison de 2 par segment, un de chaque côté, du huitième au vingt-deuxième segment, soit 30 œufs en tout. Les jeunes en¬ fermés dans les œufs (dont le diamètre était de 0"^"^,14), repliés sur eux-mêmes, mesuraient 0^^,18 de longueur et 0mm,07 de largeur. Chacun d'eux avait une tête (prosto- mium) pourvue de trois antennes et de deux yeux et, en outre, trois segments munis de chaque côté d'un cirre dorsal, d'un cirre ventral et de plusieurs soies. A l'intérieur du corps, on discernait un rudiment de proventricule sans trompe et un reste de vitellus gris ; à cet état, de Saint- Joseph a vu le jeune sortir de l'œuf et commencer une existence indépen¬ dante. Le même zoologiste a eu l'occasion d'étudier une autre femelle incomplète de la même espèce portant également, à chaque segment, à partir du douzième, deux larves dressées le long de ses flancs. Chacune de ces larves avait 0’^™,18 de CH. GRAVIER 18S longueur et de largeur. La tête avait quatre yeux et trois antennes ; les segments sétigères, au nombre de sept, étaient très serrés ; les soies étaient très rudimentaires ; les cirres dorsaux et ventraux étaient à peine ébauchés, de même que la trompe et le proventricule. Il restait encore unpeude la masse vitelline, de couleur orangé foncé. Ainsi les larves de cette seconde femelle, avec la même longueur que celles de la première, avaient quatre yeux au lieu de deux, sept seg¬ ments au lien de trois, mais des parapodes moins développés. Il faudrait, pour tirer une conclusion ferme de ces faits, que les observations fussent plus nombreuses. L'auteur n'indique pas s'il a pu remarquer quelque différence dans l'habitat des deux femelles chargées de larves qu'il a décrites. La larve de Sphærosyllis hystrix, au moment où elle se détache de la mère, a été étudiée à Naples par U. Pierantoni (fig. 16, p. 185). Il faut rappeler ici une observation intéressante de Pieran¬ toni, qui nous a appris que les larves des Syllidiens dits à « ges¬ tation externe » n'ont pas de couronne de cils vibratiles. L'ab¬ sence de cils vibratiles en couronne, le mode de formation des premiers segments, l'apparition tardive de l'anus permettent de distinguer les premières formes larvaires de ces Syllidiens à gestation externe de celles de la plupart des autres Anné- lides qui ont une vie nageante et doivent se procurer elles- mêmes leur nourriture. Les larves attachées à leur mère uti¬ lisent leurs réserves vitellines, qui ne sont épuisées qu'au moment où les parapodes sont bien développés. On a donné aux Syllidiens dont il a été question ci-dessus le nom de Syllidiens à « gestation externe ». En réalité, la gestation n'est pas plus externe chez eux qu'elle ne l'est chez VEteone Gaini Gravier, ainsi qu'on le verra plus loin, ou chez les Autolytés, qui abritent les oeufs et ensuite les jeunes dans une poche incubatrice fixée sur les côtés du corps, extérieure¬ ment à celui-ci. Il reste encore bien des points à élucider dans l'histoire de ces Syllidiens, qui portent leurs larves sur le dos ou sur le ventre, jusqu'à un stade avancé de développement. On en est malheureusement réduit à l'étude des matériaux que le PONTE ET INCUBATION DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 189 hasard des captures nous fournit, car il est impossible d'élever ces Polychètes et, par conséquent, de suivre sur un meme ani¬ mal toutes les phases de la reproduction. Plusieurs natura¬ listes ont tenté en vain de conserver ces animaux vivants dans un aquarium où Peau était constamment renouvelée. Quand on les place en captivité dans les meilleures conditions possibles, au bout de quelques jours, comme Ta constaté, en particulier U. Pierantoni, les œufs entrent en régression et les animaux meurent. 3. — La ponte se fait a l'intérieur du tube habité PAR LES PARENTS. Parmi les Annéhdes Polychètes tubicoles, il en est un cer¬ tain nombre qui pondent dans leur propre tube d'habitation ; les œufs et les jeunes sont ainsi placés dans un abri sûr où ils peuvent se développer en toute sécurité. L'oxygène néces¬ saire à leur respiration leur est apporté par i'eau mise conti¬ nuellement en mouvement dans le tube par l'adulte qui a besoin, lui aussi, de respirer constamment. C'est le cas notamment de certains Spirorbes, Serpuliens logés à l'intérieur d'un tube calcaire enroulé en spire. Chez le Spirorbis borealis Daudin, les œufs, relativement de, grosse taille, brun rouge, pondus en chapelets à l'intérieur du tube calcaire d'habitation, sont contenus dans une gaine muqueuse transparente, digitiforme, qui est placée entre le dos de l'ani¬ mal et le tube. Elle tient à l'animal au niveau du premier seg¬ ment sétigère, d'une part, et, d'autre part, au tube par un funicule qui s'étend au moins jusqu'aux derniers segments abdominaux. Les oeufs sont rangés en séries alignées, simples, doubles, triples ou quadruples. Le baron de Saint- Joseph dit en avoir compté jusqu'à 72 en file quadruple, dans une gaine de 3min^6 de longueur. Les embryons se développent sur place, dans le chapelet d'œufs ; leur évolution a été suivie par plu¬ sieurs zoologistes, notamment Willemoes-Suhm, Pagens- techer, A. Agassiz, Claparède et Metchnikoff, Fewkes. Quand les. embryons sortent du tube pour vivre par eux-mêmes, ils sont pourvus de trois segments, en arrière de la couronne 190 CH. GRAVIER ciliée, avec chacun une ou deux soies limbées de chaque côté. Dans une tout autre famille, celle des Spionidiens, assez aisément reconnaissables à leurs longs tentacules, qui s'éten¬ dent parfois sur presque la moitié antérieure du corps, et à leurs parapodes lamelleux, il est un grand nombre d'espèces qui se construisent un tube plus ou moins consistant formé de grains de sable ou de particules calcaires, suivant la nature du milieu habité par l'animal. Les Polydores se creusent des galeries dans les roches calcaires, dans les coquilles de mol¬ lusques, dans les Algues calcaires comme les Lithoihamnion. Qiez ces Spionidiens, la ponte s'accomplit à l'intérieur du Fig. 17. — Cocons ovifères de Polydora iigni Webster. — • Gross. ; 40. (D’après A. Sôderstrôm, 1920.) tube d'habitation. Mesnil (1916) l'a constaté chez le Polydora polybranchia Haswell, et il a rappelé que le fait a été précé¬ demment observé par Andrews chez le Polydora commensalis et par Whitelegge sur une autre espèce du même genre, qui est probablement le Polydora ciliata (Johnston). A. Sôderstrôm (1916) a repris en détail l'étude de ces pontes de Spionidiens. Suivant cet auteur, chez le Polydora Iigni Webster, les œufs, dont le diamètre est de 0“^,5 environ, sont déposés en petites masses rondes qui se disposent en une rangée dans le tube argileux de l'animal ; chaque masse d'œufs s'attache à la paroi du tube par deux filaments qui s'élar¬ gissent en disque à leur extrémité distale (fîg. 17). Chez le Polydora ciliata Johnston, il y a de 70 à 80 œufs dans chacune de ces masses ; chez le Pygospio elegans Claparède, de 50 à 60 (fig. 18). Il est très difficile d'indiquer le nombre de ces masses PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYGHÈTES 191 dans chaque ponte, qu'on ne peut jamais examiner complètes sous le microscope. On n'a jamais pu observer la façon dont s'accomplit la ponte à l'intérieur du tube construit par le Polychète. Ce qui paraît hors de doute, c'est que les œufs sont évacués par les organes segmentaires. Sôderstrôm pense que la substance muqueuse qui enveloppe les œufs est sécrétée par la néphridie elle-même, comme les choses se passent vrai¬ semblablement chez les Anciens, suivant H. Eisig, tandis que, d'après M. Gaullery et F. Mesnil (1917), les enveloppes nida- mentaires paraissent être sécrétées par des glandes méta- mériques signalées chez le Spio filicornis O. F. Müller {Spio- martinensis Mesnil, d'après Sôderstrôm). Chez cette espèce, M. CauHery et F. Mesnil (1917) ont signalé Fig. 18. — Fragment de cocon ovifère de Pygospio elegans Claparède, — Gross. : 40. (D’après A, Sôderstrôm, 1920.) des faits de cannibalisme et d'adelphophagie. Ils ont dis¬ tingué, chez ce Polychète, deux formes de capsules ovulaires qu'ils désignent sous les noms de pontes A et de pontes B. Les premières contiennent des œufs qui donnent naissance à des larves pourvues de trois paires de faisceaux de soies pro¬ visoires. A ce stade, elles deviennent libres et commencent une existence pélagique. Dans les pontes B, on trouve des larves à différents stades et aussi de jeunes individus à 14-15 segments sétigères. Les dimensions des pontes A sont plus grandes que celles des pontes B. D'après M. Gaullery et F. Mesnil, les larves B se distinguent des larves A par le déve¬ loppement plus grand du vestibule buccal, des cavités cœlo- niques et par la réduction des couronnes ciliées prototrochale et pygidiale. De plus, la cavité du tube digestif de ces larves B est distendue par des œufs non évolués et par des larves arrê¬ tées dans leur développement. Les pontes B étaient recueillies 192 CH. GRAVIER en août et les pontes A au printemps. Il s'agirait donc ici, probablement, d'un dimorphisme saisonnier. A. Sôderstrôm a fait observer qu'une larve analogue à celle des pontes B a été décrite par Claparède et Metchnikoff (1869) pour une larve de Microspio (Spio) mecznikomanus Claparède. D'après les recherches de A. Sôderstrôm, des faits analogues à ceux qui ont été signalés par M. Caullery et F. Mesnil chez le Spio filicornis O. -F. Müller paraissent se passer également chez le Pygospio elegans Claparède. L'auteur suédois a étudié une ponte de l'espèce en question qui contenait non des larves, mais de jeunes Polychètes qui avaient de 1 milli¬ mètre à de longueur avec 12 sétigères et 2 segments pygidiaux achètes (%. 19). Les uncini étaient déjà développés du huitième au douzième segment sétigère. Les tentacules étaient courts, mais très reconnaissables, et le pygidium mon¬ trait l'indication des quatre appendices caractéristiques de l'espèce. Ces jeunes étaient sans cesse en mouvement, les uns parmi des autres. Les larves de ces pontes de Pygospio elegans ne passaient pas par le stade de vie pélagique ; elles atteignaient, dans la ponte même, un degré de développement tel qu'elles pouvaient passer directement de la ponte à la vie rampante sur le sol. Le même auteur a trouvé une fois dans un tube de Pygospio une vingtaine d'individus ayant 16 seg¬ ments environ. En ce qui concerne le Pygospio elegans Cla¬ parède, A. Sôderstrôm ne pense pas qu'on puisse parler de cannibalisme ; il s'agit ici d'œufs avortés, comme chez la Salamandra atra. 4. — Les œufs se développent dans une cavité NATURELLE DU CORPS DE LEUR PARENT. Les branchies, chez les Serpuliens, forment un panache fixé à l'extrémité antérieure du corps et qui, épanoui, res¬ semble à une superbe corolle d'une rare élégance, ornée des teintes les plus vives et les plus diverses. En se rapprochant les unes des autres, les branchies, qui sont constituées chacune par un axe solide ou rachis portant les filaments branchiaux, disposés comme les barbes d'une plume, forment une vaste PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHETES 193 çage à claire-voie. Chez certains exemplaires d'un de ces Ser- puliens, le Potamilla antarctica Kinberg, provenant des îles Falkland, P. Fauvel (1916) a trouvé des œufs et des larves qui remplissaient Tintérieur du panache branchial. Les œufs en incubation formaient deux grosses masses, dans lesquelles étaient englués plusieurs rachis branchiaux ; ils étaient gros, arrondis, opaques. Les larves mesuraient de longueur sur 0mm^25 de largeur. Leur tête (prostomium) est munie de deux yeux noirs en arrière desquels il existe une couronne de longs cils vibratiles, reste de la trochophore. Ces larves pos¬ sèdent de quatre à six segments sétigères, dont plusieurs sont Fig. 19. Fragment de cocon ovifère contenant de jeunes exemplaires de Pygospij elegans Clap. qross. ; 40. (D’après A. Soderstrôm, 1920.) armés d'une soie en spatule de Potamilla^ et d'une ou deux soies capillaires limbées. L'anus terminal est entouré de gros replis ou lobes. P. Fauvel fait remarquer avec raison que, dès 1866, K.in- berg (1) avait constaté le phénomène de l'incubation chez la même espèce qui habite l'Atlantique, le détroit de Magel¬ lan, les îles Falkland, les Kerguelen, etc. C'est au même mode d'incubation que l'on peut rapporter celui que présente le Flabelligera mundata Gravier, recueilli par les deux expéditions antarctiques françaises (Port-Char¬ cot, îles Shetland du Sud, île Déception) et par l'expédition de la Discooery (1901-1903 Victoria du Sud), d'après Ehlers (1912). Les singuliers Polychètes du genre Flabelligera sont recouverts par une épaisse couche de mucus translucide qui, chez le Flabelligera mundata Gravier, a plus de 2 • milli- (1) Ora et pulli ciliiferi, segmentis 5, longitudine interbranchias, die Ofebruarii 1853 collegimus. Annulatanova [Œfvers. Kong. Vetensk. — Akad. Forhandl., Stockholm, 1866, p. 354). ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10* série. VI, 13 194 CH. GRAVIER mètres d'épaisseur sur le dos, mais est plus mince sur la face ventrale ; le volume de ce revêtement paraît être supérieur à celui de Tanimal. La partie antérieure du corps est enfermée dans une sorte de cage qui s'ouvre suivant une fente située dans le plan de symétrie et qui est formée par des soies simples, arquées dans leur partie médiane et qui ne diffèrent pas essentiellement de celles des faisceaux dorsaux. En écar- Fig. 20. — Mode de formation de la poche ovifère par décollement de la cuticule dans la région du pore néphridien, en haut chez certaines espèces des genres Laonice et Prionospio \ en bas, chez \e Prionospio Malmgren. (Figure schématique, d’après A. Sôderstrôm, 1920.) tant les parois de cette cage et en examinant l'animal par la face ventrale, on voit les deux gros palpes épais pourvus d'un sillon médian et tangents dans leur région basilaire. En arrière de ces palpes, sur la même face, on aperçoit les branchies qui sont fort nombreuses et qui sont creusées d'un sillon dorsal pigmenté en brun violet. La cavité circonscrite par les palpes et la paroi de la cage est remplie, chez l'un des exemplaires de l'île Déception, d'œufs de couleur grisâtre, sphériques, plus ou moins adhérents les uns aux autres. Grâce aux mouvements PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÊTES 195 périodiquGs d ouvGrturG Gt dG fGrniGturG dG la cagG sphériquG •' r V iV i V W;- 4 > ■ : 4^ • f A . ^ rr \ \ ^y l'ig. 29. — Eteone Gaini Gravier; l’animal entier, vu de profd, enlouranl ses cou fs. ■ — Gro.ss. : 36. (D’après Cli. Gravier, 1911.) 217 Fig. 34. — Isomastus perartnalus Gravier, Vue latérale des derniers segments tho¬ raciques et des premiers segments abdo¬ minaux d’une femelle parvenue à l’état de maturité sexuelle. — Gross. : 17 1/2. (D’après Ch, Gravier, 1911.) l'hg. 35. — Isomastus perartnalus Gravier. 8e et 9e segments thoraciques d’un indi¬ vidu mâle à maturité sexuelle. — Gross. : 17 1/2. (D’après Ch. Gravier.) G.c. Fig. 3G. — Isomastus perartnalus Gravier. Coupe longitudinale médiane, suivant le plan de symétrie, intéressant les derniers segments thoraciques et lespremires segments abdominaux, d’un individu mâle parvenu à l’état de maturité sexuelle ; 5.8, soies génitales du 8® segment sétigère ; s. 9, soies génitales du 9® segment sétigère ; Gc., glande copulatrice ; Œ, œsophage ; I, intestin (1er segment abdominal); Mld, muscle longitudinal dorsal ; Mlo, muscle longitudinal ventral ; S7, Sg, S9, 7®, 8®, 9® segments sétigères ; N, intestin accessoire, — Gross. ; 17 1/2. (D’après Ch. Gravier, 1911.) „ Mld 218 CH. GRAVIER de Saint- Joseph a trouvé des œufs mûrs et des embryons ciliés dans la cavité cœlomique, ce qui semble indiquer que la fécon¬ dation peut être interne ; il a vu, dans la même cavité de certains individus, des embryons plus avancés avec une colle¬ rette ciliée en arriére des yeux, trois segments sétigêres non encore pourvus do crochets et un orifice anal. L'auteur pense que ce stade est antérieur à celui que Giard a décrit (1876) d'après un exemplaire recueilli dans le tube du parent. De même, chez un autre Serpulien (Pomatoceros triqueter (L.), en faisant des coupes dans l'abdomen de femelles mûres conservées dans l'alcool, le baron de Saint- Joseph a trouvé des œufs ronds de (jmm 44 diamètre et des « œufs devenus oblongs renfermant chacun un embryon sur lequel ce zoologiste a distingué un œil brun rouge. Il y aurait donc ici des embryons à l'intérieur des femelles mêmes, comme chez les Salmacina Dysteri, Il semble bien qu'il y ait, chez les deux Serpuliens en question, de véritables cas de viviparité. Chez un Cirratulien, le Dodecaceria conchariim Œrsted, M. Caullery et F. Mesnil (1898) ont distingué trois séries d'individus ; l'une d'elles. A, est constituée par des individus qui, sédentaires, ne subissent aucune métamorphose et sont vivipares et parthénogénétiques ; la seconde. B, est formée par des individus qui deviennent épigames et nageurs à le maturité ; enfin dans la troisième. G, se rangent les individus qui aboutissent aussi à une form e épigame, mais moins mobile et distincte, morphologiquement, de B. Un cas curieux est offert par le Polydora niürix Sôderstrom des îles Falkland. Sôderstrom a trouvé dans une éponge sili¬ ceuse une sorte de tube de 3 millimètres de largeur et de 10 à 11 millimètres de longueur, qui ressemblait à une ponte de Polydora ciliata Johnston et qui contenait une soixantaine de jeûnes Polychètes de 1 millimètre de long, pourvus chacun de vingt segments environ où les grosses soies caractéristiques du cinquième segment étaient déjà développées. Après un examen attentif au microscope, Sôderstrom constata qu'en réalité il s'agissait, non pas d'une ponte, mais d'un fragment de la région épigame d'une femelle. La paroi de la soi-disant ponte n'était autre que la cuticule du Polychète, reconnais- PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÈTES 219 sable à sa. structure. Les soies, de niêiïie que les organes internes, avaient disparu. Les jeunes individus étaient plongés dans une sorte de pulpe où Lon reconnaissait, après colora¬ tion au brun Bismarck, des grains arrondis et des restes de matières organiques. Il n"y avait plus trace de musculature ni de tube digestif ; les embryons, ou plutôt les jeunes indi¬ vidus, étaient en bon état ; il n'y avait donc pas à incriminer le mode de fixation. La masse pulpeuse contenant les jeunes paraissait résulter d^une dégénérescence des tissus, d^une sorte d'histolyse dont Fauteur n"a pu suivre le processus. Les branchies ne participaient pas è la désagrégation des tissus internes, peut-être à cause de leur situation à Fextérieur du corps proprement dit. Quoi qiFil en soit, il semble bien quhl y ait là un véritable cas de viviparité. Enfin M. Gaullery et F. Mesnil (1916) ont fait connaître une nouvelle forme de Syllidien vivipare trouvée par eux dans les mares à Lithothamnion de Fanse Saint-Martin et qufils ont appelée Ehlersia nepiotoca. Dans les 7 individus recueillis par ces deux naturalistes et contenant des embryons dans la cavité du corps, il n'y avait pas trace de spermatozoïdes. A ce sujet, les deux collaborateurs ont émis une hypothèse intéressante. Les Syllidiens vivipares ne seraient pas des espèces autonomes, mais des formes jeunes. Pendant un temps plus ou moins long, ils se reproduiraient parthénogénétique- ment. Quand ils auraient acquis leurs caractères définitifs, qu'ils seraient parvenus à ce qu'on appelle l'état adulte, ils deviendraient ovipares et bisexués et prendraient le mode normal de reproduction. Ce qui donne quelque fondement à cette hypothèse, c'est que ces Syllidiens vivipares ont, en général, un nombre réduit de segments. Il se passerait ici quelque chose de semblable à ce qui est connu depuis long¬ temps chez certaines larves de Cécidomyes ; ce serait un phé¬ nomène de pédogenèse. J'ai fait connaître desAaits du même ordre chez les Actiniaires (1919). On trouve, chez des larves pélagiques appartenant à des groupes variés d 'Actiniaires, des ovules déjà fort avancés dans leur évolution, sans aucun indice d'éléments mâles, et même des embryons à divers états de développement ; cela conduit à penser que certaines larves 220 CH. GRAVIER d'Actinies sont capables de se reproduire par des ovules non fécondés et qu'on est, par conséquent, en présence d'un cas de parthénogenèse larvaire et que la viviparité peut s'allier à la parthénogenèse. III. — MÉCANISME DE LA PONTE CHEZ LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES. Un assez grand nombre d'Annélides Polychètes évacuent leurs produits génitaux par les organes segmentaires, qui se présentent, chez ces animaux, sous des formes très variées, suivant les familles que l'on considère. Comme leur nom l'in¬ dique, ces organes, qui ont une haute importance morpholo¬ gique et offrent, au point de vue de l'évolution et des affinités des Vers annelés, un intérêt considérable, existent typique¬ ment dans chaque segment, sauf dans les segments antérieurs du corps et dans les tout derniers. On distingue deux parties dans l'organe segmentaire : la néphridie et le pavillon (1). Typiquement, la néphridie est un tube plus ou moins flexueux, parfois pelotonné sur lui-même, qui débouche au dehors par un petit orifice (pore néphridien) situé un peu au-dessous de l'insertion du cirre ventral ; elle se rapproche du plan médian de symétrie et va s'ouvrir dans la cavité du segment précédant immédiatement celui dans lequel est situé le pore néphridien, en traversant le dissépi- ment. (On appelle dissépiments les cloisons plus ou moins complètes qui séparent les uns des autres les segments du corps des Polychètes.) Au point de vue qui nous occupe, celui de la ponte, le cas le plus simple en ce qui concerne le débouché interne (néphrostome) de l'organe segmentaire est réalisé chez les Euniciens dont le tube néphridien s'ouvre dans le (1) Certains zoologistes emploient indifféremment les noms organes segmen¬ taires et de' néphridies ] la néphridie étant, d’ailleurs, peut-on dire, la partie essentielle, caractéristique de l’organe segmentaire dont le rôle est, avant tout, excréteur. Edmond Perrier (1893) a désigné sous le nom de Néphridiés tous les animaux qui, à un certain moment de leur existence, possèdent des organes ayant les traits fondamentaux des organes segmentaires des Vers annelés. Ces Néphridiés comprennent les Lophostomés (Rotifères, Bryozoaires, Bra- chiopodes), les Vers, les Mollusques, les Tuniciers et les Vertébrés. H PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÈTES 221 { cœlome par un large pavillon cilié (fîg. 30). A Tépoque de la S maturité sexuelle, Torgane segmentaire tout entier et surtout le pavillon génital paraissent s'accroître dans les segments gé- ^ nitaux, sans changer sensiblement de forme. C'est par ces organes que s'écoulent les éléments sexuels ; à maturité, les 1, spermatozoïdes chez le mâle, les ovules chez la femelle, ^ s'engagent dans le pavillon génital, I largement ouvert à l'intérieur de ' chaque segment. Les ovules, très plastiques, subissent un laminage et un étirement plus ou moins in- S tenses dans leur cheminement le J long du tube néphridien et, sur- * ' V 1 tout, au passage du pore, car le I diamètre de la voie suivie est, pres- f que toujours, bien inférieur à ce- lui de l'ovule ; on le constate dans l'étude de coupes minces en' série, T faites dans la région génitale. Un '.h pareil effîlement des œufs s'ob- serve dans d'autres groupes du i règne animal, comme chez les I Hyménoptères porte-tarière, par pig. 30. - Pavillon vibratue de î exemple. Les choses se passent l umbriconoreis impatiens. Glap. V' 1 ..P 1 1} Il — Gross.; 170. (D’après L. Faffe, g de cette façon, dans 1 ensemble, 1906.) \ chez les Syllidiens (fig. 31), chez les ri Aphroditiens, chez les Amphinomiens et chez les Ghryso- if pétaliens. Il en est très probablement ainsi chez les Anciens, [J dont on n'a jamais réussi à observer la ponte qui a la forme de ‘I boyaux rappelant un peu celle des Calmars, comme on l'a vu plus haut. Cependant H. Eisig (1914) est convaincu que chez ces IPolychètes les œufs sortent de l'animal par le pore néphri¬ dien et que le mucus où ils sont plongés est sécrété par la paroi glandulaire de Yiirne ; sous ce nom, l'auteur précité désigne le réservoir spacieux dans lequel s'ouvre le pore néphridien chez la femelle à l'état de maturité. ^ Il n'en est plus de même chez d'autres Polychètes, par I exemple chez les Phyllodociens, comme l'ont montré Goodrich 222 CH. GRAVIER (1 893-1909) et Fage (1906). Le tube néphridien se. termine, dans ce cas, à Fintérièur du corps de FAnnélide par une extré¬ mité aveugle, simple ou ramifiée ; chacune des ramifications est bordée par un bouquet de cellules de forme spéciale, appe¬ lées solénocytes. Ces cellules sont constituées par une masse protoplasmique pourvue d'un tube hyalin dans lequel un flagellum, inséré près du noyau et animé d'un mouvement hélicoïdal, entretient une circulation incessante dans la cavité P, pose externe; (D’après L. Fage, 1906.) du tube néphridien qui le contient (fig. 32). La né- phridie n'a ainsi aucune com- Fig.32. — Extrémité terminale de l’organe segmentaire de VEulalia viridis Millier, vue de face. — Gross. 574. — s, soléno¬ cytes; m.5., membrane de soutien \t., tube néphridien (D’après L. Fage, 1906.) munication avec le -cœlome ; elle est close; mais, à la maturité sexuelle, une communication entre le milieu ex¬ térieur et la cavité du corps du Ver annelé va s'ouvrir, grâce à la formation d'un organe nouveau. Pendant l'élabo¬ ration des produits sexuels, il se constitue une sorte d'en¬ tonnoir profond, cilié intérieurement, qui se soude au tube néphridien et s'ouvre dans ce dernier (fig. 33). C'est par ce pavillon génital de formation tardive, continué par le tube néphridien, que sont émises les cellules reproductrices au moment de la maturité. A des variantes importantes près, en ce PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÈTES 223 qui regarde les détails de structure de Torgane segmentaire, Févacuation des produits génitaux se fait de la même façon chez certains Hésioniens et chez les Goniades, parmi les Poly- chètes dont on connaît Fanatomie des organes segmentaires. L'organe segmentaire est, avant tout, excréteur ; ce n'est qu'accessoirement qu'il sert à l'écou¬ lement au dehors des produits sexuels, par suite de la forma¬ tion d'un pavillon génital qui vient se greffer secondairement sur lui. Mais, chez beaucoup de Polychètes, comme chez les Nephthydiens, les Glycériens, les Néréidiens, il ne pa¬ raît subir aucun changement à l'é¬ poque de la maturité ; il demeure clos et reste, par suite, exclusive¬ ment excréteur. Il ne peut jouer aucun rôle dans la ponte ; il sem¬ ble, d'ailleurs, que l'exiguïté de son calibre offrirait des difficultés insur¬ montables au passage des ovules. Une mention spéciale est due aux Gapitelliens étudiés d'une manière si approfondie par H. Eisig (1887), qui leur a consacré une monograpgie véritablement monumentale, fruit de longues années de recherches de toutes sortes et de lectures fort étendues. Il apparaît que le pavil¬ lon qui se développe indépendam¬ ment de l'organe segmentaire reste sans connexion avec lui et qu'il est chargé, à lui seul, d'effectuer la ponte, de même que l'émission des spermatozoïdes. L'appa¬ reil excréteur et le conduit génital sont séparés l'un de l'autre ; la néphridie conserve sa fonction purement excrétrice ; elle n'intervient en rien dans l'expulsion des produits génitaux au moment de la maturité sexuelle. De plus, chez le Dode- Fig. 33. — Organe segmentaire de VEulalia viridis Müller. — » Gross. : 260. — P, pavillon géni¬ tal; t, tube néphridien ; S, solé- nocytes ; p, pore externe. (D’a¬ près L. Fage, 1906.) CH. GRAVIER 224 ' caceria concharum Œrsted, M. Caullery et F. MesniF (1898) ■ ont montré que, dans les segments de Fabdomen, des pavil¬ lons génitaux indépendants des néphridies communiquent directement avec Fextérieur. De telles dispositions ne se répètent pas dans tous les segments remplis de cellules repro¬ ductrices ; on sait que les éléments sexuels peuvent, malgré les dissépiments, passer d'un segment à l'autre, aussi bien de la tête vers la queue qu'en sens inverse. Chez le genre Capi- tella^ d'après H. Eisig (1887), il n'y a que deux pavillons s'ou¬ vrant dans le huitième segment. Chez le genre Owenia^ il y a deux paires de pavillons chez le mâle et une seule paire chez la femelle dans le huitième segment, d'après les recherches de Gilson (1896). En somme, à part les cas où l'organe segmentaire est muni d'un large pavillon génital formé dès l'origine ou seulement au moment de la maturité sexuelle, on ne sait pas comment se fait la ponte chez un très grand nombre d'Annélides Poly- chètes. D'abord, il s'en faut de beaucoup que nous connais¬ sions actuellement la constitution des organes segmentaires chez tous ces animaux. D'autre part, il y a peut-être, chez certains d'entre eux, des dispositions anatomiques que nous ne soupçonnons même pas. On peut, à ce sujet, rappeler une curieuse observation de E.-G. Racovitza (1893-1894) relative au Micronereis çariegata Claparède, qu'il serait dési¬ rable de voir compléter par de nouvelles recherches. Chez ce Néréidien, la femelle, qui a 4 millimètres de longueur sur 350 p, de largeur, pond, dans un mucus épais qu'elle sécrète, une soixantaine d'œufs de couleur rouge. Ces œufs sont relative- ,ment très gros avec leur diamètre de 240 [x, par rapport aux dimensions de la femelle. L'auteur n'a pu assister à la ponte, mais, en exerçant une très légère pression sur une femelle à maturité complète, il a vu les œufs se diriger vers la partie postérieure du corps. Quand l'œuf est parvenu dans la région du pygidium, qu'il distend fortement, il paraît sortir par un orifice situé dorsalement par rapport à l'anus. Puis le pygi¬ dium reprend son aspect normal, et une sorte de sphincter obture l'orifice. Les autres œufs suivent le même chemin, qui semble être leur voie normale d'évacuation. PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÊTES 225 De 1 observation de Racovitza, on peut rapprocher celle de A.-T. Watson (1901), qui a découvert, chez ï Owenia fusiformis Delle Chiaje, Texistence de deux pores anaux par lesquels se fait Tévacuation des œufs et des spermatozoïdes, respecti¬ vement chez la femelle et chez le mâle. Il faut mentionner ici que, d après Goodrich (1912), chez leNerilla antennata Claparède, considéré comme un Archian- nélide à ranger dans les Polychètes, les œufs sont extrême¬ ment volumineux. Les deux oviductes qui s'ouvrent aux pores génitaux pairs du septième segment sont très petits comparés aux œufs mûrs. En section, leur diamètre est moindre que celui du noyau et même que celui du nucléole. Mais, peut-être, les oviductes s'élargissent-ils notablement au moment de la ponte ; les œufs sont très malléables et, peut-on dire, très ductiles^ On constate de semblables disproportions chez les Oligochètes. Lorsque, comme chez la plupart des formes hétéronéréi- diennes, les phénomènes d'histolyse qui accompagnent le développement des cellules génitales aboutissent à un fort amoindrissement des muscles longitudinaux, dorsaux et ven¬ traux, la paroi du corps n'offre plus qu'une résistance très réduite à la pression interne due à la masse des éléments sexuels. Ces derniers peuvent provoquer des déchirures par lesquelles ils trouvent une issue nécessaire. C'est ce qui se produit, vraisemblablement, chez un certain nombre de formes hétéronéréidiennes et qui paraît leur être fatal. Fr. R. Lillie et E.-E. Just (1913) ont essayé de conserver vivants des heteronereis de Nereis limbata après la ponte. Aucun de ces Polychètes n'a pu survivre plus de quelques jours. Les choses se passent, peut-être, de la même façon chez le Lycastis quadraticeps^ qui, d'après Johnson (1908), produit des œufs de taille géante. Chez ce Néréidien, l'œuf est accompagné, dans chaque segment, de cellules nutritives aux dépens des¬ quelles il grossit, et qui ressemblent beaucoup à de jeunes ovules. Mais il faut se garder de croire qu'il en est toujours ainsi et que les traumatismes accompagnant l'émission des produits sexuels marquent le terme de la vie chez les individus qui les subissent. ANN DES SC. NAT. ZOOL., 10® série. vi, 15 226 CH. GRAVIER L'exemple d'un Capitellien, le Clistomastus (Notomasfus) latericeus (Sars), est très instructif à ce sujet. Chez ce Capi¬ tellien, les pavillons génitaux ne se développent pas ; il n'y a aucun orifice sexuel, et comme les organ^es segmentaires sont tout à fait impropres à jouer le rôle de conduits génitaux, les éléments sexuels, comme H. Eisig l'a constaté, ne peuvent être mis en liberté que par le détachement de différentes portions de la partie postérieure du corps ; lorsque la séparation est faite, l'évacuation s'opère sans difficulté par la déchirure delà paroi du corps à divers niveaux. Eisig n'a pas été témoin du phénomène, mais il mentionne que les faits observés parlent en faveur de cette manière de voir. D'abord, on ne trouve presque jamais d'animaux intacts ; la partie abdominale est déchirée à l'extrémité, 'ou bien elle se termine par un moignon de régéné¬ ration, ce qui montre que l'animal ne meurt pas après s'être amputé d'une partie de l'abdomen. En outre, la plupart des organes sont profondément modifiés à l'époque de la maturité sexuelle. Les divers tissus de la région génitale et notamment ceux du tube digestif subissent une histolyse intense, de sorte qu'il paraît impossible à une partie du corps placée dans ces conditions de continuer à vivre. Dans la partie antérieure de l'Annélide et surtout dans le thorax, il en va tout autre¬ ment ; on n'y voit aucune trace de cette transformation. H. Eisig considère cette partie antérieure et, avant tout le thorax, comme la seule région constante du corps, la seule représentant d'une façon continue l'individualité de l'animal. ! A la suite de cette partie essentielle, se forment des segments ; qui se détachent pour assurer l'évacuation des produits sexuels. 1 Le septum qui, chez le Clistomastus lineatus (Sars), sépare le ' thorax de l'abdomen est peut-être à regarder comme une dis- , position préparant la séparation de l'abdomen chargé de pro- i duits sexuels. Ainsi, suivant H. Eisig, il y aurait très proba- ; blement chez le Clistomastus lineatus (Sars), sexuellement i mûr, une division du corps en deux parties dont l'antérieure, j qui a conservé toute son intégrité, peut continuer à vivre et à 1 bourgeonner de nouveaux segments et dont la postérieure, < qui est devenue un sac- chargé de produits génitaux, est inca- i pable de vivre par elle-même. H. Eisig a rapproché cette disso- ? PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHETES 227 ciation des phénomènes de reproduction présentés par cer¬ tains Syllidiens et encore bien obscurs pour nous. Chez ces Polychètes, Inexistence de stolons sexués est certaine, tandis qu elle n^est que probable chez le Çlistomatus lineatus (Sars). On trouve fréquemment dans les pêches pélagiques, à cer¬ taines époques de Tannée, des stolons sexués polymorphes qui ne sont composés que de- segments remplis d^éléments reproducteurs et détachés d^un animal sexué. Il y a une difPérenc.e fondamentale entre les deux familles à ce point de vue. Les stolons sexués des Syllidiens sont capables de régénérer la tête et d^acquérir des soies dites natatoires. Ceux de Clistomastiis lineatus seraient incapables dhme telle régénération ; ils n'en auraient pas les éléments : ils ne seraient que de simples réservoirs pour les cellules repro¬ ductrices, impropres à Taccomplissement des fonctions néces¬ saires à la vie et destinés à périr à brève échéance. Il y a cepen¬ dant un Syllidien dont les stolons sexués se rapprochent fort de ceux qui peuvent exister chez le Clistomastus^ c'est YHaplo- syllis hamata {spongicola) (Claparède) {= H aplosyllis auran- tiaca Eisig). Albert (1884) a montré que, chez çette espèce, les bourgeons dits natatoires, chargés de produits sexuels, qui se détachent de la souche, ne reforment pas de tête (pros- tomium). Ces stolons sexués n'ont pas l'apparence d'indi¬ vidus complets. Entre le cas de Y H aplosyllis hamata {spon- gicola)^ qui paraît être le plus simple, et celui de la régénération complète déjà tête, il y a tous les intermédiaires, et ces inter¬ médiaires, considérés jadis comme des formes autonomes, ont alors reçu des noms génériques différents {Chœtosyllis^ Tetraglene^ loida). Au point de vue de la reproduction, le genre Haplosyllis n'est que le premier terme d'une série dont les termes ultimes sont réalisés dans la tribu des Auto- lytés, qui présentent, chez les Vers annelés, le type le plus parfait de ce qu'on a appelé la génération alternante. Tandis que, chez les Syllis, le stolon sexué ne se détache de la souche qu'après complète maturité des éléments génitaux, chez les Autolytés, les œufs et les spermatozoïdes ne se produisent que dans les bourgeons prêts à se détacher. C'est chez ces animaux seulement qü'il peut être question de génération 228 CH. GRAVIER alternante au sens strict du mot, puisque, dans leur évolution, ils montrent successivement des individus asexués et des individus sexués bourgeonnés par les premiers et capables, comme eux, de mener une «vie indépendante. D'après l'étude poussée si loin qu'il a faite du Clistomastus lineatus (Sars), Eisig considère que la séparation périodique de la partie du corps bourrée de produits sexuels et menacée de mort prochaine est avantageuse pour l'existence de l'indi¬ vidu correspondant. Si cette partie menacée du corps ne se détachait pas, elle devrait, par suite de la décomposition qui, tôt ou tard, l'envahirait, se séparer de la partie antérieure du corps qui est capable de prolonger son existence. Le cas du Clistomastus lineatus peut certainement être rapproché de celui de YHaplosyllis hamata, et celui-ci se relie, par une série d'intermédiaires qui s'enchaînent nettement, aux phénomènes singuliers présentés par les Autolytés. Il y aurait ainsi, sui¬ vant H. Eisig, à l'origine même de ces générations alternantes parfois si déconcertantes des Polychètes, le détachement de la partie postérieure du corps bourrée d'éléments sexuels, inca¬ pable de vivre par elle-même et dont l'union avec la partie antérieure deviendrait fatale à celle-ci. Il faut remarquer ici que l'hypothèse d'Eisig trouve sa jus¬ tification dans l'histoire résumée plus haut des Palolos paci¬ fique et atlantique. Ces Euniciens, à la, maturité sexuelle, se coupent en deux ; une partie antérieure asexuée et une partie postérieure, plus développée que l'autre, remplie d'éléments génitaux, qui gagne la surface de la mer, y dissémine les cellules reproductrices et meurt ensuite. La partie antérieure, suivant A.-G. Mayer, chez le Palolo atlantique, conserve son habitat primitif, dans les fissures des rochers et bourgeonne une autre partie postérieure dans laquelle se forment de nou¬ veaux éléments reproducteurs. Le cas du Palolo japonais {Ceratoeephale Osawai Isuka) est bien différent et demande de nouvelles études. La forme hétéronéréidienne n'est constituée ici que par la partie antérieure du corps bourrée d'éléments reproducteurs. La partie postérieure s'émacie graduellement et se détache de bonne heure. Il faudrait voir si les cellules génitales ne se forment pas dans la partie postérieure du corps PONTE ET INCUBATIONS DE ANNELIDES POLYCHÊTES 229 et n émigrent pas ensuite dans la partie antérieure, qui devient seule pélagique, après quoi la partie postérieure vidée mour¬ rait et se détacherait. Il y a la, en toat cas, une période de 1 évolution de 1 animal, antérieure à Tessaimage, qu'il serait important de connaître. IV. — LA FÉCOxXüATIOIV CHEZ LES AXXÉLÏDES POLYCHÊTES Chez un grand nombre d’Annélides Polychètes, la fécon¬ dation est externe, en particulier chez ceux qui expulsent sim¬ plement et directement leurs éléments reproducteurs dans le milieu aquatique où ils vivent, — et qui est, très générale¬ ment, la mer, — sans former de ponte, comme le font ceux qui enveloppent leurs œufs dans un mucus protecteur. Quand les œufs sont pondus isolément, la fécondation paraît être absolument fortuite et permettre largement à l'hybridation de s exercer. Des cas d hybridation de Polychètes doivent se produire dans la nature, c'est incontestable, mais ils sont moins nombreux qu'on ne le croirait a prmrù D'abord, beaucoup de Polychètes ont des habitats bien déterminés, dans les sables de diverses natures, dans les fentes de rochers, dans la vase, sous les pierres, etc., et là ils vivent souvent en nombre plus ou moins considérable, ce qui facilite beaucoup la rencontre des produits génitaux des deux sexes. En outre, il est fort possible que les œufs de beaucoup d'espèces sécrètent, comme les expériences de Fr. R. Lillie et E. E. Just l'ont établi pour X^Nereislimbata^ une substance spécifique qui provoque rapi¬ dement l'émission des spermatozoïdes chez les mâles de la même espèce, sans avoir la moindre action sur les mâles mûrs d'autres espèces, même voisines (1). Il serait fort à souhaiter (1) Sans doute, on a réussi, dans les laboratoires, à provoquer la fécondation d’ovules d’une espèce déterminée par des spermatozoïdes d’une espèce très différente de celle-ci. Fr. R. Lillie, en particulier, s’est appliqué à réaliser le croisement, non seulement entre deux espèces de genres largement éloignés l’un de l’autre comme les Arbacia et les Echinarachnius parmi les Oursins, mais encore entre deux espèces de genres appartenant à des embranchements différents, comme, par exemple, entre un Oursin du genre Arbacia et un Anné- lide Polychète du genre Nereis. Mais il faut, pour cela, outre de minutieuses 230 CH. GRAVIER que ces recherches, si intéressantes et si importantes au point de vue de la biologie générale, fussent étendues à beaucoup d^autres formes animales. Le cas du Nereis limhata n'est sûre¬ ment pas isolé dans la nature, comme l'ont montré, en parti¬ culier chez les Néréidiens, E. E. Just (1914) d'une part, R. Herpin (1923) de l'autre. De plus, d'autres circonstances que nous sommes loin de connaître toutes, — en particulier des rapports de grandeur, — interviennent dans la fusion des éléments génitaux de sexes différents et viennent limiter fortement le nombre des hybridations que l'on peut croire si facilement réalisables dans la nature. Et puis, il existe peut-être, chez les Polychètes, des organes des sens que nous ne connaissons pas (il y a chez ces animaux, commè chez beaucoup d'autres, des organes qui demeurent pour nous absolument énigmatiques) et qui ont pour rôle de favoriser la fécondation entre individus de la même espèce. Ainsi, certains Spionidiens ont un organe sensoriel dorsal très développé dans les deux sexes. Sôderstrôm les considère comme un organe d'olfaction qui intervient peut-être dans le rapprochement des individus mâles et femelles, de même espèce, à la période de maturité. Les animaux quittent vrai¬ semblablement leur tube à cette époque ; sans protection alors, exposés aux attaques^ de nombreux ennemis, il est important pour eux, entre sexes différents, de se rencontrer au plus tôt, ce que faciliterait l'organe dorsal d'olfaction. A de très rares exceptions près, il n'existe aucun organe sexuel saillant à la surface du corps des mâles chez les Anné- lides Polychètes. Il en est cependant parmi eux un certain nombre qui sont pourvus d'une armature copulatrice. E. G. Racovitza (1893) nous a fait connaître celle du mâle du Micronereis çariegata Claparède, qui est plus petit que la femelle. Ce mâle mesure, à maturité, à peine 2 millimètres de longueur, avec 16 ou 17 paires de parapodes, alors que la femelle peut avoir 4 millimètres de longueur avec 21 paires précautions de technique, fabriquer un milieu spécial ; de pareilles conditions ne sont pas réalisées dans la nature. Le pourcentage des succès, dans ces fécon¬ dations hétérogènes, est toujours plus ou rnoins restreint. D’autre part, le développement des œufs fécondés ainsi artificiellement s’arrête, en général, à un stade peu avancé. PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYGHETES 231 de parapodes., Le mâle possède, à chaque rame ventrale de la troisième paire de parapodes, une paire de crochets copu- lateurs en forme de tige aplatie dont Textrémité est pointue, fortement recourbée, avec six denticules près du sommet en croc. Racovitza a vu un mâle fixé sur une femelle grâce à ses deux paires de crochets ventraux ; ce mâle était placé un peu de côté, par rapport à la ligne médiane dorsale, la tête tournée du même côté que celle de la femelle. Les crochets pénètrent profondément dans la paroi du corps de la femelle. Le mâle observé par Racovitza resta fixé pendant trois jours sur la femelle, qu'il quitta immédiatement après la ponte. L'auteur n'a pas vu s'effectuer la ponte, mais il est convaincu que la fécondation, ici aussi, est externe. Les ovules sont fécondés au sortir même du corps de la femelle, et il en est ainsi, sans doute, chez beaucoup de Polychètes qui ont une ponte agglomérée, dans laquelle les œufs se développent au bout de peu de temps. D'ailleurs, l'absence d'une armature copulatrice n'implique pas l'absence de copulation. Ainsi il n'y a pas, chez l'Arfcm Claparède, de crochets copu- lateurs chez le mâle, mais celui-ci, comme la femelle, pos¬ sède un pore néphridien qui conduit dans un réservoir spa¬ cieux en forme à’ urne ^ riche en glandes ; ce réservoir est moins développé chez le mâle que chez la femelle. Sui¬ vant Eisig, la ponte doit être précédée d'une copulation que cet auteur n'a pu observer directement. Il est bien possible qu'il en soit ainsi chez nombre de Polychètes qui enve¬ loppent leurs œufs dans une masse de mucus. D'après E. S. Goodrich (1912), la fécondation est probable¬ ment interne chez le Nerilla antennata Schmjdt, considéré comme un Archiannélide ayant des affinités avec les genres Dinophilus et H istriobdella. Le mâle de cette espèce possède une petite saillie copulatrice de chaque côté du pore génital. La copulation chez les Capitelliens. La copulation devient la règle dans la famille des Capitel¬ liens, dont l'un des traits les plus caractéristiques est certaine¬ ment l'armature copulatrice. Cette armature est, en général. 232 CH. GRAVIER Tapanage du mâle; cependant, chez les Capitomastus Eisig et Capitellides Mesnil, les deux sexes sont munis d'un appareil copulateur. Parmi les Capitelliens, VIsomastus perarmatus Gravier, de PAntarctique sud-américain, possède une armature copu- latrice fort développée, constituée par les faisceaux dorsaux de soies des huitième et neuvième segments qui se sont accrus d'une manière considérable et viennent au contact l'un de l'autre dans chacun de ces segments (fig. 34-35 p. 217). A l'état de repos, le huitième segment présente, en arrière, une pro¬ fonde dépression dorsale, au fond de laquelle on voit les soies des segments correspondants groupées en un seul faisceau de dix à douze soies à pointe dirigée en arrière. Les soies dor¬ sales du neuvième sétigère forment dans leur ensemble une solide pointe dirigée en avant, recourbée à l'extrémité libre, recouvrant celles du huitième segment et envahissant le terri¬ toire du dernier. J^es soies génitales des deux segments en question se ressemblent beaucoup entre elles ; ce sont de robustes soies aciculaires avec stries transversales très mar¬ quées ; les plus fortes sont à la périphérie, et leur taille va en décroissant de la périphérie au plan de symétrie ; celles du neuvième sétigère sont un peu plus puissantes que celles du huitième. Les mâles, à maturité sexuelle ont jusqu'à 52 milli¬ mètres de longueur ; les plus grandes femelles, dans le même état, ont 75 à 80 millimètres de longueur, la largeur ne dépas¬ sant pas 4 millimètres. Sur les soies, s'attache une très puissante musculature qui, sans doute, est apte à les faire saillir au moment de la copu¬ lation et à les ramener au fond de la dépression du huitième sétigère chez l'animal au repos, une fois la copulation accom¬ plie (fig. 36, p. 217). En outre, une glande fort développée (glande cémentaire, glande copulatrice d'Eisig) s'ouvre entre les soies copulatrices du neuvième segment. On ne sait pas comment fonctionne cet appareil incontestablement copula¬ teur avec son énorme développement musculaire et glandu¬ laire; personne ne l'a observé au moment où il entre en jeu. Il est difficile de se représenter comment les choses se passent. Par un phénomène de turgescence fréquent chez les Polychètes, PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÊTES 233 - — ainsi, par exemple, celui qui provoque Textroversion de la trompe chez ceux de ces animaux qui en sont pourvus, — la dépression du huitième segment disparaît, et alors les deux faisceaux de soies du huitième et du neuvième sétigère se dressent à la surface du tégument avec leurs pointes termi¬ nales incurvées les unes vers les autres. La femelle peut, grâce à ce solide appareil de contention, être maintenue fermement en place quand les pointes des crochets du mâle sont enfoncées dans son corps, et elle ne peut plus alors se déplacer longitu¬ dinalement. L orifice sexuel, qui est large, s'ouvre latérale¬ ment à mi-hauteur entre les septième et huitième segments, chez le mâle comme chez la femelle, et ces orifices doivent se placer en regard et arriver au contact 1 un de 1 autre. Nous ignorons comment ce contact est réalisé. L'énorme glande qui vient déboucher à la surface solis les soies du neuvième seg¬ ment et qu'Eisig appelle glande cémentaire ou glande copu- latrice doit intervenir activement au moment du contact sexuel. Eisig pense que sa sécrétion doit servir à lier plus fer¬ mement encore l'un avec l'autre les deux individus. Peut-être joue-t-elle un rôle dans le transport des sperma¬ tozoïdes. N'enveloppe-t-elle pas les œufs d'un mucus pro¬ tecteur ? , Suivant Eisig, chez les Gapitelliens, en général, les enton¬ noirs jouent le rôle de vésicules séminales, de canaux défé¬ rents et de pénis pour les mâles, de réceptacles séminaux, d'oviductes et de vulves pour les femelles. Ces entonnoirs contiennent du sperme soit chez le mâle, soit chez la femelle dans les exemplaires mûrs seuls. Mais, chez les Capitella^ Eisig y a trouvé des spermatophores presque à chaque saison et non pas seulement chez les femelles et chez les mâles mûrs, mais aussi chez les individus non mûrs et même chez tous les jeunes n'ayant pas plus, de 45 millimètres de longueur en ce qui concerne le Capitella capitata Fabricius. Or les adultes, à Naples, peuvent atteindre 8 centimètres environ de longueur chez le mâle et 7 chez la femelle. four se rendre compte de ces faits surprenants, l'auteur résolut d'étudier des exemplaires de Capitella capitata de différentes tailles, de mois en mois, au point de vue des pro- 234 CH. GRAVIER duits sexuels et du contenu des entonnoirs génitaux. Il constata que, durant la période d'activité génitale la plus intense, de décembre à mars inclus, non seulement les mâles et les femelles mûrs, mais les femelles non mûres elles-mêmes^ * sont remplis de spermatophores et de spermatozoïdes.; et même les mâles non mûrs, de 12 à 15 millimètres de lon¬ gueur, qui ne trahissent leur sexe que par les crochets géni¬ taux, sont dans le même cas. Et chez ces jeunes mâles, les tissus générateurs des éléments sexuels n'ont pas encore évolué; par conséquent, les spermatophores enfermés dans leurs enton¬ noirs génitaux doivent y avoir été introduits du dehors. D'où il faut conclure irrévocablement que les mâles mûrs pratiquent la copulation non seulement avec les femelles mûres ou non, mais aussi avec les mâles immatures. Bien plus, dans la génération récente de plus en plus dominante, de mars à juillet, chez les jeunes de 5 à 12 millimètres qui ne présentent encore aucune trace des exualité, les entonnoirs génitaux se trouvent remplis de spermatophores et de sper¬ matozoïdes et, de là, résulte que les mâles mûrs copulent avec les jeunes dont le sexe ne s'est pas encore manifesté comme avec les jeunes mâles et les jeunes femelles immatures. Gom¬ ment faut-il considérer cette copulation des mâles mûrs ? Ces faits peuvent, dans une certaine mesure, être rappro¬ chés de ceux qui ont été observés chez certains Tuniciers,dont les colonies se constituent rapidement, grâce à un bourgeonne¬ ment intense précoce. Chez la plupart de ces animaux, les cellules femelles ne parviennent pas à maturité chez l'individu qui les a formées et passent dans le bourgeon. Chez les Botryl- lidés, par exemple, d'après A. Pizon (1893), chaque individu reçoit de son parent des œufs jeunes nés chez ce dernier, qui n'auront pas le temps de mûrir chez lui et qu'il passera aux deux bourgeons qu'il produit ; ces deux bourgeons les condui¬ ront à maturité et les féconderont. Les ovules doivent tra¬ verser deux générations de bourgeons avant de mûrir, tandis que les éléments mâles accompliront leur fonction chez l'être même où ils se sont développés. Ainsi, chaque individu féconde les ovules de ses aïeux, soigne ceux de ses parents et transmet à ses descendants ceux qu'il a produits lui-même. PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÈTES 235 Ces rapports anormaux et étranges sont-ils le résultat de la violence du rut, ou bien jouent-ils un rôle dans le cycle des générations de TespècePEn tout cas, H. Eisig, qui a étudié le Cctpitella capitata d'une façon continue et d'une manière très approfondie pendant bien des années, n'a pu fournir le moindre élément de réponse à ces questions qui exigeraient sans doute des observations de longue haleine sur des indivi¬ dus fort nombreux. Ainsi, dans la famille des Gapitelliens, d'après les recherches d'Eisig, les ovules, chez les femelles mûres, sortent par les entonnoirs génitaux — correspondant vraisemblablement aux pavillons génitaux des Phyllodociens, des Goniades, de cer¬ tains Hésioniens — qu'ils trouvent remplis de sperme ; ils sont donc fécondés au passage avant de quitter l'organisme qui les a produits, et on peut dire qu'ici la fécondation est interne. A priori^ il semble qu'on pourrait affirmer qu'il en est de même pour les espèces reconnues vivipares ; cependant ce serait téméraire à l'heure actuelle, car la question appelle de nouvelles recherches. D'une part, pour certaines d'entre elles, la viviparité est discutée et demeure douteuse ; d'autre part, E. S. Goodrich (1900), recueillant à Naples un Syllidien vivi¬ pare qui lui a paru être très voisin du Syllis aiaipara Krohn, s'est demandé s'il ne se trouvait pas en présence d'un cas de parthénogenèse, et la même question se pose, peut-être, pour d'autres Polychètes vivipares. Plus récemment (1916), M. Caullery et F. Mesnil, après avoir étudié une forme nouvelle de Syllidien vivipare découverte par eux à l'anse Saint-Martin (près de La Hague, Manche) et qu'ils ont appelée Ehlersia nepiotoca^ ont émis l'hypothèse, comme on l'a vu plus haut, que les Syllidiens vivipares pourraient bien n'être que des formes jeunes d'espèces aptes à se reproduire parthénogé- nétiquement jusqu'à ce qu'elles aient atteint l'âge adulte, où elles deviendraient ovipares et bisexuées. S'il en était ainsi, il ne resterait guère que des espèces dont la viviparité n'est pas solidement établie aujourd'hui. Ces espèces n'ont, pas plus que les Syllidiens soi-disant vivipares, la moindre trace d'ap¬ pareil copulateur. Il est vrai qu'un tel appareil n'est pas in¬ dispensable ; il y a très probablement copulation, suivant 236 CH. GRAVIER Eisig (1914) chez Y Aricia jœtida Claparède, qui ne possède aucun organe de contention pour immobiliser la femelle. Il reste encore à signaler un mode très singulier de copu¬ lation, qui a été signalé par E. E. Just (1914) chez le Pla- tynereis megalops Verrill. Placée dans un cristallisoir, la femelle de cette espèce, à maturité sexuelle, nage lentement en ligne droite, ou bien, tournant la région céphalique à angle droit avec le corps, elle décrit des cercles dont cette région demeure la partie centrale. Dans les mêmes conditions, le mâle nage en spirales tangentiellement à la surface de Peau; il se rapproche de la femelle et finit par s'enrouler autour du pharynx de celle-ci. Sa queue bourrée de sperme est bientôt saisie par les mâchoires de la trompe dévaginée delà femelle, et les spermatozoïdes s'écoulent ainsi par le tube digestif profondément histolysé en arrière, devenu inerte dans le corps de cette dernière qui demeure tranquille durant ces événe¬ ments. Peu de temps — parfois quelques secondes — après que la femelle a ainsi saisi la partie caudale du mâle et reçu une certaine quantité de ^spermatozoïdes, les deux animaux se séparent et les œufs sont évacués par les déchirures de trois ou quatre des segments postérieurs du corps et, quelquefois aussi, par des segments' antérieurs. La femelle ridée, toute ratatinée, ne tarde pas à mourir. Après l'étreinte du mâle, qui est nécessaire, les œufs pondus, mis dans de l'eau de mer pure, donnent des larves nagèantes normales. Mais, — fait bien étrange, — les œufs extraits d'une femelle mûre, placés dans l'eau 'de mer ayec du sperme, provenant d'un mâle mûr, n'ont pu être fécondés. , Le stimulus mécanique, semble-t-ib donc^ n'est pas suffi¬ sant pour exciter l'émission des œufs ou du sperme. Les œufs ne sont pas pondus durant ou après l'étreinte du mâle ; il n'y a aucune émission de sperme avant que la queue du mâle ait été saisie par les mâchoires de da femelle. On est donc en présence d'un cas très particulier de copulation suivie d'une fécondation interne. Le sperme avalé féconde les œufs dans la cavité du corps delà femelle, et la ponte suit immédiatement. Les sections pratiquées dans les femelles gravides, tuées par des réactifs fixateurs appropriés, avant l'étreinte du mâle, PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHETES 237 ne montrent pas de sperme dans la cavité du corps. Les sec¬ tions de femelles mûres, après la copulation, montrent du sperme sur les antennes, dans la bouche, dans le pharynx et dans la cavité du corps ; on trouve même, dans ces condi¬ tions, du sperme attaché à la membrane vitelline des œufs. Puisque la pression mécanique même répétée du mâle ne suffît pas à provoquer la ponte, il est vraisemblable d'ad¬ mettre qu'une substance excitante émanée du sperme — ou peut-être d'une autre origine chez le mâle — détermine chez la femelle les mouvements qui aboutissent à la ponte. Comme le suggère Just (1914), il est fort possible que, chez certains Polychètes à poche incubatrice comme les Auto- lytus^ la fécondation soit interne ; on ne l'a jamais observée jusqu'ici. Il en est probablement de même chez VEteone Gaini Gravier, le seul Phyllodocien incubateur que l'on connaisse actuellement. On peut penser qu'il en est encore ainsi chez nombre de Vers du même ordre qui font des pontes agglo¬ mérées, dans lesquelles les œufs sont normalement fécondés, au sortir même du corps de la femelle. REMARQUES GÉNÉRALES Les Annélides Polychètes, si variés dans leur forme et dans leur coloration, mènent une vie indépendante. Il n'existe pas chez eux de sociétés hiérarchisées comme chez les Abeilles, les Fourmis, les Termites parmi les Insectes. Quelques espèces tubicoles, comme les Hermelles, les Salmacines et quelques autres Serpuliens, accolent leurs habitations et forment des masses plus ou moins volumineuses. Mais il semble bien n'y avoir aucune solidarité entre les membres d'un même groupe: ce sont des agglomérations, non de véritables colonies. Ils ne construisent pas, pour leurs petits, de nids à propre¬ ment parler et, par conséquent, ils ne font pas d approvision¬ nements pour leur progéniture comme certains Insectes sociaux ; ils ne fournissent pas de nourriture directement aux jeunes. Il y a toutefois des réserves à faire à ce sujet. En effet, le tube où pond le Nereis Dumerilii Aud. et M.-Edw. et qu'il 238 CH. GRAVIER fabrique avant la ponte ; celui des Capitella^ renforcé au moment de la ponte et qu'ils ne quittent pas avant que les petits puissent vivre par eux-mêmes ; les sacs dans lesquels les Sacconereis (femelles des Autolytés) et VEteone Gaini Gravier pondent et où les jeunes sont incubés, ne sont-ils pas des nids où la femelle veille jalousement sur sa progéni¬ ture ? Ce que l'Insecte ne peut faire, très généralement, puis- cju'il ne connaît pas ses petits. D'autre part, chez certains vSpionidiens, comme le Pygospio elegans Claparède et le Spio fllicornis (O. -F. Müller), un certain nombre d'œufs ne se développent pas ; beaucoup de jeunes larves ne poursuivent pas leur évolution et servent de nourriture à celles qui con¬ tinuent à s'accroître ; chez le Polydora nutrix^ une partie du corps de la mère entre en histolyse et constitue une pulpe dans laquelle les larves grandissent ; ces œufs, qui demeurent inertes, ces larves arrêtées dans la voie de développement, les tissus de la mère convertis en pulpe substantielle, ne consti¬ tuent-ils pas, pratiquement, une réserve de nourriture qui joue le même rôle, au point de vue physiologique, que la pâtée de miel chez les Abeilles ou les matières stercorales du Scarabée et de ses émules ? Le Polychète peut veiller sur sa descendance ; c'est là un avantage qu'il a sur l'Insecte. Dans nos climats, ce n'est qu'exceptionnellement que les Insectes connaissent leur pro¬ géniture ; chez nous, il n'y a guère que les Hyménoptères , sociaux, les Bousiers et leurs congénères qui soient dans ce cas. Comme le dit J. -G. Fabre (1922), « l'Insecte est, de nais¬ sance, orphelin de père et de mère ». Le Capitella capitata^ Eisig l'a observé, ne sort pas de son tube tant que la couvée qui s'y est développée n'est pas apte à mener une existence indépendante, de même que la femelle du Nereis Diimerilii ne quitte pas celui qu'elle a fait et où elle dépose ses œufs avant que les larves puissent se suffire à elles-mêmes. Dans le tube d'habitation, le jeune ne trouve pas seulement un abri sûr contre toute attaque. La mère y entretient le courant d'eau qui assure le renouvellement de l'oxygène et amène, en même temps, les particules nutritives nécessaires à l'alimentation ; le jeune a donc là le vivre et le couvert, PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÊTES 239 comme chez les Insectes qui font Tapprovisionnement pour les jeunes, tels les Hyménoptères sociaux et les Bousiers. Pour assurer Pexistence de leur progéniture, pour la con¬ servation de rindividu comme pour celle de Tespèce, les mani¬ festations de ce qu'on appelle l'instinct de conservation sont comparables, chez les Polychètes incubateurs, à celles que l'on observe chez les Insectes et chez les animaux dits supé¬ rieurs, chez les Poissons, chez les Batrapiens et même chez les Oiseaux. La Sacconereis des Autolytés qui meurt épuisée, dès que le sac dans lequel elle a couvé ses jeunes s'ouvre pour leur donner la liberté quand ils sont capables d'une vie indé- . pendante, n'est-elle pas comparable à l'Oiseau qui est rempli de sollicitude pour les œufs qu'il couve, qui oublie souvent de manger pendant ce temps, mais qui survit cependant à l'incubation? Le Potamüla antarctica Kinberg, qui incube ses œufs à l'intérieur du panache respiratoire ; le Flabelligera mundata Gravier, qui garde les siens dans sa cavité branchiale, ne sont-ils pas à rapprocher de certains Poissons de la famille des Cichlidés, du Tilapias galilea Artedi, par exemple, dont la femelle couve ses jeunes alevins dans la cavité bucco-bran- chiale (Pellegrin, 1921). Dans l'abri où ils sont placés, les œufs des Polychètes en question sont tout aussi bien en sécu¬ rité que ceux de l'Hippocampe et du Syngnathe mâles qui incubent leurs œufs dans la poche ventrale. Ne peut-on pas rapprocher les Exogonés et les Eusyllidés à (( gestation externe » des Batraciens qui maintiennent leurs œufs sous le ventre, comme le Rhacophonis reticulatus, Grenouille arboricole de Ceylan, ou le Hyla Gœldii^ petite Rainette du Brésil qui porte une couche de 26 œufs contenus de chaque côté dans un repli latéral de la peau du dos. On peut aussi rapprocher, sauf pour la position et pour le mode de formation de la poche incubatrice, les Sacconeveis des Rainettes marsupiales de l'Amérique du Sud, appartenant au genre Nototreiuü. Les œufs de ces Batraciens sont contenus dans une poche à ouverture postérieure. La couche externe de la peau du dos forme la paroi d'un sac qui s ouvre en arrière et dans lequel sont enfermés les œufs 5 on ignore absolument 240 CH. GRAVIER la façon dont ceux-ci pénètrent dans la poche. Chez certaines espèces, des œufs, au nombre d'une centaine environ, sortent des Têtards ; chez d'autres, les œufs se réduisent à un tout petit nombre, de quatre à seize, et donnent directement de petites Rainettes. On peut remarquer que l'incubation paraît être particu¬ lièrement fréquente dans les régions polaires, dans l'Arctique et plus encore dans l'Antarctique, chez les groupes les plus divers. 11 vient, naturellement, à l'esprit de considérer les basses températures comme favorisant l'incubation et, par suite, la température comme le facteur essentiel à ce point de vue. Mais le phénomène n'est pas localisé dans les régions froides, car il y a, dans les zones tropicales, nombre de formes incubantes variées. Une Actinie très abondamment représentée sur nos côtes, Y Actinia mesembryanthernumYj.{(jVdcv\QiY^ 1916), se montre, à l'Équateur, plus fortement incubatrice que dans nos régions, comme j'ai pu le constater sur des exemplaires recueillis par moi-même à l'île de San Thomé (golfe de Gui¬ née). Il n'en est pas moins vrai que des familles qui ne sont pas incubatrices dans nos mers européennes le deviennent dans les mers polaires. Le Cirratulus cirratus O. -F. Müller, qui n'incube pas sur nos côtes, devient incubateur aux îles Falkland. On ne connaît aucun Phyllodocien incubateur dans nos mers ; mais YEteone Gaini Gravier incube à la ma¬ nière des Autolytés dans l'Antarctique sud-américaine. Dans son mémoire sur l'incubation chez les Échinodermes des côtes sud-polaires, Œstergren (1912) pense à une relation entre l'incubation et les conditions bathymétriques dans la mer Glaciale subantarctique. Il fait observer que, en oppo¬ sition avec la mer glaciale arctique, l'océan Glacial antarctique est, dans son ensemble, une mer profonde et ne présente pas de grandes étendues couvertes par une mince couche d'eau. Mais il n'est pas établi actuellement que, d'une manière gé¬ nérale, l'incubation soit particulièrement fréquente chez les formes des grandes profondeurs. On pourrait incriminer la dureté de l'existence dans ces mers glaciales, qui forcerait en quelque sorte les espèces à se défendre contre les conditions défavorables du milieu. Or, PONTE ET INCUBATION DES ANNELIDES POLYCHÈTES 241 Tun des caractères les plus frappants de la faune antarctique, c'est le grand nombre des individus vivant ,sur des aires res¬ treintes. Ainsi, dans la collection des Polychètes rapportée par l'expédition antarctique australienne, Benham a trouvé plus de 100 exemplaires de Thelepiisant arcticiis Kinberg parmi les matériaux recueillis dans un seul coup de chalut ; un autre coup de chalut a ramené 65 exemplaires d'Harmothoe spinosa Kinberg, etc. Suivant Benham, cette abondance d'individus peut être due, d'une part, au petit nombre des ennemis, ce qui est bien discutable ; d'autre part, à ce que les conditions d'existence, apparemment si sévères, doivent, en réalité, être très avantageuses pour ces animaux. Une circonstance favo¬ rable doit être, en certains points, l'abondance de la nourri¬ ture, par suite de la pullulation des Diatomées à la surface. Il est à noter que, chez la plupart des formes incubatrices de Polychètes, les œufs sont relativement gros, riches en réserves nutritives et peu nombreux. Chez beaucoup de Syllidiens incu¬ bateurs, par exemple, il ne se développe finalement qu'un œuf de chaque côté dans les segments de la région génitale. Sans qu'on puisse en conclure qu'il y a relation de cause à effet entre les deux ordres de faits, il est indéniable qu'il y a paral¬ lélisme entre l'incubation d'une part, la grandeur des œufs en même temps que leur réduction en nombre, d'autre part. Cette corrélation est favorable à la conservation de l'espèce et de l'individu, car la sécurité pour les jeunes que procure l'incu¬ bation, sous quelque forme qu'elle soit réalisée, diminue singu¬ lièrement le pourcentage des pertes chez les êtres issus d'une même ponte. - En tout cas, il n'y a aucune correspondance entre le per¬ fectionnement du mode d'incubation et celui de la morpho¬ logie. L'évolution ne suit pas la même marche en ce qui con¬ cerne la morphologie d'une part, la physiologie et l'instinct de conservation d'autre part. Pareille discordance se manifeste chez bien d'autres formes que les Polychètes. Quoi qu'il en soit, l'incubation chez les Annélides Poly¬ chètes se pratique sous des modalités très diverses, plus variées que dans la plupart des groupes d'animaux, même les plus élevés en organisation. ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10® Série*. \T, 16 242 CH. GRAVIER Les phénomènes de Tincubation et de la ponte ne sont, chez ces Vers annelés, que fort incomplètement étudiés aujour¬ d'hui ; ils offrent un raste champ de recherches intéressantes aux travailleurs de l'avenir. TABLE DES FIGURES INTERCALÉES DANS LE TEXTE Numéros des ligures. Pages. 1. — Partie antérieure du corps du Perinereis Seurati Gravier; face dorsale. État asexué . 155 2. — Partie antérieure du corps d’une forme hétéronéréidienne du goKe de Cali¬ fornie; face dorsale . . . Id. 3. ■ — Partie antérieure du corps d’une forme hétéronéréidienne du golfe de Cali¬ fornie ; face ventrale . Id. 4. — Parapode du 10® segment sétigère de la même forme hétéronéréidienne.. . Id. 5. — Parapode transformé delà région postérieure du corps de la même forme hétéro¬ néréidienne . 156 6 — Soie en palette natatoire du corps de la même forme hétéronéréidienne. . 157 7. — Extrémitépostérieureducorps(pygidium)delamêmeformehétéronéréidienne. Id. 8. — « Palolo » du Pacifique à l’état épigame . 165 9. — Partie antérieure du corps de VHarmothoe imbricata L. ; face dorsale . 184 10. — Un anneau portant deux œufs, Exogone gemmifera (Pagenst.) . Jd. 11. - — ■ Une jeune larve à' Exogone gemmifera (Pagenst.) . * . . Jd. 12. — Une larve à'Exogone gemmifera (Pagenst.), en l’état où elle quitte la mère. Id. 13. — Femelle de Grubea limbata (Clap.) portant ses œufs sur le dos . Id. 14. — Femelle de Pionosyllis gestansPi^r. portant ses larves sur l’un des côtés du corps . 185 15. — Femelle de PionosyZZis e/e g'ans Pier. portant ses larves de chaque côté du corps. Jd. 16. — Larve de Sphærosyllis hystrix Clap. au moment où elle va se détacher de sa mère . Jd. 17. — Cocons ovifères de Polydora ligni Webster . . . . . . 190 18. — Fragment de cocon ovifère de Pygospio elegans Clap . . 191 19. — Fragment de cocon ovifère de Pygospio elegans Clap. avec de jeunes individus de cette espèce . * . 193 20. • — Mode de formation de la poche ovifère chez certaines espèces de Laonice et Prionospio . • . 194 21. — Le Spirorbis corrugatus Mont, extrait de son tube calcaire . 195 22. — Schéma de la formation de la chambre incubatrice chez le Spirorbis corrugatus Mont . 199 23. — Forme épigame femelle de VAutolytus prolifer (O. -F. Müller).. . 207 24. — Forme épigame femelle de Myrianida pinnigera Montagu . 208 25. — Organe oviducteur de Myrianida pinnigera Montagu . Id. 26. — Coupe transversale d’une forme épigame femelle d’Autolyté, au moment de la formation du sac ovigère . 209 27. — Faceventraled’unefemelledeParauïo/yms/osciainsEhlersincubantsespetits, 216 28. — L’un des embryons les plus évolués de Parautolytus fasciatus Ehl . Id. 29. ■ — Eteone Gaini Gravier. L’animal entier vu de profil entourant ses œufs .. Jd. 30. — Pavillon vibratile de l’organe segmentaire du Lumbriconereis impatiens Clap. 221 3J. ■ — Organe segmentaire du Typosyllis proliféra Krohn . 222 32. — Extrémité terminale de l’organe segmentaire de VEulalia oiridis Müller . . Id. 33. — Organe segmentaire de VEulalia viridis Müller . Id. 34. — Isomastus perarmatus Gravier. Derniers segments thoraciques et premiers segments abdominaux vus latéralement . 217 35. — Isomastus perarmatus Gravier. Huitième et neuvième segments thoraciques d’un individu mâle à maturité sexuelle . Jd. 36. — Isomastus perarmatus Gravier. Coupe longitudinale médiane montrant l’ap¬ pareil copulateur . 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AUTRES POLA'CHÈTES DONT LES PÉRIODES DE PONTE SONT LIÉS AUX PHASES DE LA LUNE . 170 D. LES PHASES DE LA LUNE ET LES PÉRIODES DE MATURITÉ SEXUELLE CHEZ CERTAINS POLYCHÈTES . 171 II. — Annélides Plychètes qui assemblent leurs œufs dans une ponte agglomérée . 173 A. Polychètes qui abandonnent complètement leurs œufs APRÈS LA PONTE . 174 B. Polychètes incubateurs . 175 1. U incubation se fait sur les parents eux-mêmes . 177 2. Les œufs et les larves demeurent attachés aux parents : « gesta¬ tion externe » . 179 3. La ponte se fait à V intérieur au tube habité par les parents. ... 189 4. Les œufs se développent dans une cavité naturelle du corps de , leur parent . . . 102 Les Spirorbes . 195 Comment les œufs parviennent-ils à la chambre incuba- trice ? . . 201 Origine probable du mode d’incubation chez les Spirorbes. 203 5. Les œufs se développent à Vintérieur d’un abri formé par le parent à la maturité sexuelle . 205 6. Viviparité chez les Polychètes . 213 III. — Mécanisme de la ponte chez les Annélides Polychètes. . . 220 IV. — La fécondation chez les Annélides Polychètes . 229 Remarques générales . 237 Table des figures intercalées dans le texte . 243 Index bibliographique . 244 LES ASSOCIATIONS ANIMALES DES CORDONS DE POSIDONIES DE LA PETITE SYRTE (TUNISIE) Par L.-G. SEURAT La région de la côte tunisienne qui s'étend du Ras Kapou- dia à la frontière tripolitaine et qui comprend les îles Ker- kennah et Djerba est caractérisée par des côtes basses qui plongent dans la mer avec une déclivité insensible ; elle est bordée d'une large ceinture de hauts fonds vaso-sableux recouverts d'une riche végétation de Posidonies {Posidonia oceanica Del. ; syn. P. Caulini Koen.), de Caulerpes [Caulerpa proliféra (Forsk.) Lamour.] et d'Halimèdes {Halimeda tuna EU. Sol.) formant de véritables prairies sous-marines de plusieurs milles de largeur. Les feuilles des Posidonies tombent à l'automne et, entraînées par les tempêtes qui se produisent dans ces parages duraxit les mois d'hiver, sont rejetées sur le littoral où elles viennent former des cordons hauts parfois de près d'un mètre, comme on le constate à Zarzis, cordons arrosés par les vagues, mais qui ne sont mouillés qu'aux grandes marées de vive eau. La partie inférieure de ces lais en contact avec le sable est un véritable fumier en fermen¬ tation. Ces lais de plantes marines abritent une faune remarquable par les associations qu'elle présente, faune qui, dans son ensemble, est plutôt une faune terrestre. Les éléments les plus caractéristiques de la vie animale des cordons de Posi¬ donies de Gabès, de l'îlot Gattaya Gueblia, sur le versant tourné vers Guallala (île Djerba), de Zarzis et du chenal de ANN. DES SG. NAT. ZOOL., 10® série, 1923- VI, 17 250 G. SEURAT Sidi Chaouch de la petite mer des Biban sont les suivants : deux Oligochètes, le Pontodrüus {Plutellus) littoralis (Grube) et un Enchytræus de couleur blanc de lait, qui diffère des autres formes méditerranéennes à! Enchytræus (renseigne¬ ment de W. Michaelsen) ; un Oniscide, le Tylos armadillo Latr. (syn. T. Latreillei Audouin) ; deux Géophiles, le Clino- podes poseidonis (Verhœff) et V Hydroschendyla siibmarina (Grube), dont Texistence sur les côtes de TAfrique du Nord n'avait pas encore été mentionnée ; un Amphipode, YOrches- tia Montagui Audouin ; la larve d'un Tabanide, YOchrops Seurati Surcouf ; un Coléoptère de petite taille, très agile, Y Actinopteryx fucicola Alliber ; un Pseudoscorpionide de taille relativement grande, le Garypus Beauvoisi (Savigny) ; une Auricule, Y Alexia bidentata Montagu et un Prosobranche, le Truncatella truncatula Draparnaud (1). A ces éléments peuvent s'en ajouter d'autres, moins cons¬ tants : divers Coléoptères, Cafius sericeus Holm., Phaleria acuminata Küst., Styphloderes exculptus Boh. trouvés dans l'important cordon de Posidonies accolé à la jetée qui franchit l'ancienne barre de l'oued Gabès ; Lygia italica Aud. Sav. et Orchestia gammarella (Pallas) de la même localité et le Sphæ- roma serratum Fabr. observé à l'îlot Cattaya Gueblia (Cattaya du Sud). Les cordons de Posidonies, particulièrement importants en quelques points de la baie d'Alger (La Pérouse et Rus- guniæ), permettent de retrouver quelques-uns des éléments de cette faune subterrestre. Le Pontodrüus littoralis y est peu fréquent, mais YEncky- træus abonde, ainsi que le Tylos armadillo et YOrchestia Montagui. Les Insectes, nombreux, sont représentés par un Collembole, par divers Staphylinides et leurs larves, Cafius 5crtccw5jHolm. étant le plus commun, C .cicatricosus Erichson^ Myrmecopora uoida Erichs., Heterota plumbea Waterh., par (1) G 6st pour moi un dovoir très agréable de remercier les spécialistes qui ont bien voulu examiner mes récoltes et en assurer la détermination : MM. Bro- LÉMANN, Chevreux, Simox, Fages, P. Fauvel, Pallary, de Peyerimhoff, Surcouf et M“e h, Gautier. LES CORDONS DE POSIDONIES 251 un Hydrophilide, Cercyon arenanum Rey et par VActino- pteryxfucicola. Je n'ai jamais constaté la présence du Gary pus Beammsi, mais, par contre, celle d'un gros Bdellide de cou¬ leur cinabre et celle de nombreux Gamases. Les Trunca- telles et VAlexia bidentata abondent dans les parties abritées par les rochers, au contact du sable, loin de la mer. D'autre part, deux Mollusques de la zone littorale, Littorina neri- toïdes Linné (syn. L. cærulescens Lamk.) et Trochoœchlea turbiformis Salis s'aventurent parfois sur le cordon de Pcsi- donies. L habitat subterrestre est connu pour la plupart des espèces, que nous venons de citer. Oligochètes. — Divers Enchytraeides à sang incolore parmi lesquels V Enchytræus humicultor Vejd. (svn. E. sor- didus Levinsen, E, fucoriim Levinsen, E. Mœbi Michaelsen), ont été signalés dans les cordons littoraux de Zostères à demi décomposées, humectées d'eau de mer ; ces Vers jouent un rôle important dans la décomposition du fumier de Zostères. h' Enchytræus sp. de l'Afrique mineure est plus particulière¬ ment abondant dans les parties basses des lais, formées de plantes marines en voie de fermentation ; à Rusguniæ (baie d'Alger), cet Enchytræus s'éloigne quelque peu du cordon littoral : je l'ai trouvé au sommet d'une falaise peu élevée (2 mètres), dans la vase d'une mare d'eau saumâtre. Le Pontodrilus {Pliitelliis) littoralis (Grube) vit dans les cor¬ dons de Posidonies du littoral méditerranéen de la France • il a été trouvé dans ces conditions par Marion sur la plage du Prado, à Marseille (forma Marionis Perrier) et par Grube à Villefranche (forma typica). Dans le cordon d'herbes marines du chenal de Sidi Chaouch (mer des Biban), en contact presque permanent à sa partie inférieure avec l'eau de mer, ces deux Oligochètes vivent en compagnie du Perinereis cultrifera (Grube); Marion a noté (1883) la même biocœnose dans les lais de Posidonies de la plage du Prado. Isopodes. — Le Tylos armadillo Latreille n'est pas limité aux cordons de Posidonies ; il abonde, dans l'îlot Gattaya 252 G. SEURAT du Nord, sous les pierres du trottoir rocheux cbuvert de la ■petite Balane Chtamalus stellatus Rarizani, où il est parfois associé au Sphæroma serratumFRhr. Cet Isopode est d'ailleurs répandu sur presque toutes les côtes de la Méditerranée. Amphipodes. — UOrchestia Montagui Audouin est un Amphipode commun sur les côtes dé Provence, d'Algérie et de Tunisie et qu'on trouve toujours dans les lais de Posi¬ donies. ■ Arachnides. — Le Gary pus Beaiwoisi Savigny (syn. Che- lifer Bravaisi Gervais 1842 ; Garyms littoralis L. Koch 1873), est particulièrement abondant à Gabès. Il se nourrit, ainsi que je l'ai constaté à Gabès, d'Orchestia et probablement aussi de larves de Staphylinides. Il a été signalé en divers points du littoral méditerranéen, = Égypte, Tunisie (Porto Farina, Sfax), Algérie (Oran), Corse, Espagne ; les exem¬ plaires ibériques ont été décrits par Waterhouse (1879) sous le nom de Gary pus saxicola. Les Acariens littoraux sont connus depuis longtemps : Liinné et Fabricus indiquent des Acarus marins vivant parmi les Fucus sur les côtes de Norvège, A. zosteræ L. et A. fucorutn L. ; Laboulbêne, en 1851, en a décrit trois h espèces, Gamasus salinus^ G. marinus et G. halophilus. | Insectes. — La larve de VOchrops Seiirati Surcouf est par- : tout d'une grande abondance, aussi bien dans le Sud-Tunisien que dans les environs d'Alger. Son habitat n'est d'ailleurs i pas limité aux cordons de Posidonies : je l'ai observée à l'îlot Cattaya-eLBaharia, vivant enfoncée dans le sable fin d'une plage baignée par le flux à toutes les marées ; dans cette station, elle se nourrit avec avidité de Talitres (Talitrus ■ saltator Mont.). J'ai recueilli trois nymphes de ce Tabanide, le 10 octobre dernier, à l'îlot Cattaya Gueblia (Cattaya de Sud), dont l'une a pu être menée jusqu'à l'éclosion et a donné un mâle adulte un mois plus tard. M. Surcoi f a observé la femelle de cet Insecte, tantôt butinant sur les inflorescences de V Eryngium maritimum LinnéTantôt posée sur les cordons « de plantes marines de la baie du Corso (département d'Alger). L'absence presque complète de Vertébrés domestiques dans r les parages fréquentés par ce Taon a amené les femelles à ^ LES CORDONS DE POSIDONIES 253 être presque exclusivement iloricoles : dans les îiots qui ferment la mer des Biban, les Mammifères, domestiques ne sont représentés que par quelques rares Chiens ; d'autre part, les deux îlots Cattaya de la mer de Bon Graraso ut inhabités/ mais les Dromadaires et les Moutons y sont mis à paître en cer taines saisons. UA.ctinopteryx fiicicola Alliber, Coléoptère Ptiliidæ de la série des Nécrophages, est une forme littorale à aire très vaste, répandue depuis les côtes de la Suède jusque dans la Méditerranée, d'une part, et l'Amérique du Nord, d'autre part. Les C a fias sont des Staphylinides exclusivement marins. Le Cafius sericeus Holm. a été signalé sur les côtes de l'Égypte, de la Berbérie et de la Macaronésie (Canaries, Ténérifîe) ; le C. cicatricosus Erichs. est connu de Soliman, près de Tunis, (Dr Normand) ; le C. Flicki Vauloger a été trouvé dans l'île Gherba des Kerkennah (Kerkennah occidentale)* et à Soliman. La majorité des espèces du genre Myrmecopora ont un habitat maritime ; le M. uçida est connu du littoral méditerranéen, le M.sulcata Kiesenw. du littoral de la Méditerranée et de la Manche. Le Styphloderes exculptus Boh. vit sous les amas de plantes marines desséchées ; ce Curculionide a été rencontré, en cette station, sur les côtes méditerranéennes de la France et sur celles de la Ligurie, de la Sardaigne, de la Sicile,, de la Dalmatie, de la Grèce et de l'Algérie (Bône). h'Heterota plumhea Waterh. (Staphylinide),. le Phaleria acuminata Küst. (Ténébrionide) et le Cercyon {Paraliocer- cyon) arenarium Rey (Hydrophilide) sont également des Coléoptères connus pour leur habitat littoral. L'existence de V Anurida maritima (Guérin-Méneville) [syn. A chorales mari- timus Guér. Men. 1836 ; Lipura maritima Lubbock), Collem- bole bleu ardoisé, a été mentionnée par divers auteurs dans les creux des rochers, au bord de la mer, en Normandie, en Bretagne et dans le Boulonnais (Giard) ; Laroulrène (1864) a trouvé cette Lipurelle sur la côte normande, en compagnie du Micrallymma hreoipenne (Gyllenhal), dans le sable immergé au moment du flux. Myriapodes. — Le Clinopodes Poseidonis Verhœff (syn. 254 G. SEURAT Geophüus Poseidonis Verh. 1901) décrit de File d'Égine, où il vit sur le bord de la mer, a été trouvé depuis à Portici (SiLVESTRi, 1903), et par M. Brôlemann aux îles de Lérins (vis-à-vis de Cannes), dans les cordons de Posidonies écla¬ boussés par les vagues ; dans cette localité, M. Brôlemann (renseignement inédit) Pa trouvé associé à d'autres Géophiles : Geophüus fucorum Brôlem., 1909, Henia hicarinata Meinert, 1870, Pachymerium ferrugineum (C. Koch, 1835) et à un Iulide, Isohates {Thalassisohates) littoralis Silvestri, 1903 (1). La seconde espèce de Géophile des lais de Posidonies du Sud-Tunisien^YHydroschendyla submarina (Grube, 1869), est une espèce répandue sur les côtes de France et d'Angleterre ; elle a été notamment signalée à Piriac et à Préfailles (Loire- Inférieure) et sur le littoral septentrional de la Méditerranée, à Banyuls (Brôlemann et Biraut) et à Portici (Silves¬ tri, 1903). 0 La comparaison faunistique des cordons de Posidonies de la petite Syrte et de ceux de l'Algérie, de la Provence et de l'Adriatique montre que les associations animales sont de beaucoup les plus riches et les plus variées dans le Sud- Tunisien. A la vérité, leurs éléments se retrouvent en d'autres régions, mais nulle part, à ma connaissance, on ne les trouve rassemblés avec une pareille ampleur. (1) Verhœff (1908) a décrit un autre Isobates, le Thalassisohates adria- ticus, trouvé à Trieste en biocœnose avec divers Isopodes, Sphæroma serra- tum Fabr., Tylos armadillo [Latreillei Audouin), Armadilloniscus dalma - tinus Verh, et avec le Forficule du littoral méditerranéen, Anisolahis mari- tima (Géné). MONOGRAPHIE SYSTÉMATIQUE DES PHYLIOPODES CONCHOSTRACÉS AVEC 173 FIGURES DANS LE TEXTE Par feu EUG. DADAY DE DEÉS PROFESSEUR A l’ÉCOLE POLYTECHNIQUE SUPÉRIEURE DE BUDAPEST (Ij. DEUXIÈME PARTIE Fam. Leptestherîîdæ Dad. n. fam. Daphnidæ (pro parte) Strauss-Dürckheim, 124, p. 126. Limnadiadæ (pro parte) Baird W., 5, p. 84 ; Chyzer K., 29, p. 9. Limnadiacea (pro parte) Grube E., 52, p. 204. Limnadiidæ (pro parte) Simon E., 120, p. 450 ; Sars G. O., 101, p. 14; Sayce O. A., 112, p. 242; Keilhack L., 65, p. 8 ; Borcea J., 19, p. 10 ; 20, p. 197 ; Gurney R., 55, p. 300. Estherianæ Packard S. A., 94, p. 303. Estheriidæ (pro parte) Claus G., 33, p. 10; Sars G. O., 99, p. 10 ; 101, p. 23. Corpus plus minusve elongatum, conchis fere omnino inclusum. Gonchæ umbonæ distincta forma sæpissime Arcam, (1) Depuis la publication de la première partie de ce mémoire dans les Annales (9® série, t. XX), en 1915, M. Daday de Deés est mort, sans avoir eu la satisfaction de voir complète la publication de ce travail qui représente de si longs et de si méritants efforts. Je tiens à rendre hommage à sa mémoire, car il a laissé une œuvre scientifique de haute conscience, et il fut un des plus distingués parmi les collaborateurs de mon service au Muséum. Son mémoire comprendra encore deux autres parties. E.-L. Bouvier. OO I — ool — ANN. DES SG. NAT. ZOOL., 10® série, VI, 1923. 256 E. DADAY DE DEÉS interdum Tellinam imitante ; zonis incrementi distinct] s, npmerosis, numéro variabili; supra ve] infra visæ anguste fusiformes ; structura variabili. Caput mobile, fronte compressa, appendice frontali nulla, ante oculos composites tuberculum plus minusve promi- nentem formante ; fornicibus distinctis, usque ad apicem rostri vergentes. Angulus occipital] s aut brevis, plus minusve obtuse rotundatus, aut productus, plus minusve acute termi- natus. Rostrum in mare plus minusve dilatatum, compres- sum, sæpissime spatuliforme, in apice seu angulo anteriore spina armatum. Antennæ inferiores multiarticulatæ, in margine anteriore tuberculis sensoriis numéro variabili, elongatæ. Antennæ superiores trunco obsolète multiarticulato, ramis duobus varia- biliter articulatis, articulis numéro variabili in margine ante¬ riore aculeatis, in posteriore vero setosis, setis longis, nata- toriis. Oculi compositi plus minusve fere confluentes. Oculus simplex macula nigra, sæpissime fusiformis. Truncus e segmentis 22-32 pedigeris compositus. Segmenta aliquot posteriora trunci dorsolateraliter aculeis vel setis numéro variabili et interdum tubercule mediodorsali armata. Pedes 22-32 paris margine epipoditi branchialis aut integro, aut crenulato, aut processibus setiferis armato. Pedes primi et secundi paris maris prehensiles, structura variabili. Pedes primi paris maris feminæque epipodito laterali, plus minusve coni-vel digitiformi, dense longeque setoso. Pedes aliquot anteriores, maris feminæque palpo endopoditali distincte et lamina epipoditali, triangulari, laterali. Pedes 9 paris feminæ cornu epipoditi branchialis flagelliformi, inermi, ad sustendum ovorum idoneo. Pedes 10-11, 10-12 ; 10-13 ; 10-14 vel 10-15 paris feminæ ovigeri, cornu epipoditi bran¬ chialis ad sustendum ovorum idoneo, cylindrico, polito. Telsonum sat abbreviatum, compressum, e segmentis duo¬ bus compositum, in margine anali utrinque aculeatum, acu¬ leis structura, magnitudine numeroque sat variabilibus, in angulo distali superiore processibus duobus felciformibus crassis, in angulo distali inferiore unguiculis duobus falciformi- ■ J LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 257 bus, crassis, in angulo distali inferiore unguiculis duobus apica- bbus, falciformibus, validiusculis, articulatione disjunctis ;* prope angulum dorsalem proximalem setis duabus longis,, biarticulatis, plumosis et in angulo ipso aculeo crasso sæpis- sime carens. Ova membrana structura variabili secta. Evolutio et metamorphosis compléta cum Nauplio libero incipientes. Familia hæc continet 3 généra adhuc cognita in couspectu infra sequente conscripta. Les espèces de cette famille figuraient jusqu’à présent dans le genre Leptestheria G. O. Sars, appartenant à la famille des Estheriidæ. A la rigueur, on pourrait les ranger parmi les C sensstheviiddB ^ si elles n en différaient par certains traits caractéristiques frappants. Voici les traits caractéristiques de la famille que je trouve les plus importants : lo L’extrémité du rostre de la tête porte une épine qui n’existe jamais dans la famille des Cdenestheriidæ ; 2® La séparation de la lame triangulaire latérale épipo- diale des pattes, particularité ne se rencontrant pas dans la famille des Cænestheriidæ ; 3^ La transformation en ovigères lisses et cylindriques des cornes supérieures des épipodites branchiaux des 10^-11®, ou même des autres paires de pattes, jusqu’à la 15^ inclusive¬ ment, des femelles, tandis que, chez les Cænestheriidæ, ce sont seulement les 9®-10® paires de pattes dont les cornes supérieures des épipodites branchiaux qui ont subi la trans¬ formation des ovigères allongées, flagelliformes ; 4® Les épines du bord anal du telson sont toujours fines et pour la plupart' presque égales, tandis que celles des> Cænestheriidæ sont ordinairement épaisses et inégales , 50 L0g valves vues de profil ont la forme d un Avca^ ou bien elles sont telliniformes ; vues d en haut, elles sont étroites et fusiformes. Celles des Cænestheriidæ cepen¬ dant sont le plus souvent cycladiformes, plus rarement telliniformes. .258 E. DADAY DE DEÉS Les genres de cette famille se distinguent les uns des autres d'abord par la forme de l'angle occipital de la tête et, en second lieu, par la structure du bord de l'épipodite branchial, comme, du reste, nous le voyons dans le Cons- pectus suivant : CONSPECTUS GENERUM FAMILIÆ Leptestheriidæ HUGUSQUE COGNITORUM. 1. Angulus occipitalis capitis in utroque sexu plus minusve productus, angustus acuteque terminatus . 2 — Angulus occipitalis capitis in utroque sexu brevis, plus minusve late rotundatus. Eoleptestheria n. gen. 2. Pedes ornnes margine epipoditi branchialis in utroque sexu integro . Leptestheria G. O. Sars-Dad. — Pedes omnes margine epipoditi branchialis in utroque sexu processibus setiferis, diverse longis armato . . . Leptestheriella Dad. n. gen. Au point de vue de la forme de l'angle occipital de la tête, c'est, parmi les trois genres figurant dans le Cons- pectus ci-dessus, le genre Eoleptestheria Dad. que je considère comme le plus primitif, tandis que, par rapport à la structure du bord de l'épipodite branchial, c'est le genre Leptestheriella Dad. que je considère comme le mieux développé. * Gen. Eoleptestheria Dad. n. gen. Isaura Balsamo-Grivelli 15, p. 115 (pro parte). Estheria Grube E., 52, p. 234, 258 (pro parte). Gonchæ a latere visæ sæpissime ovj-vel telliniformes, margine dorsali in marginem posteriorem sine limite visi- bili rotundato ineunte, rarius forma Areas imitante, margine «dorsali et posteriore angulum distinctum formantibus ; — 334 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 259 iimbone distincta, angusta, marginem anteriorem approxi- mata, marginem dorsalem parum superante. Conchæ infra vel supra visæ sat anguste fusiformes, "Compressæ, latitudine maxima semper ante medium sita. Valvulæ concharum zonis incrementi numerosis, numéro variabdi, diverso modo sculpturatis. Caput maris a latere visum aut triangulare, aut utrumque quadrangulare, angulo occipitali haudproducto, plus minusve late rotundato. Rostrum aut angustum, acutum, aut dila- tatum, compressum, spatuliforme, aculeo apicali armatum. Fornices usque ad api-cem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem plus minusve prominentes. Caput feminæ a latere visum triangulare, angulo occi¬ pitali haud producto, latiusculo rotundato. Rostrum angus¬ tum, plus minusve acutum, aculeo apicali armatum. Fornices usque ad apicem. rostri vergentes, ante marginem fronta¬ lem infraocularem plus minusve prominentes. Antennæ inferiores tuberculis sensoriis numéro variabili ; antennæ superiores ramis diverso modo articulatis ; macula oculi simplicis forma cometam imitante. Truncus e segmentis 22-28 pedigeris compositus. Segmenta 18-24 posteriora aculeis, spinis ve] setis dorsolateralibus, numéro variabdi tuberculo mediodorsaJi plus minusve pro- minente, lato vel angusto arcuata. Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pedes primi et secundi paris maris in margine interiore parti apicali s plus minusve sinuati, tuberculo altiorevel humiliore. Pedes 10-11 paris feminæ cornu superiore epipoditi branchialis ad sustendum ovorum idoneo, cylindrico. Pedes omnes, exceptis paribus duabus anterioribus maris et aliquot ulti- mis, lamina triangulari epipodiali. Telsonum aculeis marginalibus seu anabbus parvis, gla- bris vel asperis, sensim crescentibus, numéro valde varia¬ bili, fere æqualibus ; aculeo angulari superiore carens, unguiculis apicalibus solum aculeis minutis margina vesti- tum. Ova membrana polita tecta. Genus hoc novum generis Leptestheria G. O. Sars affine, — 335 — 260 E. DADAY DE DEÉS I sed difîert : structura anguli occipitaliS; segmentorumque 18-24 posteriorum trunci armatorum et continet adhuc species très, in conspectu infra sequente, incolas stagnorum aquæ dulcis temperatæ. CONSPECTUS SPECIERUM GENERIS » Eoleptetestheria HUCUSQUE COGNITARUM. 1 . Caput maris a latere visum utcunque quadrangulare, rostro dilatato, spatuliformi . 2 — Caput maris a latere visum triangulare, angustum rostro acute terminato ; pars apicalis pedum 1-2 paris maris in margine interiore parum sinuata ; valvulæ concha- rum zonis incrementi areoJatis . . . . . Eoleptestheria inopinata Dad. n. sp. 2. Conchæ maris feminæque tellinæformes, margine dorsali in marginem posteriorem sine limite visibili rotun- date ineunte ; valvulæ concharum disperse granulatæ vel punctatæ ; parsa picalis pedum 1-2 parvis maris in margine interiore tubercule latiusculo ; rostrum femi- næ acute terminatum . . . Eoleptestheria ticinensis (Criv.). — Conchæ maris a latere visæ forma Areas imitante, margine dorsali et posteriore angulum plus minusve distinctum, obtusum formantibus ; valvulæ concharum areolatæ, areolis concinne punctatis ; pars apicalis pedum 1-2 paris maris in margine interiore tubercule acutius- culo ; rostrum feminæ rotundate terminatum. . . . Eoleptestheria chinensis Dad. n. sp. Par ses caractères essentiels, ce genre ressemble beaucoup aux Leptestheria G. O. Sars, mais Textrémité occipitale des mâles et des femelles et aussi la structure des segments postérieurs du tronc pourvus d'épines ou de soies présentent une telle différence qu'd est facile de distinguer ces deux genres. L'une de ces trois espèces, Eoleptestheria ino- — - LES PHYLLOPODES CONGHOSTRACÉS 261 pinata Dad., s'écarte tellement par la forme de la tête du mâle et du rostre des deux autres espèces qu'on pourrait même en faire le type d'un genre spécial. Eoleptestheria inopinata Dad. n. sp. (Fig. 81 bis^ a-i.) Conchæ a latere visæ utcunque cycladiformes, altitudine maxima 2/3 longitudinem attingente ; umbone sat angusta Fig. 81 bis. Eoleptestheria inopinata Dad. a, concha a latere. 1 : 5. b, conchæ supra visæ. 1 : 5. c, pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj : 0.) d, pes secundi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) e, telsonum et segmenta 24 posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, caput a latere. 1 : 10. g, pars telsoni et segmenta 6 ultima trunci. (Reich. Oc. 5. Obj. : 2.) h, pes tertii paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0 ) i, pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) et acutiusculo rotundata, margine anteriore sat remota, marginem dorsalem parum superante (fig. 81, a). Margo anterior concharum posteriore parum altior, regulariter sat latiusculoque arcuatus, cum margine dorsali angulum obtu- sum formans, in margine ventrali vero sine limite visibili 262 E. DADAY DE DEÉS ineuns. Margo dorsalis 2/3 longitudinem concharum superans^ rectus, in marginem posteriorem sine limite visibili rotundato ineuns. Margo posteriorregulariter et sat acutiuseulo arcuatus, in marginem ventralem late rotundatum sine limite visi¬ bili ineuns (fig. 81 his^ a), Gonchæ infra vel supra visæ auguste fusiformes, latitu- dine maxima multo ante medium sita ; apice anteriore posteriore multobreviore latiore, tumidioreque ; marginibus lateralibus in parte anteriore minore late arcuatis, in majore pcsteriore vero declivibus, convergentis, tectis (fîg^Sl his^ h). Valvulæ concharum zonisincrementi 17, areolatis polygo- nalibus (fig. 81 his^ i) ; colore cinereoflavo. Caput a latere visum triangulare ; angulo occipitali lato et late rotundato ; margine frontal! supraoculari in parte superiore minore leniter arcuato, in parte majore inferiore- leniter lateque sinuato, ante oculos composites tuberculum latiusculo rotundatum formante ; margine frontal! infra- oculari leniter late sinuato (fig. 81 bis^ /). Rostrum acutum,, acuminatum, margine ventral! recto. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infra- ocularem sat prominentes, hincque latiusculo arcuatæ: (fig. 81 his^ /). Antennæ inferiores tuberculis 20 sensoriis ; antennæ supe- riores ramis 16-17 articulatis ; macula oculi simplicis formam cometæ imitans (fig. 81 his^ /). Truncus e segmentis 28 pedigeris compositus. Segmenta 24 posteriora trunci spinis vel setis dorsolateralibus, numéro variabili, tuberculoque mediali plus minusve prominente, aut nulle. Segmenta 18 posteriora spinis longis, vel setis tenui- bus 6-8, una mediali longiore, ceteris lateralibus minori- bus ; segmenta 6 antecedentia spina unica, brevi, mediali armata (fig. 81 his^ e-g). Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro (fig. 81 , c, d, h). Pars apicalis pedum primi paris in margine interiore, prope clavam apicalem distincte et late sinuata, in medio leniter lateque tuberculata (fig. 81, c). Pars apicalis pedum secundi paris fere in medio marginis interioris late sinuata (fig. 81, d). Pedes tertii paris palpo endopoditali longitudi- •)OQ - .J»>0 — LES PHYLLOPODES CONGHOSTRACÉS 263 nem exopoditi multo superante, cylindrico (fig. 81 bis, h). Telsonum aculeo angulari proximali sat validiusculo, aculeis marginalibus seu analibus tenuibus, sensim cres- centibus, glabris, numéro circa 50 (fig. 81 bis, e-g). Longitude maxima concharum 7,8 mm. ; altitude maxima 5,3 mm. ; latitude maxima 1,8 mm. Patria. Remania, Gamana, coll. I. D. Prof. I, Borcc(i\ specimen unicum masculinum, libenter mihi donatum exa¬ mina vi. Species hæc nova difîert a speciebus ceteris generis : forma structuraque capitis, telsoni, numéro structuraque segmen- torum trunci arcuatorum. L Eoleptestheriü iïiopinütci Dad. est très intéressant j car, par les épines des segments postérieurs du tronc et la forte épine de 1 angle supérieur du telson, aussi bien que par la ^rme de Textrémité occipitale de la tête et celle du rostre, il rappelle les Cs&nestheriŒ, L^épine apicale du rostre, la présence de Pépipodite triangulaire latéral aux pattes et la structure des griffes apicales du telson rapprochent cepen¬ dant plus cette espèce des Leptestheria, et surtout d Eoleptestheria ticinensis Criv. (qui a, aussi, une extré¬ mité occipitale obtuse) et à' Eoleptestheria chinensis Dad. La distribution géographique de cette espèce se trouve au 27^ de longitude orientale, au 47^ de latitude septentrionale et entre les zones isothermes septentrionales -f 10 à -f 12. Eoleptestheria ticinensis (Criv.). (Fig. 82, a-q.) I saura ticinensis Balsamo-Grivelli, 15, p. 115, Tab. 1. Estheria ticinensis Grube E., 52, p. 234-258, Tab. 8, fig. 5-8; Tab. 10, fig. 14; Tab. 11, fig. 4-11; Ficker, 46, p. 407, Tab. 1, 2;Chyzer K., 31, p. 68; Simon E., 120, p. 450. Mas (fîg. 82, b, c, e, g, h, k, l, o, p, q.) — Gonchæ a latere visæ utcunque oviformes, altitudine maxima 2/3 longi- tudine ; umbone sat angusta at anguste rotundata, mar- 264 E. DADAY DE DEÉS ginem anteriorem sat approximata, marginem dorsalem minime superante (fig. 82, h). Marge anterior concharum margine posteriore altier, regulariter lateque arcua- tus, cum margine dersali angulum retundatum for- mans, in marginem ventral em sine limite visibili ineuns. Marge dersalis 2/3 lengitudinem cencharum multe supe¬ rans, apud umbenem parum sinuatus, ante umhonem reclus^ pest umbenem vere leniter late arcuatus, in marginem pes- terierem sine limite visibili retundate ineuns. Marge pes- terier regulariter acutiusculeque arcuatus, in marginum ven- tralem sat ventricese retundatum sine limite visibili ineuns {%. 82, b). Genchæ infra vel supra visæ auguste fusifermes, latitudine maxima multe ante medium sita ; apice anteriere pesteriere multebreviere, latiereque ; marginibus lateralibus in parte ' minere anteriere late arcuatis, in majere vero pesteriere .1 declinibus, rectis, cenvergentibus, parum cempressis (fig. 82, e). ; Valvulæ cencharum, zenis incrementi numere variabili ; (16-30), dense sat cencinneque vel crebriuscule punctatis ; (fig. 82, i) ; celere cernee, dilute cineree, vel dilute brunnee. ii Caput a latere visum utcunque quadrangulare ; angule J eccipitali haud preducte, late retundate ; margine frentali supraeculari in parte superiere acutiuscule arcuate, in parte inferiere distincte latiuscule sinuate, ante ecules compesites tuberculum distinctum, sat acutum fermante ; margine frentali infraeculari in parte superiere declive i sinuate, in parte inferiere recte (fig. 82, c). Restrum dila- | tatum, cempressum, spatuliferme, angule anteriere ebtuse, i pesteriere vere late retundate, margine ventrali retundate, pesteriere declivi. Fernices usque ad apicem restri vergentes, ; ante marginem frentalem infraecularem preminentes, hincque | late arcuatæ (fig. 82, c). Antennæ inferieres tuberculis 12-16 sensersii ; antennæ f superieres ramis 12-16 articulatis ; macula eculi simplicis feimam cemetæ imitans. Truncus e segmentis 22-28 pedigeris cempesitus. Segmenta ^ 22, rarius selum 18 pesteriera trunci aculeis vel setis dersela- teralibus, numere variabili, tuberculeque sat preminente, ) — 340 — — » >1 1 - LES PHYLLOPODES GONCHOSTRACÉS 265 latiusculo armata. Segmenta 7 ultima aculeis sat teniiibus Fig. 82. # Eoleptestheria ticinensis (Bals. Criv.). а, $ concha a latere. 5:1. б, concha a latere. 5:1. r, J caput a latere visum. 5:1. d, $ conchæ supra visæ. 5:1. (-, (5' conchæ supra visæ. 5:1. f, $ caput a latere visum. 5:1. g, cî pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) h, ^ pars apicalis pedis 2-di paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) i, Ç pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) /c, c? pes 3-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) l, ^ pars apicalis unci terminal! pedis primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) m, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) n, $ pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) O, $ (J telsonum et aliquot segmenta trunci. 10 : 1. P. 9 pars telsoni et aliquot segmenta trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) q, aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 5. Obj. : 2.) in sérié antroï'sum sequente 5.5.5.5.7.7.7. vel 1.7.1 .1.1 .1.1 ^ ANN. DES SG. NAT. ZOOL., 10® série, 1923. VI, 18 266 E. DADAY DE DEÉS uno mediali longiore, ceteris lateralibus brevioribus, segmenta vero 15 antecedentia setis in sérié antrorsum sequente 7.7.5.5.5.5.5.3.3.3.1.1.1.1, una mediali longiore, ceteris latera¬ libus brevioribus (fîg. 82, p), Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro (fig. 82, g, k). Pars apicalis pedum primi et secundi in margine inte- riore, fere in medio sat profunde et late sinuata, tubercule prominente, acutiusculo terminato (fîg. 82, g, h), Pedes tertii paris palpo endopoditali exopodito fere duplo longiore, cylindrico (fîg. 82, k). Telsonum aouleis marginalibus seu analibus numéro valde variabili (28-40), tenuibus, asperis vel concinne denticulatis, magnitudine sat simili, vel . parum sensim crescentibus (fig. 82, o-q). Longitude maxima concharum 10-20 mm. ; altitude maxi- ma 6,2-13 mm. ; latitude maxima 2-5,5 mm. Femina (fig. 82, a, /, m-q), — Gonchæ a latere visæ oviformes, altitudine maxima 2/3 longitudinem parum superante ; umbone sat angusta et auguste rotundata, marginem anteriorem sat approximata, mar- . ginem dorsalem parum superante (fîg. 82, a). Marge anterior concharum posteriore parum altior, regulariter arcuatus, in marginem dorsalem ventral em que sine limite visibili ineuns. Marge dorsalis leniter arcuatus, apud umbo- nem plus minusve sinuatus, 2/3 longitudinem concharum sat multo superans, in marginem posteriorem sine limite visibili rotundato ineuns (fig. 82, a). Gonchæ infra vel supra visæ latiusculo fusiformes, latitu- dine maxima multo ante medium sita ; api ce anteriore pos¬ teriore breviore latiore et sat acuto ; marginibus lateralibus in parte minore anteriore late arcuatis, in posteriore majore rectis, declivibus, convergentibus (fig. 82, d). Valvulæ concharum numéro zonarum incrementi, struc¬ tura coloreque maris similibus. Gaput a latere visum utcunque triangulare ; angulo occi- pitali haud producto, late rotundato ; margine frontal! supra- oculari in parte superiore late arcuato, in parte inferiore leniter late sinuato, ante oculos composites tuberculum — 342 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 267 humile, latiusculo rotundatum formante ; margine frontal! infraO'Ciilari utGunque late sinuato, in parte inferiore recto (fig. 82, /). Rostrum angustum, apice acute rotundato, acuminato, margine ventrali recto. Fornices usque adapicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem parum prominentes, hincque leniter late arcuatæ (fîg. 82, /). Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi simplicis forma structuraque maris similibus. Truncus e segmentis 22-28 pedigeris compositus. Segmenta I sæpissime 22, rarius 18 posteriora trunci aculeis longis, sat ^ tenuibus vel setis dorsolateralibus, numéro variabili, tuber- I culoque sat prominente longiusculoque armata segmenta I 7 ultima aculeis in sérié antrorsum sequente 5.5. 5. 5. 7. 7. 7y ' uno mediali longiore, eeteris lateralibus brevioribus ; seg- limenta vero antecedenti 15 setis in sérié antrorsum sequente ' 7.7. 7. 7. 7. 5. 5. 5. 3. 3.3.1 .1 .1 .1 , una mediali longiore, ceteris II lateralibus minoribus (fig. 82, o, p). ! Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro (fig. 82, n). Pedes primi paris palpo endopoditali longitudinem dimidiam exopoditi multo superante, cylindrico (fig. 82, m), IPedes 10-11 paris cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico, ad sustendum ovorum idoneo (fig. 82, n). ! Telsonum numéro structuraque aculeorum marginalium i seu analium maris similibus (fig. 82, o-q). ’ Ova sæpe colore flavo, membrana polita tecta, j Longitude concharum maxima 8,5-20 mm. ; altitude maxi- ; ma 5,7-13 mm. ; latitude maxima 2, 3-5,5 mm. ' Patria. — Pavia, stagna, coll. D,B. Crwelli anno 1859 ; , Groatia, specimina aliquot e collectione Musæi nat. liist* Berolinensis examinavi. Hungaria, Szôllüske, coll. D. Dr. K. Ckyzer anno 1887^ die 9mensis junii et 17 mensis julii, specimina e collectione Musæi nat. hist. Parisiensis et nation, hungar. Buda- • pestinensis examinavi. Hungaria, Tokai, coll. D. Dr. K. Chyzer, ojmo 1888, die 8, mensis maji ; Bodrog-Zsadâny, coll. D. Dr. K. Ckyzer^ anno 1888, die 4 mensis maji ; Kiralyhelmecz, coll. D. Dr. K. Chyzer, anno 1889, die 12 mensis maji; specimina e col- 268 E. DADAY DE DEÉS lectione Musæi nationalis hungarici Budapestinensis exami- navi. Asia minor, Dinek, coll. D. L. Nâday^ anno 1911, die 4 mensis jidii. \ indobona, sec. D. Ticker et D. Prof. C. Grobben'^ Sara in Hungaria sec. D. Dr. K. Chyzer. Vindobona, trans Laar et Sziszek in Hungaria, specimina e collectione Musæi vindobonensis examinavi. Vindobona et Szôllüske, specimina e collectionne Gathe- dræ zoologicæ primæ Universitatis vindobonensis a me exa- minata. Depuis Balsamo-Crwelli (1859), plusieurs auteurs ont étudié cette espèce,- mais le professeur E, Grube seul en a fait une description et des figures tout à fait satisfaisantes; le Dr. Ch, Chyzer,, qui a recueilli cette espèce dans plusieurs loca¬ lités de Hongrie, insiste surtout sur les dimensions et leur variabilité en se référant à la description du professeur jË*. Grube pour le reste. Les caractères les plus importants des indivi- i dus mis à ma disposition correspondent à la description du professeur E. Grube] ils s'en écartent un peu relativement ; à la structure de la partie apicale des première et deuxième paires de pattes des mâles et de la surface des valves. Les valves d’ Eoleptestheria ticinensis Griv., vues de profil, ressemblent tellement à celles de Cyzicus californicus Pack, et de Cyzicus tetraceros (Kryn.) qu'on pourrait les confondre, j comme S. A. Packard et le Dr. Ghyzer en ont déjà fait la remarque. Gette espèce ressemble aussi un peu aux Cyzicus ’ dntermedius Dad., sibiricus Dad. et dubiosus Dad. Mais de tous, elle diffère par ses caractères génériques, et elle est très .j voisine d’ Eoleptestheria chinensis Dad. ' Sa distribution géographique est limitée par les 9® 10' — 37^ de longitude orientale^ les 37° — 48° 25' de latitude septen¬ trionale et par les lignes isothermes septentrionales + 10 à +. 18. LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 269- Eoleptestheria chinensis Dad. n. sp. (Fig. a-q.) Mas (fig, 83, a, h, d, e, g, h, k, /, n-q). — Conchæ a latere visæ plus minusve formam Arcæ imitantes, altitudine maxima 2/3 longitudinem aiit parum, aut sat multo non attingente ; umbone angusta et anguste rotimdata, marginem anteriorem sat approximata, marginem dor- salem superante (fig. 83, a-b). Margo anterior posteriore plus minusve altior, regulariter latiusculoque arcuatus, cum margine dorsali aut angulum distinctum, rotundatum for- mans (fig. 83, a), aut in marginem dorsalem ventralemque sine limite visibili ineuns, sed in marginem dorsalem multo angustius rotundato (fig. 83, b). Margo dorsalis fere in medio distincte, latiusculo arcuatus, antice posticeque declivis, apud umbonem plus minusve sinuatus, cum margine poste¬ riore aut angulum indistinctum, rotundatum (fig. 83, a), aut angulum distinctum, obtusum formans (fig. 83, b). Margo posterior plus minusve regulariter acutiusculoque arcuatus, in marginem ventralem late rotundatum sine limite visibili ineuns (fig. 83, a-b). Conchæ infra vel supra visæ sat anguste fusiformes, lati- tudine maxima multo aiîte medium sita ; apice anteriore posteriore multo latiore brevioreque, interdum parum com- presso, sat acutiusculo ; marginibus lateralibus in parte minore anteriore late arcuatæ, in parte majore posteriore declivibus, convergentibus (fîg. 83, d, e). Valvulæ concharum zonis incrément! 22-26, areolatis, areis polygonalibus, dense concinneque punctatis vel granu- latis (fig. 83, l) ; colore dilute flavobrunneo. Caput a latere visum utcunque quadrangulare, angulo occipital! haud producto, plus minusve latiusculo rotundato , margine frontal! supraoculari aut in parte superioie obsolète arcuato et in parte inferiore late sinuato, aut in toto leniter sinuato, ante oculos composites tubeiculum latiusculuiTi lateque rotundatum formante *, margine fiontali infiaoculaii prope oculos late sinuato, in parte inleriore lecto (fig- 83, /?)► 270 E. DADAY DE DEÉS Rostrum compressiim, dilatatum, spatuliforme, angulo ante- riore recto acuminata posteriore rotundato, margine ven- trali recto, vel parum rotundato. Fornices us que ad apicem rostri vergentes, ante tnarginem frontalem infraocularem valde prominentes hincque sat alte arcuatæ (fig. 83, h). Antennæ inferiores tuberculis 16 sensoriis ; antennæ supe- riores ramis 16-17 articulatis ; macula oculi simplicis forma cometam imitante (fig. 83 h). Truncus e segmentis 22 pedigeris compositus. Segmenta ISposteriora trunci aculeisvel setis dorsolateralibus, numéro variabili, tuberculoque parum prominente, sat angusto mediali arcuata. Segmenta 7 ultima aculeis in sérié antror- sum sequente aut 1.1. 1.3.3. 5. 5 aut I.3.3.3.3.3.3., uno mediali multo longiore, ceteris lateralibus multo brevioribus ; seg¬ menta 11 antecedentia setis in sérié antrorsum sequente aut 5. 5. 3. 3. 3. 3. 3. 3. 3. 3. 3, aut 3. 3. 3. 3. 3. 3. 3. 3. 2. 2.1, vel 3. 2. 2. 2. 3. 3. 3. 4. 1.1.1, una mediali longiore, ceteris lateralibus minoribus (fig. 83, n, o). Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pars apicalis pedum primi et secundi paris fere in medio marginis interioris profunde angusteque sinuate, tubercule valde promi¬ nente, angusto et acutiusculo terminato (fig. 83, g, k). Uncus terminalis pedum 1-2 paris tubercule sensorio apicali, dense piloso (fig. 83, g). Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numéro varia¬ bili (25-28) magnitudine parum diversa, sensim crescentibus, tenuibus vel subcrassis, glabris (fig. 83, n, o, p). Longitude maxima concharum 11,1-13 mm. ; altitude maxima 1,2-1, 6 mm ; latitude maxima 2,7-3 mm. Femina (fig. 83, c, /, i, Z, m, p). — Gonchæ a latere visse utcunque forma Arcam imitante ; altitudine maxima 2/3 longitudinem parum non attingente ; umbone angusta, parva, anguste rotundata, marginem anteriorem sat ap- proximata, marginem dorsalem parum superante(fig. 83,c). Marge anterior concharum posteriore parum altior, regu- lariter sat latiusculoque arcuatus, in marginem dorsalem ventralemque sine limite visibili ineuns. Marge dorsalis leniter late arcuatus, apud umbonem sinuatus, in margi- LES PHYLL^PODES CÔNCHOSTRACÉS 271 nem posteriorem sine limite distincte, rotundato ineuns. Fig. 83. Eoleptestheria chinensis Dad. a, (J concha a latere. 1 : 3. China. h, ^ concha a latere. 1 : 4. Mandschuria, c, $ concha a latere. 1 : 4. Mandschuria. d, ^ eonchæ supra visse. 1 : 3. China, c, c? conchæ supra visse. 1 ; 4. Mandschuria. /, $ conchæ supra visæ. 1 : 4. Mandschuria. ", (J pars apicalis pedum primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) h, ^ caput a latere. 1 : 5. i, $ caput a latere. 1:5. /., pars apicalis 2-di paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) 7rt, $ pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. 0.) n, ^ telsonum et segmenta 6 posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : ».) 9, ^ telsonum et segmenta 6 posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 9.) P, aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) q, ^ apex unci apicalis pedum primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) Margo posterior regulariter et sat acutiusculo arcuatus, in 272 E. DADAY DE DEÉS marginem ventralem late rotundatum fere subrectum sine limite visibili ineuns (fig. 83, c). Conchæ infra vel supra visæ sat auguste fusiformes, lati- tudine maxima parum ante medium sita ; apice anteriore posteriore breviore, latiore tumidioreque ; marginibus late- ralibus in parte anteriore minore late arcuatis, in posteriore majore vero declivibus, convergentibus (fig. 83, /). Valvulæ concharum numéro, colore structuraque zonarum incrément! maris similibus. Caput a latere visum utcunque triangulaire ; angulo occi- pitali haud producto, latiusculo rotundato ; margine fron- tali supraoculari in parte inferiore leniter late arcuato, ante oculos composites tuberculum latiusculum formante ; margine frontal! infraoculari leniter late sinuato (fig. 83, ï), Rostrum angustum, apice auguste rotundato, acuminato^ margine ventral! recto. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem sat pro- minentes, hincque distincte latiusculoque arcuatæ (fig. 83, i). Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi simplicis structura formaque maris similibus. Truncus e segmentis 24-26 pedigeris compositus. Seg¬ menta 20 posteriora trunci aculeis vel setis dorsolateralibus, numéro parum variabili, tuberculoque mediodorsali sat prominente, angustoque armata. Segmenta 7 ultima aculeis in sérié antrorsum sequente 1.1. 1.1. 3.5.5, uno mediali longiore, ceteris lateralibus minoribus, segmenta vero 13 antecedentia setis in sérié antrorsum sequente 3.3.3.3.3.3. 3.3.3.3.3.2.1, una mediali ceteris lateralibus longiore. Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pedes primi paris palpo endopoditali triarticulato, tenui, cylin- drico, longitudinem exopoditi attingente. Pedes 10-paris palpo endopoditali fusiforme, longitudinem dimidiam exopo¬ diti non attingente (fig. 83, m). Pedes 10-11 paris cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico, ad sustendum ovo- rum idoneo. Telsônum numéro structuraque aculeorum marginalium seu analium numéro structuraque maris similibus. Ova membrana polita tecta. — :U8 — LES PHYLLOPODES COKCHOSTRACÉS 273 Long^itudo maxima concharum 10 mm. ; altitudo maxima 7 mm. ; latitudo maxima 2,2 mm. Patria. — China; specimina e collectione Musæi nat. hist* Berolinensis examinavi ; Mandsuria, Inkon, coll. D. Karpow^ anno 1901, die 31 mensis julii ; specimina e coJlectione- Musæi nat. hist. Academiæ St. Peterburgiensis examinavi. Species hæc nova speciei Eoleptestheria ticinensis Criv. valde affmis, sed differt : forma structurarjue con¬ charum, structura capitis feminæ et segmentorum 18-20 posteriorum trunci. Cette espace est proche parente à’ Eoleptestheria tici¬ nensis Criv., avec laquelle, au premier abord, on pourrait la confondre ;• mais, en Pexaminant attentivement, on cons¬ tate qu'elle en diffère : 1^ par la forme des valves et la struc¬ ture de leur surface ; 2^ par le rostre de la femelle ; 3® par l'extrémité des deux premières paires de pattes des mâles, et enfin : 4® par les 18-20 segments postérieurs du tronc. La distribution géographique se trouve entre les 80^-130^ de longitude orientale, les 28^-50^ de latitude septentrionale et entre les lignes isothermes septentrionales + 0 à -f 20. » Gen. Leptestheria G. O. Sars. Estheria Strauss-Dürkheim-Rüppell, 124,p. 119; Baird W., 6, p. 266 ; Ficket G., 46, p. 407. Isaura (pro parte) Joly N., 62, p. 301; Balsamo-Crivellî, 15, p. 119. Estheria (pro parte) Grube E., 51, p. 91 ; Claus C., 33, p. 25; Brühl, 26, p. 115; Chyzer K., 31, p. 29; Baird W., 13, p. 391 ; Grube E., 52, p. 205; Packard A. S.,94, p. 304; Simon E., 120, p. 450. Leptestheria Sars G. O., 104, p, 23 ; 106, p. 9 ; 108, p. 157; Thiele I., 125, p. 571 ; 126, p. 292; Keilhack L., 65, p. 9. Conchæ a latere visæ sæpissime forma Areas imitante, inargine dorsali et posteriore angulum distinctum forman- tibus, rarius plus minusve oviformes, margine dorsali in marginem posteriorem sine limite' visibili rotundato ineunte ; 274 E. DADAY DE DEÉS umbone distincta, sat angusta et acutiusculo rotundata, marginetn anteriorem approximata, marginem dorsalem aut non, aut plus minusve superante. Gonchæ infra vel visæ sat auguste fusiformes, compressæ, latitudine maxima semper ante medium sita. Valvulæ concharum zonis incrementi numéro variabili, sæpissime non numerosis, variabiliter sculpturatis. Caput maris a latere visum utcunque quadrangulare, angulo occipitali plus minusve in producto, acute terminato. Rostrum dilatatum, compressum, interdum spatuliforme, aculeo apicali armatum. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem plus minusve prominentes. Caput feminæ a latere visum triangulare, angulo occi¬ pitali plus minusve producto, acute terminato. Rostrum angustum, plus minusve acutum, aculeo apicali armatum. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem plus minusve prominentes. Antennæ inferiores tuberculis sensoriis numéro variabili ; antennæ superiores ramis diverso modo articulatis ; macula oculi simplicis forma sæpe cometam imitante, interdum semilunari. i Truncus e segmentis 22-26 pedigeris compositus. Seg- i menta 12-18, vel 20.22.24 posteriora trunci aculeis parvis i vel setis laterodorsalibus, numéro variabili, interdum ali- | quot (2-5) ultima nuda, sine tubercule mediodorsali pro- minente. Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pedes primi et secundi paris maris in margine interiore partis api- 1 calis plus minusve sinuati, tubercule altiore vel humiliore. Pedes 10-11, 10-12, 10-13, 10-14 vel 10-15 paris feminæ cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico, ad susten- dum ovorum idoneo. Pedes omnes excep tis paribus duabus anterioribus maris et aliquot ultimis, lamina triangulari epipodiali. Telsonum aculeis marginalibus seu analibus parvis, gla- bris vel asperis, sensim crescentibus, numéro valde variabili, fere æqualibus, rarius magnitudine diversa ; aculeo angulari — 350 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 275 superiore carens ; unguiculis apicalibiis solum aculeis minu- tis marginalibus vestitum. Ova membrana polita tecta. Genus hoc. ab 111. D. prof. G. O. Sars determinatum gene- ris Eoleptestheria Dad. et Leptestheriella Dad. afRne, sed differt . a genere primo structura anguli occipitalis segmentorum aliquot posteriorum trunci armatorum * a genere secundo structura marginis exterioris epipoditi bran- chialis et continet species 15 ; in conspectu infra sequente conscriptas, incolas stagnorum aquæ dulcis in zona tem- perata æquatorialique. Comme on le voit par la liste des synonymes, les Lepte- stheriü ont d abord été désignés sous le nom Estherici Strauss-Dürckh.-Rüpp. employé dès 1837. Mais en 1842 A . Joly a remplacé ce nom par celui à’Isaura^ comprenant dans un même genre les Estheria dahalacensis Strauss- Dürckh.-Rüpp., Limnadia tetracera Kryn et Isaura ciycla- doïdes Joly ; il fut suivi en 1859 par Balsamo-Crioelli, qui ajouta 1 Isaura ticinensis aux espèces mentionnées ci- dessus. Les auteurs suivants, W. Baird, G. St. Brady, G. Chy- zer., E. Grube., E. Simon^ etc., ont conservé le nom à’Esthe- na conformément au principe de la priorité. Cependant, ■parmi les auteurs récents, G. O. Sars reconnaît que VEsthe- ria dahalacensis et quelques autres espèces diffèrent suffi¬ samment des autres espèces décrites sous le nom d’Esthe- ria et propose pour elles, en 1896, le nouveau genre Lepte- stheria. L'opinion de M. G. O. Sars est justifiée non seule¬ ment par les caractères organiques des espèces en question, mais aussi parce que le nom à’ Estheria (comme je Lai prouvé ailleurs dans une étude détaillée) doit disparaître ici comme étant préoccupé pour un genre de Diptères. Le genre est représenté dans toutes les parties du monde, sauf en Océanie ; les Leptestheria se trouvent entre les 00-48^^ de latitude septentrionale et entre les 5^-35® de lati¬ tude méridionale. En Europe et dans l'Amérique du Nord, ils s'étendent jusqu'à la + 10®, en Asie jusqu'à la + 2® ligne isotherme; en Afrique, ils atteignent la ligne isotherme + 14 276 E. DADAY DE DEÉS et, dans TAmérique du Sud, ils vivent dans la zone isotherme + 26. Notons encore que, pour la caractéristique des espèces, on ne peut que rarement utiliser la forme des valves et la struc¬ ture de leur surface à cause de la variabilité d'individu à individu ; d'autres caractères doivent être pris en consi¬ dération : la forme du rostre des mâles, la structure des 10®- 14® paires de pattes des femelles, celle du bord dorsal du telson, de la face dorsale des segments postérieurs ; sans la connaissance exacte de ces particularités, il serait impos¬ sible de distinguer les Leptestheria les uns des autres. C'est pourquoi je n'ai pas insisté dans le conspectus sur les Estheria Macgillivrayi Baird et Biibidgei Baird qui, d'a¬ près la forme de leurs valves, appartiennent au genre Leptestheria\ c'est tout ce qu'on en peut dire. ■ Pour le reste, les Leptestheria sont de très proches parents des Leptestheriella^ dont ils ne diffèrent que par le bord externe de l'épipodite branchial pourvu d'une simple série de soies et dépourvu de prolongements digiti- formes, ramifiés ou en forme de disque. Les Leptestheria se trouvent dans l'eau douce des mares non permanentes à fond vaseux. Leur distribution zoogéogra¬ phique est intéressante : ils vivent en effet dans les régions paléarctique, éthiopienne, néarctique et néotropicale; ils ne paraissent manquer que dans les régions orientale et austra¬ lienne. CoXSPECTUS SPECIERUM GEXERIS Leptestheria HUCUSQUE COGXITARUM. 1. Pedes 10-11 paris feminæ cornu superiore epipoditi bran- chialis cylindrico, glabro, ad sustendiim ovorum ido- neo . . 2 — Pedes 10-12 paris feminæ cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico glabro, ad siistendum ovorum idoneo . . . . 9 LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 277 1. Pedes 10-13 paris feminæ cornu superiore epidoditi branchialis cylindrico, glabro, ad sustendum ovorum idoneo . 10 — Pedes 10-14 paris feminæ cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico, glabro, ad sustendum ovorum idoneo . 11 — Pedes 10-15 paris feminæ cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico, glabro, ad sustendum ovorum idoneo . 13 2. Segmenta aliquot ultima trunci dorsolateraliter inermia, aliquot antecedentia vero aculeis dorsolateralibus parvis armata . 3 ^ — Segmenta 4 ultima trunci dorsolateraliter dense pilosa, antecedentia oculeis dorsolateralibus, numéro variabili armata . 5 — Segmenta aliquot trunci posteriora aculeis vel setis dorsolateralibus, numéro variabili armata . 6 3. Pars apicalis pedum 1-2 paris maris in margine interiore prope basin clavæ apicalis validiusculo sinuata, tuberculo prominente . 4 — Pars apicalis pedum primi paris maris in margine interiore prope basin clavæ apicalis validiusculo sinuata, tuber¬ culo carens ; caput maris rostro angusto, acute ter- minato ; valvulæ concharum zonis areolatis, areolis politis . Leptestheria Braueri Dad. n. sp. 4. Caput maris rostro angusto, rotundato terminato ; caput feminæ margine frontali supraoculari leniter late arcua- to ; pedes tertii paris maris palpo enditali carentes ; valvulæ concharum zonis seniorjbus politis, jumoribus vero granulatis aggregatim dispositis . . Leptestheria gigantea Wolf. — Caput maris rostro dilatato, obtusangulato ; caput , feminæ margine frontali supraoculari in parte maxima superiore late arcuato, prope oculos composites vero sinuato ; pedes tertii paris maris palpo enditali dis¬ tincte ; valvulæ concharum zonis areolatis, senioribus areolis politis, mediis et junioribus vero longitudina- liter concinne striatis.... Leptestheria Mayeti Sim. — ^>53 — 278 E. DADAY DE DEÉS 5. Conchæ post medium marginis dorsalis tuberculatæ ; valvulæ concharum zonis areolatis, areolis politis ; caput feminæ margine frontali supraoculari late arcuato . . . Leptestheria heterochæta Dad. n. sp. 6. Caput maris plus minusve triangulare, rostro acutiusculo rotundato terminato . 7 — Caput maris a latere visum quadrangulare, rostro dila- tato, spatuliformi ; conchæ maris margine dorsali cum posteriore angulum distinctum, obtusum formante, feminæ vero margine dorsali in marginem posteriorem sine limite visibili ineunte ; valvulæ concharum zonis senioribus areolatis, areolis granulatis, junioribus vero disperse granulabis . . Leptestheria Pestai Dad. n. sp. 7. Caput feminæ margine frontali supraoculari in parte superiore leniter arcuato, in inferiore vero leniter si- nuato . 8 — Caput feminæ margine frontali supraoculari leniter late arcuato ; rostrum maris dense setosum, setis minutis ; pedes primi paris feminæ cornu superiore epipoditi branchialis in apice latiusculo rotundato ; macula oculi simplicis bacilliformis . . . . Leptestheria siliqua Sars. 8. Valvulæ concharuui margine dorsali in marginem poste¬ riorem sine limite visibili ineunte ; valvulæ concharum zonis areolatis, areolis polygonalibus, politis ; macula oculi simplicis forma utcunque cometam imitante. ' . Leptestheria Vanhôffeni Dad. n. sp. — Valvulæ concharum margine dorsali cum posteriore angulum distinctum formante ; valvulæ concharum zonis areolatis, areolis rude granularis ; macula oculi simplicis utcunque coniformis . . . Leptestheria venezuelica Dad. n. sp. 9. Margo dorsalis concharum cum margine posteriore angu¬ lum obtusum vel rotundatum formans ; rostrum maris dilatatum, utcunque spatuliforme ; segmenta tria trunci ultima maris dorsolateraliter inermia ; aculei marginales telsoni diverse magni glabri ; valvulæ concharum zonis LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS • .^279 areolatis, areolis elongatis reticulatis . . Leptestheria compleximana Pack. 10. Segmenta 2-4 ultima trunci in mare dorsolateraliter inermia, antecedentia aliquot vero oculeis parvis, nu¬ méro variabili armata ; aculei marginales telsoni magni- tudine fere simili, concinne denticulati, vel asperi ; val- ^ ulsB concharum zonis areolatis, areolis brevibus, dense reticulatis . Leptestheria tenuis G. O. Sars. — Segmenta 6 ultima trunci in mare dorsolateraliter aculeis parvis, numéro variabili ; segmenta vero aliquot^ ante¬ cedentia setis numéro, variabili armata 5 aculei margi¬ nales telsoni diverse magni, glabri; valvulæ concharum zonis areolatis, elongatis, longitudinaliter concinne striatis. . Leptestheria Gortieri Dad. n. sp. 11. Gaput maris rostro dilatato, spatuliformi.. . 12 Gaput maris rostro angusto margine ventrali late rotundato ; oculei marginales telsoni in utroque sexu tenues, similes, asperi vel concinne denticulati . ' . Leptestheria rotundirostris Dad. n. sp. 12. Gaput feminæ margine frontali supraoculari leniter late arcuato ; segmenta aliquot ultima trunci in mare iner¬ mia, aliquot vero antecedentia aculeis parvis, non nu- merosis ; valvulæ concharum zonis senioribus carinatis, carinis longitudinalibus, subparallellis, junioribus vero areolatis, areolis longitudinalibus, concinne reticulatis, reticulis longitudinalibus . . Leptestheria ægyptiaco Dad. n. sp. — Gaput feminæ margine frontali supraoculari in parte superiore leniter arcuato, in inferiore vero leniter sinuato ; segmenta aliquot ultima trunci in mare aculeis parvis sat numerosis ; valvulæ concharum zonis areo¬ latis, areolis polygonalilbus, brevibus, concinne reti¬ culatis . Leptestheria dahalacensis Rüpp. 13. Gaput maris rostro dilatato, spatuliformi ; pedes omnes margine epipoditi branchialis leniter crenulato ; aculei marginales telsoni sensim crescentes, in femina tenues, in mare vero partim. crassiusculi . . Leptestheria dives Dad. n. sp. 280 E. DAOAY DE DEÉS Le tableau ci-dessus fait voir que, pour distinguer les espèces, je me suis servi d'abord du nombre de paires de pattes des femelles, dont la corne supérieure de Lépipodite branchial est transformée en ovigère cylindrique. J'ai commencé par les espèces, dont la corne supérieure de l'épi- podite branchial des dixième et onzième paires de pattes a subi la transformation en ovigère, car je pense que cette disposition est la plus primitive, ces espèces ayant plus de rapports avec les genres précédents [Cænestheria^ Cænesthe- riella^ Eocyzicus^ Cyzicus, Eoleptestheria) que celles ayant ün plus grand nombre de paires de pattes, dont la corne supé¬ rieure de l'épipodite branchial a subi la transformation en question. La forme des valves, n'étant pas variable individuellement dans une même localité, ne peut servir de point de départ ; j'ai donc pris pour base : la structure du rostre du mâle ; 2® celle des segments postérieurs du tronc ; 3^ celle des épines marginales du telson et parfois : 4^ celle de la surface des valves. Leptestheria Braueri Dad. n. sp. (Fig. 84, a-L) Mas (fig. 84, a, c, e-g, /c, /). — Conchæ a latere visæ forma Arcam imitante, altitudine maxime in medio sita, longitudinem dimidiam sat multo superante ; umbone sat lata, acutiusculo rotundata,- marginem anteriorem parum approximata, marginem dorsalem minime superante (fig. 84^ a). Margo concharum anterior regulariter latius- culoque arcuatus, cum margine dorsali angulum obtusum formans in marginem ventralem sine limite visibili, late rotimdato ineuns. Margo dorsalis rectus, fere 2/3 longitu- dine concharum, cum margine posteriore angulum distinc- tum, prominentem, obtusum formans. Margo posterior in parte minore superiore declivis, in medio regulariter acutius- culoque arcuatus, in marginem ventralem, late rotunda- tum, setosum, sine limite visibili, late arcuato ineuns (fig. 84, a). — 35G — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 281 Conchæ infra vel supra visæ auguste fusiformes, lati- tudine maxima ante medium sita ; apice anteriore poste- riore breviore, latioreque ; marginibus lateralibus in parte anteriore minore late arcuatis, in parte majore posteriore declivibus, rectis, convergentibus (fig. 84, e). Leptestheria Braueri Dad. a, Ç ^ conchæ a latere. 10 : 1. è, $ caput a latere visum. (Reich. Oc, 1. Obj. : 0.) c, (J caput a latere visum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) d, Ç pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) e, cJ $ conchæ supra visæ, 10 : 1. /, (J pes primi paris. (Reich. Oc. 1.^ Obj. : 2.) g, cJ pars apicalis pedis 2-di paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) k, $ pes 4paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) i, Ç pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) telsonum et segmenta aliquot trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. ; 2.) l, pars valculæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) Valvulæ concharum zonis incrementi 12, areolatis, areolis, polygonalibus, politis (fig. 84, l) ; colore flavescente. Caput a latere visum triangulare ; angulo occipitali vali- diusculo producto, acute terminato ; margine frontali supra- oculari bisinuato, in medio leniter late arcuato, ante oculos composites tuberculum latum, late rotundatum formante ; margine frontali infraoculari leniter late sinuato (fig. 84, c). Rostrum sat angustum, acute terminatum, acuminatum, margine ventrali recto. Fornices usque ad apicem rostri ANN. DES SC. NAT. ZOOL,, 10® Série, 1923. VI, 19 282 E. DADAY DE DEÉS vergentes, ante marginem frontalem infraocularem sat pro- ' minentes, hincque leniter arcuatæ (fig. 84, c). | Antennæ inferiores tuberculis 19 sensoriis ; antennæ supe- | riores ramis 12-13 ramosis ; macula oculi simplicis semi- | lunaris (fig. 84, c). I Truncus e segmentis 26 pedigeris compositus. Segmenta 2 | posteriora trunci dorsolateraliter lævia, segmenta vero 22 | antecedentia in sérié antrorsum sequente aculeis 1.5.5.5.5.5- 5.5.7.7.9.7.11.15.11.9.9.5.2.2.1, une mediali ceteris lateralibus, | sensim decrescentibus validiore (fig. 84, k). ' 1 Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro, vel 'i obsolète crenulato. Pars apicalis pedum primi paris prope | clavam apicalem, in margine interiore sat profuode lateque ^ sinuata tubercule sat prominente, latiusculo armata (fig. 84, /). | Pars apicalis pedum secundi paris in margine interiore leniter î latiusculo que sinuata (fig. 84, g). Unguiculus apicalis pedum 1-2 paris in margine exteriore prope apicem setis 4 armatus. Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numéro varia- ^ bili (26-34), tenuibus, glabris, magnitudine diversa (fig. 84, k), ^ Longitude maxima concharum 3,8 mm. ; altitude maxima ; 2,2 mm. ; latitude maxima 0,8 mm. Femina (fig. 84, a, è, c, h-l). — Gonchæ a latere visæ ^ forma structuraque maris similibus (fig. 84, à). < Gonchæ infra vel supra visæ forma structuraque maris 1 similibus (fig. 84, e). 1 Valvulæ concharum zonis incrementi 11, structura colo- reque maris similibus (fig. 84, b). . Gaput a latere visum triangulare ; angulo occipital! sat j producto, acute terminato ; margine frontal! supraoculari 1 bisinuato, sinu supraoculari profundiore, ante oculos compo- 9 sitos tuberculum distinctum, sat auguste rotundatum for- w mante ; margine frontal! infraoculari declivi, minime sinuato (fig. 84, b). Rostrum angustum, acute terminatum, acumi- £ natuui, margine ventral! recto. Fornices usque ad apicem Æ rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem fi; W 'I sat prominentes, hincque arcuatæ (fig. 84, b). 'i Antennæ inferiores tuberculis 15 sensoriis ; antennæ supe- <{ — 358. — 1 i '' i t .V ' LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 283 riores et macula oculi simplicis structura formaque maris similibus. Antennæ .mferiores tuberculis 15 sensoriis : antennæ siipe- riores et macula oculi simplicis structura formaque maris similibus. Truncus e segmentis 21-26 pedigeris compositus. Segmenta 2-3 posteriora trunci dorsolateraliter inermia, segmenta vero 21-22 antecedentia aculeis numéro maris simili armata. Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pedes primi paris palpo endopoditali longitudinern dimidiam exo- poditi multo superante, cylindrico (fig. 84, d) ; sacculo bran- chiali brevi, sat dilatato. Pedes 9 paris palpo endopoditali longitudinern dîmidiam exopoditi parum superante, sacculo branchial! elongate, angusto (fig. 84, h). Pedes 10-11 paris cornu epipoditi branchialis superiore ad sustendum ovorum idoneo, cylindrico (fig. 84, i). Telsonum numéro structura, magnitudineque aculeoriim, marginalium maris similibus. Longitude concharum maxima3,2 mm. ; altitude maxima 31 mm., latitude rbaxima 0,7 mm. Patria. — Africa meridio-occidentalis, Pfenne Kanggane, coll. D. Prof. L. Schultze ; specimina e collectione Musæi nat. hist. Berolinensis examinavi. Species hæc nova in honorem 111. D. Direct, prof. A. Brauer denominata forma concharum speciei Leptestheria Mayeti (Sim.) utcunque similis, sed differt : forma structuraque rostri in mare, structura partis apicalis pedum primi et secundi paris maris, sicut structura telsoni. Cette espèce m'a été communiquée par le Musée d'Histoire naturelle de Berlin, où elle était étiquetée, d'après AL E. Wolf, « Leptestheria siliqua G. O. Sars ». La différence que présente la hauteur et la longueur relatives des valves des Leptestheria siliqua G. O. Sars et Braueri Dad. et surtout les différences offertes : W par les deux premières pattes des mâles ; 2® le rostre ; 3^ les segments postérieurs du tronc dans les deux sexes et : 4® le telson, suffisent, à mon avis, pour séparer ces deux espèces. — 350 — / 284 E. DADAY DE DEÉS 1 f jl Bien que les individus mis à ma disposition ofïrent des j caractères sexuels, je ne les crois pas complètement adultes, j surtout à cause des soies qui existent aux griffes des deux ] premières paires de pattes des mâles. I La seule localité connue jusqu'à ce jour pour cette espèce \ se trouve à peu près entre les 20^-26® de latitude méridio- j nale, les 150-20® 'de longitude orientale et les lignes iso- | thermes méridionales -f 22 à -f 16, probablement entre Téquateur et le tropique du Capricorne. 1 Leptesthéria gigantea WoK. \ • ' (Fig. 85, a-p.) Leptestheria siliqua v. gigantea Wolf in litteris. « Mas (fig. 85, n, c, d, /, A-/, p). — Conchæ a latere visæ forma utcunque Arcam imitante, altitudine maxima dimi- ; diam longitudinem parum superante ; umbone angusta, . parva, marginem anteriorem sat approximata, marginem j dorsalem non superante (fig. 85, a). Marge anterior con- 1 charum regulariter lateque arcuatus, sæpissime in medio- 1 obsolète sinuatus (fig. 85, a), in marginem dorsalem ventra- 1 lemque sine limite visibili ineuns. Marge dorsalis rectus, |j longitudinem maximam concharum sat multo non JB attingens, cum margine posteriore angulum distinctum, « obtusum formans. Marge posterior regulariter acutiuscu- fl loque arcuatus, in marginem ventral em rectum sine fl limite visibili rotundato ineuns (fig. 85, a). fl Conchæ infra vel supra visæ auguste fusiformes, latitudine jl maxima fere in medio sita ; apice anteriore sat angusto, fl a eut O ; marginibus lateralibus late arcuatis (fig. 85, c). fl Valvulæ concharum zonis incrementi 30-33, senioribus H politis, junioribus concinne aggregatimque granulatis vel II punctatis (fig. 85, p) ; colore dilute flavescente. fl| Caput a latere visum utrinque triangulare ; angulo occi- fl| pitali parum producto, curvato, acute terminato ; margine flj frontali supraoculari in parte superiore late arcuato, in parte | vero inferiore obsolète sinuato, ante oculos composites sB LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACES 285 tiiberciilum sat prominens et anguste rotundatiim formante ; margine frontal! infraocularileniterlabeque s inuato (fîg. 85,/). Rostrum angustum, acutiusculo rotundato terminatum, margine ventrali in parte distali sinuato, in proximali vero Fig. 85. Leptestheria gigantea Wolf. a, c? coucha a latere. 1 : 5. b, $ concha a latere. 1 : 5. c, cJ aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) d, conchæ supra visæ. 1 ; 5. e, $ conchæ supra visa). 1 : 5. /, caput a latere. 1 : 10. g, $ caput a latere. 1 : 10. h, cJ pars apicalis pedum primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) i, (J pars apicalis pedum 2-di paris. (Reich. Oc. 1. Ob.j : 2.) k, cJ telsonum et segmenta 7 trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) l, ^ pars apicalis pedum tertii paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.). m, $ telsonum et segmenta 10 trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) n, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) O, Ç aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj : 4.) P, $ pars valvulæ concharum e zonis junioribus. (Reich. Oc. I. Obj. ; 4.) 286 E, DADAY DE DEES leniter arcuato (fig. 85, /). Fornices usque ad apicem rostri v^ergentes, ante marginem frontalem infraocularem dis¬ tincte prominentes, hincque late arcuatæ (fig. 85, /). Antennæ inferiores tuberculis 14-16 sensoriis ; antennæ superiores ramis 12-16 articulatis ; macula oculi simplicis utcunqiie coniformis. Truncus e segmentis 28 pedigeris compositus. Segmenta 1 vel 3 lütima trunci dorsolateraliter inermia, segmenta vero 19 vel 21 antecedentia dorsolateraliter aculeis vel setis parvis, in sérié antrorsum sequente sæpissime 3.3.5.7.9.9.9.11.13.17. 19.17.17.13.13.13.11.11.7.5.5, interdum paucioribus armata. Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pars apicalis pedum 1-2 paris in margine interiore prope basin clavæ apicalis valde et anguste sinuata, tuberculoque dis¬ tinct o, latiusculo rotundato armata (fig. 85, h-i). Pedes tertii paris palpo endopoditali biarticulato, cylindrico, lon- gitudinem exopoditi multo superante ; palpo enditali carentes (fig. 85, /). • Telsonum aculeis marginalibus seu analibus sensim cres- centibus, proximalibus perbrevibus, glabris, ceteris tenuio- ribus, asperis, vel concinne granulatis sive denticulatis (fig. 85, e), numéro variabili (32-40). Longitudo concharum 8, 8-9, 2 mm. ; altitudo maxima 5, 4-5, 8 mm. ; latitudo maxima 2-2,3 mm. Femina (fig. 85, è, e, g, m-o), — Conchæ a latere visæ iitcunque forma Arcam imitante ; altitudine maxima lon- gitudinem dimidiam sat multo superante ; umbone angusta, marginem anteriorem parum approximata, marginem dor- salem parum superante (fig. 85, h). Marge anterior concha¬ rum regulariter acutiusculoque arcuatus, in marginem dorsa- lem ventralemque sine limite visibili ineuns. Margo dorsalis longitudinemmaximam concharum sat multo non attingens, rectus, cum margine posteriore angulum indistinctum, obsoletum formans. Marge posterior regulariter acutiuscu¬ loque arcuatus, in marginem ventralem late rotundatum, fere subrectum sine limite visibili ineuns (fig. 85, h). Conchæ infra vel supra visæ anguste fusiformes, latitu- dine maxima ante medium sita ; apice anteriore posteriore — — LES PHYLLOPODES CONGHOSTRACÉS 287 tumidiore ; marginibus lateralibus late arcuatis (fig. 85, d). Valvulæ concharum zonis incrementi 20, structura colo- reque maris similibus. Caput a latere visum late triangulare * angulo occipitali sat producto, acute terminato ; margine frontali supraoculari leniter late arcuato, ante oculos composites tuberculum latum, indistinctum formante ; margine frontali infraoculari leniter late sinuato (fig. 85, g). Rostrum angustum, acute terminatum, margine ventral! recto. Fornices usque ad api- cem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocu- larem parum prominentes, hincque arcuatæ (fîg. 85, g). Antennæ inferiores superioresque structura maris simili ; macula oculi simplicis forma utcunque cometam imitante (fig. 85, g). Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta 18 posteriora trunci dorsolateraliter aculeis vel setis, in sérié antrorsum sequente 9.11.11.13.15.15.17.21.21.17.15.15.13.11. 9. 7.5.1, mediali ceteris longioribus armata (fig. 85, m). Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pedes primi paris cornu epipoditi branchialis dilatato, apice late rotundato, palpo endopoditali cylindrico, longitudine exo- poditi, palpo enditali carentes (fig. 85, m). Pedes 10-11 paris cornu epipoditi branchialis superiore cylindrico, polito, ad sustendum ovorum idoneo. Telsonum aculeis marginalibus seu analibus sensim cres- centibus, tenuibus, glabris, numéro variabili (36-40) (fig. 85, m-o). Ova membrana polita tecta. Longitude concharum 6.8 mm. ; altitude maxima 3,8 mm. ; latitude maxima 1,8 mm. Patria. — Porth Elisabeth; specimina anno 1898, die 12, mensis novembris collecta e collectione Musæi vindobonensis examinavi. Species hæc nova speciei Leptestheria siliqua G. O. Sars et Leptestheria Mayeti Sim. affînis, sed differt : forma struc- turaque concharum sicut structura aculeorum marginalium telsoni. — 363 — O E. DADAY DE DEÉS 288 Par la forme de ses valves vues de profil, cette espèce rappelle un peu les Leptestheria Mayeti Sim. et siliqua G. O. Sars. Leptestheria Mayeti Sim. et Leptestheria gigantea Wolf diffèrent : par la structure de la surface des valves, de la tête des mâles et des épines marginales du telson ; 2^ par la troisième paire de pattes de Leptestheria Mayeti E. S., pourvue d'un palpe endital, qui manque chez Leptestheria gigantea G. O. Sars. ! Leptestheria siliqua G. O. Sars et Leptestheria gigan¬ tea Wolf diffèrent : par le mode de suture des bords t antérieur et dorsal des valves ; 2® par la structure de la i surface des valves ; 3° par celle de l'article apical des deux i premières paires de pattes des mâles ; 4^ par celle des épines . 1 marginales du telson et Surtout : parcelle des segments postérieurs du tronc des mâles. M.' E. Wol] considérait cette espèce comme une variété j de Leptestheria siliqua G. O. Sars ; aussi fut-elle envoyée à la i collection du Musée de Vienne sous le nom de Leptestheria siliqua G. O. Sars var. gigantea^ Q\i\ pour cette raison, j'ai conservé gigantea comme nom d'espèce. Je crois avoir démontré que la distinction spécifique du Leptestheria siliqua G. O. Sars et Leptestheria siliqua var. gigantea Wolf est parfaitement justifiée. La seule localité connue pour Leptestheria gigantea se t trouve au 26^ de longitude orientale, au 30° 24' de latitude | méridionale et entre les lignes isothermes méridionales | + 16 à + 18. i Leptestheria Mayeti Sim. (Fig. 86, a-l ; fig. 87, a-i.) j Estheria Mayeti Simon E., 119, p. 20, fig. 4.5 ; 120, p. 452. j Estheria angulosa Simon E., 119, p. 19, fig. 3 ; 120, p. 452. ^ Mas (fig. 86, a, d-l ; fig. 87, a, c, c, g^ h). ■ — Gonchæ a; latere visse forma Areas plus minusve imitante ; altitudine maxima longitudinem dimidiam non superante ; umbone LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 289 latiuscula, acutiusculo rotundata, margine anteriore sat remota, marginem dorsal em aut non, aut plus minusve superante (fig. 86, n, c-h). Margo anterior concharum regulariter plus minusve latiusculo arcuatus, cum margine dorsali aut angu- lumrotundatumformans (fig. 86, a), aut in marginem dorsalem sine limite visibili rotundato ineuns (fig. 86, e-h). Margo Leptestheria Mayeti Sim. a, ^ conchæ a latere. 5:1. Tunis-Msab. b, $ conchæ a latere. 5:1. Algeria. c, $ conchæ supra visæ. 5:1. d, cî conchæ supra visæ. 5:1. ' e, (J conchæ a latere. 3:1. Tunis- Kabili. /, cî conchæ a latere. 3:1. Tunis- Kabili. g, c? conchæ a latere. 5:1. Tunis. h, ^ conchæ a latere. 5:1. Tunis. i, S pars valvulæ concharum in zonis senioribus. (Reich. Oc. I. Obj. : 2.) k, (J pars valvulæ concharum in zonis médis. (Reich. Oc. I. Obj. : 2.) l, (3' pars valvulæ concharum in zonis junioribus. (Reich. Oc. I. Obj. : 2.) dorsalis rectus, cum margine posteriore sæpissime angulum distinctum, sat acutum formans (fig. 86, a, /-/?), aut in marginem posteriorem sine limite visibili ineuns (fig. 86, é). Margo posterior anteriore humilior, aut acutiusculo arcuatus (fig. 86, a, e, g); aut interdum variabiliter erosus, 2-3 loba- tus (fig. 86, /, g) et cum margine ventral! late arcuato angu¬ lum distinctum formans. Conchæ infra vel supra visæ sat latiusculo fusiformes,. — ao5 — 290 E. DADAY DE DEÉS Ns latitudine maxima multo ante medium sita ; apice ante- riore posteriori multo latiore tumidioreque; marginibus latera- libus in parte minore anteriore late arcuatis, in parte posteriore majore vero rectis, declivibus, convergentibus (fîg. 86, d). Valvulæ concharum zonis incrementi numéro variabili (10-28), areolatis, areolis aub abbreviatis, politis (fig. 86, i), aut elongatis, polygonalibus et tenuissime striatis (fîg. 86, /c, /) ; colore albido-flavescente, vel dilute brunneo. Caput a latere visum utcunque securiforme ; angulo occi- pitali parum producto, latiuscülo, acute terminato ; margine frontal! supraoculari in parte majore superiore leniter arcuato, in parte inferiore obsolète sinuato, fere recto, ante oculos composites tuberculum distinctum formante ; margine frontal! infraoculari sat profunde sinuato (fig. 87, a). Ros- trum latiusculum, margine ventral! late arcuato. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem valde prominentes, hincque sat altearcuatæ (fig. 87, a). Antennæ inferiores tuberculis 12-18 sensoriis. Antennæ superiores ramis 12-16 articulatis. Macula oculi s.implicis forma cometam imitante (fig. 87, a). Truncus e segmentis 22-24 pedigeris compositus. Segmenta 3-7 ultima triinci dorsolateraliter inermia, segmenta vero 12-15 antecedentia aculeis dorsolateralibus parvis, numéro in sérié antrorsum sequente I.I.3.3.3.3.3.3.3.3.3.3. 1.1.1 vel 3.3.3.3.5.5.3.3.3.3.1.1, uno mediali ceteris lateralibus majore arm ata (fig. 87, g). Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro (fig. 87, c-e). Pars apicalis pedum primi et secundi paris fere in medio marginis interioris validiusculo sinuata, tubercule latiusculo, sat prominentes et late rotundato armata (fig. 87, c). Pedes tertii paris palpo endopoditali longitudinem exopoditi multo superante (fig. 87, é) ; palpo enditali brevi. Telsonum aculeis ’ marginalibus numéro valde variabili (26-38), tenuibus, acutis, sensim crescentibus, interdum fere æquilongis, glabris armatum (fig. 87, g). Longitude concharum 6,5-10 mm. ; altitude maxima 3,3- 5,5 mm. ; latitude maxima 1,8-2, 3 mm. — 300 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 291 Femiin'a (fig. 86, c ; fig. 87, è, c/, /, i). — Cônchæ a latere visæ fere semper forma areas imitante ; altitudine maxima longitudinem dimidiam non vel varias parum supe- rante ; umbone latiuscula, anguste rotundata, marginem anteriorem approximata, marginem dorsalem parum supe- rante (fig. 86, /;). Margo anterior concharum regulariter sat latiusculoque arcuatus, in marginem dorsalem ventra- lemque sine limite visibili ine uns. Margo dorsalis rectus,cum margine posteriore angülum distinctum formans. Margo posterior acutiusculo regulariter que arcuatus, in marginem ventralem laterotundaturn sine limite visibili ineuns (fig. 86, b). Gonchæ infra vel supra visæ sat latiusculo fusiformes ; latitudine ' maxima fere in medio sita ; apice anteriore pos¬ teriore latiore, tumidioreque ; marginibus lateralibus late arcuatis (fig. 86, c). Valvulæ concharum numéro, structura coloreque zonarum incrementi maris similibus. Caput a latere visum sat late triangulare ; angulo occi¬ pital! sat producto, acute terminato ; margine frontal! supra oculari in parte maxima superiore leniter arcuato, prope oculos composites obsolète sinuato, ante composites tuber- culum distinctum, acutiusculo rotundatum formante ; mar¬ gine frontal! infraoculari late sinuato (fig. 87, h). Rostrum angustum sat acute terminatum, margine ventral! recto. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem validiusculo prominentes, hineque distincte arcuatæ (fig. 87, h). Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi sim- plicis structura formaque maris similibus. Truncus e segmentis 22-24 pedigeris compositus. Segmenta 5-7 ultima trunci dorsolateraliter inermia, sequenta vero 13-15 antecedentie aculeis dorsolateralibus parvis, numéro in sérié antrorsum sequente I.I.3.3.3.3.3.3.2.2.2.I.I.I. 1 vel 3.3.3.3.3.3.2.2.2.1.1.1.1,uno mediali ceteris lateralibus majore armata (fig. 87, i). Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro (fig. 87, d-f). Pedes primi paris palpo endopoditali longitudinem — 3(37 — 292 E. DADAY DE DEÉS exopoditi sat multo non attingente (fig. 87, d),pa]po enditali carentes. Pedes 10-11 paris cornu superiore epipoditi bran- chialis cylindrico, ad sustendum ovorum idoneo (fig. 87, /). Telsonum numéro structuraque aculeorum marginalium maris similibus. Ova membrana polita tecta. Fig. 87. Leptestheria Mayeti Sim. a, S caput a latere visum. 10 ; 1. b, $ caput a latere visum. 10 : 1. c, ^ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) rf, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) e, ^ pes 3-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, Ç pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) g, cî telsouum et segmenta aliquot trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) h, cî aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) i, Ç telsonum et segmenta aliquot trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) Longitude concharum 6-8,3 mm. ; altitude maxima 3-4,5* mm. ; latitude maxima 1,7-2, 2 mm. Patria. — Algeria, Tilremt, coll. D. M. Henon ; regio de Dayas (Tilremt), coll. D. Lesne ; Oulad Sidi Brahim, coll. D. Lesne. anno 1893, die 24, mensis maji ; Oran, coll. A. Dolljiis^ anno 1901 ; Msab, coll. D. Henon^ anno 1887 ; Tunisia; Kebili in Tunisia, coll. D. Vibert^ anno 1910, die 20,. — :îC8 — I LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 293 mensis octobris. Specimina e collectione Musæi nat. hist. Parisiensis examinavi. Zeugitana regio, sec. D. E. Simon. Cette espèce est proche parente de Leptestheria siliqua G. O. Sars ; la forme des valves et celle du rostre du mâle « . sont presqueidentiques dans les deux espèces, tandis quela struc¬ ture des segments postérieurs du tronc et le nombre des épines du telson sont différents, car tous les segments, même les derniers, de Leptestheria siliqua G. O. Sars sont pourvus d'épines dorsolatérales ou de soies ressemblant à des épines, tandis que quelques-uns des derniers segments des mâles et des femelles de Leptestheria Mayeti (Sim.) en sont dépourvus. Les dents du telson sont lisses et inégales chez Leptestheria siliqua G. O. Sars, tandis que celles de Leptestheria Mayeti sont presque égales et finement dentelées. La forme de la macule de l'œil simple n'est pas la même dans les deux espèces. Je dois faire remarquer que M. E. Simon n'a connu que les valves et que la description qu'il donne de l'espèce est, par conséquent, insuffisante. Les exemplaires typiques de cet auteur nous ayant été communiqués par le Muséum d'His- toire naturelle de Paris, nous avons pu nous convaincre que les Èstheria Mayeti E. Simon et angulosa E. Simon ne sont que deux légères variétés d'une même espèce. Leptestheria Mayeti E. Simon est propre au Nord de l'Afrique, où sa distribution géographique est limitée par les 0^-10° de lon¬ gitude orientale, les 30^-37® de latitude septentrionale et par les lignes isothermes septentrionales + 16 à -f 22. Leptestheria heterochæta Dad.n. sp. (Fig. 88, a-i.) Gonchæ a latere visæ forma Arcam utcunque imitante ; altitudine maxima 2/3 longitudinem parum non attingente ; umbone latiuscula, marginem anteriorem sat approximata, angusterotundata,marginemdorsalemnonsuperante(fig.88,a). Margo anterior concharum posteriore parum altior, regu- — aoo — V 294 E. DADAY DE DEtS lariter latiusculoque arcuatus, cum margine dorsali angulum distinctuÈQ, obtusiusculum formans, in marginem ventra- lem sine limite visibili ineuns. Marge dorsalis rectus, parum post medium tuberculatus, tubercule sat parve, retundate, in marginem pesterierem sine limite visibili retundate ineuns. Marge pesterier supra medium regulariter acutiuscu- leque arcuatus, in marginem ventral em, parum ventricese retundatum sine limite visibili ineuns (fig. 88, a). Cenchæ infra vel supra visse fusifermes, latitudine maxima parum ante medium sita ; apice anteriere pesteriere breviere, latiere, tumidiereque ; marginibus lateralibus in parte ante¬ riere late arcuatis, in pesteriere majere declivibus, rectis, cenvergentibus (fig. 88, d). Valvulæ cencharum zenis incrementi 6 areelatis, areelis pelitis (fig. 88, i) ; celere dilute flavescente. Caput a latere visum utcunque triangulare ; angule occi- pitali parum preducte, latiuscule, açute terminate ; margine frentali supraeculari leniter late arcuate, ante ecules cempe- sites tuberculum latum, late retundatum fermante ; margine frentali infraeculari leniter sinuate (fig. 88, h). Restrum sat latiusculum, acute terminatum, aciiminatum, margine ven¬ tral! ebselete sinuate. Fernices usque ad apicem restri ver- gentes, ante marginem frentalem infraecularem parum pre- minentes, bine que fere déclives (fig. 88, h). Antennæ inferieres tuberculis 14 senseriis ; antennæ supe- rieres ramis 10-12 articulatis ; macula eculi simplicis ferma cemetam imitante (fig. 86, b). Truncus e segmentis 22 pedigeris cempesitus. Sequenta 4 ultima trunci in derse pilis minutis val de numeresis, seg¬ menta vere 16 antecedentia aculeis veFsetis in sérié antrer- sum sequente 1.3.3.3.3.3.3.3.3.3.3.3.2.2.1,1 armata (fig. 88, g). Pedes emnes margine epipediti branchialis intégré (fig. 88, c, e, /). Pedes primi paris palpe endepeditali cylindrice, fere lengitudine exepediti (fig. 88, c). Pedes 9 paris palpe ende¬ peditali fusifermi, ferelengitudinedimidiaexepediti(fig.88, c). Pedes 10-11-paris cernu epipediti branchialis cylindrice, ad sustendum everum idenee (fig. 88, /), palpe endepeditali cylindrice, lengitudinem dimidiam exepediti nen attingente. LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 295 Telsonum aculeis marginalibus seu analibus 22, diverse longis, in lateribus denticulatis armatum (fig. 88, h). Ova globosa, membrana polita tecta. Longitudo concharum 5,5 mm. ; altitudo maxima 3 mm. ; latitudo maxima 1,5 mm. Patria. — Algeria, 100 kil. de Laghouat; coll. D. G.Seurat, anno 1911 , specimen nmcum femimmim e collectione Musæi' nat. hist. Parisiensis examinavi. Species hæc nova difîert a speciebiis generis Leptesthe^ Leptestheria heterochæta Dad. a, $ conchæ a latere. 5:1. b, $ caput a latere visum. 10 : 1. c, Ç pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) cl, Ç coiichæ supra visæ. 5 : 1. e, $ pes 9-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, $ pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) g, Ç telsonum et segmenta aliquot trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) h, Ç aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 6. Obj. ; 4.) i, $ pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) ria^ forma structuraque concharum et structura aculeorum marginalium telsoni. Cette espèce ressemble surtout à Leptestheria tenais G. O. Sars, mais elle en diffère, comme des autres espèces du genre, par la structure des valves et du telson. Elle est caractérisée surtout par la petite saillie du bord dorsal de ses valves et la disposition des épines marginales de son telson. Elle n'est connue que d'une seule localité, qui se trouve — 371 296 E. DADAY DE DEÉS au 340 de latitude septentrionale, au de longitude orien¬ tale et dans la ligne isotherme + 20. Leptestheria Pestai Dad. n. sp. (Fig. 89, a-p.) Mas (fig. 89, a, c, e-g, k-o). — Conchæ a latere visæ forma utcunque Arcam imitante ; altitudine maxima longitudinem dimidiam- parum superante ; umbone sat latiuscula, marginem anteriorem parum approximata, marginem dorsalem parum superante (fig. 89, a). Margo anterior concharum regulariter lateque arcuatus, in mar¬ ginem dorsalem ventralemque sine limite visibili ineuns. Margo dorsalis rectus, cum margine posteriore sæpissime angulum distinctum, obtusum (fig. 89, a) rarius angulum parum rotundatum formans. Margo posterior regulariter lateque arcuatus, in marginem ventralem rectum sine limite visibili arcuato ineuns (fig. 89, a). Conchæ infra vel supra visæ sat auguste fusiformes, lati- tudine maxima parum ante medium sita ; apice anteriore posteriore parum tumidiore, sat acuto ; marginibus latera- libus late arcuatis (fig. 89, c). Valvulæ concharum zonis incrementi 18-22 ; zonis seniori- bus areolatis, areolis polygonalibus, çoncinne granulatis (fig. 89, /) ; zonis vero junioribus rude et disperse granulatis (fig. 89, /), interdum zonis areolatis et concinne reticulatis ; colore brunneoflavescente, vel alboflavescente. Cap ut a latere visum utcunque quadrangulare, angulo- occipitali parum producto, curvato, acute terminato ; mar¬ gine frontali supraoculari in parte superiore late arcuato, in parte inferiore late sinuato, ante oculos compositos tuber- culum distinctum, latiusculo rotundatum formante ; margine frontali infraoculari sat profunde sinuato (fig. 89, e). Rostrum compressum, dilatatum, spatuliforme, angulis parum rotun- datis, margine ventrali late arcuato ; margine posteriore recto. Fornices usque ad apicem rosbri vergentes, ante marginem frontal em infraocularem sat prominentes, hincque late arcuatæ (fig. 89, é). LES PHYLLOPODES GONGHOSTRACÉS ] ’ 297 -AiitGlinôG infonorGS tubGrculis 16~18 SGnsoriis j 8.ntGiin80 Fig. 89. Leptestheria Pestai Dad. «, c? concha a latere. 1:5. b, $ concha a latere. 1 : 5. c, ^ concliæ supra visse. 1 : 5. d, Ç conchæ supra visse. 1 : 5. c, cJ caput a latere. 1:10. /, cJ $ pars valvulæ concharum e zonis senioribus. (Reich. Oc„ 1. Obj. : F) g, S telsonum et segmenta 6 posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) h, $ caput a latere. 1:10. i, $ telsonum et segmenta 5 posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) $ pars apicalis pedis primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, (J Ç pars valvulæ concharum e zonis junioribus, (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) m, ^ pars apicalis pedis 2-di paris. (Reich. Oc. 1. Obj. ; 0.) n, ^ $ aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 6. Obj : 2.) O, ^ pars apicalis pedis tertii paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) P, Ç pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. ; 0.) supGriorGS ramis 13-15 articulatis ; macula oculi simplicis forma utcunquG comotam imitantG. — 373 — ANN. DES SG. NAT. ZOOL., d0« série, 1923. VR 20 298 E. DADAY DE DEÉS Truncus e segmentis 24-25 pedigeris compositus. Segmenta i 18 posteriora trunci dorsolateraliter setis numéro variabili, nempe in sérié antrorsum sequente aut 1.1. 3.3. 3. 3. 5. 5.3. 3. 3. ; 3.3.3.3.2.1.1 aut 5.5. 5. 5. 7. 7. 5. 5.3. 1.1. 1.1 .1 .1.1.1. 1, una mediali | ceteris lateralibus Jongiore armata (fig. 89, g). j Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pars ^ apicalispedumprimietsecundiparisinmargine interiore, infra ^ basin clavæapicalis validiusculo, latiusculoque sinuata, pedum : primi paris tuberculo validiore, pedum vero secundi paris i minore, latiusculo rotundato (fig. 89, k, m). Pedes tertii paris i palpo endopoditali cylindrico, biarticulato, longitudinem i exopoditi non superante ; palpo enditali carentes (fig. 89, o). ^ Telsonum aculeis marginalibus seu analibus magnitudine diversa, brevibus, crassis, asperis, seu concinne denticulatis, | numéro variabili (25-40) (fig. 89, g, n). ; Longitudo concharum 10,6-11,5 mm. ; altitudo maxima I 5, 8-6, 2 mm. ; latibudo maxima 2,8 mm. J Femina (fig. 89, l), d, /, h, i, l, n, p.) — Conchæ a latere ; visse utcunque ovi, vel elongato tellinæ formes, altitu- = dine maxima longitudinem dimidiam sat multo supe- ^ rante ; umbone sat angusta, marginem anteriorem parum approximata, marginem dorsalem distincte supe- j rante (fig. 89, b). Margo anterior concharum regulariter i lateque arcuatus, in marginem dorsalem ventral em que sine j limite visibili ineuns. Margo dorsalis sæpissime obsolète arcua- ' tus, apud umbonem parum sinuatus (fig. 89, b), rarius sub- 1 rectus vel rectus, cum margine posteriore aut angulum late | rotundatum formans, aut in marginem posteriorem sine limite visibili ineuns (fig. 89, b). Margo posterior anteriore humilior, regulariter sat acutiusculoque arcuatus, in margi- , nem ventralem rectum; vel obsolète rotundatum sine limite ; visibili ineuns (fig. 89, b). Conchæ infra vel supra visæ auguste fusiformes, latitu-i dine maxima ante medium sita ; apice anteriore posteriore. tumidiore ; marginibus lateralibus late arcuatis (fig. 89, Val vu] æ concharum zonis incrément! 16-25, structurai coloreque maris similibus. Cap ut a latere visum utcunque triangulare, angulo occipi-^ 299 - LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS tah parum producto, curvato, acute terminato ; margine frontali supraoculari in parte superiore sat alte arcuato, in parte inferiore obsolète late sinuato, ante oculos composites tuberculum latum, parum prominens formante ; margine frontal! infraoculari late et obsolète sinuato (fig. 89, h), Rostrum angustum, sæpissime anguste rotundato termi- natum (fig. 89, h), rarius apice acuto ; margine ventrali aut late sinuato (fig. 89, h\ aut recto. Fornices usque ad api- cem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocula- rem sat prominentes, hincque late arcuatæ (fig. 89, h). Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi sim- [plicis structura formaque maris similibus. ^Truncus e segmentis 22 pedigeris compositus. Segmenta 14A8 posteriora trunci dorsolateraliter setis numéro varia- bili, nempe in sérié antrorsum sequente aut 5.5.5.5.5.5.5.5. 3.3.3. 1.1.1. vel 5.5.5.9.9.9.7.7.5.5.5.3.1.1, aut I.I.5.5.5.5.3.3.3. 3.3.3.3.3.3. 1.1.1, una mediali ceteris lateralibus majore armata (fig. 89, i). Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pedes ahquot anteriores cornu epipoditi branchialis superiore Idilatato, in apice latiusculo rotundato ; palpo endopoditali cylindrico, longitudinem dimidiam exopoditi non superante ; palpo enditali carentes (fig. 89, p). Pedes 10-11 paris cornu epipoditi branchialis superiore cylindrico, polito, ad susten- dum ovorum idoneo. Telsonum structura numéro que aculeorum marginalium 3eu analium maris similibus. Ova membrana bacillis radialiter dispositis armata tecta. Longitudo concharum 8,8-10,4 mm. ; altitude maxima 3,2-5, 9 mm. ; latitude maxima 2,2-2, 4 mm. Patria. Mexico, coll. D. prof. L. Schmardci ; specimina e ’ollectione instituti zoologici I. Universitatis vindobonensis îxaminavi. Mexico, Orizaba, coll. D. Bilimck, anno 1883, mense mai ; pecimina e collectione Musæi vindobonensis examinavi. Species hæc nova in honorem D. O. Pesta, custodis Musæi dndobonensis denominata, specierum Leptestheria siliqua h O. Sars et Leptestheria Vanhbÿeni Dad. affînis, sed — 375 — E. DADAY DE DEÉS 300 clifîert : forma structuraque concharum, sicut rostri maris I et aculeorum m.arginalium telsoni. Cette espèce paraît proche parente des Leptestheria siliqiia G. O. Sars et Vanhoffeni Dad. ; mais elle diffère des deux surtout par la forme du rostre du mâle et aussi par celle des valves, la structure de leur surface et la dispo¬ sition des épines marginales du telson. La distribution géograpliique de cette espèce se limite à peu . près par les 97^-1020 qe longitude occidentale, les 18^ 30^-22^ de latitude septentrionale et se trouve dans la zone isotherme ! septentrionale + 26. Cette espèce compte donc parmi celles qui vivent dans la zone équatoriale, sous le tropique du Cancer. ^ Les individus provenant d’Orizaba figuraient, dans la collection du Musée de Vienne, sous le nom de Leptestheria compleximana (Pack.). Leptestheria siliqua G. O. Sars. (Fig. 90, a-m.) Leptestheria siliqua Sars G. O., i06, p. 23, Taf. 3 ; 104, p. 11, Taf. 2-3 ; Zograf, 135. Leptestheria siliqua Thiele /., 125, p. 571. Mas (fig. 90, a, c, d, /, h-k, m). — Conchæ a latere visæ utcunque forma Arcam imitante, altitudine maxima parum post medium sita, longitudinem dimidiam parum superante ; umbone sat latiuscula, acutiusculo rotun-i data, margine anteriore parum remota, marginem dorsa- lem parum superante (fig. 90, a). Marge anterior concharumi posteriore altior, regulariter sat latiusculoque arcuatus, cum margine dorsali angulum latiusculo rotundatum formans, in marginem ventralem sine limite visibili late arcuato ineuns. Marge dorsalis rectus, cum margine posteriore angulum sat distinctum, obtusum formans. Marge posterior regula¬ riter sat acutiusculo que arcuatus, in marginem ventralem leniter late rotundato sine limite visibili ineuns (fig. 90, a). — 370 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 301 Conchæ infra vel supra visæ sat latiusculo fusiformes,, latitudine maxima fere in medio sita ; apice anteriore poste- riore latiore ; marginibus lateralibus regulariter lateque arcuatis (fig. 90, d). Valvulæ concharum zonis incrementi 17-30, areolatis, Fig. 90. Leptestheiia siliqua G. O. Sar.s. a, S concha a latere. 1:5. b, $ concha a latere. 1 : 5. c, ^ pes tertii paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) d, S conchæ snpra visæ. 1 : 5. e, $ conchæ supra visæ. 1 : 5. /, caput a latere. 1 : 10. g, $ caput a latere. 1 : 10. h, cî pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) y, ^ pars apicalis pedum 2-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /i-, cJ telsonum et segmenta 9 posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) m, ^ pars superior telsoni et segmenta tria posteriora trunci. (Reich. Oc. 5. Obj. : 2.) areolis sat parvis, politis ; sæpe in margine setosis ; colore albidoflavescente. Caput a latere visum utcunque la te triangulaire ; angulo occipitali parum producto, acute terminato ; margine fron¬ tal! supraoculari in parte superiore declivi, recto, in parte inferiore leniter late sinuato, ante oculos composites tubercu- 377 302 E. DADAY DE DEÉS liim latum, late rotundatum formante ; margine frontal! infraoculari prope oculos distincte sinuato, in parte majore inferiore recto (fig. 90, /). Rostrum sat latum, apice rotun¬ datum concinne setosum, acuminatum, margine ventrali recto. Fornices usque ad apicem nostri vergentes, ante mar- ginem frontalem infraocularem sat prominentes, hincque distincte arcuatæ (fig. 90, /). ! Antennæ inferiores tuberculis 15-17 sensoriis ; antennæ superiores ramis 13-14 articulatis ; macula oculi simplicis utcunque cuneiformis (fig. 90, /). Trimcus e segmentis 24 pedigeris et 2-3 apodibus compo- situs. .Segmenta 22 posteriora trunci setis dorsolateralibus, j in sérié antrorsum sequente 7.7.7.7.7.9.9.11.11.9.9.7.7.3.3.3.3. | 2. 2. 1.1, una mediali ceteris lateralibus sensim decrescentibus longiore (fig. 90, k-rn). Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pars i apicalis pedum primi paris in margine interiore prope cia- j vem apical em sat profunde latiusculoque sinuata, tubercule | sat prominente, latiusculoque rotundato arcuata (fig. 90, /z). » Pars apicalis pedum secundi paris in margine interiore prope j clavam apicalem late sinuata, tuberculoque parum promi- 1 nente, late rotundato (fig. 90, i). Pedes tertii paris palpo endo- 1 poditali longitudinemexopoditi superantecylindrico (fig. 90, c). | Telsonum aculeis marginalibiis seu analibus numéro varia- J bili (34-37), tenuibus, aut æqualibus, aut parum dissimili- J bus, parum sensim crescentibus, glabris (fig. 90, m). 1 Longitudo concharum maxima 6-10 mm.; altitude maxi- i ma 3-5 mm. ; latitude maxima 1,8-2, 3 mm. i Femina (fig. 90, è, e, g, /). — Conchæ a latere visæ I utcunque forma Arcam imitante; altitudine maxima in medio I sita, longitudinem dimidiam parum superante ; umbone 1 latiuscula, sat, auguste rotundata (fig., 90, h) ; marginem ante- 1 riorem parum approximata, marginem dorsalem minime I superante. Marge anterior concharum posteriore parum altior, I infra medium regulariter sat acutiusculoque arcuatus, cum* margine dorsali angulum distinctum, obtusum formans, in I marginem ventralem sine limite visibili ineuns. Marge dor-jB salis reclus, cum margine posteriore angulum distinctum, • LES PHYLLOPODES GONGHOSTRACÉS 303 obtusum formans. Marge posterior parum supra medium regulariter acutiusculoque arcuatus, in marginem ventra- lem, sæpe setosum, late rotundatum, sine limite visibili ineuns (fig. 90, h). Gonchæ infra- vel supra visæ latiusculo fusiformes, latitu- dine maxima parum ante medium sita ; apice anteriore posteriore, breviore, latiore ; marginibus lateralibus late arcuatis (fig. 90, e), Valvulæ, concliarum numéro, structura coloreque maris similibus. Caput a datere visum utennque late triangulare ; angulo occipitali parum producto, acute terminato ; margine fron¬ tal! supraoculari late arcuato, ante oculos composites in marginem frontalem infraocularem, rectum, declivem, valde rotundato ineunte; utcunque tuberculum formante (fig. 90, g). Rostriim angustum, acutiusculo terminatum, acuminatum, margine ventral! in parte anteriore leniter sinuato, in poste¬ riore vero leniter arcuato. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem parum prominentes, hineque sat distincte arcuatæ (fig. 90, g). Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi sim- plicis forma structuraque maris similibus. Truncus e segmentis 24 pedigeris et 2-3 apodibus compo- sitiis. Segmenta 22 posteriora trunci setis dorsolateralibus, in sérié antrorsum sequente 15.15.17.17.17.17.17.17.17.17.17. 15.9.9.5.3.3.3.1.1.1.1, una mediali ceteris brevioribus, sensim decrescentibus longiore. Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pedes primi paris palpo endopoditali cylindrico, longitudinem dimi- diam exopoditi sat superante (fig. 90, Z). Pedes 10-11 paris cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico, ad susten- dum ovorum idoneo. Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numéro varia- bili (42-45), forma structuraque maris similibus. Ova membrana polita tecta. Longitude maxima concharum 6-8,3 mm. ; altitude maxi¬ ma 3-4,5 mm. ; latitude maxima 1,8-2, 2 mm. Patrta. — Africa meridionalis, Porth-Elizabeth; Capetown, — 370 — 304 E. DADAY DE DEÉS anno 1897, mensé septembris ; specimina ab 111. D. prof. G. O. Sars libenter mihi donata examinavi ; Marsai Njika, coll. O. Neumann^ anno 1893, mense junii ; specimina e collectione Musæi nat. hist. Berolinensis examinavi. Russia, Borchum in Transkaukasia, sec. N. Zograÿ^ spe¬ cimina non examinavi. Species hæc forma concharum speciei Leptestheria dahalacensis (Rüpp.) affînis, sed difîert : forma structu- raque capitis maris feminæque ; pedibus feminæ solum 10-11 cornu superiore epipoditi branchialis ad sustendum ovorum idoneo armatis. Par la forme de ses valves, cette espèce ressemble beau¬ coup à Leptestheria dahalacensis (Rüpp.), mais elle en diffère essentiellement par la forme de la tête du mâle et de la femelle et par celle du rostre des mâles, enfin en ce que la corne supérieure de fépipodite branchial ne s'est transfor¬ mée en ovigère cylindrique qu'aux dixième et onzième paires de pattes des femelles. M. le prof. G. O. Sars a déjà fait remarquer que, par la forme de ses valves, Lepte¬ stheria siliqua rappellele^Estheria Macgillivrayi eiRubidgeiàe W, Baird^ toutes deux vivant, aussi, dans l'Afrique du Sud; mais la description imparfaite de ces deux dernières ne lui a pas permis, pas plus qu'à moi-même, d'en fixer les affinités, pas même de décider si ces trois espèces ne seraient pas synonymes. 11 est très vraisemblable que les exemplaires russes et transcaucasiques de Leptestheria siliqua G. O. wSars men¬ tionnés par M.N.Zograff n'appartiennent pas à cette espèce, mais peut-être à Leptestheria rotiindirostris Dad. La distribution géographique de cette espèce (sans tenir compte des exemplaires mentionnés par M. N . Zografj) est limitée à peu près par les 34^-37° de longitude orientale, les 30.340 (^0 latitude méridionale et par les lignes isothermes méridionales -[- 14 à + 26. LES PHYLLOPODES GONCHOSTRACÉS 305 Leptestheria Vanhôffeni Dad. n. sp. (Fig. 91, a-l.) Mas (fig. 91, a, d, /, h-l). — Conchæ a latere visæ utcunque forma Arcam imitante ; altitudine maxima in medio sita, longitudinem dimidiam multo superante ; mnbone latiuscula, sat anguste rotundata, marginem anteriorem parum approximata, marginem dorsalem non superante (fîg. 91, a). Margo dorsalis anterior concharum posteriore altior, regulariter lateque arcuatus, in margi¬ nem dorsalem ventralemque sine limite visibili ineuns. Margo dorsalis rectus, in marginem posteriorem sine limite visibili, angustiusculo rotundato ineuns. Margo posterior regulariter sat acuteque arcuatus, in marginem ventralem latiusculo rotundatum, setosum, sine limite visibili, late rotundato ineuns (fîg. 91, a). Conchæ infra vel supra visæ latiusculo fusiformes ; lati- tudine maxima ante medium sita ; apice anteriore poste¬ riore latiore,' brevioreque ; marginibus lateralibus in parte anteriore minore late arcuatis, in posteriore majore declivi- bus rectis (fig. 91, d). Valvulæ concharum zonis incrementi sæpissime 22, sat dense areolatis, areolis politis (fig. 91, Q; colore dilute flaves- cente. Cap ut a latere visum utcunque triangulare ; angulo occi¬ pital! sat producto, acute terminato ; margine frontal! supraoculari in parte superiore parum arcuato, in parte inferiore leniter late sinuato, ante oçulos composites tuber- culum angustum, acute rotundatum formante ; margine frontal! infraoculari leniter late sinuato (fig. 91,/). Rostre sat latiusculo, late rotundato terminato, acuminato ; margine ventral! recto (fig. 90, /). Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem sat pro- minentes, hincque leniter arcuatæ (fig. 91, /). Antennæ inferiore tuberculis 12-16 sensoriis ; antennæ superiores ramis 12-15 articulatis ; macula oculi simplicis forma cometam imitante (fig. 91, /). — :î81 — 306 E. DADAY DE DEÉS Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta 12 posteriore trunci setis dorsolateralibus, in sérié antror- sum sequente 5. 5. 5.5. 5.5. 5. 5.5. 5.3. 2, una mediali longiore, ceteris lateralibus sensim minoribus armata (fig. 91, h). Pedes omnes margine epipoditi branchialis integi’o. Pars apicalis pedum primi et secundiparis fere in medio marginis r'ig. 91. Leptestheiia Vanhôfîeni Dad. a, ^ conchæ a laf.ere. 4:1. b, $ conchæ a latere. 4 : 1. c, 2 teîsonum et segmenta aliquot trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) r/, ÿ conchæ supra visæ. 4:1. e, $ conchæ infra visæ. 4:1. /, ÿ caput a latere visum. 7:1. g, Ç caput a latere visum. 7:1. h, ^ teîsonum et segmenta aliquot trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) i, S pars apicalis pedis primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) cJ pars apicalis pedis 2-di paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) interioris satprofunde sinuata, tubercule plus minusve pro- minente, lato, sat anguste vel latiusculo rotundato (fig. 91, z-/c). Pedes tertii paris palpo endopoditali longitudinem exopoditi superante, basin et apicem versus dilatato, in medio angustato ; palpo enditali carentes. Teîsonum aculeis marginalibus seu analibus circa 24 magni- tudine diversa, politis, sat tenuibus, acutis (fig. 91, h). Longitudo concharum maxima 9,5 mm. ; altitude maxima 5 mm. ; latitude maxima 2 mm. 382 — LES PHYLLOPODES CONGHOSTRACÉS 307 « Femina (fig. 91, c, e, g). — Conchæ a latere visæ forma Arcam utciinque imitante ; altitudine maxima ante medium sita, longitudinem dimidiam multo supe- rante ; umbone sat angusta et angiiste rotundata, marginem anteriorem sat approximata, marginem dorsalem parum superante (fig. 91, h). Margo anterior concharum poste- riore altior, regulariter sat latiiisculoque arcuatus, io mar¬ ginem dorsalem ventralemque sine limite visibili ineuns. Margo dorsalis rectus, in marginem posteriorem sine limite \isibili latiusculo rotundato ineuns. Margo posterior régula¬ nt er sat acutiusculoquG^ arcuatus, in marginem ventralem, parum ventricose rotundatum, setosum, sine limite visibili ineuns (fig. 91, a). Conchæ infra vel supra visæ forma strucfuraque maris similibus (fig. 91, c). \alvulæ concharum numéro, structura coloreque zonarum incrementi maris similibus. Gaput a latere visum utcunque triangulare ; angulo occi¬ pital! sat producto, acute terminato, margine frontal! supra- oculari in parte maxima superiore declivi, in parte minore vero inferiore leniter sinuato, ante oculos composites tuber- culum latiusculum, sat late rotundatum formante ; margine frontal! infraoculari sat distincte sinuato (fig. 91, g). Rostrum latiusculum, acutiusculo terminatum, acuminatum, mar¬ gine ventral! leniter late sinuato. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem parum prominentes, leniter arcuatæ (fig. 91, g). Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi sim- plicis forma structuraque maris similibus. Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta 12 posteriora trunci setis dorsolateralibus, tenuibus, lon- giusculis, in sérié antrorsum sequente 7. 9. 9. 11.13.13.15.15. 13.7.5, una mediali ceteris lateralibus sensim brevioribus longiore armata (fig. 91, c). Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pedes primi paris palpo endopoditali longitudinem dimidiam exo- poditi multo superante, sensim dilatato. Pedes 10-11 paris _ 383 — 308 E. DADAY DE DEÉS cornu epipoditi branchialis superiore cylindrico, ad susten- dum ovorum idoneo. Telsonum numéro structuraque aculeorum marginalium maris similibus. Ova membrana polita tecta. Longitude concharum maxima 8 mm. ; altitude maxima 4,5 mm. ; latitude maxima 2 mm. Patria. — Mexico, col). D. F. Schumacher \ specimina e collectione Musæi nat. hist. Berobnensis examinavi. Species hæc nova in honorem 111. D. prof. C. Vanhoffeu denominata difîert a speciebus generis ceteris : forma concba- rum, forma structuraque capitis maris, sicut numéro segmen- torum armatorum trunci posteriorum. Cette espèce diffère sensiblement des autres représentants du genre et s'en distingue sans peine : par la forme des valves vues de profil, par la manière dont leurs bords dorsal et postérieur se touchent ; 2° par la forme du rostre des mâles ; 3^ par les soies des douze segments postérieurs du tronc. D'après la seule localité connue, la distribution géogra¬ phique de cette espèce peut être fixée entre les 96^-106'^ de longitude occidentale, les 20o-22o de latitude septentrionale et dans la zone isotherme -f 26, entre l'équateur et le tropique du Cancer. Leptestheria Vanhôffeni Dad. n. sp. (v. variabilis Dad. n. var.) (Fig. 92, a-t.) Mas (fig. 92, f/, c, /, A, /c, /, p-s). — • Conchœ a latere visæ forma utcunque Arcam imitante ; altitudine maxima longitudinem dimidiam parum super ante ; um- bone sat parva, angusta, marginem anteriorem parum approximata, marginem dorsalem non, vel solum parum superante (fig. 92, a, /). Margo anterior concharum regu- lariter et sat acutiusculo arcuatus, in marginem dorsalem 384 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 309 A^entralemque sine limite visibilr ineuns. Marge dorsalis rectus, cum margine posteriore sæpissime angulum obtusum (fig. 92, d, /), rarius angulum rotundatum formans (fig. 92, a). Marge pesterier regulariter et aut late (fig. 92, a), aut plus minusve acutiuscule arcuatus, in marginem ventralem, di¬ verse mede retundatum sine limite visibili ineuns (fig. 92, d-j). Cenchæ infra vel supra visæ auguste fusifermes, latitu- dine maxima ante medium sita ; apice anteriere pesteriere ; marginibus lateralibus late arcuatis (fig. 92, h). Valvulæ cencharum zenis incrementi 10-14, senieribus in parte mediali maxima pelita, in parte anteriere pesteriereque minere striis sat raris, junieribus vere dense cencinneqiie striatis (fig. 92, r) ; celere dilute flavescente. Caput a latere visum utcunque late triangulare ; angule eccipitali sat preductd, curvate, auguste, acute terminate ; margine frentali supraeculari in parte superiore late arcuate, in parte inferiere vere leniter sinuate, ante ecules cempesites tuberculum late retundatum, parum preminens fermante ; margine frentali infraeculari leniter late sinuate (fig. 92, l). Restrum sat latum, apice acutiuscule retundate, margine ventrali late arcuate. Fernices us que ad apicem restri ver- gentes, ante marginem frentalem infraecularem validiuscule preminentes, hincque distincte arcuatæ (fig. 92, /). Antennse inferieres tuberculis 18-20 senseriis ; antennæ superieres ramis 12-14 articulatis ; macula eculi simplicis utcunque ferma cemetam imitante. Truncus e segmentis 24 pedigeris cempositus. Segmenta 20 pesteriera trunci derselateraliter aculeis vel setis brevibus, numere variabili, nempe in sérié antrersum sequente 1.3. 3. 5. 5. 7.7.7.7.7.7.7.5.5.5.5.5.5.3.3, mediali ceteris lateralibus len- giere armata (fig. 92, c). Pedes emnes margine epipediti branchialis integra. Pars apicalis pedum primi paris in margine interiere prepe basin clavse apicalis sat prefunde latiusculeque sinuata, tubercule late, sat preminente (fig. 92, p). Pars apicalis pedum se- cundi paris in margine interiere prepe basin clavse apicalis leniter late sinuata, tubercule carens (fig. 92, g). Pedes tertii paris palpe endepeditali lengitudinem exepediti superante, — 385 — 310 E. DADAY DE DEÉS biarticulato, cylindrico, palpo enditali carentes (fig. 92, s). Telsonum aculeis marginalibus seu analibus magnis, sat crassis, glabris, numéro variabili (38-42) (fig. 92, c, k). Longitudo concharum 6-8,2 mm. ; altitude maxima 3,2- 4,4 mm. ; latitudo maxima 1,5-2 mm. Femina (fig. 92, h, e, g, t, m-o, r, t). — Conchæ a latere visæ forma plus minusve Arcam imitante ; altitudine maxima longitudinem dimidiam parum superante ; umbone angusta, margine anteriore plus minusve remota, mar- ginem dorsalem non, vel parum superante (fig. 92, b, e, g). Marge anterior concharum sæpissime regulariter sat latiusculo arcuatus, in marginem dorsalem ventralemque sine limite visibili ineuns (fig. 92, e, g), rarius in parte superiore declivis, infra medium acutiusculo arcuatus, cum margine dorsali angulum distinctum, fere rectum formans, in marginem ventralem vero sine limite visibili ineuns. Margo dorsalis rectus, cum margine posteriore sæpissime angulum distinctum, obtusum formans (fig. 92, h, g), interdum autem in marginem posteriorem sine limite visibili rotundato ineuns. Margo posterior aut sat late, aut sat anguste arcuatus, in marginem ventralem late rotundatum sine limite visibili ineuns. Conchæ infra vel supra visæ forma maris simili, sed latiores (fig. 92, i). Valvulæ concharum numéro, structura coloreque zonarum incrementi maris similibus. Caput a latere visum utcunque triangulare ; angulo occi¬ pital! sat producto, angusto, acute terminato ; margine fron¬ tal! supraoculari in parte majore superiore leniter arcuato, ante oculos compositis tuberculum distinctum angustum et acute rotundatum formante ; margine frontal! infraoculari leniter late sinuato (fig. 92, m). Rostrum latiusculum, apice anguste rotundato, margine ventral! recto. Fornices usque ad apicum rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocu- larem sat prominentes hineque leniter arcuatæ (fig. 92, m). Antennæ inferiores superioresque, sicut macula oculi sirnplicis structura formaque maris similibus. Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta — 380 — LES PHYLLOPODES GONGHOSTRACÉS 311 18 posteriora trunci dorsolateraliter aculeis vel setis brevibus, Fig. 92. Leptestheria Vanhôfîeni Dad. V. variabilis Dad. a, ^ concha a latere. 1 : 5. b, Ç concha a latere. 1 : 5. c, (J telsoiium et segmenta 7 posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. ; 0.) d, c? concha a latere. 1 : 5. e, $ concha a latere. 1 : 5. /, cj concha a latere. 1:5. g, $ concha a latere. 1:5. h, cJ conchæ supra visse. 1 : 5. i, Ç conchæ supra visæ. 1 : 5. k, cJ aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) l, (j caput a latere, 1 : 10. m, $ caput a latere. 1:10. n, $ aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.). O, $ telsonum et segmenta 7 posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. ; 0.) P, S pars apicalis pedis primi paris. (Reich. Oc, 1. Obj. : 2.) q, ^ pars apicalis pedis 2-di paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) r, S pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1, Obj. : 4.) s, (J pars apicalis pedis tertii paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) t, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) 312 E. DADAY DE DEÉS numéro variabili, nempe in sérié antrorsum sequente 3.5.5.q. 5.5.5. 5.5.3.3.3.3.3. 1.1. 1.1, mediali ceteris lateralibus majore arm ata (fig. 92, o), Pedes omnes margine epipoditi branchiaJis integro. Pedes primi paris cornu epipoditi branchialis superiore sensim angustato, in apice acute terminato ; palpo endopoditali cylindrico, longitudinem exopoditi non attingente, palpo enditali carentes (fig. 92, t). Pedes 10-11 paris cornu epipo¬ diti branchialis superiore cylindrico, glabro, ad sustendum ovorum idoneo. Telsonum numéro structuraque aculeorum marginalium maris similibus (fig. 92, n, o). Ova membrana polita tecta. Longitude concharum 5,8-7 mm. ; altitude maxima 3- 3,7 mm. ; latitude maxima 1,8-2 mm. iPatria. — Mexico, Moavino in Goahuila, coll. D. J . V. Pur- pus ; specimina e collectione Musæi nat. hist. Berolinensis examinavi. Yarietas hæc nova structura capitis maris feminæque,* aculeorum marginalium telsoni, pedum primi paris feminæ et interdum etiam forma concharum a latere visarum formæ typicæ similis, sed difîert : structura valvulæ concharum pedum que secundi paris maris. Par la forme de ses valves, cette espèce ressemble à Leptes- theria siliqua G. O. Sars, mais ses autres caractères la rapprochent beaucoup plus de Leptestheria Vanhbÿeni Dad. ; elle est presque intermédiaire à ces - deux espèces. D'après la seule localité connue jusqu'à ce jour, la distri¬ bution géographique de cette espèce se limite à peu près par les 107^109*^ de longitude occidentale, les 25^-30^ de latitude septentrionale et par les lignes isothermes septen¬ trionales + 22 à + 24. 388 LES PHYLLOPODES CONGHOSTRACÉS 313 Leptestheria venezuelica Dad. n, sp. (Fig. 93, a-k.) Gonchæ a latere visæ forma Arcam utcunque imitante, altitudine maxima longitudinem dimidiam sat superante * umbone sat angusta, anguste rotundata, a margine anteriore sat remota, marginem dorsalem solum attingente (fig. 93, a). jVIargo anterior concharum posteriore parum humilior, ref’*!!- lariter sat acutiusculoque arcuatus, in marginem dorsalem ventralemque sine limite vîsibili ineuns. Marge dorsalis rec- tus, ciim margine posteriore angulum obtusum formans. Marge posterior regulariter latiusculoque arcuatus, in mar- gmem ventralem sat ventricose rotundatum sine limite visi- bili ineuns (fig. 93, d). Gonchæ infra vel supra visæ latiusculo fusiformes, lati- tudine maxima parum ante medium sita ; apice anteriore posteriore latiore, sat angusto ; marginibus lateralibus late arcuatis (fig. 93, b). Valvulæ concharum zonis incrementi 11, aerolatis, areolis polygonalibus, disperse rudeque granulatis (fig. 93, /)’; colore flavescente. Gaput a latere visum utcunque triangulare ; angulo occi¬ pital! parum producto, acute terminato ; margine frontal! supraoculari in parte superiore leniter arcuato, in parte inferiore late sinuato, ante oculos composites tuberculum distmctum, acutiusculo rotundatum formante j margine frontal! infraoculari leniter late arcuato (fig. 93, c). Rostrum sat angustum, acute terminatum, acuminatum, margine ventral! leniter late arcuato. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem sat pro- minentes, hincque leniter late arcuatæ (fig. 93, c). Antennæ inferiores tuberculis 14 sensoriis ; antennæ supe- riores ramis 13-14 articulatis ; macula oculi simplicis utcunque cuneiformis (fig. 93, c), Truncus e segmentis 22 pedigeris compositus. Segmenta 12 posteriora trunci aculeis vel setis dorsolateralibus, numéro yariabili armata. Segmentum ultimum aculeis 5, uno me- — :J89 — ANN. DES SG. NAT. ZOOL., 10® série 1923. VI, 21 314 E. DADAY DE DEÉS diali ceteris longiore, segmenta il antecedentia setis vali- dis, in sérié antrorsum sequente 7.9.9.11.15.21.21.13.13.5.1, una longiore mediali, ceteris lateralibus sensim brevioribus armata (fig. 93, e). Fig. 93. Leptestheria venezuelica Dad. a, Ç conchæ a latere. 5:1. b, Ç conchæ supra visæ. 5:1. r, $ caput a latere visuin. 10 : 1. d, $ aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 9.) e, Ç telsonum et segmenta aliquot trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, Ç pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 6. Obj. : 4.) ’ Q pars apicalis telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) h, $ pes 9-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : ü.) i, Ç pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) A-, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pedes priiïii paris palpo andopoditali cylindrico, fera longitxidinG exopoditi (fig. 93, A:). Pedes 10-11 paris cornu epipoditi bran¬ chialis cylindrico, ad sustendum ovorum idoneo (fig. 93, i). Telsonum aculeis marginalibus 32, magnitudine diversa^ ■ _ 390 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 315 21 superiolibus brevioribus, crassioribus, 11 vero inferiori- bus tenuioribus, longioribus, glabris (fig. 93, des) Ova membrana polita tecta. ’ ’ > Longitude concharum maxima 9 mm. ; altitude maxima 5 mm. ; latitude maxima 2,2 mm. P.4.TRIA. — Venezuela, stagna inter Rio Apuré et Rio Gua- naparo, coll. D. F. Geay, anno 1899, mense martii. Speci- mma solum feminina e collectionne Musæi nat. hist. Pari- siensis examinavi. Species hæc nova speciei Leptestheria Mayeti forma concharum utcunque affinis, sed difîert structura valvulæ concharum, acuJeisque marginalibus telsoni. Par la forme de ses valves vues de profil, cette espèce se rapproche surtout de Leptestheria Mayeti^ Sim., mais elle s'en écarte par la plus grande hauteur de ses valves, qui surpasse de beaucoup la moitié de leur longueur, et par leur surface finement granulée. Les deux espèces diffèrent aussi beaucoup par la forme du rostre des femelle est par les épines du bord dorsal du telsoh. La répartition géographique de Leptestheria veneziielica Dad. est intéressante, car elle représente seule le genre dans la région néotropicale. Elle se trouve au 7^ de latitude septentrionale entre les 69^-70^ de longitude occidentale et dans la zone isotherme + 26, entre Péquateur et le tropique du Cancer. Leptestheria compleximana Pack: (Fig. 94, a-s.) Eulimnadia compleximaniis Packard A. S., 93, p. 174. Estheria compleximanus Packard A. S. , 94, p. 305, fig. 8, 9, Tab. 5, fig. 1-7; Tab. 24, fig. 8, 10. Tab. 25, fig. 6; Simon E., 120, p. 453 ; Richard L, 95, p. 104. Mas (fig. 94, a, b, e,./, /z, /c, /, n-p). — Conchæ a latere visæ utcunque forma Arcam imitante, altitudine maxima longitudinem dimidiam non, vel parum superante, umbone — 391 — I 316 E. DADAY DE DEÉS angusta, anguste rotundata, marginem anteriorem parum i approximata,marginemdorsalem non superante (fig. 94, a, h,e). Margo anterior concharum posteriore humilior, regulariter acutiusculoque arcuatus, in marginem dorsalem ventralemque sine limite visibili, rotundato ineuns. Margo dorsalis rectus 3/4 longitudinem concharum superans, in marginem poste- riorem aut sine limite visibili, rotundato ineuns (fig. 94, a), ^ aut cum margine posteriore angulum distinctum, obtusum îormans (fig. 94, h-e). Margo posterior aut regulariter latius- culo arcuatus, aut supra medium sat acute rotundatus (fig. 94, a-h), aut diverse modo erosus (fig. 94, e), in marginem ventralem late leniterque rotundatum sine limite visibili ineuns (fig. 94, U, b), vel angulum rotundatum formans (fig. 94, e). Conchæ infra vel supra visæ anguste fusiformes, latitu- dine maxima ante medium sita, apice anteriore posteriore breviore, latiore tumidioreque ; marginibus lateralibus in parte minore anteriore late arcuatis, in posteriore majore , declivibus, rectis, convergentibus (fig. 94, /). * \’alvulæ concharum zonis incrementi 6-7, areolatis, areolis eiongatis, reticulatis (fig. 94, l) ; colore albido-flavescente. Caput a latere visum utcunque quadrangulare ; angulo occi- pitali parum producto, acute terminato *, margine frontali supraoculari apud angulum occipitalem recto, declivi, in ceteris leniter sinuato, ante oculos compositus tuberculum sat angustum\ rotundatum formante ; margine frontali infraoculari latiusculo leniterque sinuato (fig. 94, h), Rostrum dilatatum, compressum, spatuliforme, angulo anteriore ob¬ tuse, acuminato, posteriore late rotundato, margine ventrali acutiusculo rotundato. Fornices usque ad apicem rostri ver- gentes, ante marginem frontalem infraocularem sat promi- nentes, hineque latiusculo arcuatæ (fig. 94, h). Antennæ inferiores tuberculis 21 sensoriis *, antennæ infe- riores ramis 12-13 articulatis ; macula oculi simplicis cunei- formis (fig. 94, h). Truncus e segmentis 22 pedigeris compositus. Segmenta 1-3 posteriora trunci aculeis dorsolateralibus carentia, seg¬ menta vero 17-19 antecedentia setis in sérié antrorsum sequente 1.1.3.3.3.3.3.3.5.5.5.5.3.3.3.3.2.1.1 aut 5.5.5.5.5.5.7.7.7.7.5.5.3. * LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 317 3.3.1. l, una mediaJi ceteris lateralibus longiore armata (fig. 94, k). Fig. 94. Leptestheria compleximana Pack. a, ÿ conchæ a latere. 5:1. b, ^ conchæ a latere. 5:1 c, 2 conchæ a latere. 5:1. (l, $ conchæ a latere. 5:1. e, cJ conchæ a latere. 5:1. /, O conchæ .supra visæ. 5:1. g, $ conchæ supra visæ. 5:1. h, ca])ut a latere visum. 10 : I. i, Ç caput a latere visum. 10 : 1. k, ^ telsonum a latere visum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) " /, pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) m, $ telsonum a latere visum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) n, cî pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) . O, ^ pes secundi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) P, S pes tertii paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) q, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. 01)j. :' 0.) r, $ pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) s, $ aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pars, — 393 — 318 E. DADAY DE DEES apicalis pedum primi paris fere in medio marginis interioris latiiisculoqiie sinuata, tuberculoque sat prominente, angusto armata (fig. 94, n). Pars apicalis pedum secundi paris paruni ante medium marginis interioris leniter sinuata tuberçu- loque parum prominente, late rotundato (fig. 94, o). Pedes tertii paris palpo endopoditali longitudinem exopoditi inulto superante, cylindrico (fig. 92, p). Telsonum aculeis mai'ginalibus seu analibus numéro varia- bili (18-25), sat crassis, diverse longis, glabris (fig. 94, k-s)^ brevibus armatum. Longitude concharum maxima 6-7 mm. ; altitude maxima 3-4 mm. ; latitude maxima 1,3-2 mm. Femina (fig. 94, c, d, g, z', z/z, q-s). — Conchæ a latere visæ forma structuraque maris similibus (fig. 94, c, d). Conchæ infra vel supra visæ auguste subfusiformes, latitu- dine maxima parum ante medium sitci ; post medium com- pressæ ; apice anteriore posteriore latiore tumidioreque ; marginibus lateralibus in parte anteriore late arcuatis, post medium declivibus, rectis (fig. 94, g). ^"alvulæ concharum numéro, structura coloreque zonarum incrementi maris similibus. Caput a latere visum utcunque triangulare ; angulo occi- pitali parum producto, acute terminato ; margine frontal! supraoculari minime sinuato, ante oculos composites tuber- culum rotundatum formante ; margine frontali infraoculari leniter late sinuato (fig. 94, z). Rostrum sat angustum, acu¬ tum, acumine terminatum, margine ventrali recto, vel obso¬ lète arcuato. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem parum prominentes, hincque leniter late arcuatæ (fig. 94, z). Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi sim- plicis structura formaque maris similibus. Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta 22 posteriora trunci aculeis vel setis dorsolateralibus, numéro variabili armata. Segmenta duo ultima aculeo unico mediali, segmenta 20 antecedentia setis in sérié antrorsum sequente 3.3.5.5.7.7.7.7.7.7.7.7.7.3.3.3.3.3.1.1, vel parum pluribus, ima mediali ceteris lateralibus longiore armata (fig. 94, m). - 304 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 319 Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro (fîg. 94, g, r). Pedes primi paris palpo endopoditali cylindrico, longi- tudinem dimidiam exopoditi parum superante (fig. 94, g). Pedes 10-12 paris cornu siiperiore epipoditi branchialis cylin¬ drico, ad sustendum ovorum idoneo (fig. 94, r). Telsonum numéro structura que aculeorum marginalium maris similibus (fig. 94, m, .9). O va membrana polita tecta. Longitude concharum maxima 7,5-8 mm. ; altitude maxima 3,5-4 mm. ; latitude maxima 1,2-2 mm. Patria. — America septentrionalis. Fort Wallace et Ellisin Kansas, e stagnis coll. D. D. L. Watson^ Sinno 1874, die 24-29 mensis junii, sec. D. A. S. Packard ; California, Mares de l'Arroyo de la Puressima, coll. D. Digiiet, anno 1895 ; spe- cimina e collectionne Musæi nat. hist. Parisiensis exammavi. Cette espèce est voisine de Leptestherm tennis G. O. Sars, mais s'en distingue par la forme de ses valves, par la structure de ses segments postérieurs- du tronc et du bord dorsal de son telson. Par la forme de leurs valves, le nombre des stries d'accroissement et les dimensions relatives, les exemplaires mis à ma disposition ne sont pas tout à fait sem¬ blables à ceux décrits par M. A. S. Packard. Les valves décrites par M. Packard ne sont pas deux fois aussi longues que hautes ; elles sont plus courtes, elles ont 15 stries d ac¬ croissement, et leur longueur atteint 11 millimètres ; elles sont donc presque deux fois plus grandes que les exem¬ plaires californiens mis à ma disposition. Cette espèce est caractéristique de l'Amérique du Nord, c'est-à-dire de la région néarctique ; sa distribution géo¬ graphique est comprise entre les degrés 35® à 40® de latitude septentrionale, 95® à 118® de longitude occidentale et entre les zones isothermes septentrionales + ^ Leptestheria tenuis G. O. Sars. (Fig. 95, a-n.) Leptestheria tenuis Sars G. O., 108, p. 157. Tab., 8, fig. 9-17. — 395 — 320 E. DADAY DE DEÉS Mas. (fig. 95, a, c, d, h, i, Z). — Conchæ a latere visæ utcunque forma Areas imitante, altitudine maxima longitudi- nem dimidiam multo superante ; umbone latiuscula, sat late rotundata, margine anteriore sat remota, marginem dorsalem non superante (fig. 95, a). Margo anterior concharum altitudine marginis posterioris, regulariter latiusculoque arcuatus, cum margine dorsali angulum distinctum, obtusum formans, in marginem ventralem sine limite visibili arcuato ineuns. Margo dorsalis rectus, cum margine posteriore angulum distinctum, obtusum formans. Margo posterior sat regulariter latiusculoque arcuatus, in marginem ventralem late rotun- datum sine limite visibili arcuato ineuns (fig. 95, a). Conchæ infra vel supra visæ auguste fusiformes, latitudine maxima multo ante medium sita ; apice anteriore posteriore multo breviore, latiore, sat tumido ; marginibus lateralibus in parte anteriore minore late arcuatis, in posteriore majore rectis, declivibus, convergentibus (fig. 95, d). Valvulæ concharum zonis incrementi 12-14 areolatis, areo- lis polygonalibus, sat brevibus, concinne reticulatis (frg. 95, /) ; colore dilute cinereo, vel cinereo-flavo. Caput a latere visum utcunque securiforme ; angulo occi- pitali parum producto, acute terminato ; margine frontali supraoculari in parte, superiore majore leniter arcuato, supra oculos compositus late sinuato, ante oculos composites tuberculum distinctum, sat auguste rotundatum formante ; margine frontali infraoculari late sinuato (fig. 95, c). Rostrum sat dilatatum, utcunque spatuliforme, angulo posteriore late rotundato, margine ventrali arcuato. Fornices us que ad apicem rostri parum prominentes,hincque arcuatæ (fig. 95, c). Antennæ inferiores tuberculis 12-20 sensoriis ; antennæ superiores ramis 13-14 articulatis. Macula oculi simplicis forma cometam imitante (fig. 95, c).- Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta 2-4 posteriora dorsolateraliter inermia, segmenta vero 18 antecedentia aculeis parvis dorsolateralibus, in sérié antror- sum sequente 1.1.1.3.3.3.3.3.3.3.3.3.3.3.1.1.1.1, vel 3.9.13.15. 15.15.13.13.11.11.7.3.3.3.3.1.1.1, uno mediali ceteris laterali¬ bus majore armata, tubercule mediolaterali nulle (fig. 95, b), — 39G — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 321 Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro.. Pars apicalis pedum primi paris medio marginis interioris sat profunde sinuata, tuberculo prominente, acutiusculo rotiin- dato, sat angusto (fig. 95, h). Pars apicalis pedum secundi paris ante medium marginis interioris late sinuata, tuberculo parum prominente, latiusculo rotundato sat latoque(fig. 95, i). Fig. 95. Leptestheria tenais G. O. Sars. a, S concha a latere. 5:1. • è, $ concha a latere. 5:1. , . . c, (j caput a latere. 10 : 1. d, conchæ supra visæ. 5:1. c, $ conchæ supra visæ. 5:1. /, pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) g, $ caput a latere. 10 : 1. //, pars apicalis pedum primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, ^ pars apicalis pedum secundi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) A-, $ aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) /, cî telsonum et segmenta aliquot trunci posteriora. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) m, $ pes 12-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) " /?, $ pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numéro varia- bili (26-30), tenuibus, sensim crescentibus, asperis vel con- cinne denticulatis. . Longitudo concharum 7,8 mm. ; altitude maxima 4-4,5 mm., latitude maxima 1,5-2 mm. — 397 — 322 E. DADAY DE DEÉS Femina (fig. 95, e-g, /c, n). — Conchæ a làtere visse utcunque forma Areas imitante ; altitudine maxima longitudinem dimidiam sat multo superante ; umbone sat angusta angusteque rotundata, margine anteriore parum remota, marginem dorsalem non superante (fig. 95, ^). Margo anterior concharum altitudine posterioris, regulariter acutius- culoque arcuatus, in marginem dorsalem ventralemque sine limite visibili rotundato ineuns. Margo dorsalis rectus, apud umbonem minime sinuatus, in marginem posteriorem acute rotundato ineuns. Margo posterior regulariter latiusculoque arcuatus, in marginem ventralem late rotundatum late arcuato ineuns (fig. 95, b). Conchæ infra vel supra visæ auguste fusiformes, latitudine maxima ante medium sita ; apice anteriore posteriore bre- viore, latiore tumidioreque ; marginibus lateralibus in parte minore anteriore late arcuatis, in posteriore vero rectis, decli- vibus, convergentibus (fig. 95, e). Valvulæ concharum numéro, structura coloreque zona- riim incrementi maris similibus (fig. 95, /). Caput a latere visum utcunque late triangulare ; angulo occipitah minime vel haud producto, acute terminato ; mar¬ gine frontali supraoculari in parte maxima læniter arcuato, prope oculos compositos parum sînuato, ante oculos composites tuberculumdistinctumlatiusculum formante ; margine frontali infraoculari late sinuato (fig. 95, g). Rostrumbreve, auguste rotundato, margine ventrali late undulato. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infra- ocularem parum prominentes, hineque parum arcuatæ (fig. 95, g). Antennæ inferiores superioresque, sicut macula oculi simplicis structura formaque similibus. Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta 20 posteriora trunci aculeis parvis dorsolateralibus, in sérié antrorsum segmente 8.15.15.17.23.29.29.29.29.19.9.9.9. 7.3.3. 1. 1.1 .1, lino mediali ceteris lateralibus minoribus majore armata, tubercule mediodorsali nulle. Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro (fig. 95, m, n). — 398 LES PHŸLLOPODES CONCHOSTRACÉS 323 Pedes 10-13 paris cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico, sensim breviore, ad sustendum ovorum idoneo ; palpo endopoditali cylindrico, longitudine dimidia exopoditi plus minus ve breviore (fig. 95, n), Telsonum numéro structuraque aculeorum marginalium maris similibus (fig. 95, /c). Ova membrana polita tecta. Longitude concharum 6-7 mm. ; altitude maxima 3,5- 4 mm. ; latitude maxima 2 mm. Patria. — Mongolia, Mons Chingau, Bamotuj, coll. D. Potaniu et D. Soldatow^ anno 1899, die 4 mensis julii ; Trans- kaspia, orificium fluminis Rura ; specimina e collectionne Musæi nat. hist. Academiæ St. Petersburgiensis examinavi. Peninsula balcanica, regio de Vardar, Kadikoz, Vatilok in Macedonia, coll. D. Michel^ anno 1909, die 10, mensis decem- bris ; specimina e collectionne Musæi nat. hist. Parisiensis examinavi. Species liæc forma concharum a latere visarum specierum Leptestheria rotiindirostris Dad. et Leptestheria Cortieri Dad. affiiiis, sed difïert a specie prima : structura pedum 10-13 paris feminæ et partis apicalis pedum secundi paris maris ; a specie secunda : structura rostri segmentorumque 2-4 trunci posteriorum, sicut aculeorum, marginalium teJsoni maris feminæque. Par la forme de ses valves vues de profil, Leptestheria tennis ressemble à plusieurs autres espèces du genre ; mais, par ses caractères essentiels, elle se rapproche surtout de Leptestheria Cortieri Dad.; comme chez celle-ci, la corne supérieure de P.épipodite branchial des 10®-13® paires de pattes s'est transformée en ovigère chez les femelles. Cependant nous trouvons plusieurs différences entré Leptestheria tenuis et Leptestheria Cortieri ; elles diffèrent notamment par la structure : 1® du rostre des mâles ; 2^ des 2-4 seg¬ ments postérieurs du tronc ; 3^ des épines marginales du telson, et 4^ de la surface des valves. Un caractère très frappant et spécial à Leptestheria tenuis est fourni par les segments postérieurs du tronc, qui ont seuls de petites épines — 300 — 324 ’ ' E. DADAY DE DEÉS (lorso-latérales : tandis que les derniers 4-5 segments sont pourvus de petites épines, les autres segments antérieurs n'ont que des soies. J'ai vu aussi des exemplaires typiques (des mâles et des femelles) de cette espèce appartenant au Muséum d'his¬ toire naturelle de l'Académie de Saint-Pétersbourg, ayant servi aux études du professeur G. O. Sars. Contrairement a ce que dit cet auteur, j'ai trouvé un prolongement cylin¬ drique ovigère non seulement aux 10^-12^, mais aussi à la 13® paire de pattes ; mais je dois faire remarquer que le prolongement ovigère, étant beaucoup plus court et beau¬ coup plus mince que celui des trois paires de pattes anté¬ rieures, a pu échapper à l'attention de M. G. O. Sars. La distribution géographique de cette espèce est limitée par les 22® 50' de longitude orientale, les 40® 45'-50® de lati¬ tude septentrionale et par les lignes isothermes septentrio¬ nales + 8 à + 14. Leptestheria Cortieri Dad. n. sp. (Fig. -96, a-p.) Mas (fig. 96, a, â, d, c, g, n, o). — Gonchæ a latere visæ forma utcunque Arcam imitante ; altitudine maxima longitudinem dimidiam parum superante ; umbone parva, angusta et anguste rotundata, marginem anteriorem sat approximata, marginem dorsalem minime superante (fig. 96, a). Margo anterior concharum posteriore humilior, regula- riter acutiusculoque arcuatus, cum margine dorsali angu- lum distinctum, rotundatum formans, in marginem ventra- lem sine limite visibili, late rotundato ineuns. Margo dorsalis rectus, 3/4 longitudinem concharum parum superans, cum margine posteriore angulum obtusum formans. Margo pos- terior regularlter latiusculoque arcuatus, in marginem ventralem late rotundatum sine limite visibili, late ar- cuato ineuns (fig. 96, a). Conchæ infra vel supra visæ sat angusto fusiformes, lati- tudine maxima parum ante medium sita ; apice anteriore — 400 — LES PHYLLOP.ODES GONCHOSTRACÉS 325 posteriore breviore, latiore, sat angusto; marginibus latera- libiis late arcuatis (fig. 96, /;). . ' Fig. 9(). Lei-testheria Cortieii Dacl. a, cî conchæ a latere. 5:1. b, (J conchæ supra visæ. 5:1. c, Ç conchæ a latere. 5:1. d, ^ pars valvulæ concharnm. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) e, ^ caput a latere. 10 : 1. /, ÿ caput a latere. 10 : l. g, cî pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) h. Ç pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) 1, Ç pes 9-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) k, S pes tertii paris. (Reich. Oc. 1. Ôbj. : 0.) /, $ telsonum et segmenta aliquot posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) m, $ pes 10-paris. (Reich. Oc. I. Obj : 0.) n, S telsonum et segmenta aliquot posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) O, ^ aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) P, Ç aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) \"alvulæ concharum zonis incrementi 10, longltudinaliter striatis, striis aliquot crassioribus, areolas formantibus, striis ^ — 401 — 326 E. DADAY DE DEÉS numerosis tenuissimis (fig. 96, d); colore diliite flavescente: Caput a latere visum utcunque quadrangulare, angulo occipitali parum producto, acute terminato ; margine fron¬ tal! supraoculari in parte superiore recto, declivi, in parte inferiore leniter sinuato, ante oculos composites tuberculum late rotundatum formante ; margine frontal! infraoculari leniter late sinuato (fig. 96, e). Rostrum dilatatum, compres- sum, spatuliforme, angulo anteriore obtuse, acuminato, posteriore vero late rotundato, margine ventral! late arcuato. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem validiusculo prominentes, hincque late arcuatæ (fig. 96, e). Antennæ inferiores tuberculis 18 sensoriis ; antennæ supe- riores ramis 13-14 articulatis ; macula oculi simplicis utcunque semilunaris (fig. 96, e). Truncus e segmentis 22 pedigeris compositus. Segmenta omnia trunci aculeis vel setis dorsolateralibus, numéro varia- bili, tubercule mediodorsali nulle. Segmenta 6 ultima trunci aculeis in sérié antrorsum sequente 1.3. 3. 3. 3. 5 parvis, uno mediali ceteris validiore sequenta 13 antecedentia setis in sérié antrorsum sequente 5.5.7.7.7.7.7.3.3.3.3.3.3, una mediali ceteris lateralibus longiore ; segmenta deniquetria anteriore aculeo mediali unico brevi armata (fig. 96, n). Pedes omnes margine epipoditi branchialis obsolète crenulato. Pars apicalis pedum primi et secundi paris in medio marginis interioris sat auguste, profunde excavata, tubercule valde prominente, sat angusto, acutiusculo rotun¬ dato armata (fig. 96, g). Pedes tertii paris palpo endopodi- tali cvlindrico longitudinem exopoditi fere duplo superante (fig. 96, k), Telsonum aculeis marginalibus seu analibus 24-26 brevibus, crassis, in apice rotundatis, diverse longis, gl abris (fig. 96, n, o). Longitude maxima concharum 7-7,5 mm.; altitude maxima 4-4,2 mm. ; latitude maxima 2 mm. , Femina (fig. 96, c, /, h, i, l, m, p). — Conchæ a latere visæ utcunque ovi, vel tellinæformes, altitudine maxima 2/3 longitudinem sat multo non attingente ; umbone angusta, — 402 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 327 anguste rotundato, marginem anteriorem sat approximata, marginem dorsal em parum superante (fig. 96, c). Margo anterior concharum posteriore parum humilior, regulariter acutiusculoquearcuatus, in marginem dorsalem ventralemque sine limite visibili ineuns. Margo dorsalis leniter late arcua- tiïs, antrorsum multo declivior, in marginem posteriorem sine limite visibili late rotundato ineuns. Margo posterior regu¬ lariter acutiusculoque arcuatus, in marginem ventralem leniter lateque rotundatum sine limite visibili ineuns (fig. 96, c). Gonchæ infra vel supra visse forma structuraque maris similibus. Valvulæ concharum numéro, structura coloreque maris similibus. Caput a latere visum utcunque triangulare ; angulo occi- pitali sat longe producto, acute terminât o ; margine front ah supraoculari late rotundato, ante oculos composites solum rotundatus, sine tubercule distincte ; margine frontali infra- oculari obsolète sinuato (fig. 96, /). Rostrum angustum, acute terminatum, acuminatum, margine ventrali subrecto. For- nices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem fron- talem parum prominentes, hincque læniter late arcuatæ (fig. 96, /). Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi sim- plicis forma structuraque maris similibus. Truncus e. segmentis 22 pedigeris compositus. Segmenta 18 posteriora trunci aculeis vel setis mediodorsalibus, numéro variabili arcuata. Segmenta 4 ultima aculeis in sérié antror¬ sum sequ ente 1.3. 3. 3, uno mediali ceteris lateralibus majore, segmenta 10 antecedentia setis in sérié antrorsum sequente 5.5.7.7.7.7.5.3.3.3, una mediali ceteris lateralibus longiorej segmenta denique 4 anteriora aculeo unico, mediali, brevj armata (fig. 96, /). Pedes omnes margine epipoditi branchialis obsolète crenu- lato. Pedes primi paris palpo endopoditali longitudinem exo- poditi fere attingente, lamina epipodiali triangulari parva (fig. 96, h). Pedes 9 paris palpo endopoditali longitudinem dimidiam exopoditi non superante. Pedes 10-13 paris cornu — 403 — 328 E. DADAY DE DEÉS epipoditi branchialis superiore cylindrico, ad sustendum ovo- rum idoneo (fig. 96, m). Telsonum àculeis marginalibus seu analibus 28-30, acutis, •; sat tenuibus, diverse longis, glabris armatum (fig. 96, l-p)» Ova membrana polita tecta. Longitude concharum maxima 6 mm. ; altitudo maxima j 3,8 mm. ; latitudo maxima 1,8 mm. J Patria. — Sahara, Fassili du Ajjeurs,Redir de Sfidil, coll. | D. Cortier, anno 1908, die 3, mensis novembris ; specimina e ^ collectionne Musæi nat. hist. Parisiensis examinavi. ^ Species nova in honorem D. Cortier denominata specierum j Leptestheria rotiindirostris Dad. affinis, sed difîert struc- ! turaque concharum, præcipue feminæ, rostri maris et struc¬ tura aculeorum marginalium telsoni. j 1 Cette espèce, que j’ai dédiée à M. Cortier qui l’a découverte, rappelle à certains égards Leptestheria rotundirostris Dad. j Ainsi ces deux espèces se ressemblent par la forme de leurs valves et par les épines du bord dorsal de leur telson, mais elles diffèrent par la structure des 10®-14® paires de pattes des femelles, du rostre des mâles, du bord frontal des femelles, des segments postérieurs du tronc et enfin par la structure de la surface des valves. Elle offre aussi quelque ressemblance avec Leptestheria tenuisG. O. Sars, surtout en ce qui concerne la structure des 10-13® paires de pattes des femelles et le bord frontal des femelles par contre, ces deux espèces dif¬ fèrent l’une de l’autre par la structure de la surface de leurs valves et par les épines des segments postérieurs du tronc et du bord dorsal du telson. Leptestheria Cortieri Dad. n’est connue que de la région éthiopienne ; elle a été trouvée au 3® degré de longitude | orientale, au 29® degré de latitude septentrionale et dans la j ligne isotherme septentrionale + 26. — 404 — LES PHYLLOPODES GONCHOSTRAGÉS 329 Leptestheria rotundirostris Dad. n. sp. (Fig. 97, a-p.) Mas (fîg. 97, a, g, w, o). — Gonchæ a latere visæ forma plus minusve Areas imitante ; altitudine maxima lon- gitudinem dimidiam sat multo superante ; umbone angusta et anguste rotundata, marginem anteriorem approximata, marginem dorsalem sæpissime plus minusve superante, rare tamen vix attingente (fîg. 97, a), Margo anterior concha- rum altitudine posterions, regulariter, plus minusve latius- ^ culo arcuatus, in marginem dorsalem sæpissime sine limite visibili ineuns, rarius cum margine dorsali angu- lum sat distinctum formans. Margo dorsalis rectus, cum margine posteriore angulum obtusum, plus minusve distinc¬ tum formans (fîg. 97, a), Margo posterior regulariter plus minusve acutiusculo arcuatus setosum, sine limite visibili arcuato ineuns (fig. 97, a). Gonchæ infra vel supra visæ sat anguste fusiformes, lati- tudine maxima ante medium sita ; apice anteriore posteriore breviore latioreque ; marginibus lateralibus in parte ante¬ riore minore late arcuatis, in posteriore majore vero rectis, declivibus, convergentibus (fig. 97, d), Valvulæ concharum zonis incrementi 8-12, areolatis, areolis concinne reticulatis, rarissime politis (fig. 97, l) ; colore flavescente, vel cinereo-fïavo. Gaput a latere visum utcunque triangulare ; angulo occi¬ pital! parum producto, acute terminato ; margine frontal! supraoculari in parte superiore plus minusve late arcuato, in parte inferiore late sinuato, ante oculos composites tubercu- lum plus minus anguste rotundatum formante ; margine fron¬ tal! infraoculariplusminusveprofundelate sinuato (fig. 97,w), Rostrum plus minusve late cunéiforme, acute vel parum rotundato terminato, margine ventral! late arcuato. For- nices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem fron- talem infraocularem plus minusve prominentes, hineque latius- culo arcuatæ (fîg. 97, m). Antennæ inferiores tuberculis 18-20 rarius etiam solum 11- — 405 — ANN. DES SG. r^AT. Z.OOL., 10« série 1923. VI V 1 ^ F. DADAY DE DEÉS I \ 330 12 sGiisoriis. AntGnnse superiores ramis 11-14 articulatis. Macula oculi simplicis forma cornet am imitante (fig. 97, m), Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta duo vel tria ultima trunci antecedentia autem 17 vel 18 in medio parum tuberculum aculeis dorsolateralibus numéro variabili, in sérié antrorsum sequente aut 0.0. 1.1. 3. 3. 5. 7. 9. 9.5.5.5.4.4.4.4.1.1.1, aut 0.0.1.1.3.3.3.,3.5.7.7.7.7.3.3.3.3.3.3.1, autO.0.0.5.7.9.9.11.5.5.3.3.3.3.3.3.1.1.1.1, uno mediali ceteri& lateralibus majore. Pedesomnesmargineepipoditibranchialisintegro (fig. 97, g). Pars apicalis pedum primi et secundi paris fere in medio marginis interioris sat profunde, anguste vel latiusculo sinuata, tuberculo sat prominente, acute rotundato (fig. 97, g-o). Pedes tertii paris exopodito sat lato, palpo endopo- ditali cylindrico, longitudinem dimidiam exopoditi sat multo super ante. Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numerosis, numéro variabili (40-60), tenuibus, acutis, asperis vel con- cinne denticulatis armatum. Longitude coricharum 5, 2-7, 9 mm. ; altitude maxima 3, 5-4, 6 mm. ; latitude maxima 1,5-1, 9 mm. Femina (fig. 97, 6, c, e, /, L/, p). — Conchæ a latere visæ aut forma utcunque Areas imitante (fig. 97, b) aut parum Tellinse vel oviforme (fig- 97, c) ^ altitudine maxima longitudinem dimidiam multo superante *, umbone angus- ta angusteque rotundata, rarius sat latiuscula, marginem anteriorem approximata, marginem dorsalem parum supe¬ rante (fig. 97, b, c), Margo anterior conebarum altitudine marginis posterioris, regulariter sat latiusculo que arcuatus, cum margine dorsali aut angulum sat distinctum, rotunda- tum formans (fig. 97, b), aut in marginem dorsalem sine limite visibili ineuns (fig. 97, c). Marge dorsalis sæpissime rectus, rarius parum late arcuatus, aut cum margine posteriore angulum obtusum, distinctum formans, aut in marginem ventral em sine limite visibili rotundato ineuns (fig- 97, c). Margo posterior regulariter aut late, aut acutiusculo arcuatus, in marginem ventralem plus minusve late rotundatum, seto- sum, sine limite visibili ineuns (fig. 97, b-c). — 40() — 331 LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS Conchæ infra vel supra visæ sat anguste fusiformes ; latitudine maxima ante medium sita ; apice anteriore poste- riore breviore latioreque ; marginibus lateralibus in parte Fig. 97. Leptestheria rotundiroslris Dad, a, cî conchæ a latere. 5:1. h, $ conchæ a latere. 5 : 1. Budapest, c, Ç conchæ a latere. 5:1. Kalocsa. d, ^ conchæ supra visæ. 5:1. e, $ conchæ supra visæ. 5 : 1. /, $ pes 14-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) g, S pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) h, pes tertii paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) i, ? aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) ’ k, $ pes 10-paris. (Reich. Oc 1. Obj. : 0.) /, pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. i. Obj. : 2.) tn, cî caput a latere visum. 10:1. n, Ç caput a latere visum. 10 : 1. O, c? pars apical is pedis 2-di paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) P, $ telsonum et segmenta aliquot posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) anteriore late arcuatis, in posteriore vero rectis, declivibus, convergentibus (fig. 97, e). Valvulæ concharum numéro, structura coloreque zonarum incrément! maris similibus^ Caput a latere visum sat anguste triangulare ; angulo occipital! sat brevi, acute terminato ; margine frontal! supra- — 407 — £. DADAY DE DEÉS 332 oculari in parte superiore plus minus ve late arcuato, in parte inferiore vero late sinuato, ante oculos composites tubercu- lum distinctum, latiusculo rotundatum formante ; margine frontali infraoculari late sinuato (fig. 97, n). Rostrum anps- tum, acute terminatum, margine ventrali recto. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem parum prominentes, hincque late arcuatse (fig. 97, n). 1 r Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi simplicis structura formaque maris similibus. Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta 1-2 ultima trunci interdum in dorso nuda, sæpissime seg¬ menta 1-4, rarius 18 posteriora trunci aculeis dorsolaterali" bus, numéro variabili et tubercule mediali ; aculeis in sérié antrorsum sequente numéro 0.3.5.7.9.9.9.9.7.5.3.3.3.1, aut 1 .3.5.7.9.11 .11 .7. 5. 5.3. 3.3.1, aut 0.0. 3. 5. 5. 7 .5. 5. 3. 3. 1.1. 1.1. 1.1.1 1.1.1, uno mediali ceteris lateralibus majore (fig. 97, p). Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro (fig- 97, /, h, k). Pedes primi paris exopoditi sat lato, palpe endopo- ditali cylindrico, 2/3 longitudine exopoditi (fig. 97, h). Pedes 10-14 paris cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico, ad sustendum ovorum idoneo *, postice sensim breviore (fig. 97, j-k). Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numerosis, numéro variabili (40-65), tenuibus, acutis, asperis seu con- cinne denticulatis, interdum parum crescentibus (fig. 97, p). Ova membrana polita tecta. Longitude concharum mm. ; altitude rnaxima 3, 7-4,7 mm. ; latitude rnaxima 1,5-2 mm. Patria. — Saratow, coll. D. Direct. A, Behing^ anno 1912, specimina mihi libenter donata examinavi. Kalocsa, coll. D. /. Thalhammer, anno 1887 ; -Budapest, €oll. D. K. Chyzer, anno 1859, specimina e collectione Musæi jiat.hist. Parisiensis et Musæi nation. hungar.Budapestinensis examinavi j Flumen Arar in monte K.aukasus merid., coll. D. S. Wolowodow, anno 1905, mense junii ; specimina e collec¬ tione Musæi nab. hist. Berolinensis examinavi. Daghestan, circuitu Kumnuch, coll. Mlokose^itz^ anno — 408 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 333 1901, die 14, mensis augusti ; specimina e collectione Musæi nat. hist. Academiæ St. Petersburgiensis examinavi. Species hæc nova speciei Leptestheria dahalacensis (Piüpp.) aiïînis, sed differt : forma structura que rostri maris; struc¬ tura aliquot segmentorum posteriorum, aculeorumque mar-. ginalium telsoni. Par la structure des 10®-14® paires de pattes et de leur cylindre ovigère, Leptestheria rotundirostris Dad. se rapproche de Leptestheria dahalacensis Rüpp., et les valves des deux espèces ne diffèrent pas essentiellement. Mais des caractères distinctifs importants se montrent : dans la forme et la structure du rostre des mâles ; 2® des derniers segments du tronc, et 3® des épines marginales du telson. Par les ler-3e derniers segments du tronc, Leptestheria rotundirostris Dad, ressemble à Leptestheria Mayeti Sim., de même que par la forme du rostre des mâles ; mais elle en diffère par le nombre des pattes pourvues du cylindre ovigère des femelles et par la forme des valves vues de ^ profil et la structure de leur surface. La distribution géographique est limitée par les 19^-60^ de longitude orientale, les 46® 30^-51^ 30' de latitude sep¬ tentrionale et par les lignes isothermes septentrionales -(- 6 à + 12. Leptestheria ægyptiaca Dad. n. sp. (Fig. 98, a-o.) Mas (fîg. 98, a, d, /, h-n). — Gonchæ a latere visse forma Arcam imitante ; altitudine maxima longitudinem dimidiam parum superante ; umbone parva, angusta, margine anteriore parum remota, marginem dorsalem non vel minime superante (fig. 98, a). Margo aiiterior concharum regulariter latiuscu- loque arcuatus, in marginem dorsalum ventral em que sine limite visibili ineuns. Margo dorsalis rectus, longitudine maxima concharum sat multo brevior, cum margine poste- — 409 — 334 E. DADAY DE DEÉS riore angulum distinctum, subrectum formans. Margoposte- rior prope angulum dorsoposteriorem leniter sinuato declivis, in medio regulariter acutiusculo arcuatus, in marginem ven- tralem late rotundatum sine limite visibili ineuns (fig. 98, n). Conchæ infra vel supra visæ auguste fusiformes; latitu- dine maxima ante medium sita ; apice anteriore posteriore parum tumidiore, sat angusto ; marginibus . lateralibus late arcuatis (fig. 98, d). Valvulæ concharum zonis incrementi 12-16, senioribus lon- gitudinaliter auguste carinatis, carinis sæpissime parallelis (fig. 98, m)^ junioribus areolatis longitudinalibus (fig. 98, n) ; colore albido-flavescente. Caput a latere visum utcunque quadrangulare ; angulo occipitali perbrevi, acute terminato ; margine frontal! supra- oculari in parte superiore leniter arcuato, in parte inferiore recto, ante oculos composites tuberculum latiusculo rotun¬ datum formante ; margine frontal! infraoculari leniter late sinuato (fig. 98, /). Rostrum compressum, dilatatum, spatu- liforme, margine ventral! recto, angulo anteriore obtuse, posteriore vero recto. Fornices usque ad apicem rostri ver- gentes, ante marginem frontalem sat valde prominentes, hincque latiusculo arcuatæ (fig. 98, /). Antennæ inferiores tuberculis 16-18 sensoriis ; antennæ superiores ramis 12-13 articulatis ; macula oculi simplicis utcunque quadrangularis, in angulis superioribus parum producta (fig. 98, /). Truncus e segmentis 22 pedigeris compositus. Segmenta sæpissime 6 ultima dorsolateraliter inermia, segmenta vero 13 antecedentia trunci dorsolateraliter aculeis parvis, numéro parum variabili, in sérié antrorsum sequente 1 .3.3.3.3.3.3.3.3.3. 1.1.1, unomediali ceteris lateralibus majore armata (fig. 98, k). Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pars apicalis pedum 1-2 paris in margine interiore prope basin cla- væ apicalis sat profunde latiusculo que sinuata, tubercule valde prominente (fig. 98, h-i). Pedes tertii paris palpo endopoditali longitudinem exopoditi superante, cylindrico, biarticulato ; palpo enditali . carentes. Telsonum in parte maxima proximal! marginis analis aculeis parvis, crassius- — 410 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 335 €ulis, rotundatis, in parte vero distali minore aculeis tenui- bus, glabris, numéro variabili (28-34) (fig. 98, /c, /). Longitudo concharum 7, 2-8 ,2 mm. ; altitudo maxima 2-2,6 mm. ; latitudo maxima 1,8-2, 3 mm. Fig. 98. Leptestheria ægyptiaca Dad. a, ^ concha a latere. 1:5. j h, Ç concha a latere. 1:5. c, telsonum et segmenta 9 posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) d, S conchæ supra visæ. 1:5. e, Ç conchæ supra visæ. 1 : 5. /, cJ caput a latere. 1 : 10. g, Ç caput a latere. 1 : 10. h, (J pars apicalis pedum primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) i, ^ pars apicalis pedum 2-di paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) k, c? telsonum et segmenta 7 posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj : 0.) Z, (J aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 6. Obj.: 2.) m, cJ $ pars valvulæ concharum e zonis senioribus. (Reich. Oc. 6. Obj : 2.) n, S ? pars valvulæ concharum e zonis junioribus. (Reich. Oc. 6. Obj. : 2.) O, $ aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 6. Obj. ; 2.) Femina (fig. 98, 6, c, e, g, m, o). — Conchæ a latere visæ forma Arcam imitante ; altitudine maxima longitudinem dimidiam sat multo superante ; umbone parva, angusta, mar- ginem anteriorem approximata, marginem dorsalem non .superante (fig. 98, h). Marge anterior concharum regulariter — 411 ^ 336 E. DADAY DE DEÉS acutiusculoque arcuatus, cum margine dorsali angulum rotuiidatum formans,'in marginem ventralem sine limite visibili ineuns. Margo dorsalis rectus, longitudine maxima concharum sat multo brevior, cum margine posteriore angu¬ lum distinctum latiusculum formans. Marge posterior regulariter acutiusculoque arcuatus, in marginem ventralem late rotundatum sine limite visibili ineuns (fig. 98, h). Conchæ infra vel supra visæ auguste fusiformes ; latitu- dine maxima fere in medio sita ; apice anteriore posteriore multo tumidiore ; marginibus lateralibus late arcuatis (%. 98, e). Valvulæ concharum zonis incrementi 8-11, stuctura colore- que maris similibus (fig. 98, m-n). Gaput a latere visum late triangulare ; angulo occipital! parum producto, latiusculo, acute terminato ; margine frontali supraoculari leniter late arcuato, fere recto, declivi, ante oculos compositus tuberculum late rotundatum, haud prominens formante ; margine frontali infraoculari obsolète sinuato (fig. 98, g). Rostrum latiusculum, acute terminatum, margine ventrali recto. Fornices usque ad apicem rostri ver- gentes, ante marginem frontalem infraocularem distincte prominentes, hincque late arcuatæ (fig. 98, g). Antennæ inferiores superioresque, structura, maris simili ; macula oculi simplicis forma utcunque cometam imitante. Truncus e segmentis 22 pedigeris compositus. Segmenta 12 posteriora trunci dorsolateraliter aculeis parvis, in sérié antrorsum sequente 1.3.3.3.3.3.3.3.3.3.1.1, mediali ceteris lateralibus majore armata. Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pedes primi paris palpo endopoditali exopodito breviore; palpo endi- tali carentes. Pedes 10-14-paris cornu epipoditi branchialis superiore cylindrico, polito, ad sustendum ovorum idoneo. Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numéro varia- bibili (30-40), tenuibus, brevibus, sensim crescentibus, gla- bris (fig. 98, c, o). Ova membrana polita tecta. Longitude concharum 6-6,2 mm. ; altitude maxima 3,4- 3,6 mm. ; latitude maxima 1,8 mm. — 412 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 337 Patria. — Barri prope Chartum, anno 1870, die 8, mensis novembris ; Bahr el Abiad, Turra el Chadra; Bahr el Seraph, centr. Africa ; specimina e collectione Musæi vindobonensis examinavi. Species hæc nova forma concharum capitisque maris a latere visa speciei Leptestheria dahalacensis (Rüpp.) affînis, sed difïert : structura valvulæ concharum, capitis feminæ segmentorumque aliquot ultimorum trunci maris, sicut forma maculæ oculi simplicis, maris. Par la forme de ses valves vues de profil, par la structure du rostre, du telson et des deux premières paires de pattes des mâles et par les 10-14 paires de pattes des femelles, dont la corne supérieure de Pépipodite branchial est trans¬ formée en cylindre ovigère, cette espèce rappelle Leptes¬ theria dahalacensis Rüpp. ; M. E. Wolf' en a parlé sous ce dernier nom. A mon avis, la structure de la surface des valves et de la tête des femelles, la face dorsale des derniers segments des mâles toujours mutique (ne portant pas d'épi¬ nes) et la face dorsale des segments postérieurs du tronc toujours pourvue d'un très petit nombre de petites épines dans les deux sexes, montrent suffisamment que Leptestheria ægyptiaca Dad. et Leptestheria dahalacensis (Rüpp.) sont deux espèces parfaitement nettes. La distribution géographique de cette espèce est limitée par les 32<^-33o de longitude orientale, les 10^-16® de latitude septentrionale et se trouve dans la zone isotherme + 30 cette espèce appartient donc, parmi celles qui vivent dans la zone équatoriale, à la région située entre l'équateur et le tro¬ pique du Cancer. Leptestheria dahalacensis Rüpp. (Fig. 99, a-m ; fîg. 100, a-o.) Estheria dahalacensis Strauss-Dürckheim, 124, p. 119,Tab. 7,, a^ b\ Baird W., 5, p. 89, 6, p. 254, Tab. 17, fig. 2-4;. Chyzer, 31, p.65,fig. 23; ClausC.,33, p. 25; Grube E., 41:î — 338 E. DADAY DE DEÉS 52, p. 245, Tab. 11, fig. 1; Simon E., 120, p. 452 ; Wal- TER A., p. 988. Estheria pesthinensis Brühl A., 26, p. 115; Simon E., 120, p. 451; Chyzer K., 29, p. 29, Tab. 2, fig. 1-7, Tab. 3, fig. 1-5. Isaura dahalacensis Joly N., 61, p. 361 ; Balsamo-Cri- VELLI, 15, p. 118-119. Leptestheria dahalacensis Keilhac I., 65, p. 9. Estheria tetracera Borcea I., 20, p. 11, fig- 6-7. Cyzicus tetracerus Borcea I., 21, p. 197, fig. 5. / Mas (fig. 99, a-c, /, m ; fig. 100, a-c, g, /i, m, o). — Conchæ a latere visæ forma utcunque Areas imitante (fig. 99, n-c), altitudine maxima longitudinem dimidiam multo supe- rante ; umbone angusta, sat acute rotundata, marginem anteriorem plus minusve approximata, marginem dorsalem parum superante. Margo anterior concharum altitudine fere posterions, regulariter plus minusve latiusculo arcuatus, in marginem dorsalem sine limite visibili, rotundato ineuns. Margo dorsalis aut rectus (fig. 99, a), aut in medio bumile lateque arcuatus (fig. 99, d), aut obsolète arcuatus (fig. 99, e), cum marglne posteriore semper angulum distinctum, plus minusve obtûsum formans. Margo poste- rior regulariter late vel parum acute rotundatus, prope angulum dorsalem aut declivis (fig. 99, a, è), aut plus minusve sinuatus (fig. 99, d,c), in marginem ventralem obsolète late arcuatum fere subrectum, sine limite visibili, arcuato ineuns (fig. 99, a, 6, d, e). Conchæ supra vel infra visæ anguste fusiformes, latitudine maxima multo ante medium sita ; apice anteriore poste¬ riore latiore ; marginibus lateralibus in parte anteriore late arcuatis, in parte posteriore declivibus, convergentibus (fig. 99, c). Valvulæ concharum zonis incrementi 12-20, sæpissime tamen 14, areolatis, areolis polygonalibus, concinne reti- culatis (fig. 99, l-m) ; colore corneo-cinereo, flavescente, vel dilute brunneo-flavo. Caput a latere visum utcunque securiforme, angulo occi- — 414 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 339 pitali plus minusve producto, acute terminato ; margine fron- tali supra oculari in parte majore superiore obsolète arcuato declivi, prope oculos composites late sinuato, ante oculos composites tuberculum distinctum plus minusve auguste rotundatum formante ; margine frontali infraoculari aut Fig. 99. Leptestheria dahalacensis Rüpp. a, (J conchæ a latere. 5 : 1. Budapest, Albertfalva. b, cJ conchæ a latere. 5 : 1. Makô-Mezôhegyes. c, ^ conchæ supra visæ. 5:1. d, ^ conchæ a latere visæ. Makô-Mezôhegyes. e, S conchæ a latere. 5:1. Budapest. /, Ç conchæ a latere. 5 : 1. Budapest. g, $ conchæ a latere. 5:1. Makô-Mezôhegyes, Croatia h, Ç conchæ supra visæ. 5 : 1. i, $ conchæ a latere. 5:1. Budapest. A-, $ conchæ a latere. 5 : 1. Budapest, Râkospalota. /, pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) m, pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) recto (fig. 100, a), aut plus minusve distincte sinuato (fig. 100, b, c), Rostrum dilatatum, spatuliforme, angulo anteriore recto, posteriore vero aut recto (fig. 100, a, c), aut acute rotundato (fig. 100, b), margine ventrali aut recto (fig. 100, a, è),aut late arcuato (fig. 100, c). Fornices usque ad apicem -- 415 — 340 E. DADAY DE DEÉS rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem plus minusve promin entes, hincque aut late, aut sat alte arcuatæ (fig. 100, a-c). Antennæ inferiores tuberculis 16-18 sensoriis. Antennæ superiores ramis 12-16 articulatis. Macula oculi simplicis forma cometam imitante (fig. 100, a-c). Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta 16 vel 20 posteriora trunci aculeis dorsolateralibus parvis, in sérié antrorsum sequente numéro variabili, aut 1.3.3. 5. 5.5. 5.5. 5. 5.5. 5. 3.3.3. 1, aut 1.3.3.3.3.3.3.5.5.5.5.5.5.5.5.3.3.3.1.1,aut 1.1.3.5.5.5.9.0.9.5.5.3.3.3.3.3.1.1.1.1, aculeo mediali ceteris lateralibus parum majore (fîg. 100, m). Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pars S apicalis pedum primi et secundi paris in margine interiore, fere in medio sat profunde angusteque sinuata, tubercule prominente, acutiusculo rotundato (fig. 100, g). Pedes tertii paris palpo endopoditati cylindrico, longitudinem exopo- diti multo superante (fig. 100, h). Telsonum aculeis, marginalibus seu analibus, sat nume- rosis, numéro variabili, brevibus, crassis, sensim crescenti- bus, acutis armatum (fig. 100, m). Longitude concharum7-13mm.; altitude maxima 4-7 mm.; latitude maxima 1, 8-3,5 mm. Femina (fîg. 99, f-m ; fig. 100, d-f^ n). — Gonchæ a ^ latere visæ aut forma Areas imitante (fîg. 99, /, g), aut parum tellinæformes (fig. 99, k) ; altitudine maxima longitudinem dimidiam superante ; umbone angusta, acute rotundata, marginem anteriorem plus minusve approxi- mata, marginem dorsalem plus vel minus superante. Marge anterior concharum sæpissime fere altitudine marginis pos¬ terions, regulariter plus minusve latiusculo arcuatus, in marginem dorsalem aut sine limite visibili ineuns, aut cum margine dorsali angulum rotundatum formans (fig. 99, /, /c). Marge dorsalis aut rectus (fig. 99, /), aut apud umbonem late sinuatus, in ceteris late arcuatus (fîg. 99, /c), aut denique in medio protuberans, antice postieeque declivis (fig. 99, g), cum margine posteriore aut angulum obtusum formans (fig. 99, /), aut in marginem posteriorerh sine limite visibiii — 410 — 341 LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS I îotimdato ineuns (fig. 99, g-/i:).Margo posterior plusminusve acute arcuatus et in marginem ventralem late rotundatiim vel siibrectum sine limite visibili ineuns (fig. 99, g-k). Conchæ infra vel supra visse sat auguste fusiformes, lati- ^ Fig. 100. Leptestheria dahalacensis Rüpp. or, cJ caput a latere. 5:1. Makô-Mezôhegyes. 6, caput a latere. 5 : 1. Budapest. c, S caput a latere. 5:1. Budapust. d, $ caput a latere. 5:1. Budapest. e, $ caput a latere. 5:1. Makô-Mezôhegyes. /, $ caput a latere. 5:1. Makô-Mezôhegyes. g, ^ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) h, ^ pes tertii paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) i, Ç pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) k, $ pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, $ telsonum et segmenta 5 posteriora trunci a latere. 10 : 1. m, S telsonum et segmenta 6 posteriora trunci a latere. 10 : 1, n, $ aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) O, ^ aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) tudine maxima parum ante medium sita ; apice anteriore posteriore latiore ; marginibus lateralibus in parte anteriore late arcuatis,in posteriore declivibus, convergentibus (fig.99, h). Valvulæ concharum numéro zonatum incrementi, sicut structura coloreque maris similibus. Caput a latere visum utcunque triangulare ; angulo occi- — 417 342 E. DADAY DE DEÉS pitali plus minusve producto, acute terminato, aut recto (fig. 100, d)^ aut plus minusve curvato (fîg. 100, e-j) ; mar- gine frontali suprao.culari in parte majore superiore plus minusve distincte late arcuato, supra oculos composites latiusculo sinuato, ante eos tuberculum distinctum, anguste rdtundatum formante ; margine frontali infraoculari late sinuato (fig. 100, d-f). Rostrum sat angustum, acute ter- minatum, margine ventrali aut recto (fig. 100, d), aut plus minusve arcuato (fig. 100, e-f). Fornices usque ad api- cem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocu- larem parum prominentes, hincque late arcuatæ (fig. 100, d-f). Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi simplicis structura formaque maris similibus. Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta sæpissime 14 posteriora trunci aculeis dorsolateralibus, in sérié antrorsum sequente aut 11.13.15.15.15.15.17.17.15.13.11. 7.5.3, aut 21.21.21.25.25.25.21.21.19.15.9.5.3.3, brevibus,. sat parvis, uno mediali ceteris lateralibus parum majore (fig. 100, l). Pedes omnes margine epipoditi branchialis integro. Pedes primi paris exopodito sat dilatato ; palpo endopoditali cylindrico, longitudinem exopoditi multo non attingente (fîg. 100, i). Pedes 10-14 paris cornu superiore epipoditi bran¬ chialis cylindrico, ad sustendum ovorum idoneo (fig. 100, k) ; palpo endopoditali longitudinem dimidiam exopoditi parum superante. Telsonum aculeis marginalibus seu analibus sat numerosis, numéro variabili, tenuibus, sensim crescentibus, acutis, sæpissime glabris, rarius asperis vel concinne denticulatis armatum (fig. 100, /). Ova membrana polita tecta. Longitude concharum 6-9 mm. ; altitude maxima 3,8- 5 mm. 5 latitude maxima 1,8-3 mm. Patria. Ins.D ahalac, coll. T) . Hüpper^ anno 1836,mense decembris, sec. D. prof. H. Strauss-Dürckheim et D. prof. E. Grube \ Transkaspia, sec. D. Walter ; Ins. Cherso, sec. D. prof. E. Gruhe ; Vindobona, sec. D. prof. Ë. Gruhe ; Bagdad, — 418 - LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 343 coll. D. W. R. Loflus^ anno 1855, mense maji, sec. D. W. Baird. Specimina a me non observata. Budapest, Groatia, Sicilia, in collectionne Musæi nat. hist. Berolinensis a me examinata. Budapest, coll. D. G. Entz jun.^ anno 1911, die 13-20 mensis junii ; Jassy, ccll. D. prof. I. Borcea^ anno 1910, die 4 mensis julii ; specimina in ccllectione Musæi nat. hist. Parisiensis a me examinata. Budapest, coll. D. K. Chyzer^ anno 1856. Rakosfalva, col). D. K. Chyzer^ anno 1889, die 10 mensis augusti ; specimina in collectione Musæi nation, hungar. Budapestinensis a me examinata. Albertfalva prope Budapest, coll. et educit D. A. Abonyi^ anno 1910, mensibus mai-augusti ; Budapest, coll. D. G, Entz jiin., anno 1911, die 13 et 20, mensis junii ; Cristesti in Roma- nia, coll. D. prof. /. Borcea^ anno 1910, Jassy, coll. D. prof, /. Borcea, anno 1910, die 2 mensis augusti; Makô-Mezô- hegyes, coll. D. A. Ahonyi, anno 1910, die 17, mensis julii ; ^ Makô, e limo exsiccato educit A. A bonyi^ anno 1910, die 19, mensis novembris ; specimina in collectione Cathedræ zoolo- gicæ Polytechnici Josephini Budapestinensis a me examinata. Remania, Saldana, Vladeni, Pascani-Ruginoasa, Bartad, Stanca-Stefanesti, Serbesti, specimina a D. prof; L Borcea collecta ego non examinavi, inter hæc occurrent forsan etiam repræsentantes speciei Leptestheria dwes Dad. Species hæc generis Leptestheria primo descripto (1837) speciei Leptestheria rotundirostris Dad. afïînis, sed difîert : forma concharum a latere visarum, structura rostri et mar- ginis dorsalis telsoni maris. Austria ; Budapest ; Fischamend prope Wien, coll. Rogen- hoffer, 1859, in collectionne Musæi vindobonensis, et Budapest, coll. D. Brühl, Fischa, in collectionne Cathedræ zoologicæ primæ Universitatis vindobonensis ; specimina a me exa¬ minata. L'espèce décrite ci-dessus peut être distinguée des autres représentants du genre surtout par la structure des 10®- 14® paires de pattes des femelles, du rostre des mâles et de la _ 410 — 344 E. DADAY DE DEÉS face dorsale de leur telson. La forme des valves et la structure de leur surface varient d'individu à individu d'une même loca¬ lité, ce que E. Grube fait déjà remarquer à propos de la description de l'individu typique provenant de Dahalac :Auch ist die hei seitlicher Ansicht einigermassen an Area Noœ erinnernde Gestalt nient immer so seharf ausgepràgt, der Riïekenrand nieht melfir gerade^ sondern leieht eomex^ wohei die hoehste Erhehung hinter den Wirbeln liegt und nieht mehr unter einem geradlinigen stumpfen Winkel, sondern mit einem Bogen in den Hinterrand übergehend (52, p. 245). Leptestheria dahalaeensis est intéressant en ce qùe les sexes diffèrent non seulement par le développement du rostre, les deux premières paires de pattes transformées en organes préhensiles des mâles et la structure des 10®-14® paires de pattes des femelles, mais aussi par des épines du bord dorsal du telson et très souvent aussi par la forme de leurs valves. Les localités de Leptestheria dahalaeensis Rüpp. sont limitées aux 15o-48<^ 30' de latitude septentrionale, aux 14®- 58® de longitude orientale et dans là zone isotherme + 10 à + 30. Leur point le plus méridional est l'île Dahalac ; le plus septentrional. Vienne (Autriche) ; le plus occidental, la Sicile et le plus oriental, la région transcaspienne. Leptestheria dahalaeensis Rüpp. paraît se trouver souvent en Hongrie, mais seulement au sud de la ligne isotherme + 10. Je tenais beaucoup à comparer les exemplaires typiques de Rüppell à ceux qui étaient à ma disposition et, dans ce but, je m'adressai d'abord à M. le E. Wolf^ conservateur du Musée de Senckenberg, malheureusement sans succès, car il me répondit « que maintenant il ne pouvait m'envoyer les exemplaires demandés, parce que le classement de la collec¬ tion n'était pas terminé ». Plus tard, je me servis de l'inter¬ médiaire de l'Académie hongroise des sciences, mais la réponse de la direction du « Muséum Senckenbergianum » était « que récemment la direction avait décidé de ne plus communiquer d'objets ». Parmi les femelles de cette espèce provenant de j'en ai trouvé qui avaient, à gauche, sur les 10®-14® pattes, la corne supérieure de l'épipodite branchial transformée en — Î20 — 345 LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS o^igère et, à droite, sur les 10^-13® pattes, et ^ice-versa. Ces exemplaires, anormaux, forment une sorte de transition entre Lepiestheria dahalacensis Rüpp., rotundirostris Dad., tennis Sars et Cortieri Dad., car les femelles des deux premières espèces portent, aux 10e-14e paires de pattes, le cylindre ovigère ; — les deux dernières, par contre, Font aux 106-13^ paires de pattes. A mon avis, cette anomalie, qui peut sAxpliquer par la mutation, nous permet de tirer les conclusions suivantes : le nombre des cylindres ovigères ne s'est pas encore fixé ; j il est donc sujet a certaines variations, et, par conséquent, 2 le genre Lepiestheria est un membre recent de la famille, I dont les espèces, sous l'influence de la mutation, sont encore en voie d'évolution. 1 Leptestheria dives Dad. n. sp. (Fig. 101, a-h ; fig. 102, a-i.) Mas (fig* 101, a-h). Conchæ a latere visæ utcunque formam Arcæ imitantes, altitudine maxima 2/3 longitudi- nem multo non attingente ; umbone angusta, acutiusculo TOtundata, marginem anteriorem sat approximata, margi- nem dorsalem non superante (fig. 101, a). Margo anterior j concharum posteriore parum alfcior, regulariter sat acutiuscu- j loque arcuatus, in marginem dorsalem ventralemque sine I limite visibili ineuns. Margo dorsalis subrectus, in medio obsolète late tuberculatus, cum margine posteriore angulum latiusculo rotundatum formans. Margo posterior regulariter acutiusculoque arcuatus, in marginem ventralem late rotun¬ datum sine limite visibili ineuns (fig. 101, a). Gonchæ infra vel supra visæ sat auguste fusiformes, lati- tudine maxima fere in medio sita \ apice anteriore posteriore parum breviore, latioreque ; marginibus lateralibus late arcuatis (fig. 101, d). Valvulse concharum zonis incrementi 11-15, reticulatis, areis concinne lineolatis j colore dilute fïavo-brunneo. Caput a latere visum utcunque quadrangulare, angulo — 421 — A.NN. DES SG. NAT. ZOOL., 10® S6ri6. 1923 VI, 23 346 E- daday de deés occipitali parum producto, acute terminato ; margine froxi-, tali supraoculari in parte majore superiore late arcuato, prope oculos compositos leniter sinuato, ante oculos compo sitos tuberculum latiusculo rotundatum formante , margine frontali infraoculari distincte lateque sinuato (fig. 101, h). Rostrum compressum, dilatatum, utcunque spatuliforme, margine ventrali late arcuato, angulo posteriore late rotun- dato ; angulo anteriore obtuso, acuminato. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infra ocularem valde, prominentes, sat alte arcuatse (fi©* 101, &). Antennæ inferiores tuberculis 14-16 sensoriis ; antennæ superiores ramis 12-13 articulatis *, macula oculi simplicis utcunque formam cometse imitans (bg* 90, h), Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta 18 posteriora trunci aculeis dorsolateralibus, numéro varia- bili armata. Segmenta 14-20 posteriora aculeis 7.9.17, uno mediali majore, ceteris lateralibus minoribus, segmenta vero 4 antecedentia spina unica mediali armata (fig. 101, g). Pedes omnes margine epipoditi brancbialis late crenulato. Pars apicalispedumprimi et secundi paris in margine interiore, prope clavam apicalem profunde latiusculoque sinuata, tubercule prominente, acutiusculo rotundato (fig. 101, c,e). Pedes tertii paris palpo endopoditali cylindrico, longitudinem xopoditi multo sup erante (fig. 101, /). Telsonum aculeis marginalibus seu analibus valde nume- rosis (36-48), proximalibus multo brevioribus, apice rotun¬ dato, distalibus sensim tenuioribus, longioribus, acutis, gla- bris (fig. 101, g, h). Longitude maxima concharum 9 mm. ; altitude maxima 4, 9-5,4 mm. ; latitude maxima 2-2,3 mm. Femina (fig. 102, a-i). — Gonchæ a latere visæoviformes, altitudine maxima 2/3 longitudinem sat multo non attin- gente * umbone parum dilatata et auguste rotundata, mar¬ ginem anteriorem parum approximata, marginem dorsalem sat superante (fig. 102, a). Marge anterior concharum poste¬ riore parum humilier, regulariter et sat acutiusculo rotun- datus, in marginem dorsalem ventralemque sine limite visibili ineuns. Marge dorsalis leniter arcuatus, in marginem poste- LES PHYLLOPODES CONGHOSTRACÉS 347 riorem sine limite visibili ineuns. Marge posterior régu¬ lant er sat latiusculoque arcuatus, in marginem ventral em Jate rotundatum, sæpe setosum sine limite visibili ineuns (fig. 102, a), Conchæ infra vel supra visæ sat auguste fusiformes, latitu- Fig. 101. Leptestheria dives Dad. a, concha a latere. 1:5. b, caput a latere. 1:8. c, pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) d, conchæ supra visæ. 1 : 5. e, pes apicalis pedum 2-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, pes tertii paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) g, telsonum et segmenta 7 posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) h, acuJei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) dine maxima in medio sita ; apice anteriore posteriore breviore, latiore tumidioreque ; marginibus lateralibus late arcuatis (fig. 102, d). Valvulæ concharum zonis incrementi 18-27, reticulatis,- areis polygonalibus, striolatis (fig. 102, i) ; colore flavo- brunneo. Caput a latere visum triangulare ; angulo occipitali angus- 348 E. DADAY DE DEÉS to, retrorsum ciirvato, acute terminato ; margine frontal! supraoculari aut leniter arcuato, aut ^ubrecto, ante oculos compositos late rotundato ; margine frontal! !nfraocular! Fig. 102. Leptestheria dives Dad. $. a, coucha a latere. 1:5. b, caput a latere. 1:7. c, telsonum et segmenta 14 posteriora trunci. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) d, conchæ supra visæ. 1 : 5. c, pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) g, pes tertii paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : f>.) h, pes 14-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) i, pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) late slnuato (fig. 102, b). Rostrum sat angustum et acum!- natum, acutmsculum, margine ventral! subrectum. Formées usque ad apicem rostr! vergentes, ante marginem fronta- lem infraocularem plusminusveprominentes, hincque leniter arcuatæ (fig. 102, b). Antennæ inferiores tuberculis 16-18 sensorüs ; antennæ superiores ramis 15-16 articulatis 5 macula ocul! simplicis utcunque formam cometæ imitans (fig. 102, b). LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 349 Trimcus e segmentis 22-24 pedigeris compositus. Segmenta 14 vel 18 posteriora trunci aculeis sat parvis, numéro varia- bili armata. -Segmenta 10 vel 12 posteriora aculeis 11-15, uno mediali majore, ceteris lateralibus minoribus, segmenta vero 4 antecedentia spina mediali unica armata (lig. 102, c). Pedes omnes margine epipoditi branchialis late crenulato (lîg. 102, c, f-h). Pedes primi paris palpo endopoditali cylin- drico, fere longitudine exopoditi (fig. 102, c). Pedes tertii paris palpo endopoditali longitudinem exopoditi sat multo non attingente (fîg. 102, g). Pedes 10-15 paris cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico, ad sustendum ovorum idoneo (fig. 102, f^h). Pedes 6-13 paris palpo endopoditali fusiformi (fig. 102, /). Telsonum numéro structuraque aculeorum marginalium seu analium maris similibus (fig. 102, c). Ova membrana lineolata tecta.* Longitude maxima concharum 8,4-9 mm. ; altitude maxi- ma 5-5,5. mm. ; latitude maxima 2,8-3 mm. Patria. — Remania, Jassy et Comana, colL. 111. D. prof. /. Borcea^ anno 1911 ; die 23 mensis julii ; Asia miner, Eregli, coll. D. L. Nâday^ anno 1911, die 28 mensis julii; Saratow, elfusio fluminis Volga, coll. D. Director A. Behningamno^ 1911, die 12 mensis junii ; specimina mihi libenter donata examinavi. lagladzlik, Vardar, coll. D. D. Michel, anno 1909, mense octobri, speciminæ e collectione Musæi nat. hist. Pari- siensis examinavi. Species hæc nova forma concharum specierum Lep- testheria dahalacensis Rüpp. et Leptestheria Cortieri Dad. utcunque affînis, sed difîert : structura valvuîæ concharum pedumque 10-15 paris feminæ. Par la forme de ses valves vues de profil, cette espèce rappelle beaucoup les Leptestheria dahalaeensis Rüpp., rotundirostris Dad. et Cortieri Dad., au point que, sans connaître ses caractères essentiels, on pourrait la considérer comme synonyme de chacune de ces trois espèces. Cependant Leptestheria dives Dad. en diffère essentiellement parce que ce sont ses 10^-15® paires de pattes qui portent la corne 425 1 350 E. DADAY DE DEÉS supérieure de Tépipodite branchial transformée en ovigère ; les femelles des Leptestheria dahalacensis Rüpp. et rotundirostris Dad. ayant cet organe ovigère sur les 10e-i4e accidentellement d'un seul côté, sur les 10®-13®) paires de pattes et Leptestheria Cortieri Dad. le présente j sur les 10®-13® paires de pattes. Leptestheria dives Dad. | et rotundirostris Dad. diffèrent encore Tune de l'autre ' par le rostre des mâles. La distribution géographique de cette espèce est limitée par les 27^-46® 30' de longitude orientale, les 37^-51^ 30' 1 de latitude septentrionale et par les zones isothermes sep- | tentrionales + 6 à -f 18. Eregli est son point le plus méri- i dional et Saratow le plus septentrional. Species generis * Leptestheria. INSUFFICIEPnTER cognitæ Leptestheria Macgillivrayi Baird. (Fg. 103, a-h), Estheria Macgilliçrayi^A.mB W., 12, p. 148, 392. Taf. 5, a, h. Carapace- valves ovate. Fig. 103. Leptestheria Macgillivrayi (Baird). a, conchæ a latere. b, conchæ supra visæ. Sec. D. W. Baird. Dorsal margin long, straight. tJmbones small, placed about 1 line from the anterior extre- mity. Ventral margin roun- ded. Anterior extremity roun- ded, as well as posterior, both beingof nearly equal size. Ribs of carapace numerous, narrow, and fmely punctate in the interstices. In general outline this spe- . cies resembles very much E. dahalacensis ; but the L’ibs are * and narrower ; more numerous, the surface o the interstices is much more fmelypunctate. — 420 — I i LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 351 Length of carapace, about 5 Unes ; breadth at umbo, 3 lines. Hab. — Brackish lake, Green Point, Cape of Good Hope (I. Macgillivray) (Mus. Brit.). Leptestheria Rubidgei Baird. (Fig. 104, a-c.) Esiheria Rubidgei Baird W., 12, p. 148, 392. Taf. 15^ fig. 3, a-h. Carapace-valves ovate. Dorsal margin long, straigth. Umbones small, placed near the anterior extremity. Ventral margin sligtly rounded. Anterior extremity rounded. Posterior ex¬ tremity emarginate at upper part, giving it so- mewhat the appearance Fig. 104. Leptestheria Rubidgei (Baird). a, conchæ a latere. of the Shell of an Avicu- b, c, partes valvùlæ concharum. Sec. D. TF. Baird. la. Anterior extremity rather the larger. Ribs of carapace not numerous, and wide apart, the surface in the interspaces marked with coarse and flexuously disposed raised lines. This species partakes of the characters of straight-dorsal- margined species, E. dahalacensis and E. M.acgillwrayi. From the last species it differs in size, from of posterior extremity, and markings of interspaces betwen the ribs, as well as their comparative size and number, those of the présent species being fewer and wider apart. Length of carapace about 3 1/4 lines; breadth at umbo, 2 lines. Hab. — A dried-up “vley'' near Port Elizabeth, CapeColony. Collected by Dr. Rubidge^ and communicated to Henry Wood- ward Esq. by W. S. M. D'Urban, Esq. (Mus. Brit.). M. G. O. Sars rapportait déjà ces deux espèces au genre 352 E. DADAY DE DEÉS Leptestheria^ mais il fait la remarque que : the last 2 like- wise belonging to the South Ajrican fauna^ but hitherto only described front empty shells (104, p. 10). En dehors de ce qui concerne la ferme des valves et leurs stries d'accroissement, les descriptions reproduites ci-dessus ne donnent aucun caractère essentiel pouvant faire rapporter ces deux espèces à Tune de celles actuellement connues dans tous leurs détails ; je suis donc obligé de considérer les Leptestheria Macgülivrayi et Rubidgei de W, Baird comme insuffisamment connues. Je pense cependant que ces deux espèces ont quelques rapports avec Leptestheria siliqua = Leptestheria Mayeti Sim., avec d'autant plus de raison que leur habitat est le même. Je dois ajouter que la surface des valves de Leptestheria Rubidgei Baird corres¬ pond parfaitement à celle de Leptestheria siliqua G. O. Sars. La question ne pourrait se résoudre que par l'étude des types de W. Baird, à la condition qu'il en reste autre chose que des valves vides. Gen. Leptestheriella n. gen. Leptestheria Auct.^ pro parte. Gonchæ plus minusve compressæ, a latere visæ sæpissime forma Arcam imitante, rare o vif ormes, supra visæ plus minusve auguste oviformes ; umbone distincta, sæpissime angusta et auguste rotundata, marginem anteriorem plus minusve superante ; zonis incrementi aut sat paucis, aut numerosis, superficie variabiliter sculpturata. Gonchæ infra vel supra visæ plus minusve auguste fusi¬ formes, latitudine maxima sæpissime plus minusve ante medium sita. Gaput angulo occipitali aut brevi, rotundato terminato^ aut plus minusve producto, acuteque terminât o ; margine frontali variabiliter constructa ; rostro aut in utroque sexu angusto, acute terminato, acuminato, aut in femina angusto, in mare autem dilatato, rotundato vel spatuliformi, acumi¬ nato ; fornicibus distinctis, usque ad apicem rostri vergen- — 428 ~ LES PHYLLOPODES CONGHOSTRACÉS 353 tibus, ante marginem frontal em plusminusve prominentibiis. Antennæ inferiores longiusculæ, in margine anteriore tuber- culis sensoriis sat numerosis, variabiliter articiilatæ. Anten- næ superiores triinco obsolète multi articulato, in margine anteriore setoso, ramis variabiliter articulatis. Truncus e segmentis 22-32 pedigeris compositus. Segmenta 14-25 posteriora trunci aculeis vel setis dorsolateralibns, numéro variabili armata, haud tuberculata. Pedes omnes exceptis aliquot ultimis, in margine exteriore epipoditi branchialis aut lobulis, aut appendicibus digiti- formibus, cylindricis, vel diverse modo ramosis armati. Pedes pïimi et secundi paris maris in medio marginis interioris partis apicalis plusminusve profundesinuati tubercule latius- culo vel acutiusculo armati. Pedes 10-11 paris feminæ cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico, ad sustendum ovorum idoneo. Palpus endopoditalio longitudine structu- raque diversis. Pedes fere omnes lamina triangulari epipo- diali, laterali, in apice inferiore sæpe producta armati. Telsonum sat longiusculum, aculeis marginalibus seu analibus valde numerosis, parvis, æqualibus vel anæqualibus, glabris vel asperis, interdum sensim crescentibus. Ova sæpissime membrana posita, rarius membrana baciliis radialiter dispositis armata tecta. Genus hoc novum generis Leptestheriæ valde affine, sed difîert : structura epipoditi branchialis pedum et conti- net species in conspectu infra sequente 7 conscriptas, incolas stagnorum aquæ dulcis calidis. CoNSPECTUS SPECIERUM GENERIS Leptestheriella. HUCUSQUE COGNITARUM. 1. Marge epipoditi branchialis pedum fere omnium lobulis setigeris . 2 — Marge epipoditi branchialis pedum fere omnium processibus digitiformibus vel ramosis . 4 2. Gonchæ a latere visæ forma Arcam imitante, angulo occipitali haud producto . 3 354 E. DADAY DE DEÉS 2. Conchæ a latere visæ utcunque forma Gycladem imi¬ tante ; angulo occipitali parum producto, acute ter- minato ; rostrum feminæ apice latiusculo rotundato, sat latum. . . Leptestheriella Hendersoni G. O. Sars. 3. Caput maris rostro sat angusto, rotundato ; valvulæ concharum areis polygonalibus ; aculei marginales tel- soni glabris . . . Leptestheriella nobilis G. O. Sars. — Caput maris rostro dilatato, spatuliformi ; valvulæ concharum concinne punctatæ ; aculei marginales tel- soni asperi, vel concinne denticulati . . Leptestheriella Sarsi Dad. n. sp. 4. Margo epipoditi branchialis pedum processibus elongatis, ramosis ; margo inferior vel anterior telsoni inermis. . 5 — Margo epipoditi branchialis pedum processibus brevi- bus, digitiformibus vel bifurcatis ; margo inferior vel anterior telsono processu aculeiformi curvato . . Leptestheriella calcarata Wolf. 5. Valvulæ concharum in utroque sexu areolatæ . 6 — Valvulæ concharum feminæ areolatæ, arelis politis maris vero concinne punctatis, intervallis pellucidis, ramosis, transversalibus . . Leptestheriella Thielei Dad. n. sp. 6. Valvulæ concharum areolis politis, conchæ in utroque sexu forma Arcam imitante ; margo analis telsoni aculeis parvis, diverse magnis ; rostrum maris parum dila- tatum, apice rotundatum . . Leptestheriella æthiopica Dad. n. sp. — Valvulæ concharum areolis dense punctatis ; conchæ in femina oviformes, in mare forma Arcam imitante ; margo analis telsoni aculeis parvis, æqualibus . . Leptestheriella villigera Thiele. Les espèces analysées dans ce tableau ont été jusqu'ici rapportées au genre Leptestheria G. O. Sars. Le caractère tiré de Tépipodite branchial des pattes me paraît suffisant pour justifier la création d'un genre spécial pour ces espèces. Je lui donne le nom de Leptestheriella pour rappeler ses étroites affinités avec le genre Leptestheria — 430 LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 355 Entre les genres Leptestheria et Leptestheriella, le passage se fait par les Leptestheriella nohilis G. O. Sars, Hendersoni G. O. Sars et Sarsi Dad. La Leptes¬ theriella calcarata E. Wolff, qui vient ensuite, est mieux caractérisée par ses prolongements d'épipodite digitiformes ou au moins furciformes. Je terminerai la série par Leptes¬ theriella æthiopica Dad., dont les prolongements d'épipodite sont longs et rameux. Les Leptestheriella vivent, presque toutes, entre les tro¬ piques dans LAsie méridionale, dans TAfrique centrale et dans Lîle de Madagacsar. Leptestheriella Sarsi Dad. fait seule exception, s’étendant à peu près jusqu’au 25° de latitude septentrionale. Leptestheriella Hendersoni G. O. Sars. (Fig. 105, a-g.) Leptestheria Hendersoni Sars G. O., 107, p. 17. Tab. 3, fig. 1-8. Gonchæ a latere visæ utcunque oviformes, altitudine maxima in medio sita, 2/3 Jongitudinem fere attingente : umbone sat angusta, angusteque rotundata, marginem anteriorem valde approximata, marginem dorsalem parum superante (fig. .105, a). Margo anterior concharum poste- riore altior, regulariter latiusculoque arcuatus, in marginem dorsalem ventralemque rotundo, sine limite visibili ineuns. Margo dorsalis rectus, dimidiam longitudinem parum non attingente, in marginem posteriorem sine limite visibili, latiusculo rotundato ineuns. Margo posterior in parte supe- riore declivis, in parte cetera regulariter acutiusculoque arcuatus, in marginem ventralem, sat ventricose rotundatum sine limite visibili ineuns (fig. 105, a). Gonchæ infra vel supra latiusculo fusiformes, latitudine maxima sat multo ante medium sita ; apice anteriore pos- teriore multo breviore, latiore, acutiusculo rotundato ; mar- ginibus lateralibus in parte anteriore arcuatis, in parte posteriore rectis, declivibus, convergentibus (fig. 105, h). 356 E. DADAY DE DEÉS Valvulæ conchariim zonis incrementi numerosis, politis ; colore brunneo. Caput a latere visum iitcunque triangulare ; angiüo occi- pitali sat producto, curvato, acute terminato ; margine frontal! supraoculari in parte superiore majore late arcuato^ in parte inferiore minore leniter late siniiato, ante oculo^ composites tiiberculum latiusciilum, late rotundatum for¬ mante ; margine frontal! infraoculari latiusculo siniiato (fig. 105, c). Rostrum sat latum, apice rotimdato, acuminato^ margine ventral! subrecto. Fornices fere usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem parum prominentes, hincque leniter late arcuatis (fig. 105, c). Antennæ inferiores tuberculis 10-12 sensoriis, antennæ superiores ramis 13-15 articulatis ; macula oculi simplicis cuneiformis (fig. 105, c). Truncus e segmentis 25 pedigeris compositus. Segmenta 14 posteriora trunci aculeis dorsolateralibus, in sérié antror- sum sequente 5.7.7.7.11.11.9.9.7.7.5.7.5.3, uno mediali ceteris fateralibus validiore (fig. 105, d), Pedes omnes in margine epipoditi branchialis lobulis et tuberculis parvis, setigeris armati (fig. 105, e-g). Pedes pri- mi paris cornu epipoditi branchialis superiore valde dilatato ; palpo endopoditali fusifqrmi, longitudinem dimidiam exopo- diti sat superante, in margine interiore setis 6 brevibus armato (fig. 105,/). Pedes 9-paris exopodito valde dilatato, palpo en¬ dopoditali subcylindrico, longitudinem diraidiam exopoditi non superante (fig. 105, e). Pedes 10-11 paris cornu epipoditi branchialis superiore cylindrico, ad sustendum, ovarum idoneo (fig. 105, g); sacculo branchial! valde elongato sat angusto ; palpo endopoditali cylindrico, fere longitudine exopoditi. Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numerosis, fere æqualibus, tenuibus, glabris (fig. 105, d). Ova membrana polita tecta Longitude maxima concharum 12,5 mm.; altitude maxima 7,5 mm. ; latitude maxima 4 mm. Pat RI A. — India or. Sholingur in districtu Arcot sep- tentr. ; specimen unicum femininum e collectione Musæi Indiani examinavi. LES PIÎYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 357 L’espèce a été décrite par le professeur G. O, Sars sur deux femelles recueillies près de Sholingur par M. le professeur Fig. 105. Leptestheriella Headersoni (G. O. Sars). a, $ concha a latere. 1 : 3. b, $ conchæ supra visæ. 1 : 3. c, $ caput a latere. 1 : 5. cl, Ç lelsonum et segmenta aliquot posteriora. 1:10. r, $ pes 9-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) ", $ pes lO-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) S. R. Henderson ; l’individu que j’ai étudié diffère un peu des deux premiers par la forme de ses valves'vues de profil et par la ligne de leur bord dorsal ; mais ces différences sont peu importantes. Cette espèce vit, entre l’équateur et le tropique du Cancer, à peu près au 13^ de latitude septentrionale, au 77^ de lon¬ gitude orientale et dans la zone isotherme + 24 à + 26. — 433 — 358 E. DADAY DE DEÉS Leptestheriella nobilis G. O. Sars. (Fig. 106, a-m.) Leptestheria nobilis Saks G. O., 107, p. 11. Tab. 2, fig. 1-11. Mas (fig. 106, a, c, e-h^ l). — Gonchæ a latere visse forma Arcam imitante, altitudine maxima in medio sita, longitu- dinem dimidiam parum snperante ; umbone lata, anguste rotundata, marginem anteriorem parum approximata, mar- ginem dorsalum parum superante (fig. 106, a). Margo ante- rior concharum regulariter sat acutiusculoque arcuatus, cum marginem dorsalem angulum acutiusculo rotundatum for- mans, in marginem ventral em sine limite visibili ineuns. Margo dorsalis rectus, cum margine posteriore angulum distinctum, obtusum formans. Margo posterior regulariter sat acutiusculoque arcuatus, in marginem ventralem late leniterque arcuato sine limite visibili ineuns (fig. 106, a). Gonchæ infra vel supra visæ latiusculo fusiformes, latitu- dine maxima fere in medio sita ; apice anteriore posteriore breviore latioreque ; marginibus lateralibus late arcuatis (fig. 106, c). Valvulæ concharum zonis incrément! numéro valde varia- bili (10-30), aut concinne granulatis seu punctatis, aut areo- latis, areolis sat parvis, irregulariter polygonalibus, politis, pellucide marginalis ; colore rubicundo-brunneo. Gaput a latere visum utcunque quadrangulare ; angulo '* occipitali brevi, acute terminato ; margine frontal! supra- oculari in parte superiore latiusculo tuberculato, in parte inferiore vero leniter late sinuato, ante oculos composites tuberculum latum, late rotundatum formante ; margine frontal! infra-oculari leniter late sinuato (fig. 106, e), Ros- trum sat dilatum, compressum, angulis rotundatis, mar¬ gine ventral! arcuato, posteriore vero declivi; angulo anteriore acuminato. Fornices usque ad apicemrostri vergentes, ante maiginem frontalem infraocularem parum prominentes, minime arcuatæ, fere rectæ (fig. 106, e), Antennæ inferiores tuberculis 12-14 sensoriis ; antennæ LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 359 $ superiores ramis 12-14 articulatis ; macula oculi simplicis cuneiformis (fig. 106, e). Fig. 106. Leptestheriella nobilis G. O. Sars. a, ^ concha a latere. 1 : 5. b, $ concha a latere. 1 : 5. c, ^ conchæ supra visæ. 1:5. d, Ç caput a latere. 1:7. e, cJ caput a latere. 1:7. /, (î telsonum cum segmentis aliquot posterioribus. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) g, (J pars apicalis secundi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) h, cî pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) i, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) $ pes 9-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) l, S pes tertii paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) m, $ pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) Truncus e segmentis 25 pedigeris compositus. Segmenta 22 posteriora trimci aculeis et setis dorsolateralibus, numéro 360 E. DAOAY DE DEÉS variabili armata. Segmenta 8 posteriora aculeis in sérié antrorsum sequente 7. 7. 7. 7. 7. 7. 7. 7. 3.3. 1.1. 1.1, una mediali ceteris lateralibus longiore (fig. 106, /). Pedes omnes margine epipoditi branchialis in parte majore inferiore lobato, lobis numéro variabili, latiusculis rotun- datis, in apice setosis (fig. 106, h-l). Pars apicalis pedum 1-2 paris in medio marginis interioris tuberculo valde pro- minente latiore vel acutiore armata et latins vel angustius, plusminusve sinuata (fig. 106, g, h). Pedes tertii paris palpo endopoditali biarticulato, articule apicab sensim latiore, longitudinem exopoditi multo superante (fig. 106, l), Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numéro varia¬ bili (20-34), subsimilibus, sat tenuibus, parum sensim decres- centibus, glabris (fig. 106, /). Longitude concharum maxima 8,5-10 mm. ; altitude maxi- ma 5-5,5 mm. ; latitude maxima 2,5-3 mm. Femina (fig. 106, h, d, m). — • Gonchæ a latere visæ forma Arcam imitante, altitudine maxima in medio sita, longitudinem dimidiam parum superante ; umbone lata, anguste rotundata, marginem anteriorem distincte approxi- mata, marginem dorsal em sat superante (fig. 106, h). Marge anterior concharum posteriore parum angustior, régularité! acutiusculoque, arcuatus, cum margine dorsali angulum distinctum, aut anguste rotundatum, aut sat obtu- sum formans, in marginem ventralem sine limite visibili ineuns. Margo dorsalis rectus, cum margine posteriore angu¬ lum distinctum, parum obtusum formans. Margo posterior régularité! latiusculoque arcuatus, in marginem ventralem late leniterque rotundatum, setosum vel calvum, sine limite visibili ineuns (fig. 106, h). Gonchæ infra vel supra visæ forma structuraqiie maris similibus. \ alvulæ concharum numéro, structura, coloreque maris similibus. Gaput a latere visum latiusculo triangulare; angulo occi- pitali brevi, acute terminato ; margine frontali supraoculari in parte superiore leniter arcuato, in parte inferiore leniter late sinuato, ante oculos composites tuberculum latiusculum LES PHYLLOPODES CONGHOSTRACÉS 361 sat anguste rotundatum formante ; margine frontal! infra- oculan leniter late sinuato (fig. 106, d). Rostrum latiuscu- um, anguste rotundatum, acuminatum, margine ventrali recto Formées usque ad apicem rostri vergentes, marginem lontalem infraocularem parum superantes, hinoque leniter arcuatæ (fig. 106, d). Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi sim- plicis structura formaque maris similibus. Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta T ^culeis vel setis dorsolateralibus, numéro r ariabih armata. Segmenta-ô posteriora aculeis in sérié antror- sum sequente 0.5.7.7.7, uno mediali ceteris lateralibus vali- diore ; segmenta 12 antecedentia setis 9, segmenta vero 7 anteriora setis 3, vel solum seta unica mediali armata. Pedes omnes margine epipoditi branchialis in parte majore m eriore lobato, lobis latiusculis, rotundatis, sat promi- nentibus m apice setosis (fig. 106, i, k, m). Pedes primi paris palpo endopoditali cybndrico, longitudmem exopoditi parum non at mgente (fig. 106, f). Pedes 9-10 paris palpo endopo- 1 ah fusiformi, longitudmem dimidiam exopoditi dilatati parum superante (fig. 106, k-m). Pedes 10-11 paris cornu epipo iti branchialis superior cylindrico, ad sustendum nvorum idoneo (fig. 106, m). Ova membrana polita tecta. Longitudo maxima concharum 5-8,3 mm. ; altitudo maxi- ma 3-4,8 mm. ; latitude maxima 3 mm. Patria. — India or.Sholingur in districtu Arcot, septembr. (Mysore), coll. D. Slater, anno 1896, mense maji ; Ginjee in Arcot merid., in guvern. - adras, coll. D. prof. K. Ramunni Menon-, specimina e collectione Musæi Indiani examinavi. Species base speciei Leptestheriella Hendersoni G. O. Sars allmis, sed difîert : forma structuraque concharum ros- trique. Cette espece ressemble beaucoup à Leptestheriella Hendersoni G. O. Sars, mais la forme de ses valves vues de profil et la structure de leur surface et la forme du rostre — 437 — ANN. DES SG. NAT. ZOOL., 10® série, 1923. VI, 24 302 E. DADAY DE DEÉS l’en séparent pourtant, et les deux espèces se distinguent ai- sèment Tune de Tautre. l • 7 La ressemblance est encore plus grande entre Leptestheriel- la nobilis G. O'. Sars et Leptesiheriella Sarsi Dad. ; inais [ la forme du rostre des males et la force des épines du te son j sont d’importants caractères distinctifs. i Leptestheriella nobilis G. O. Sars a aussi des rapports , avec Leptestheriella Hendersoni G. O. Sars par son habitat, car elle se trouve aussi entre l’équateur et le tropique du Cancer, à peu près à 13° de latitude septentrionale, à de longitude orientale et dans la zone isotherme septentrio- nale + 24 à + 26. Leptestheriella Sarsi Dad. n. sp. (Fig. 107, a-n.) Mas (fig. 107, a, c, d, g, k, l). — Conchæ a latere visæ utcunque forma Arcam imitante ; altitudine maxima an e medium sita, longitudinem dimidiam multo superante , umbone sat lata, angustinsculo rotundata, marginem anteriorem sat remota, marginem dorsalem parum supe¬ rante (fig. 107, a). Margo anterior concharum regulari- ter sate acutiusculoque arcuatus, cum margine dorsali angulum rotundatum formans, in marginem ventralem sine limite visibili ineuns. Margo dorsalis reclus, cum margine posteriore angulum obtusum, distinctum formans. Margo posterior regulariter sat acutiusculoque arcuatus, in mar¬ ginem ventralem leniter late rotundatum sine limite visi bili ineuns (fig. 107, a). ^ Conchæ infra vel supra visæ latiusculo fusiformes ; lati- tudine maxima in medio sita ; apice anteriore posteriore breviore latioreque ; marginibus lateralibus late arcuatis (fig. 107, d). Valvulæ concharum zonis incrementi 28-30, concmne punctatis (fig. 107, h) ; colore brunneo rubro. Caput a latere visum utcunque quadrangulare ; angulo occipitali haud producto, obtusangulate terminato ; margine f # S t î Î 11^ % .. î — 438 LES PHYLLOPODES CONCHOSTRAGÉS 363 frontali supraoculari in parte minore superiore acute tuber- culato, in parte majore inferiore leniter late sinuato, ante Fig. 107. Leptestheriella Sarsi Dad. <7, $ conchæ a latere. 1 ; 3. è, Ç conchæ a latere. 1 ; 3. c, $ caput a latere. 1:5. d, $ conchæ supra visæ. 1:3. c, Ç conchæ supra visæ. 1 : 3. /, $ caput a latere. 1 : 5. g, c? pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) A, ? pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) /, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1, Obj. : 0.) A’, c? pes tertii paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) ^ pars apicalis pedis 2-di paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) m, $ pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. ; 0.) n, $ telsonum et aliquot segmenta trunci. (Reich. Oc. 1. Obi. : 0.) oculos composites tuberculum latum sat latiusculo rotun* datum formante ; margine frontali infraoculari leniter late sinuato (fig. 107, c). Rostrum dilatatum, compressum, spatuli- — 439 — E. DADAY DE DEÉS 364 forme, angulo anteriore subrecto acuminato, posteriore vero auguste rotundato, margine ventrali subrecto, poste¬ riore vero recto, basin labri sat profonde sinuato. Formces usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem parum prominentes hincque leniter late arcua- tæ (fig. 107, c). Antennæ inferiores tuberculis 13-14 sensoriis ; antennæ superiores ramis 16-17 articulatis ; macula oculi simplicis cuneiformis (fig. 107, c). Truncus e segmentis 26 pedigeris compositus. Segmenta 16 posteriora trunci aculeis vel setis dorsolateralibus, numéro variabili armata. Segmenta 7 posteriora aculeis in serie antrorsum sequente 1.1. 3.3. 3.3.3, brevibus, uno mediali ceteris lateralibus validiore, segmenta 9 antecedentia setis in serie antrorsum sequente 3.3.3.3.7.7.11.3.1, una mediali ceteris lateralibus longiore. Pedes omnes margine epipoditi branchialis lobato, lobis latiusculis, brevibus, rotundatis, in apice setosis (fig. 107, g-k). Pars apicalis pedum prinii paris in margine interiore profonde sinuata, tubercule valde prominente, lato, lateque rotundato (fig. 107, g). Pars apicalis pedum secundi paris fere in medio marginis interioris auguste sat profundeque sinuata, luberculo sat prominente, latiusculo rotundo armata (fig. 107, l). Pedes tertii paris palpo endopoditali biarticu- lato subclavato, longitudinem exopoditi multo superante (fig. 107, k). Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numéro varia¬ bili (30-35), diverse magnis, sat crassis, acutis, asperis, vel concinne denticulatis. Longitude concharum maxima 18-12,2 mm. ; altitude maxima 7,5 mm. ; latitude maxima 3 mm. Femina (fig. 107, è, e, /, /^, n). Conchæ a latere visæ forma Arcam imitante ; altitudine maxima ante me¬ dium sita, longitudinem dimidiam multo superante ; umbone sat lata, et sat auguste rotundata, margine anteriore sat remota, marginem dorsalem distincte superante (fig. 107, b). Marge anterior concharum regulariter sat acutiusculoque arcuatus, cum margine dorsali angulum distinctum, acu- j — 4i0 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 365 tiusculo rotimdatum formans, in marginem ventralem sine limite visibili, arcuatn ineuns. Marge dorsalis rectiis, cum margine posteriore angulum obtusum formans. Marge pes- terier in parte siïperiere sat acutiuscule arciiatus, in marm- nem ventralem parum ventricese retundatum, sine limite visibili ineuns (fig. 107, b). Cenchæ infra vel supra visæ late fusifermes, latitudine maxima fere in medie sita ; apice anteriere pesteriere breviere latiereque ; marginibus lateralibus regulariter latiusculeqiie arcuatis (fig. 107, e). \alvulæ cencharum numere, structura ceJereque zenis incrementi maris similibus. Gaput a latere visum utcunque triangulare ; angule ecci- pitali haud preducte, rectangule ; margine frentali supra- eculari in parte superiere late tuberculate, in parte inferiere leniter late sinuate, ante ecules compesites tuberculum parum preminentem, latiusculum fermante ; margine frentali infra- eculari declivi (fîg. 107, /). Restrum sat angustum, ebtusum, acuminatum, margine ventrali leniter late sinuate. Fernices usque ad apicem restri vergentes, ante marginem frentalem sat prominentes, hincque distincte arcuatæ (fig. 107, /). Antennæ inferieres et superieres, sicut macula eculi sim- plicis structura fermaque maris similibus.. Truncus e segmentis 26 pedigeris cempesitus. Segmenta 16 pesteriera trunci setis derselateralibus, numere varia- bili, in sérié antrersurn sequente aut 3 3.3.5.3.9.9.7.9.9.7.7.9.9. 7.1, aut 3.7.7.7.9.9.9.11.13.15.13.15.17.15.7.1, nna mediali ceteris lateralibus multe lengiere (fig. 107, n). Pedes emnes margine epipediti branchialis in parte majere inferiere lebate, lebis latiusculis, parum preminentibus, retundatis, in apice setesis (fig. 107, i-m). Pedes primi paris palpe endepeditali cylindrice, lengitudinem dimidiam exe- pediti nen superante, cernu superiere epipediti branchialis dilatate, apice retundate (fig. 107, i). Pedes 10-11 paris cernu superiere epipediti branchialis ad sustendum everum idonee (fig. 107, m). Telsenum numere, magnitudine structuraque aculeerum marginalium seu analium maris similibus (fig. 107, n). 366- E. DADAY DE DEÉS Ova membrana polita tecta. Longitude maxima concharum 10-10,5 mm. ; altitude maxima 6,8-6 mm. ; latitude maxima 3-3,2 mm. Patria. — Hindostan, Maindren, Gingi in Arcot meridio- nali; specimina sat numerosa e collectione Musæi nat. hist. Pa- risiensis examinavi. Species hæc nova in honorem 111. D. prof. G. O. Sars deno- minata, speciei Leptestheriella nobilis G. O. Sars val de afïi- nis, sed difîert : structura formaque rostri maris, structura marginis dorsalis telsoni. Cette espèce pourrait être confondue avec Leptesthe¬ riella nobilis^ tant son faciès est semblable ; mais d'importants caractères Pen éloignent, notamment la forme de la tête et surtout du rostre. On peut ajouter que les épines qui arment les bords de son telson sont inégales et granuleuses, tandis que celles de Leptestheriella nobilis sont égales. Cette espèce est intéressante par sa distribution géogra¬ phique; c'est la seule du genre qui s'étende au nord du tropique du Cancer, sa localité se trouvant à peu près aux 22^-25^ de latitude septentrionale et aux 79“-8P de longitude orien¬ tale, dans les zones isothermes septentrionales + 24 et -f 26. Leptestheriella calcarata E. Wolf. (Fig. 108, a-r.) Leptestheria calcarata Wolf E., in litteris. Mas (fig. 108, a, b, d, g-l, n). — Conchæ a laterevisæ forma Arcam imitante, altitudine maxima in medio sita, longitudinem dimidiam parum superante ; umbone latius- cula, sat acute rotundata, marginem anteriorem approxi- mata, marginem dorsal em parum superante (fig. 108, a). Margo anterior concharum altitudine posterions, régula¬ nt er latiusculoque arcuatus, cum margino dorsali angustum distinctum, subrectum formans, in marginem ventralem sine limite visibili ineuns, setosus. Margo dorsalis rectus, — 412 — 367 ^ / i LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACES . V* ^ cum margine posteriore angulum prominent em, subrectum f formans. Margo posterior regulariter latiusculoque arcua- tus, set 0 sus, in marginem ventralem, leniter late rotunda- tum, setosum sine limite visibili ineuns (fig. 108, a). Conchæ infra vel supra visæ fusiformes, latitudine maxima .. in medio sita ; apice anteriore posteriore breviore latioreque ; marginibus lateralibus late arcuatis (fig. 108, b), Valvulæ concharum zonis incrementi 12, areolatis, areolis polygonalibus, intervalle lucide disjunctis (fig. 108, n) ; colore dilute castaneo vel albido. Gaput a latere visum utcunque triangulare ; angulo occi- pitali producto, acute terminale ; margine frontali supra oculari in parte maxima superiore subrecto, in minore vero inferiore leniter late sinuato, ante oculos composites tuber- culum sat latum et late rotundatum formante ; margine fron¬ tali infraoculari sat distincte sinuato (fig. 108, d). Rostrum angustum, acutum, acuminatum, margine ventrali recto. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem \ frontalem parum prominentes, leniter latiusculoque arma- tæ (fig. 108, d). 'Antennæ inferiores tuberculis 8-10 sensoriis ; antennæ superiores ramis 10-12 articulatis ; macula oculi simplicis ' cuneiformis (fig. 108, d). Truncus e segmentis 24 pedigeris compositus. Segmenta 20 posteriora excepto ultime lævis, aculeis 1.5.7 vel 9 dorso- lateralibus, uno media! i ceteris lateralibus validiore armata. Pedes omnes exceptis aliquot ultimis in margine epi- poditi branchialis tuberculis parvis setigeris et processibus digitiformibus, interdum bifurcatis, brevibus, in apice seta armatis vestiti (fig. 108, g-l). Pars apicalis pedum primi et secundi paris in margine interiore, prope clavam apicalem distincte sinuata, tubercule sat prominente, latiusculo armata (fig. 108, g, h) ; cornu epipoditi branchialis sat dilatato. Pedes tertii paris palpo endopoditali cylindrico, longitudine exopo- diti (fig. 108, i) ; pedes vero sequentes palpo endopoditali sensim breviore (fig. 108, k, l) ; exopodito in marginibus serrulato. Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numerosis, — 44:3 — 368 E. DADAY DE DEÉS numéro variabili (35-40), tenuibus, æqualibus, glabris, in margine anteriore vel inferiore processu aculeiformi arma- tum (fîg. 108, e). Longitude maxima concharum 4 mm. ; altitude maxima 2,4 mm. ; latitude maxima 0,9-1, 2 mm. Femina (fig. 108, a, c, e, /, m-r). — Conchæ a latere visæ forma structuraque maris similibus (fig. 108, e). Conchæ infra vel supra visæ fusiformes, latitudine maxima P arum ante medium sita ; apice anteriore posteriore breviore, latiore, multo tumidiore ; marginibus lateralibus in parte minore anteriore late arcuatis, in majore vero posteriore declivibus, rectis (fîg. 108, /). Valvulæ concharum numéro structura coloreque zonarum incrementi maris similibus (fîg. 108, n). Caput a latere visum utcunque triangulare ; angmlo occi- pitali valde producto, acute terminato ; margine frontali supraoculari recto, ante oculos composites cum margine frontali infraoculari leniter late sinuato tuberculum latius- culum formante (fig. 108, c). Rostrum angustum, acutum et acuminatum, margine ventrali recto* Fornices usque ad apicem^ rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocu- larem sat prominentes, hineque sat alte arcuatæ (fîg. 108, c)* Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi sim- plicis structura formaque maris similibus. Truncus e segmentis 22 pedigeris compositus. Segmenta 20 posteriora trunci aculeis dorsolateralibus, parvis, numéro 1.5. 7. 9, uno mediali ceteris lateralibus validiore armata (fîg. 108, c). Pedes omnes exceptis aliquot ultimis, in margine epipo- diti branchialis tuberculis parvis setigeris et processibus digiti- formibus, interdum bifurcatis, brevibus, in apice seta arma- tis vestiti (fig. 108, m, o-r) ; exopodito sensim dilatato. Pedes primi paris palpo endopoditali longitudinem dimidiam exopo- diti parum superante (fîg. 108, m), pedum vero sequentorum multo superante (fig. 108, o-r). Pedes 10-11 paris cornu epi- poditi branchialis superiore cylindrico, ad sustendum ovorum idoneo (fig. 108, r). Telsonum aculeis marginalibus seu analibus parvis, æqua- LKS PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS libus, tenuibiis, numerosis, numéro variabili (35-40), glabris, Eig. 108. . Leptestheriella calcarata E. Wolf. fl, $ cJ coucha a latero. i : 5. b, (J coüchæ supra visæ. 1 : 5. c, Ç caput a latere. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) d, ^ caput a latere. (Reich. Oc. 1. Obj. : O.j c, $ telsonum et seginenta aüquot ])osteiiora. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, $ conchæ supra visæ. 1*5. 5', pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) It, pes secundi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) i, pes 3-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. ; 0.) /», ^ pes 6-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.} l, c? pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. 01)j. : 0.) m, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Oi)j. : 0.) n, $ (J pars valvuiæ coticharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) fl, $ pes 3-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. ; 0.) P, $ pes 6-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) q, ? pes 9-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /•, ? pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) in margine anteriore vel mieriore processu aculeiformi armatum (fig. 108, c). 370 E. DADAY DE DEÉS Ova membrana polita tecta. Longitude concharum maxima 5-5,2 mm.; altitude maxi- ma 3 mm. ; latitude maxima 1,4 mm. Patria. — Kalahari, Diphokfet, coU. D. prof. L. Schultze ; specimina e collectione Musæi nat. hist. Berolinensis exami- navi. Cette espèce se rapproche beaucoup des Leptestheriella æthiopica Dad. et villigera Thiele, dont elle diffère surtout par la structure du telson. Par les prolongements de Tépi- podite branchial; elle sert- de transition entre les Leptes¬ theriella nohilis G. O. Sars et Hendersoni G. O. Sars d'un côté, Leptestheriella çilligera Thiele et æthiopica Dad. de Pautre. Cette espèce habite entre l'équateur et le tropique du Capri¬ corne ; elle vit à peu près au 23^ de latitude méridionale, au 23® de longitude orientale et dans la zone isotherme méridionale + 24 à + 26. . Leptestheriella Thielei Dad. n. sp. (Fig. 109, a-h ; fig. 110, a-i ; fig. 111, a-c.) Mas (fig. 109, u, c, A; fig. 110, b-i). — Conchæ a latere visse forma Arcam imitante ; altitudine maxima parum post medium sita, longitudinem dimidiam parum supe- rante, umbone angusta, auguste rotundata, marginem ante- riorem sat approximata, marginem dorsalem distincte superante (fig. 109, a). Margo anterior regulariter sat latiuscu- loque arcuatus, in marginem dorsalem ventralemque sine limite visibili ineuns. Margo dorsalis rectum, cum margine posteriore angulufn obtusum formans. Margo posterior regulariter sat acutiusculoque arcuatus, in marginem ven- tralem leniter lateque arcuatum, fere rectum sine limite visibili, arcuato ineuns (fig. 109, a). Conchæ infra vel supra visæ sat auguste fusiformes, latitu- dine maxima ante medium sita ; apice anteriore posteriore breviore, latiore, sat acuto ; marginibus lateralibus in parte — 44() — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 371 anteriore minore late arcuatis, in parte vero majore poste- riore declivibus, rectis, convergentibus (fig. 109, c). Valvulæ concharum zonis incrementi 38, concinne punc- tatis vel granulatis, intervallis pellucidis, transversalibus, etiam ramosis (fig. 109, h) ; colore flavobrunneo. l. Fig. 1Û9. Leptestheriella Thielei Dad. a, (J concha a latere. 1 : 5. b, Ç concha a latere. 1 : 5. c, ^ conchæ supra visæ. 1 : 5. d, Ç conchæ supra visæ. 1 • 5. e, Ç concha a latere. 1 : 5. /, $ pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) g, $ conchæ supra visæ. 1 : 5. h, pars valvula^ concharum. (Reich. Oc. 5. Obj. : 4.) Caput a latere visum utcunqiie quadrangulare ; angulo occipitali sat producto, lato, aciite terminato ; margine frontal! siipraoculari in parte superiore late arcuato, in parte inferiore leniter late sinuato, ante oculos composites tuberculum latum, late rotundatum formante ; margine frontal! infraoculari declivi, minime sinuato (fig. 109, b). Rostrum dilatatum, compressum, spatuliforme, angulo ante¬ riore obtuse, acuminato, posteriore vero auguste rotundato, margine ventral! posterioreque recto (fig. 109, b). Fornices 372 E. DADAY DE DEES usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infraocularem sat prominentes, hincqiie distincte arcuatæ (fig. 109, b). Antennæ infcriores tiiberciilis 18 setigeris ; antennæ supe- riores ramis 15-16 ram o si s ; macula oculi simplicis forma cometam imitante (fig. 109, b). Truncus e segmentis 28 pedigeris compositus. Segmenta 22 posteriora trunci aculeis setisque dorsolateralibus, numéro variabili ; segmenta 10 posteriora aculeis in sérié antrqrsum sequente 7.7.7.9.9.9.9.11.11.11, uno mediali ceteris lateralibus parum validiore ; segmenta vero 12 antecedentia setis in sérié antrorsum sequente 15.15.15.15.11.11.9.9.7.3.1.1, una mediali ceteris lateralibus parum longiorear mata (fig. 110, /q i). Pedes omnes exceptis aliquot ultimis, margine epipodibi branchialis tuberculis diverse magnis, setigeris et processif bus digitiformibus, interdum bifurcatis, diverse longis, in apice seta armatis vestiti (fig. 110, c-g). Pars apicalis pedum primi et secundi paris fere in medio marginis interioris late sat profundeque sinuato, tuberculo sat prominente, plus minusve acutiusculo rotundato armata (fig. 110, c-d), pro- cessibus marginis epipoditi branchialis sat brevibus setis 1-2 armatis ; cornu superiore epipoditi branchialis brevi, sat dilatato (fig. 110, c). Pedes tertii paris palpo endopoditali longitudinem exopoditi fere duplo superante, cylindrico, processibus marginis epipoditi branchialibus elongatis, digi¬ tiformibus ; cornu superiore epipoditi branchialis elongato sensim angustiore (fig. 110, g). Pedes sequentes palpo endo¬ poditali sensimbreviore exopoditi non superante, appendicibus marginis epipoditi branchialis longis, digitiformibus vel bifurcatis ; cornu superiore epipoditi branchialis elongato, sat tenui (fig. 110, c, /). Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numerosis, numéro variabili (38-48), tenuibus, sensim crescentibus, acutis, asperis vel concinne denticulatis (fig. 110, /z, t) arma- tum. Longitude concharum maxima 8,8 mm. ; altitude maxima 5 mm. ; latitude maxima 2,1 mm. Femina (fig. 109, b, d-g ; fig. 110, a ; fig. 111, a, e). — \ b ii t >\. f. ‘i « V } ■>. .1 ■ i'iS — i LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 373 Conchæ a latere visæ forma Arcara imitante, altitudine maxima in medio sita, longitiidinem dimidiam paruni supe- rante ; umbone aut angasta et auguste rotimdata (fig. 109, />), aiit sat lata, latiiisculoque rotundata (fig. 109, e), marginem anteriorem approximata, marginem dorsalem minime supe- Fjg. 110. Leptestheriella Thielei Dad. , n, $ caput a latere. 1 : 5. b, S caput a latere. 1:5. c. ^ pes priini paris. (Reich. Oc. 1. Obj. -: 0.) d, cJ pars apicalis seciuidi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) e, cî pes 9-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, c? appendices pedum O^paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) ", (J per tertii paris. (Reich. Oc. 1. 01)j. : O.) h, ^ pars telsoni et segmenta 3 ultima truiici. (Reich. Oc. 5. Obj. : 2.) i, c? telsonum et segmenta 10 posteriora Irunci. (Reich. Oc. 1. 01 )j. : 0.) rante. Marge anterior concharum aut regulariter, aut parum irregulariter, latiusculoque arcuatus, in marginem dorsalem aut auguste rotundato ineuns, aut cum margine dorsali angulum sat distinctum, rotundatum formans ; in marginem ventralem sine limite visibili arcuato ineuns. Margo dorsalis rectus, cum margine posteriore angulum obtusum formans. Marge posterior aut regulariter sat acutiusculoque arcuatus 374 E. DADAY DE DEÉS (fîg. 109, è), aut in parte superiore declivis, rectus, in parte inferiore majore regiilariter sat acutiusculoque arcuatus (fîg. 109, e), in marginem ventralem, plus minusve late leni- terque rotundatum sine limite visibili ineuns (fig. 109, h-c), Conchæ infra vel supra visæ sat auguste fusiformes, lati- tudine maxima plus minusve ante medium sita; apice ante- riore posteriore breviore latioreque, sat acuto ; marginibus late arcuatis (fig. 109, d. g). Yalvulæ concharum zonis incrément! 36-40, areolatis, areolis polygonalibus, politis (fig. 109, /), colore flavobrunneo. Caput a latere visum sat auguste triangulare ; angulo occi¬ pital! sat longe producto, angusto, acute terminato ; margine frontal! supraoculari in parte tertia superiore declivi, angu- lum late rotundatum formante, in parte majore inferiore recto, ante oculos composites tuberculum latiusculum for¬ mante ; margine front ali infraoculari declivi , subrecto ( fig. 110a). Rostrum angustum, acutiusculum, acuminatum, mar¬ gine ventral! leniter sinuato. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem minime prominentes, hincque parum late arcuatæ (fig. 110, a). Antennæ inferiores superioresque, sicut macula oculi simplicis structura formaque maris similibus. Truncus e segmentis 28 pedigeris compositus. Segmenta 18 posteriora trunci aculeis perparvis, dorsolateralibus, numéro variabili, in sérié antrorsum sequente 11.11.11.13.13. 16.16.16.17.17.16.16.11.11.7.7.3.1, uno mediali ceteris late- ralibus parum validiore (fîg. 111, e). Pedes omnes, exceptis aliquot ultimis in margine epipoditi branchialis processibus cylindricis,- digitiformibus, • longis, interdum bi-vel trifurcatis (fig. 111, b), in apice seta armatis vestiti (fîg. 111, a-c), Pedes primi paris palpo endopoditali cylindrico, longitudinem exopoditi non attingente ; cornu superiore epipoditi branchialis dilatato, lobiformi (fîg. 111, a). Pedes 10-11-paris palpo endopoditali fusiformi, longitu¬ dinem dimidiam exopoditi sat multo non attingente ; cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico, ad sustendum ovo- rum idoneo ; sacculo branchial! elongato, angusto armati (fig. Il, c). — 450 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 375 Telsonum aculeis marginalibus seu analibus fere æqualibus, sensim crescentibus, tenuibus, acutis, aspeis vel concinne denticulatis, numerosis, numéro variabili (45-50) (fîg. 111, d,e). Ova membrana polita tecta. Longitudo maxima concharum 6,3-11,1 mm.j altitudo maxima 3,5-6, 2 mm. ; latitudo maxima 1, 8-2,8 mm. a, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. ; 0.) b, Ç appendices pedum 5-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) c, $ pes 10-paris. (Reich, Oc. 1. Obj. : 0.) d, $ pars telsoni. (Reich. Oc. 5. Obj. : 2. ) e, $ telsonum et segmenta 11 posteriora trunci, (Reich, Oc. 1. Obj. : 0.) Patria. — Africa orient alis, Massai N jika, coll. D.O. Neu¬ mann ; specimina e collectionne Musæi nat. hist. Berolinen- sis, prius sub nomine Leptestheria siliqua G. O. Sars ordinata examinavi. Species hæc nova in honorem M. D. prof. /. Thiele deno- minata structura marginis epipoditi branchialis Leptesthe- riella ailligera Thiele et Leptestheriella æthiopica Dad. affînis, sed difîert forma structuraque concharum, zonarum incré¬ ment! capitisque maris. — 451 — 376 E. DADAY DE DEÉS Par la forme des prolongements du bord de lepipodite branchial, cette espèce rappelle les Leptestheriella villigera Thiele et æthiopica Dad. Cependant elle diffère : a. De Leptestheriella villigera par la forme des valves vues de profil, par la structure de la surface des valves et par les épines marginales du tel son ; h. De Leptestheriella æthiopica par la structure de la surface des valves des mâles et par la forme de leur tête et de leur rostre; elle en diffère aussi par la forme des prolon¬ gements marginaux de Pépipodite branchial, aussi bien que par celle des épines marginales du telson et de Tenveloppe des œufs. La distribution géographique peut être limitée, en général, par les 34^-37o de longitude orientale, les 30-20® de latitude méridionale et se trouve dans la zone isotherme* méridio¬ nale -f 26. Leptestheriella æthiopica Dad. n. sp. (Fig. 112, a-m ; fig. 113, a-g), Leptesthefia siliqua Daday E., 41, p. 256. Mas (fig. 112, n, d, c, h-l ; fig. 113, n, c). — Conchæ a latere visæ forma Arcam imitante, altitudine maxima in medio sita, longitudinem dimidiam parum superante ; umbone angusta angusteque rotundata, marginem ante- riorem validiusculo approximata, marginem dorsalem non ■ superante (fig. 112, a). Marge anterior concharum regu- lariter sat acutiusculoque arcuatus, cum margine dorsali angulum distinctum, obtusum formans, in marginem ventra- lem sine limite visibili ineuns. Marge dorsalis rectus, cum margine posteriore angulum distinctum, subrectum formans. Marge posterior prope angulum dorsalem valde sinuato, in ceteris regulariter acutiusculoque arcuatus, in marginem ventral em leniter late rotündatum, interdum setosum, sine limite visibili ineuns (fig. 112, a). Conchæ infra vel supra visæ auguste fusiformes, latitu- dine maxima multo ante medium sita ; apice anteriore pos- LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 377 teriore breviore, parum latiore ; marginibus lateralibus in parte anteriore late arcuatis, in posteriore vero declivibus, rectis, convergentibus (fig. 112, e). \ alvulæ concharum zonis incrementi 7-9 areolatis, areolis polygonalibus, politis (fig. 112, g) ; colore dilute flavescente. Leplestheiiella æthiopica ii. sp. a, (5' concha a latere. 1 : 5. b, $ concha a latere. 1 • 5. c, Ç caput a latere. 1 : 10. d, caput a latere. 1 : 10. e, S conchæ supra visse. 1 : 5. /, $ conchæ supra visæ. 1 : 5. g, $ pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) h, $ cî segmenta posteriora trunci cum telsono. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) i, Ç ^ aculei marginales telsoni. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) A-, ^ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) /, cJ pes secundi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) m, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. ; 2.) Caput a latere visum utcunque quadrangulare ; angulo occipitali parum producto, latiusculo, acute terminato ; margine frontali supraoculari declivi, recto, ante oculos com¬ posites tuberculum angustum, anguste rotundatum formante ; margine frontali infraoculari leniter late sinuato (fig. 112, d). Rostrum sat dilatatum, apice ventrali sat anguste rotun- — 453 — ANN. DES SC. NAT. ZOOL., lO® série, 1923. VI, 25 378 E. DADAY DE DEÉS dato, acuminato ; margine posteriore declivi, recto, sine limite visibili in marginem ventralem ineuns. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem frontalem infra- ocularem parum prominentes, hincque leniter lateque arcua- tæ (fig. 112, d). Antennæ inferiores tuberculis 13-16 sensoriis ; antennæ superiores ramis 12-14 articulatis ; macula oculi simplicis forma cornet am imitante (fig. 112, d). Truncus e segmentis 26 pedigeris compositus. Segmenta 24 posteriora trimci aculeis et setis parvis, dorsolateralibus, numéro variabili armata. Segmenta 10 posteriora aculeis in sérié antrorsum sequente 7.7.7.7.9.9.11.11.13.13, uno mediali ceteris lateralibus parum majore ; segmenta vero 14 ante- cedentia setis in sérié antrorsum sequente 13.13.11.11.9.9.9.9. 3.3.2. 2. 1.1, una mediali ceteris lateralibus longiore (fig. 112, /z). Pedes omnes, exceptis aliquot ultimis, processibus cylin- dricis, diverse longis, simplicibus vel multiramosis, in apice seta armatis vestiti (fig. 112, /c, l ; fig. 113, a). Pars apicalis pedum primi et secundi paris in medio marginis interioris distincte, latiusculo sinuata, tubercule latiusculo, late rotun- dato armata ; cornu superiore epipoditi branchialis sat dila- tato (fig. 112, /c, /). Pedes tertii paris palpo endopoditali longitudinem exopoditi multo superante, cylindrico, sub- clavato ; apice laminæ triangularis epipodialis lateralis producta (fig. 113, a). Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numerosis, numéro variabili (28-34), tenuibus, diverse magnis, acutis, asperis vel concinne denticulatis, parum sensim crescenti- bus armatum (fig. 112, h). Longitude concharum maxima 6 mm. ; altitude maxima 2,8 mm. ; latitude maxima 1,3 mm. Femina (fig. 112, è, /-i, m ; fig. 113, 6, d-g). — Conchæ a latere visæ forma Arcam imitante ; altitudine maxima in medio sita, longitudinem dimidiam parum superante ; umbone sat angusta et auguste rotuadata, marginem anteriorem validiusculo approximata, marginem dorsal em non superante (fig. 112, h). Marge anterior concharum sat regulariter acubiusculoque armatus, cum margine dorsali 454 LKS PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 379 anguJum distinctum, acute rotundatiim formans, in margi- nem ventralern sine limite visibili ineuns. Marge dorsalis rectiis, cum margine posteriore anguliim distinctum, obtu- sum formans. Marge posterior regulariter sat acutiusculoque aicuatus, prepe angulum dorsalem' interdum distincte sinua- Fig’. 113. Leptestheriella ætbiopica n. sp. a, O Pfts tertii paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) b, $ ovum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) c, ^ pes 9-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) rf, $ pes 9-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) e, $ pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 2.) /, Ç appendix epipoditi braiichialis. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) g, $ lamina epipodialis triangularis pedis secundi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. 2. tus ; in marginem ventralern leniter lateque rotundatum sine limite visibili ineuns (fig. 112, è). Conchæ infra vel supra visæ sat auguste fusiformes, lati- tudine maxima multo ante medium sita ; apice anteriore posteriore breviore, latiusculo et acute terminato ; margini- bus lateralibus in parte anteriore late arcuatis, in posteriore vero declivibus, convergentibus (fig. 112, /). Valvulæ concbarum zonis incrementi 10, structura colore- que maris similibus. Caput a latere visum late triangulare ; angulo occipitali — 455 — 380 r. DADAY DE OEÉS 1 » i haud vel parum producto, acute terminato ; margine frontali j supraociilari in parte superiore recto, declivi, in parte inferiore leniter late sinuato, ante oculos compositos tuberculum latius- culum et late rotundatum formante ; margine frontali infra- oculari leniter late sinnato (fig. 112, c). Rostrum sat latius- culum, acute terminatum, acuminatum, margine ventrali recto. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante mar- ginem frontalem infraocularem sat prominentes, hincque sat arcuatæ (fig. 112, c). Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi sim- plicis structura, formaque maris similibus. i Truncus e segmentis 28-30 pedigeris compositus. Segmenta 24 posteriora trunci aculeis et setis dorsolateralibus, numéro variabili, scilicet segmenta 10 posteriora in sérié antrorsum sequente aculeis 5.7.7.7.9.9.11.11.13.13, uno mediali ceteris lateralibus validiore, segmenta vero 14 antecedentia setis in sérié antroraum sequente 13.13.11.11.9.9.7.7.3.3.3.3.1.1, una mediali ceteris lateralibus longiore. Pedes omnes, exceptis aliquot ultimis margine epipoditi branchialis processibles maris similibus armatis (fig. 113, c-/). Pedes primi paris palpo endopoditali cylindrico, longitudi- nem dimidiam multo superante, cornu superiore epipoditi branchialis sat lato (fig. 112, m). Pedes 10-11 paris cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico, ad sustendum OYorum idoneo (fig. 113, é). Telsonum numéro structuraque aculeorum marginalium maris similibus. Ova membrana bacillis radialiter dispositis armata tecta (fig. 113, b). , Longitude concharum maxima 5-6,5 mm. ; altitude maxi- ma 3-4 mm. ; latitude maxima 1,2-1, 6 mm. Patria. — Africa centrali-occidentalis, Simbidissi in valle media fluminis Niger, coll. D. R. Chudeau^ anno 1909, die 10 I mensis junii ; Abyssinia, Diré.Daoua, coll. 111. D. Br. M. de Rothschild, anno 1904, mense septembris ; Africa orient, britt. Reudile, coll. 111. D. Br. M. de Rothschild, anno 1904, die 15 mensis aprilis ; specimina e collectione Musæi nat. hist. Parisiensis examinavi. — 456 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 381 Egyptum meridionalis, coll. D. prof. Ch. E. Ehrenberg, specimina sub nomine Estheria dahalacensis Rüpp. ordi- iiata e collectione Masæi nat. hist. Berolinensis examinavi. Species hæc nova speciei Leptestheriella Thielei Dad. affînis, sed differt : structura concharum maris, sicut rostri maris, aculeorumque marginalium telsoni et membranæ ovorum. Cette espèce est proche parente de Leptestheriella villigera Thiele, mais elle en diffère surtout par la forme et la structure des valves, J3ar la surface' des valves de Lep¬ testheriella i’illigera est finement granuleuse, tandis que celle de la nouvelle espèce est lisse. Un autre caractère est fourni par la taille et la structure des prolongements de 1 épipodite branchial et la forme du rostre des mal es. Leptestheriella æthiopica Dad. compte parmi les espèces vivant entre Téquateur et le tropique du Cancer, à peu près entre les 5^-15^ de latitude septentrionale, les 2^-35^ de longitude orientale et dans la zone isotherme septen¬ trionale -j- 28 à + 30. Leptestheriella villigera Thiele. (Fgi. 114, a-p.) Leptestheria villigera Thiele !.. 126, p. 191. Tab. I, fig. 3; Tab. 2, fig. 2, 7, 11. Mas (fig. 114, h, c, g, /, p). — Conchæ a latere visæ forma Arcam imitante, altitudine maxima raulto post medium sita, longitudinem dimidiam multo superante ; umbone sat angusta angustaque rotundata, marginem anteriorem sat approximata, marginem dorsalem parum superante (fig. 114, b). Margo anterior concharum posteriore humilior, regulariter sat latiusculoque arcua- tus, in marginem dorsalem ventralemque sine limite visi- bili ineuns. Margo dorsalis rectus, cum margine posteriore angulum distinctum, prominentem, subrectum formons. 382 E. DADAY DE DEÉS Margo posterior regulariter acutiusculoque armatus, prope angulum dorsal em parum sinuatus, in marginem ventralem leniterlatequerotundatum sine limite visibiliineuns (fîg. 114, b). Conchæ infra vel supra "visæ late fusiformes, latitudine maxima in medio sita ; apice anteriore posteriore breviore latioreque ; marginibus late arcuatis (fig. 114, e). Valvulæ concharuin zonis 22-26 incrementi, areolatis, areolis polygonalibus, concinne punctatis, intervalle pellu- cido disjunctis (fig. 114, i) ; colore dilute brunneo. Caput a latere visum utcunque quadrangulare ; angulo occipitali sat producto, angusto, acute terminato ; margine îrontali supraoculari in parte maxima distincte et sat alte arcuato, prope oculos composites sat profonde sinuato, ante oculos composites tuberculum angustum et acutiusculo rotundatum formante ; margine frontali infraoculari declivi, subrecto (fig. 114, g). Rostrum dilatatum, compressum, spatuliforme, angulo anteriore obtuse, acuminato, angulo posteriore acute rôtundato, margine ventrali leniter late arcuato, posteriore vero leniter sinuato. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, ante marginem front alem infra- ocularem parum prominentes, hincque distincte arcuatæ (fig. 114, g). Antennæ inferiores tubercubs 14-16 sensoriis ; antennæ superiores ramis 14-16 articulatis : macula oculi simplicis | semilunaris (fig. 114, g). Truncus e segment is 28-32 pedigeris compositus. Segmenta 25 posteriora trunci aculeis dorsolateralibus 5.7 parvis af¬ in ata (fig. 114. /). Pedes omnes, exceptis aliquot ultimis, in margine epipoditi branchialis et etiam exopoditi processibus digitiformibus elongatis, simplicibus vel profunde bifurcatis et in apice seti- geris armati (fig. 114, A, k). Pars apicalis pedum primi et secundi paris in medio marginis interioris profunde latius- culoque sinuata tuberculoque prominente, latiusculo, in apice rotundato armata (fig. 114, k) ; cornu epipoditi bran¬ chialis superiore dilatato. Pedes tertii paris palpo endopo- ditali fere longitudine exopoditi ; lamina epipodiali triam gulari laterali in apice inferiore valde produc ta (fig. 114, k). — A58 — LES PHYLLOPODES CONCHOSTRACÉS 383 Fig. 114. Leptestheriella villigera Thiele. a, $ concha a Jatere. 1 : 4. h, ^ concha a latere. 1 ; 4. c, $ caput a latere. 1 : 5. d, Ç conchæ supra visæ. 1 : 4. e, ^ conchæ snpi-a visæ. 1 : 4. /, $ oviim. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) g, cJ caput a latere. 1 : 5. h, (J pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) i, cJ pars valvulæ concharum. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) k, ^ pes 3-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) /, ^ telsonum et segmenta aliquot posteriora. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) m, $ pes primi paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) $ telsonum et .segmenta aliquot posteriore. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) O, $ pes 10-paris. (Reich. Oc. 1. Obj. : 0.) P, ^ ^ appendices epipoditi branchialis. (Reich. Oc. 1. Obj. : 4.) — 450 — 384 • E. DADAY DE DEÉS Telsonum aculeis marginalibus seu analibus numerosis, numéro variabili (38-40) parvis, sat tenuibus, acutis, sensim crescentibus, glabris vel minute asperis (fig. 114, n). Longitude concharum maxima 11-11,5 mm. ; altitudo maxima 5,5-6 mm. ; latitude maxima 3-3,5 mm. Femina (fig. 114, m-p). — Conchæ a latere visæ utcunque ovifôfmes, altitudine maxima multo post medium sita, longitudinem dimidiam multo superante ; umbone sat angusta et auguste rotundata, marginem anterio- rem sat approximata, marginem dorsalem parum superante (fig. 114, a). Marge anterior cônebarum posteriore altior, regulariter sat acutiusculoque arcuatus, in marginem dorsa¬ lem ventralemque sine limite visibili fere- æqualiter ineuns. Marge dorsalis subrectus, in marginem posteriorem sine limite visibili, late arcuato, ineuns. Marge posterior regu- lariter acutiusculoque arcuatus, in marginem ventralem late leniterque retundatum sine limite visibili ineuns (fig. 114, a), Conchæ infra vel supra visæ latiusculo fusiformes, latitu- dine maxima parum ante medium sita ; apice anteriore pos¬ teriore breviore latioreque ; marginibus lateralibus leniter it arcuatis (fig. 114, d). Valvulæ concharum numéro structura coloreque zonarum incrementi maris similibus (fig. 114, i). Caput a latere visum utcunque triangulare ; angulo occi- pitali sat producto, acute terminato ; margine frontali supraoculari in parte superiore majore distincte, latiusculo arcuato, prope oculos composites leniter sinuato, ante oculos composites tuberculum latiusculum formante; margine infraoculari frontali distincte, iatiusculo sinuato (fig. 114, c). Rostrum angustum, acute terminatum, acuminatum, margine ventrali subrecto. Fornices usque ad apicem rostri vergentes, marginem frontalem infraocularem distincte supe- rantes, hineque arcuatæ (fig. 114, c). Antennæ inferiores et superiores, sicut macula oculi sim- plicis structura forma que maris similibus. Truncus e segmentis 28-30 pedigeris compositus. Segmenta 15 posteriora trunci aculeis 5.7.9 parvis, dorsolateralibus, une — 400 — LES PHYLLOPODES GONCHOSTRACÉS 385 mediali ceteris lateralibus- multo validiore (fig. 114, n) ; seg¬ menta vero 3 antecedentia ^ aculeis solum 1.3 armata. Pedes omnes, excep tis aliquot ultimis, in margine epipoditi branchialis et etiam exopoditi processibus digitiformibus elongatis, simplicibus vel bifurcatis et in apice setigeris armati (fig. 114, m, o) ; lamina epipcdiab triangulari, laterali apice. inferiore producto. Pedes primi paris palpo endopoditali cylindrico, longitudine exopoditi ; cornu superiore epipoditi branchialis dilatato, lobiformi (fig. 114, m). Pedes 10-11 paris cornu superiore epipoditi branchialis cylindrico, ad susten- dum ovorum idoneo (fig. 114 o). Telscnum aculeis marginalibus seu analibus numerosis (38-40) forma structuraque maris similibus arcuatum, in margine anteriore vel inferiore sine processu aculeiformi (fig. 114, n). Ova membrana pohta tecta (fig. 114, /). Longitudo maxima concharum 11 mm. ; altitude maxima 5,6-7 mm. ; latitude maxima 3-4,5 mm. Patria. — Madagascar, coll. D. Sikora, specimina e collec- tione Musæi nat. hist. Berolinensis ; Andrahomana, ex aqua mixta vel semisalsa coll. D. Sikora, specimina e collectione Musæi nat. hist. Akademiæ scientiarum St. Petersburgiensis æxaminavi. Species hæc specierum Leptestheriella calcarata Wolf et Leptestheriella æthiopica Dad. affînis, sed difîert forma concharum, structura processorum epipoditi bran- chialis, aculeisque marginalibus telsoni formaque rostri maris. Cette espèce se rapproche surtout de Leptestheriella æthiopica Dad., notamment par les prolongements de son épipodite branchial ; mais elle en diffère par les ramifications de ces prolongements, les brosses du bord dorsal du telson et par la structure de ses valves et de la coque de ses œufs. Cette espèce vit dans la zone équatoriale, entre Téquateur et le tropique du Capricorne, à peu près entre les 18^-20° de latitude méridionale, les 46^-48® de longitude orientale et dans la zone isotherme méridionale + 24 à + 22. — 401 — I 386 E. DADAY DE DEÉS Cette espèce est parmi celles du genre qui se sont habituées à vivre dans Teau douce éventuellement mêlée d’eau salée; elle a en effet été trouvée en grande quantité par M. Sikora à Andrahomana, dans des lagunes d’eau saumâtre. — 40:^ — t J i \ TABLE DES MATIÈRES DU MÉMOIRE DADAY DE DEÉS PREMIÈRE PARTIE {Ann, Sc. natur., ZooL, 9® série, t. XX, 1915.) Pages. Avant-propos . 39 Siibord. Phyllopoda conchostraca (fig. 1, a-p) . 42 Fam. Cænestheriidæ Dad. nov. fam . . 49 Oen. Cænestheria Dad. iiov. geii 53 Cænestheria Sarsi (Sayce) (fig. 2, a-e) . — siberica Dad. n. sp. (fig. 3, o-l} . — syriaca Dad. n. sp. (fig. 4, a-q) . — consors Dad. n. sp. (fig. 5, a-p) . . . . . ■ — ■ inopinata Dad'. ii. sp. (fig. 6, a-o) . — Davidi (E. Simon) (fig. 7, a-q) . Inwisi Dad. n. sp. (fig. 8, a-m) . — Skorikowi Dad. n. sp. (fig. 9, a-g) . — Sahlbergi (E. Simon) (fig. 10, a-p) . — lutraria (Brady) (fig. 11, a-e) . . — propinqua (G. O. Sars) (fig. 12, a-/; fig. 13, a-l) . . — elliptica (G. O. Sars) (fig. 14, a-e) . — australis (Lovén) (fig. 15, a-e) . — Bouvieri Dad. n. sp. (fig. 16, a-i ; fig. 17, a-i) . 57 59 62 66 69 n O J O 78 82 86 90 92 96 98 100 Spegies iNsuFFiciENTER coGMTÆ GENERis Cænestheria. Cænestheria dictyon (Spencer et Hall) . 105 Gen. Cænestheriella Dad. n. gen . 106 Cænestheriella paradoxa Dad. n. sp. (fig. 18, a-l) . 110 — Belfragei (Pack.) (fig. 19, a->j . 112 — Packardi (Brady) (fig. 20, as) . 116 — — var. typica (sp. et H.) . . 120 — • — var. cancellata (sp. et H.) . 120 — — var. minor (sp. et H.) . 121 — vidua Dad. n. sp. (fig. 21, a-h) . 122 — gifuensis (Isli.) (fig. 22, a-f) . 124 — educta Dad. n. sp. (fig. 23, a-o) . 127 — Grubei (E. Simon) (fig. 24, a-p) . 131 TABLE DES MATIERES Cænestheriella Bucheti Dad. ii. sp. (fig. 25, a-?i) . 136 — Morsei (Pack.) (fig. 26, a-c) . 139 — vnriahilis Dad. ii. sp. (fig. 27, a-z) . 141 — ruhra Dad. n. sp. (fig 28, a-i) . 145 — Jouhini Dad. n. sp. (fig. 29, a-i) . 148 — • Ehrenbergii Dad. n. sp. (fig. 30, «-/«) . 152 — — var. diinorpha Dad. n. var. (fig. 31, a-p) . . 155 — — var. Michaelseni Dad. n. var. (fig. 32, a-i). 159 — indica (Giirn.) (fig. 33,. a- o) . 161 — Aunandalei Dad, n. sp. (fig. 34, a-p) . 165 crinita (Thiele) (fig. 35, a-q) . 168 — inadagascarica Dad. n. sp. (fig. 36, a-i) . 173 — ■ Elizabethæ (G. O. Sars) (fig. 37, a-r) . 175 — donacijormis (Baird) (fig. 39, a-p) . 179 — echiriata Dad. n. sp. (fig. 39, a-q) . 183. Species geveris Cænestheriella hucusque ivsefficienter descriptæ. Cænestheriella Boysii (Baird) (fig. 40, a-c) . 187 ? — similis (Baird) (fig. 41, a-c).... . 188 gubernator (Kliinz.) . 189' Geii. Eocyzicus Dad. n. geii . 196 Eocyzicus Digueti (Hicli.) (fig. 42, a-?n) . 193 — Klunzingeri (E. Wolf) (fig. 43, a-o) . 197 — Bouvieri Dad. n. sp. (fig. 44, a-o) . 201 — ' orientalis Dad. n. sp. (fig. 45, a-n ; fig. 46, a-p) . 205 — Vanhôfjejti Dad. n. sp. (fig. 47, a-p) . 216 — Perrieri Dad. ii. sp. (fig. 48, a-n) . 214 ■ — irritans (E. Wolf) (fig. 49, a-o) . 218 — obliquas (G. O. Sars) (fig. 50, a-y) . 222 — latirostris Dad. n. sp. (fig. 51, a-7i) . 225 — Zugmayeri Dad. ii. sp. (fig. 52, a-o) . 228 Gen. Cyzicus Aud.-Dad . 233 Subgen. Trichocyzicus n. subgen . • . 246 Cyzicus Jonesi (Baird) (fig. 53, a-p) . 246 • — romanus Dad. n. sp. (fig. 54, a-q) . 244 — californicus (Pack.) (fig. 55, a-l) . 249 — ■ mexicanus (Pis.) (fig. 56, a-o) . 252 — Borceai Dad. n. sp. (fig. 57, a-p) . 257 — algericus Dad. n. sp. (fig. 58, a-r) . 264 — Seurati Dad. n. sp. (fig. 59, a-r) . 265 — hungaricus Dad. n. sp. (fig. 60, a-q) . 270 Subgen. Gymnocyzicus n. subgen . 274 Cyzicus jallax Dad. ii. sp. (fig. 61, a-n) . 275 — tetracerus (Kryn.) (fig. 62, a-k ; fig. 63, a-e^-^.\ . 278 — intermedius Dad. n. sp. (fig. 64, a-p) . 286 TABLE DES MATIERES 389 Cyzicus ægyptiacus Dad. n, sp. (fig. 65, a- d . 290 — dubiosus Dad. ii. sp. (fig. 66, a-o) . 292 — sibériens Dad. n. sp. (fig. 67, a-p) . 296 Gihoni (Baird) (fig. 68, a-n ; fig. 69, a-e) . 300 — Simoni Dad. n. sp. (fig. 70, a-i) . 305 — Chyzeri Dad, n. sp. (fig. 71, a-m) . 308 — hierosolymitanus (Fisch.) (fig. 72, a-p) . 312 — cycladoides (Joly) (fig. 73, a-p) . 316 Spegies generis Cyzicus insufficienter cognitæ. Cyzicus hierosolymitanus (Fisch.) var. Rollei Dad. (fig. 74, a-g) . . . 322 — Newcombii (Baird) (fig. 75, a-c) . 324 ? — melitensis (Baird) (fig. 76, a-c) . 325 ? — Lofti (Baird) (fig. 77, a-c) . 326 ? — brasiliensis (Baird) (fig. 78, a-b) . 327 ? — politus (Baird) (fig. 79, a-c) . 327 ? — Caldwelli (Baird) (fig. 80, a-ç) . 328 ? — Dallasi (Baird) (fig. 81, a-c)... . 329 DEUXIÈME PARTIE {Ann. Sc. natur., Zool., tome VI) (1). Fam. Leptestheriidæ Dad. n. fam . 331 Oen. Eoleptestheria Dad. nov. gen . 336 Eoleptestheria inopinata Dad. n. sp. (fig. 81 bis, a-i) . 337 — ticinensis (Bals.-Criv.) (fig. 82, a-q) . 339 — chinensis Dad. n. sp. (fig. 83, a-q) . 345 Oen. Leptestheria G. O. Sars . 349 Leptestheria Braueri Dad. n. sp. (fig. 84, a-l) . 356 — gigantea (Wolf) (fig. 85, a-p) . 360 — Mayeti (Sim.) (fig. 86, a-l ; fig. 87, a-i) . 364 — heterochæta Dad. 11. sp. (fig. 98, a-i) . 369 ■ — • Pestai Dad. n. sp. (fig. 89, a-p) . 372 — siliqua G. O. Sars (fig. 90, a-in) . 377 — Vanhôfjeni Dad. n. sp. (fig. 91, a-l) . 381 — — Dad. var. çariabilis Dad. 11. var. (fig. 92, a-t) . 384 — oenezuelica Dad. 11. sp. (fig. 93, a-h) . 389 — compleximana (Pack.) (fig. 94, a-s) . 391 — tennis G. O. Sars (fig. 95, a-n) . 395 — Cartieri Dad. n. sp. (fig. 96, a-p). . 400 (1) Les numéros indiqués ci-dess ,»us sont ceux qui sont marqués au bas des pages. / 390 TABLE DES MATIÈRES Leptestheria rotundirostris Dad. n. sp. (fig. 97, a-p) . . . 405 — ægyptiaca Dad, n. sp. (lig. 98, a-o) . 409 — dahalacensis (Rüpp.) (fig. 99, a-m ; fig. 100, a-o)... 413 — dives Dad. n. sp. (fig. 101, a-p; fig. 102, a-i) . 421 Species generis Leptestheria insüfficienter cognitæ. Leptestheria Macgillivrayi (Baird) (fig. 103, a-b] . 426 — Rubidgei (Baird) (fig. 104, a-c) . . . . ^ . 427 Gen. Leptestheriella n. gen . 428 Leptestheriella Hendersoni (G. O. Sars) (lig 105, a-g) . 431 — • nobilis (G. O. Sars) (fig. 106, a.-m) . 434 — , Sa^'si Dad. n. sp. (fig. 107, a-n) . 438 — calcarata (E. Wolf) (fig. 108, a-r) . 442 — Thielei Dad. n. sp. (fig. 109, a-h ; fig. 110, a-i ; fig. 111, a-é) . . 446 — æthiopica Dad. n. sp. (fig. 112, a-m ; fig. 113, a-g) . . . 452 — villigera (Thiele) (fig. 114, a-p) . 457 GYMNOSOMATOUS PTEROPODA FROM FRIDAY HARBOR, WASHINGTON'*^ H. P. KJERSCHOW AGERSSORG, Ph. D. BIOI.OGICAL LAEORATORY, WILLIAMS COLLEGE, WILLIAMSTOWN MASS (With five figures.) Clîone Pallas (1774). Distribution : C. limacina Phipps (1773) is according to Pelseneer (1887) found in ail the seas around the North Pôle : Kara Sea; Nova Zembla; Waigatz Straits; White Sea; Spitzbergen; Norwegian coast-Finmarken, Lofoten, to Kar- moen (lat. 59^ N.;) Kattegat, Bohuslân; Island of Mull; West of Hébrides (lat. 59o N., long. lO® W.;) Jan Mayen Island; Iceland; Goasts of Greenland; Baffm Bay; David Strait; Hudson Strait; Labrador; Newfoundland; 'Arctic Océan; Alaska; Cape Lisburne; Behring Strait and Sea; Aleutian Island (Akutan Pass;) North Pacific (lat. 8D 80' N. ; long. 1610 26' W.) (p. 46.) C. australis Bruguière (1789) on the coast of Madagascar. C. longicaudata Souleyet (1952) Atlantic Océan lat, 10° N., long. 210 W. and 4o N., long. 25o W. C, flaçescens Gegenbaur (1855) Messina, Sicily, Mediter- ranean Sea. C. elegantissima Dali (1872) Pacific, lat. 5lo 50' N., long, 1610 26' W. C. c^aZZiKrause (1885) Aleutian Island (Akutan Pass.) The last two mentioned were included by Pelseneer with C. lima¬ cina {vide supra.) (1) Front Puget Sound Biological Station, Friday Harbor, W ashington, aud Contribu¬ tion from the Zoological Laboratory of the Unioersity of Illinois, n° 218. ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10® série. VI. 1923. 392 KJERSCHOW AGERSBORG C, kincaidi (sp. noç.) (1921) Puget Sound (Friday fiarbor) Washington (fig. 1,2.) Clione kincaidi is a new species, named in honor of my friend and teacher, Professor Trevor Kincaid, who first found this species in Puget Sound. During the summer of 1921, it \Yas found in rather large numbers especially during July and August, at the Puget Sound Biological Station, Friday Harbor, Washington, drifting past the floating dock of the Station. They were especially abundant on the 26th of July which was a rather stormy day. On either side of the float, where the water was less disturbed, they could be seen at a depth of ca. 1 meter; on the 29th, I found them ail through the Sound between the Station and Brown Island, and on this day I dipped up 150 specimens. -They were com- monly found swimmmg in vertical position. From the study in the aquarium it was found that the stroke of the fins was at a rate of ca. one per sec., the fins almost touching at the tips on the ventral stroke. The speed of the fin-stroke varied somewhat with the size of the individual, but it increased more commonly when the organism turned in a horizontal position, at the surface, when it would bend the body to one side and swin rather vigorously in a circle. By the beating of the fins, with one stroke to the sec., the animal would seldom progress to the surface; at times, when rea- ching the surface, it would remain an instant and then sink only again to repeat the process. Many of them were thus in a vertical position, appearing first as a red speck, owing to the red viscera, but upon doser inspection the translucent body would also be seen. Sometimes, they seemed to res- pond to light, and this seemed to difîer with their physiolo- gical condition. In the daytime, after feeding, they became negatively phototropic; after a day's interval of feeding, they became positively phototropic; on thenightof August the 5th, I used a 60-Watt Tungsten lamp near the surface of the bav; at first no Clione were visible, but after a while a goodly number came to the surface but only to be swept away by the passing current. This shows that Clione kincaidi is positively phototropic at night as well as in the day. The living orga- GYMNOSOMATOUS PTEROPODA 393 nisms were straight, translucent, truncatedanteriorly, taper- ing to a point posteriorly. Size: 8to 28 mm. Thebodywas ca. one fourth the width of the total length. Hood: — The head is bilobed (fig. l,)mouth terminal, verti¬ cal. The anterior part of the head is sometimes pointed but Fig. 1 — Drawing fromlife of Clione kincaidi{sp. nov.,) dorsal view. X 5. (For detal explanation, see text.) often invaginated in the middle (fig. 2,) and then forming two lobes. The entire head is about one sixth the length of the body and bears one pair of tentacles antero-dorsally. The lips are provided laterally with two pairs of tentacles of the same size as the dorsal tentacles. The labial tentacles are everywhere, regularly, studded with small warts which seem to be composed of fine, short bristles, set closely toge- ANN. DES SG- NAT. ZOOL., 10® série. 1923. VI, 2C) 394 KJERSCHOW AGERSBORG ther. Ail the tentacles were withdràwn most the time, but the dorsal pair cornes out first; then the labial pairs. Inside, the mouth is also supplied with a closely serrated (hooked) prehensile organ one on each side and caudad to the labial tentacles. On the posterior part of the head i^ a pair of small dépréssions, with a very small tubercle in each. Fins: — The fins are oval, about as long as the width of the trunk, but not so wide. The caudal border, angular, sometimes notched on the proximal side. The caudal border is fringed with fine cirrhi, one third the distance from the apex and nearly to the base. The arrangement of the muscle fibres in the fins gives a diamond efîect; the fibres which pass from the base to the periphery are in constant wave-like motion. The fins are located in large grooves at the antero- ventral part of the trunk which is here narrowed into a distinct but short neck. On the ventral part of the neck and between the fins is the remaining part of the foot which con- sists of two arched lobes that meet with their base in the mid- ventral line and arch outward. The proximal borders of these lobes do not meet altogether in the mid- ventral line but corne apart in about the middle foiming an oval déprés¬ sion. At the caudal border, in the mid-ventral région, is a smaller médial lobe which is partly covered by the other pedal lobes just mentioned. Body: — The pellucid trunk of the body tapers posteriorly into a rather fine point; the trunk is annulated with from four to six muscle bands; a latéral groove on each side divides the trunk into a large arched dorsal portion about one third larger than the ventral part which is straight. The posterior sixth of the body, may or may not be red; this is grooved off from the rest by a ciliated groove. This ciliated groove is a characteristic feature of the species. It is not always pos¬ sible to see the vibrations of the cilia, for, indeed, they may be at times in an inactive state making it practically impos¬ sible to see their vibrations, if they vibrât e at ail during such times. That is, in the same individual, the cilia of the caudo-ciliated groove are not always vibrating, and then, they may not be seen; while at other times they can be seen s GYMNOSOMATOUS PTEROPODA 395 vibratmg very readily in the regular manner. The liver is ved, and practically fills one third of the viscéral cavitv the heart may be seen on its left side. The entire sur¬ face, including the head, is every where studded with innumerable circu- lar, oblong, and conic bo- dies which vary in size. They are particularly a- bundant in the posterior end. The body is eve- rywhere covered with ve¬ ry fine, closely set, vibra- tile cilia which give to • the organism, gentle, progressive movements though it is otherwise apparently at^rest. J rîcliocyeliis Eschscholtz (1825.) Distribution: T. du- merili Oken, South At¬ lantic Océan; T . mediterraneus Costa, Mediterranean Sea. Both of these species hâve been emerged with N otobran- chsea and Clionopsis^ res- pectively (oide: Pelse- neer, 1887, Part I, pp.34, 35, 40.) Fig. 2.— Drawing from life of a contracted speci- men of Clione hincaidi (sp.nop.), ventral view. (Compare with figure 1.) T. hansine'énsis {sp. nov.), Puget Sound (Friday Harbor) Washington (fig. 3-5.) The speoimens upon which this species is based were collect- ed in the same territory as the preceeding type. They occur- 396 KJERSCHOW AGERSBORG ed in much less iiumbers than C. kincaidi^ i. e., in a ratio of ca. 1:50. They were from 5 to 9 mm. in total length, and brownish rod in color. Head sometimes truncated but at times lanceolate; the posterior end likewise, truncate or lanceolate. The body, barrel-shaped with a gentle tapering toward each end. Three ciliated grooves which encircle the organism présent: one on the posterior part of the head, the second a little past the mid- dle of the trunk (fig. 3, 4,) and the third is near the posterior end. Hood: — The head is about one third the length of the bo¬ dy; it bears two short latéral, truncat¬ ed, tentacles, set with at least three transparent non-vi- bratile, bristle-like processes . Immedia- telv in front of these c/ is the ciliated groove which encircles the head. From this the head tapers gently, when the animal is relaxed, intotwo arch- ed and annulated processes, the tentacles. These were nearly ail the time completely withdrawn, by a process of telescoping, into the head, and frequently only the tips were visible; they were^ very easily stimulated and exceedingly rapidly withdrawn. Between the base of the tentacles, antero-ventrahy, is a small blunt lobe. Mouth vertical, probosciform. Around the edge of the proboscis are six vibratile long bristle-like Fig. 3. — Drawing from life of Trichocijclus hansi- ne'énsis [sp. nov.) ventral view; the right dorsal tentacle is almost completely contracted. x 7. (For complété detail explanation see text.) GYMNOSOMATOUS PTEROPODA 397 processes, only one being in motion at a time, and the moti- lity seemed to be in the distal part only (fig. 5, a.) The probosciform opening is divided intotwo parts by a médian latéral pair of lips. Inside of these is a pair of hooked prehen- sile organs laterally placed. They were sometimes protrud- Fig. 4. — Drawing fromlife of Tnchocyclus hansine'énsis [sp.nov.], dorsal view, (Compare with figures 1 and 3.) ed very rapidly and withdrawn simultaneously with a Swift inward stroke. In this act of scooping, they were arched. Sometimes only one was working from its side being protruded for ward and withdrawn successively withoiit its member of the opposite side being visible. The head is set ofî from the body with a short but distinct neck. Fins: — The fins extend laterally from the ventral side of 398 KJERSCHOW AGERSBORG Fig. 5 a, Pro- boscis of Tricho- cyclus hansineen- sis [sp. noc^.), with vibratile brislles; è, oral view. the neck. They are almost evenly curved on the anterior and posterior borders, but the latter bears many large and small non-mot ile cirrhi; the distal border is tri-lobed. The fins were frequently in motion but often folded up against the sides of the neck. When they were in motion they were worked in an undulating fashion, giving at times the appearance of the figure 8. The remainding part of the foot consistsof a small lanceolate lobe situat- ed on the ventral side of the neck and bet- ween the base of the epipodia with the taper- ing point forward; the caudal border is gent- ly curved, and it extends almost across the width of the neck. This mesopodium is split in the mid-ventral line two thirds of its length; it is joined at its tapering ante¬ rior point which extends cephalad of the ciliated groove of the head. A small meta- podium is présent in the mid-central région of the neck, just caudad, but close to the mesopodium. Body: — The trunk of the body passes imperceptibly into the neck dorsally and extends laterally over the base of the fins forming in that way a socket for the latter. The trunk is everywhere set with round and ovoid bodies which are largest and uniformly arranged in the dorsal région of the neck. These bodies seem tobe glandular in fonction as from them exudes a slimy substance. Around, and past the middle of the body, is the middle-ciliated-groove, the anterior border of which extends out from the body as a fine, acute, edge; the complément of which is obtuse, and not so large. From the médian ciliated groove, the body tapers gently until about one half the distance from the caudal end. On the middle of this caudal part, is the posterior ciliated groove. The anterior half of the constricted caudal portion is cylindrical and in its walls the glands are less numerous, and fine fibres which corne from the trunk are seen branching in this région and pass into the ciliated groove. The caudal part, past the ciliated groove of this région, is very glandular GYMNOSOMATOUS PTEROPODA 399 and indépendant in motion; it may be telescoped into the c\lindrical part immediately in front, and at such times the caudal part of the trunk is truncated. The body is every- where covered with vibratile cilia. Trichocyclus hansineènsis uses its fins far less than Clione kincaidi. Progressive movements of T, hansineènsis are efïected by the constant motion of the cilia, of the ciliated grooves, which are rather large; the general cilia of the body may also aid in this. The body is capable, with the head, to be contracted into a round sphere. Part of the body may be contracted while the rest is expanded, but complété extension of any part of the body is never efïected unless the whole body expands. During moderato expansion, from 3 to 5 rings are présent in the région between the posterior and middle grooves. The color of T. hansineènsis is mostly due to the liver which i» red and practically fills the entire trunk up to the cylindrical posterior portion. The fin-stroke in T. hansineènsis is more rapid than in C. kincaidi: in an individual of ca. 6 mm., it was 160 per min., but then Tricho¬ cyclus may rest its fins for ca. 30 sec. The fin-stroke in T . hansineènsis varies also according to the size of the in¬ dividual. This variation is not so striking in C. kincaidi where it is more uniform irrespective of size. Boas (1886) and Pelseneer (1887) in their admirable works on Pteropoda, classify Trichocyclus as a larva of either Clione^ Clionopsis^ or N otohranchæa. Both authors agréé that the young of Clione are provided with three ciliated grooves. Boas daims that the ciliated grooves are sometimes retained until late in life but are often lost early. He observes : (1) « Eight specimens 9, 12, 13, 16, 21, mm. were devoid of ciliated grooves; (2) one 26 mm. had the posterior furrow; (3) one 27 mm. had part of the posterior furrow only; (4) one 14 Va mm. lacked the middle furrow but the posterior and parts of the anterior furrows were présent; (5) one 14 mm. had all grooves présent hut only part of the middle; (6) one 15 mm. had ail grooves présent, the middle being defective; (7) one 12 mm. had ail three ciliated grooves, and also one 16 mm. specimen had ail of them. » 400 KJERSCHOW AGERSBORG This seems to be a conclusive proof that Clione limacinct Phipps bas ciliated grooves sometimes in its life. But even though this may be the case, it is not a proof against the fact that adults of this genus, or family, of the mollusks, may not be tri-trichocycliated as in the case of C. kincaidi^ or other members of the same family, but of a different generic rank, may be indeed also tri-trichocycliated, as in the case of Trichocyclus hansineënsis. More than 100 specimens of C. kincaidi which 1 examined had ail only one of the ciliated circles, viz., the posterior one. It was not always, however, ^ in such a condition in the same individual to be visible. Sometimes I was unable to detect any cilia in the ciliated groove of the same individual of Clione^ but at other times they were asily seen. In specimens preserved in 10 o/o formaldéhyde, the cilia cannot be seen on the speci¬ mens although magnified 30 times^. C, kincaidi resemblei^ the other members ot the genus in many respects, but it dih fers from the other members in several points; the foot is quite different; the mesopodium is pointed anteriorly instead of posteriorly; it is smaller than in C. limacina. The cha- racteristic presence of a posterior ciliated groove marks its peculiarity and shows its affinity to C. limacina. In color and shape, it is different from C. elegantissima and C. dalli. The différence between Clione kincaidi and Trichocyclus hansineënsis is very markedboth on their method of swimm- ing and in the general form of their body that there is no need of ever confusing the two with one another, or to classify Trichocyclus with any of the other généra as previously done^ Trichocyclus hansineënsis is a member of the family Clionidæ Gray (1840) because it conforms with the description of this family. But it is a new genus., and I hâve employed the ori¬ ginal nomenclature of Eschscholtz (1825) although Esch- scholtz's formmay actually belong to another genus. In fact, Eschscholtz's type has been emerged with ClionopsiSy and the name discarded on the ground that « it is not a good one, )) by the authors since they think Trichocyclus is a larva. And, the members of this school, maintain this daim even for sexually mature tri-trichocycleated forms. But this, of GLYMNOSOMATOUS PTEROPODA 401 course, is to carry one"s daim to an extreme. It is quite évident that the type here described is not a larva of Clione with which it o cours, but is an adult type worthy of generic distinction. The generic description of Eschscholtz agréés as far as it goes, but bis description is very incomplète. Trichocycliis hansineènsis stands near Clione kincaidi because of its ciliated grooves, shape of the body, foot, and absence of gills; it stands near Clionopsis bècause of its rudimentary proboscis. REFERENCES Boas (J. E, V.). 1886. — Spolia atlanti ca. Bidrag til Pteropodernes morfologi ogsystematiksamttilkunskaben omderesgeografiskeudbredelse. [Vidensk. Selsk Skr., 6 Række, Naturv. og. Mathematisk, Afd. IV, 1.) Dall {W. H). 1872. — Description of sixty new forms of mollusks from the West coast of North America and the North Pacific Océan, with notes on others already described. {Amer. Jour. Conchol., vol. VII.) Fischer (Paul). 1887. — Manuel de conchyliolo gie et de paléontologie conchy- liologique, Paris. Krause {Arth.).1885. — -Ein Beitrag zur Kenntniss der Mollusken-Fauna des Berings-Meeres. {Arch. f. Naturgesch., Bd. II, 51 Jahrgang.) Pelseneer (Paul). 1885. — The cephalic appendages of the Gymnosomatous Pteropoda, and especially of Clione. {Quart. Jour. Mier. Soi., vol. XXV, N. S.) Pelseneer (Paul). 1887. — Report on the Pteropoda collected by H. M. S. «Challenger» during the years 1873-76. {Chall. Zoology, vol. XIX, Part. I.) Pelseneer '(Paul). 1888. —Report on the Pteropoda collected by H. M. S. «Challenger» during the years 1873-76. {Chall. Zoology, vol. XXIII, Part II). Tesch (J. J.). 1913.— Pteropoda. F. E. Schulze’s, Das Tierreich, UA., AI XVI, 1 154 pp. [Référencés: ? 1789. Clio australis {non Pelseneer 1888), Bruguière in : Enc. méth., Vers v. 1, p. 507; 1791, Clio australis, Bru¬ guière in-.Tabl. enc. méth., Vers v. 1, t.LXXY f. 1, 2. Aide: Tesch, 1913p. 128. NOTE SUR LES RAPPORTS D’UN NID HAVILAND f l ) AVEC UN NID DE MICROTERMES Par m. JEAN BATHELLIER J ai eu, il y a quelque temps, roccasion d'observer la struc¬ ture d un nid aérien cVEiitermes Matangensis Haviland et ses rapports avec un nid souterrain de Microtermes incertiis Hagen (1). Le premier de ces Termites place au-dessus du sol ThabL tation de la reine où Ton trouve aussi les jeunes, à certains moments de leur existence. Le nid est situé sur les arbres, dans le bois pourri des branches mortes, ou bien à l'intérieur des murs dans les interstices de la maçonnerie. Les rocailles naturelles doivent aussi pouvoir en abriter. 11 est constitué simplement par les fentes et cavités du substratum que l'in¬ secte tapisse et garnit de cloisons en carton de bois. Cette substance est formée par des résidus de digestion additionnés d'un liquide brunâtre qui semble sécrété par le rectum de 1 Insecte et qui, desséché, peut être repris par l'eau. Le nid est en relation avec le dehors par plusieurs galeries verticales, fades delà même matière, qui mènent à un conduit (1) Voir la note de l’auteur : Sur les jardins à Champignons de VEutermes Matangensis [C. R. Acad, des Sciences, t. CLXXVU, p. 129-131, 9 Janvier 1923). (2) Je dois cette détermination à l’obligeance de M. le professeur Bugnion, à qui je suis heureux d’exprimer ici mes vifs remercîments. Travaillant sur une espèce semblable et très probablement identique, Holmgren la dénomma incertoïdes, réservant pour l’avenir, en l’absence d’images, l’identification avec le Microtennes incertus africain. ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10® série, vi, 1923. 404 J. BATHELLIER horizontal édifié à une faible hauteur. De celui-ci partent de nombreux couloirs verticaux dont certains s'ouvrent au voisinage de la surface du sol ; les Termites sortent de là, même en plein jour, pour explorer les environs et gagner les points où ils trouvent de la nourriture. D'autres galeries se rencontrent au moment où la ponte de la reine paraît plus intense : au printemps et en été. Celles-ci s'enfoncent dans la terre et s'y prolongent sous forme de tunnels ou de chambres^ plus ou moins aplaties. Ces diverses cavités sont encore revêtues de « carton de bois » dans leur partie supérieure, mais passent bientôt à la terre franche. Elles sont tortueuses, le plus souvent leur paroi est irrégulière et très peu dressée par les insectes. Des constatations faites sur un nid gardé en captivité dans une boîte de zinc isolée sur des briques formant supports entourés d'eau me font penser que le réseau souterrain de V Eutermes Matangensis lui sert d'abreuvoir. Dans les condi¬ tions que j'ai dites, les Eutermes avaient construit une galerie couverte qui, montant à l'intérieur de la caisse de zinc, redes¬ cendait ensuite à l'extérieur. Elle passait sous la caisse et venait finir sur une brique, au contact même de l'eau, sous forme d'un placard large d'environ 5 centimètres. Telle est souvent la terminaison naturelle d'une galerie verticale dans le réseau souterrain. Les Insectes défilaient sans cesse sur la brique, où ils étaient très nombreux serrés les uns contre les autres, humant le fluide qui imbibait le support par capillarité. Un bon exemple de la disposition générale des conduits de circulation de VEiitermes Matangensis nous sera fourni par une termitière examinée le 19 juillet 1922. Le nid était à 21^^20 de hauteur dans les interstices d'une pile construite en briques recouvertes de mortier et de badigeon. Elle faisait partie d'un mur : des piles semblables sépa¬ raient, à distance régulière, des panneaux de maçonnerie. Piles et panneaux étaient portés par un soubassement solide, bâti en moellons de pierre dure. Les trous d'accès des ter¬ mites dans la pile étaient minuscules. C'étaient des points où le mortier, appliqué à la truelle, avait laissé un petit vide. l’ (( EUTERMES MATANGENTIS » 405 Il y en avait un de chaque côté de la pile ; de chacun d'eux sortait un tunnel vertical rejoignant un couloir de circulation horizontal placé à 1 mètre de hauteur, sous le rebord du sou¬ bassement. Ce conduit s'étendait sur une vingtaine de mètres, et principalement vers la droite du nid ; il en partait de nom¬ breuses galeries gagnant la terre. Quatre d'entre elles se terminaient au voisinage de cons¬ tructions souterraines du Microtermes incertus et semblent avoir été en relation avec elles. La galerie qui se trouvait le plus à droite nous fournira un cas typique. Elle était située à la jointure du mur dont j'ai parlé avec un mur de clôture bas, portant une balustrade de bois, perpendiculaire au premier. La distance à la pile renfermant le nid était de 4 mètres. Plus près du nid, à 3 mètres seulement de distance, se trouvait un autre conduit vertical placé par conséquent à 1 mètre à gauche du premier. Attaquant le sol au pied de celui-ci, je constatai qu'il se prolongeait à fleur de terrain, sur une longueur de 20 centimètres. Il était orienté vers la gauche, à peu près parallèlement au mur ; à 60 centimètres à gauche de l'angle, il s'épanouissait en un réseau superficiel de galeries et de chambres irrégulières partiellement revêtues d'une mince couche d'excréments. Continuant à creuser, je trouvai, au contact de ces cavités, un système différent de conduits de section aplatie, parfai¬ tement polis à l'intérieur, qui s'enfonçaient verticalement dans le sol. Ces derniers sont l'oeuvre d'un petit Termite blan¬ châtre, d'aspect larvaire, qui, ce jour-là, ne me montra pas de soldats : le Mierotermes incertus. Je pus observer ce Termite au travail. Ayant pris avec de la terre de nombreux ouvriers et des larves, je vis que ces insectes creusent le sol et déblaient les matériaux au moyen de leurs mandibules. Puis ils régularisent les parois des cavités en comblant les creux avec de petits grains de sable ou d'argile de taille convenable. Les irrégularités diminuant, ils emploient des particules de plus en plus petites. Ils terminent par des apports de boue très fine qu'ils lissent en léchant. La surface prend ainsi un aspect remarquable. La salive est utilisée pour faire ce mortier. Si on humecte un bloc de terre placé 406 J. BATHELLIER près des animaux occupés à cette besogne, un va-et-vient s établit aussitôt. Les insectes viennent boire en léchant le bloc humecté, puis vont chercher des particules de la taille voulue et viennent les placer toutes humides sur la paroi entre¬ prise. Les galeries ainsi édifiées s'enfonçaient assez loin : j'en ai trouvé à 30 centimètres de profondeur ; elles se dirigeaient ensuite en avant et revenaient vers la droite. Sur 1 emplacement du réseau de conduits superficiels sou¬ terrains, je creusai une petite tranchée perpendiculaire au mur: cette tranchée rencontra, vers 20 centimètres de pro¬ fondeur, une cavité contenant une meule à champignons qui était en relation avec les galeries que je viens de décrire, avait le même poli intérieur et était édifiée par le même M icrotermes. Fouillant de plus en plus vers la droite, je constatai que le même système de canaux réunissait entre elles toute une série de chambres analogues : j'en trouvai douze, dont la profon¬ deur variait de 7 à 20 centimètres. La plus superficielle se trouvait sur la bissectrice de l'angle des deux murs, à 30 centimètres du som.met. Elle était à 7 centimètres de profondeur. Tout autour, et à une pro¬ fondeur d'environ 12 centimètres, s'en trouvaient sept autres. Enfin presque sous la première, à 15 centimètres de profondeur, il y en avait deux autres. Je revins alors à gauche et fouillai le sol jusqu'à la deuxième galerie. Avant de l'atteindre, à 35 centimètres du mur et 20 centimètres de profondeur, je trouvai encore deux cavités ayant des meules à champignons. Elles possédaient une popu¬ lation de jeunes larves plus nombreuses que les précédentes]; il y avait aussi beaucoup d'œufs près d'éclore. Les recherches faites au pied même de la seconde galerie restèrent sans résultat. Toutes ces chambres, polies comme je l'ai dit plus haut, contenaient, sauf une, des meules à champignons. Elles étaient irrégulièrement ellipsoïdes, parfois en forme de rein, parfois encore plus contournées. Les angles en étaient soi¬ gneusement arrondis. A la base, on distinguait parfaitement les très petits orifices qui servent à la circulation des habi- l’ «EUTERMES MATANGENSIS )) tants : j 'en ai observé de un à trois. La plus grande dimension des cavités variait de 3 à 5 centimètres ; leur plus petite, de 2 à 3. J 'ai pu en conserver quelques-unes en détachant la motte OÙ elles étaient creusées. Quant aux meules (fig. 1) elles-mêmes, les plus grosses' avaient environ 4 centimètres sur 3 et les plus petites 1 cen¬ timètre dans tous les sens. Leur forme correspondait à celle de la chambre qui les contenait. Elles étaient faites d^une matière jaunâtre, ocreuse, disposée en travées laissant entre elles des vides irréguliers et étroits. Le modelé général rappelle celui Fig. 1. de Lamande des noix. On peut aussi penser à certains madré¬ pores, ou même, pour les parties les plus compactes, à un cerveau de Mammifère'. On les trouvait couvertes de très petites mycotêtes blanches. La substance élémentaire se pré¬ sente sous forme de grains sphériques, juxtaposés, d'environ un demi-millimètre de diamètre, rappelant tout à fait les œufs de Poissons. Ces grains devaient posséder une consis¬ tance assez ferme lorsqu'ils ont été accumulés : ils ont bien conservé leur aspect arrondi. Ils adhèrent peu les uns aux autres ; la meule du Microtermes est très friable. Chez les autres Termites que j'ai pu observer, ils avaient dû être déposés à un état semi-liquide, et ainsi la forme individuelle ne se retrouvait plüs, mais l'ensemble était beaucoup plus solide. 408 J. BATHELLIER L’observation microscopique m’a montré que la substance des meules est formée de débris ligneux peu digérés et tels que l’ornementation des cellules et des vaisseaux du bois est encore très reconnaissable. Les tissus sont peu dilacérés ; il y a des fragments comprenant de nombreux éléments cellu¬ laires. On trouve une matière tout à fait semblable dans la partie antérieure de l’intestin moyen des Termites. Les mycotêtes ont exactement la structure et l’évolution de celles que j’ai pu étudier dans les termitières de Macro¬ termes gilms Hagen. Les faits constatés me portent à me ranger à l’opinion de Petch : les meules à champignons des | Termites contiennent le mycélium d’un Xylaria et celui d’un ;; Basidiomycèbe. Le second se maintient sur la meule avec un i développement très limité tant que la meule demeure norma¬ lement dans son alvéole ; le Xylaria prolifère d’une façon très vigoureuse et arrête tout développement du Basidio- mycète dès que la meule se trouve extraite de la termitière. j La contiguïté des nids d'Eutermes Matangensis et Micro- | termes incertus me paraît être un phénomène commun. Je ^ l’ai rencontrée déjà trois fois. Elle suscite plusieurs questions, dont voici, me semble-t-il, les deux principales : | 1° Quels rapports exacts y a-t-il entre les tunnels de l’un | et les galeries de l’autre ? Y a-t-il continuité ? J'ai cherché , récemment à saisir cette continuité et n’ai pas pü y arriver. ^ Chaque motte de terre, aux points de contact, est creusée des ] deux sortes de conduits qui forment un double lacis intriqué. J Les parois séparant un système de l’autre se réduisent en bien 1 des endroits à quelques millimètres d’épaisseur, et tout ceci .J plaide en faveur d’une communication au moins temporaire. | Mais je n’ai pas encore pu l’observer. Elle me paraît cependant J probable. g 2® Quelles relations les deux espèces soutiennent-elles? l On peut penser à un parasitisme ou un commensalisme du j Microtermes incertus avec d’autant plus de raison qu’il éta- 3 blit volontiers son nid au voisinage de celui d’espèces diffé- rentes d’Eutermes Matangensis. Je l’ai trouvé plusieurs fois dans le « mur » de la termitière de Macrotermes giEus. Ici î: encore, les galeries de l’un et l’autre insecte s’approchaient 4 409 l/ « EUTERMES MATANGENSIS )) beaucoup, se mêlaient, mais je n'ai pas observé de passage des unes aux autres. Un fait me paraît intéressant à signaler : ayant mis dans une boîte en fer-blanc d'environ 2 décimètres cubes quelques petites mottes de terre avec des ouvriers et soldats d’Eutermes Matangensis et des ouvriers et larves de Microtermes incertusi je constatai que les deux sortes d'animaux se mettaient à travailler tranquillement. Il n'y eut pas de bataille, ce qui, avec toute autre espèce de Termites que le Microtermes^ n eût pas manqué de se produire. Il me paraît donc vraisem¬ blable que ce dernier entretient avec Eutermes Matangensis des rapports particuliers. Saïgon, Institut scientifique. ANN. DES SC. NAT. ZOOL., IQe série, 1923, V[, 27 . . NOTE SUR LA RIi PRODUCTION DES ÉPHÉMÈRES Par lYI. A. GROS ^ Il est communément établi que, chez les Éphéméridées, ce n est qu après la transformation du subimago en imago que 1 insecte, alors dit parfait, se livre à la reproduction. ^Les observations suivantes prouveraient que cette règle n'est pas sans exceptions. Le 6 septembre 1922, une femelle d’ Oligoneuriella rhenana Imhofï, capturée avec un mâle pendant l'accouplement, était encore à 1 état de subimago. Mise en tube contenant de l'eau, c est là qu'aussitôt, et en même temps, elle quitta sa dépouille de subimago et pondit ses œufs. Ces œufs avaient bien été fécondés ; placés en aquarium, ils éclosent le 4 février 1923. Ce fait ne fut pas unique, mais confirmé par d autres semblables. Il semble même que ce mode de reproduction soit la règle chez cette Éphéméridée, dont la vie aérienne est très brève : moins d'une heure, l'heure du crépuscule des soirs d'été. Les premiers, les mâles sortent de 1 eau, quittent en plein vol leur dépouille de subimago^ s'accouplent avec les femelles dès l'apparition de celles-ci,’ et le couple s'élève. L'accouplement dure peu : une minute ; après la séparation, la femelle continue son vol quelques instants, puis descend sur l'eau, à la surface de laquelle elle abandonne ses œufs et sa dépouille de subimago. Il faut noter que cette dépouille n'intéresse que le corps, à 1 exclusion des ailes et des pattes ; la dernière métamor¬ phose n a donc pas ici la meme importance que chez les autres Éphémères. ANN, DES SC, NAT. ZOOL., 10^ série,, VI. 1923, 412 A. GROS Chez Torleya belgica Lestage, au contraire, le stade subima¬ ginai est très net et d'une durée relativement longue, \essubi- mago se montrant généralement plusieurs jours avant qu'on puisse apercevoir aucun imago. Le 17 mai 1923, je capture une Torleya belgica femelle subimago ; aucune confusion possible, la différence entre les deux stades étant très marquée. En outre, chez la femelle imago., les œufs se présentent groupés sous la forme d'une sphère de 2 à 3 millimètres de diamètre ; les œufs sont munis, au pôle antérieur, d'un épithème caractéristique, comme chez Ephemerella ignita, épithème constitué par une matière très adhésive, et c'est en effet par cet épithème que chaque œuf adhère au suivant; expulsés en chapelet, ils paraissent être enroulés en boule par les pattes postérieures, et la sphère ovigère se trouve finalement logée dans une dépression de l'abdomen postérieur maintenant vide de ses œufs, et main¬ tenue par les prolongements latéraux du septième segment, la plaque sous-génitale, les pattes postérieures et les cerques repliés sous le corps. Pour la femelle subimago capturée, évidemment rien de semblable. J'extrais les œufs par éventration, et, négligeant ceux qui ne semblent pas être arrivés au dernier état de déve¬ loppement, je place en aquarium ceux qui me paraissent nor¬ maux :200 environ. Au bout de deux semaines, je vois la moitié des œufs se développer et l'embryon se dessiner ; le 21 juin, j'assiste à l'éclosion d'une dizaine de larvules et, le lendemain, d'une centaine d'autres. Les larvules sont parfaitement déve¬ loppées, très vivantes, et absolument conformes à celles obtenues par élevage normal. L'incubation a été plus longue d'une dizaine de jours qu'elle ne l'est en général ; mais il y a lieu de tenir compte de la température relativement froide des mois de mai et juin. Cette femelle avait-elle été fécondée? C'est ce dont je n'ai pu m'assurer. Mais la chose est possible. J'ai vu en effet une fois, — une seule il est vrai, — deux Ephemera danica subimago accouplés. Je n'ai pu m'emparer du couple. 11 semble, d'après les observations relatées, que la repro¬ duction des Éphémères peut être assurée sous d'autres formes LA REPRODUCTION DES EPHEMERES 413 que celles notées jusqu'ici, et que, dans certains cas, les fe¬ melles subimago mortes avant leur complet développement (cas fréquent), emmenées par les eaux, roulées par les vagues, déchirées par les pierres, peuvent assurer néanmoins la per¬ pétuation de l'espèce. A iN r. / ^ L TABLE DES MATIÈRES Page?. Nouvelle étude sur les perles naturelles et sur les perles de culture par Louis Boutan . L’établissement des nouvelles colonies chez les Fourmis, par Robert Stumper . Sur un Batracien nouveau du Pérou, appartenant au genre Telmatobius par M. F. Angel . Observations sur un nid de Fespa par Alphonse Labitte . Quelques notes sur les Pycnogonides des côtes de France, par M E -L Bouvier . Études sur les Lathyrophthalmus d’Extrême-Orient, par J Hervé- Bazin . La ponte et l’incubation chez les « Annélides Polychètes », par Ch. Gra¬ vier . Les associations animales des cordons de Posidonies de la Petite Syrte (Tunisie), par L.-G. Seurat . Monographie systématique des Phyllopodes conchostracés, "par ' feu Eue. DaDay DE Deés . Cymnosomatou^f pteropoda from Friday Harbor, Washington, par H. -P. Kjerschow Agersborg . Note sur les rapports d’un nid à'Eutermes Matangensis Haviland, avec un nid de Microtermes, par M. Jean Bathellier . _ Note sur la reproduction des Ephémères, par M. A. Gros . ^ 1 95 107 113 117 124 153 249 255 391 403 410 V 8350-23. — coRBEiL. IMPRIMERIE CRÊTÉ. f f W'.6L_ . Ce fascicule a été publié en Décembre 1923. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS GE CAHIER Les associations animales des cordons de Posidonies de la Petite Syrte (Tunisie), par L.-G. Seurat . Monographie systématique des Phyllopodes concliostracés, par feu Eug. Daday de Deés . Gymnosomatous pteropoda from Friday Harbor, Washington, par H. -P. Kjerschow Agersborg . ; Note sur les rapports d’un nid dCEutermes Matangensis Havi- land avec un nid de Microtermes^ par M. Jean Bathellier. Note sur la reproduction des Éphémères, par M. A. Gros. . . . 249 255 391 403 410 CoRBEii.. Imprimerie Crstk. I 1' \ UNIVERSITY OF ILLINOIS-URBANA 3 0112 027911434